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LES DESERTS |
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désert
(latin desertum)
Cet article fait partie du dossier consacré au monde.
Un désert est une région du globe très sèche, caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm/an, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
Les déserts, dans l'acception la plus large, couvrent environ un tiers des terres émergées, soit approximativement 50 millions de km2 (presque 100 fois la superficie de la France). Ils s'étendent sur tout ou partie d'une soixantaine de pays, surtout en Afrique boréale (situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara est le plus grand désert du monde), en Asie occidentale et centrale (parfois à des latitudes plus septentrionales : Chine occidentale, Gobi), dans l'intérieur de l'Australie (au nord et au sud du tropique du Capricorne), et aux latitudes polaires.
1. LE CLIMAT DES DÉSERTS
L'existence de déserts tempérés (Mongolie), de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie) et de déserts froids (déserts polaires) démontre que la chaleur
1.1. LE MANQUE D’EAU
Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau. Le climat des déserts est en effet caractérisé, quelle que soit leur latitude, par la faiblesse des précipitations. Si la plupart des déserts reçoivent moins de 200 mm par an, le désert de Gobi ne reçoit que 100 mm, le Sahara moins de 20 mm dans sa plus grande partie, la île d'Ellesmere (île du Canada, située dans l’océan Arctique) 25 mm, et le minimum mondial des précipitations moyennes annuelles (sur une cinquantaine d'années) est de 0,8 mm, à Arica, dans le nord du Chili. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques : dans les déserts chauds, aux températures supérieures à 50 °C le jour succèdent ainsi des températures inférieures à 0 °C la nuit. En Asie centrale, une saison froide s'oppose à la saison chaude.
L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise également les climats désertiques. Ainsi, à Arica, plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse ne se produise ; toutefois, lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence. Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables : elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Quand elles se développent, les précipitations ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées : 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourd'hui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol.
1.2. LE DEGRÉ D’ARIDITÉ
En 1923, le géographe français Emmanuel de Martonne a proposé un indice d'aridité « I », grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis selon la formule I = P/T+10 : P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur I est faible, plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques :
– les régions hyperarides : caractérisées par un indice d'aridité I inférieur à 5, ces régions dites de déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili) ne couvrent que 4 % des terres émergées ; la végétation y est éphémère ;
– les régions arides : caractérisées par un indice d'aridité I compris entre 5 et 10, ces régions (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona aux États-Unis) représentent 14 % des terres émergées ;
les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue, et l'irrigation y est indispensable à l'agriculture ;
– les régions semi-arides : caractérisés par un indice d'aridité I oscillant entre 10 et 20, ces espaces de transition (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil) entre les régions arides et les régions subhumides voisines couvrent 12,5 % des terres émergées ; la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres ; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
2. LES TYPES DE DÉSERTS
Par-delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés : subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
2.1. LES DÉSERTS SUBTROPICAUX
Les déserts subtropicaux forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud) : dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique ; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari en Afrique et d'Australie. Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya-Largeau au Tchad : 20,4 °C en janvier, 34,2 °C en juin, 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.2. LES DÉSERTS CONTINENTAUX
Situés au cœur des continents, l'éloignement des déserts continentaux par rapport aux océans est un élément déterminant : les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre-ouest des États-Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan : − 11,3 °C en février, + 26,7 °C en juillet ; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.3. LES DÉSERTS D'ABRIS
Ils se trouvent « sous le vent », abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord-sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine : + 1,3 °C en juillet, + 17 °C en janvier ; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.4. LES DÉSERTS LITTORAUX
L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse-Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou : + 15,1 °C en août, + 22,3 °C en février ; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
LES PRINCIPAUX DÉSERTS DU MONDE
3. LE RELIEF DES DÉSERTS
La faible protection végétale dont disposent les déserts entraîne une forte prédominance des processus d'érosion mécanique. Si le vent remanie seulement les sables en construisant des dunes, en formant des regs, en revanche les eaux courantes, bien que rares, ont une action très efficace. Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité : les plateaux de basalte noir du désert de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
3.1. L'ACTION DE L’EAU
Les averses ravinent toutes les pentes, donnant aux moindres collines un profil décharné. Mais ces eaux se perdent au pied des reliefs, s'étalant en nappes d'épandage. Ainsi se forment les glacis, ou pédiments. Les reliefs se dressent brusquement au-dessus de ces glacis, à la manière d'îles sur la mer, d'où le nom d'inselberg qui leur a été donné. L'évolution du relief désertique est naturellement d'autant plus lente que le climat est plus sec : les marges des déserts sont le siège d'une morphogenèse plus rapide que leur centre.
L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions : il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace. Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés : glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued : un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée. Les eaux atteignent rarement la mer : le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi-arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
3.2. LA TRANSFORMATION DE LA ROCHE
Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids : la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis. L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
3.3. L’ACTION DU VENT
Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables, tandis que les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol : c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable. Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas. Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique : le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan. Elles sont appelées « barkhanes ».
4. LES COURS D'EAU ET LES SOLS DES DÉSERTS
4.1. LES SOLS DES DÉSERTS
Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D'une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
4.2. LES COURS D'EAU DES DÉSERTS
Les eaux de ruissellement, qui jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
5. LA FAUNE ET LA FLORE DES DÉSERTS
5.1. DE TRÈS FORTES CONTRAINTES NATURELLES
Les régions entièrement impropres à la vie, comme l'Antarctique central, ne sont pas appelées désert en écologie, et les régions arides de l'Arctique sont plutôt appelées toundras. Dans les déserts proprement dits, chauds ou froids, l'eau à l'état liquide, condition absolue de vie, n'est pas constamment absente. Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale : plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques : l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts : elle s'y présente sous une forme adaptée.
Les êtres vivants qui admettent, souvent en tant qu'optimum écologique, les conditions xérothermiques extrêmes qui règnent dans les déserts sont dits érémicoles. Parmi ceux-ci, on distingue des archérémiques, espèces dont la morphologie particulière témoigne d'une très grande évolution en milieu désertique.
5.2. LA FLORE
La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité : ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...). Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l'aire de distribution s'étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d'autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles :
– des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d'évaporation de l'eau de pluie imprégnant le sol. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination ;
– des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s'étend sur plusieurs années suivant la quantité d'eau reçue ;
– des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de reverdir dès les premières pluies ;
– des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l'eau qui s'accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des espèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
5.2.1. LES FORMES D'ADAPTATION
Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé : il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du welwitschia ou du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m.
Les cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le cactus géant de l'Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. Les cactées ont des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Les stomates peuvent être clairsemés ou, tout au contraire, denses mais alors de petites dimensions. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Certaines plantes stockent l'eau dans leur feuilles succulentes. Ces plantes « grasses » comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord-ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau.
Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur tamarix, champignons hypogées du genre Terfezia sur Helianthemum). Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l'azote atmosphérique (bactéries, champignons microscopiques, algues).
5.2.2. LES BIOTOPES
Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi-arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes ; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.
Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier-dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.
Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits « halophiles ». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique. Ce type de végétation est très répandu dans tous les déserts.
5.3. LA FAUNE
Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
5.3.1. LA DÉPENDANCE PAR RAPPORT À L'EAU
La dépendance par rapport à l'eau est variable selon les espèces : si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Le dromadaire, s'il trouve un point d'eau, est capable de boire 100 litres en une fois. La bosse du dromadaire et les deux bosses sont des réserves de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme ; le chameau peut ainsi perdre 30 % de son poids. Il est capable de fermer hermétiquement ses narines pour ne pas respirer la poussière et le sable transportés par les vents. Ses yeux sont bordés par deux rangées de cils protecteurs, et son conduit auditif par des poils en broussaille.
Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés : les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
5.3.2. LES ADAPTATIONS PHYSIOLOGIQUES ET COMPORTEMENTALES
Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables. Les grandes oreilles très vascularisées du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant. Chez les grands herbivores des déserts (haddax, dromadaire...), la surface des pieds est élargie pour leur éviter de s'enfoncer dans le sable. Les pieds capitonnés du chameau sont bien adaptés à la marche sur les sols rocailleux du désert de Gobi.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas ; leurs urines sont très concentrées, leurs excréments très secs, leurs glandes sudoripares rares. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec. De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes. La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
De nombreux rongeurs vivent au désert sans boire. Les dipodomys, ou rats-kangourous, qui hantent les déserts américains, se nourrissent surtout de graines et de débris végétaux à faible teneur en eau. Leur taux normal d'hydratation est le même que celui des autres mammifères (66 %). Ce taux demeure constant pendant plusieurs mois, même si le régime alimentaire ne comporte que des matières sèches, en l'ocurrence 100 g de graines par mois, fournissant 54 g d'eau par oxydation.
Chez les insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d'un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d'entonnoir piège, comme chez les fourmis-lions. Certaines de ces particularités morphologigues ou éthologiques apparaissent comme étant d'origine génétique, d'autres sont des accommodats individuels. C'est ainsi que l'élargissement de l'extrémité apicale d un tibia de coléoptère peut être considéré comme un caractère stable, alors que l'ajustement mimétique de la teinte du tégument de certains acridiens de la livrée désertique des mammifères ou des oiseaux sur la teinte du milieu ambiant relève de processus hormonaux.
Le scinque se déplace dans les dunes à une vitesse étonnante, semblant nager dans le sol mouvant. Surnommé poisson des sables, ce lézard se sert peu de ses courtes pattes, mais fait surtout onduler son corps pour mieux glisser sur le sable. Pour économiser son énergie, une araignée se laisse rouler jusqu'au bas des dunes. D'une envergure de 10 cm, elle est capable de parcourir de cette façon 2 m/s (plus de 7 km/h).
D'une façon générale, la faune des régions désertiques se dérobe aux conditions extrêmes plutôt qu'elle ne les admet, la plupart des espèces vivant dans la profondeur du sol ou étant de moeurs nocturnes. Néanmoins, il existe certains éléments qui supportent cet environnement à peine compatible avec la vie. quelques espèces le recherchent même comme un optimum écologigue. Les Eremiaphila, petits insectes mantidés érémicoles assez mimétiques, sont au Sahara les hôtes habituels des regs de la région centrale (Tanezrouft, en particulier), où il n'est pas rare de les rencontrer même pendant le moment le plus chaud de la journée. Ils survivent dans ces régions grâce à des proies accidentelles apportées par le vent et à quelques espèces se nourrissant là de débris divers, des lépismes en particulier. Chez les vertébrés, l'addax est également une espèce qui admet les conditions écologiques les plus rudes du désert. Cette antilope occupait autrefois la presque totalité du Sahara. Aujourd'hui, elle ne se rencontre plus guère que dans le sud du désert.
Dans les déserts continentaux à hivers froids, le meilleur moyen de se protéger du froid est d'être bien couvert. La fourrure du chameau devient épaisse et laineuse à l'arrivée de la mauvaise saison (l'été, elle tombe par plaques). De même, le pelage du saïga s'épaissit considérablement – en outre, il blanchit pour se fondre dans les paysages enneigés. En passant dans sa trompe, l'air se réchauffe pour ne pas arriver glacé dans les poumons.
6. L'HOMME ET LES DÉSERTS
6.1. QUELLE VIE DANS UN MILIEU HOSTILE ?
Le milieu aride est hostile. Pourtant, le désert, à la fois un lieu de rejet et de ressourcement fascine.
On observe presque partout, dans les déserts chauds ou tempérés, l'opposition entre les taches de population dense et les zones où la population est clairsemée : opposition entre l'oasis et les régions parcourues par les nomades, qui ont souvent dominé les sédentaires. L'élevage était autrefois associé à des activités de pillage ou de commerce (transport du sel et des dattes). L'essor des moyens de transport a permis de mettre en valeur des régions désertiques, par l'irrigation (Turkménistan, Israël, etc.). Mais, surtout, l'exploitation des richesses minérales, et en premier lieu du pétrole, a transformé l'économie de certains pays désertiques : Libye, Sahara algérien, Arabie saoudite. Le rythme d'utilisation des terres s'est accéléré ; le surpâturage, les feux, les troupeaux qui ne nomadisent plus ont entraîné la destruction écologique des zones semi-arides qui ont atteint le niveau de production des déserts dans certaines régions.
La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen-Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau, utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds : seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
6.2. L’ORGANISATION DES SOCIÉTÉS TRADITIONNELLES
La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels : le nomadisme et la sédentarité.
Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus. Le mode de vie des nomades semble aujourd'hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.
Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus…) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates : céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers-dattiers.
6.3. LA MISE EN VALEUR DES DÉSERTS
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr-Daria et de l'Amou-Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères (fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger), et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière ; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États-Unis).
7. L'AVANCÉE DES DÉSERTS
Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations. D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il a laissé des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000ans B.P. (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans B.P., une période plus humide lui a succédé : au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui. À partir de 4 000 ans B.P., les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Depuis 1950 environ, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est due à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui a affecté le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée ; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, et la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des « barrières vertes », comme dans le nord du Sahara algérien, sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.
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Cet article fait partie du dossier consacré aux droits de l'homme et du dossier consacré à la Révolution française.
LE CONCEPT DE « DROITS NATURELS »
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Les droits de l'homme, et les libertés dont ils s'accompagnent, sont ceux dont tout individu doit jouir du fait même de sa nature humaine. C'est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui marque l'avènement théorique d'un État de droit dotant l'individu du pouvoir de résistance à l'arbitraire et lui reconnaissant des droits naturels, dits fondamentaux. La notion de « déclaration des droits » découle de deux idées : celle de l'existence de droits individuels et celle de la nécessaire affirmation de ces droits par une autorité légitime, en l'occurrence le pouvoir constituant en 1789, c'est-à-dire l'État. Matrice de la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par les Nations unies en 1948, le texte de 1789 est l'aboutissement d'une réflexion qui a commencé avec la Grande Charte d'Angleterre de 1215 et qui passe par l'institution de l'habeas corpus en 1679.
→ charte.
Il appartient à l'État de droit de respecter les libertés fondamentales de l'individu, que le concept de « libertés publiques » traduit en termes constitutionnels. La persistance de nombreux cas de violations des droits de l'homme dans l'histoire contemporaine impose de garantir leur protection à l'échelon international. Non seulement celle-ci suppose l'existence de mécanismes juridiques autorisant des organes internationaux à exercer un contrôle sur l'application des normes relatives aux droits de l'homme, mais encore l'action d'organisations indépendantes des États, qui se révèlent aussi de la première importance.
TROIS SIÈCLES D'HISTOIRE DES DROITS DE L'HOMME
Ce sont les philosophes du xviiie s., parmi lesquels Jean-Jacques Rousseau, qui élaborent le concept de « droits naturels », droits propres aux êtres humains et inaliénables, quels que soient leur pays, leur race, leur religion ou leur moralité. La révolution américaine de 1776, puis la révolution française de 1789 marquent la reconnaissance et la formulation explicite de ces droits.
Dès 1689, en Angleterre, a été proclamé le Bill of Rights. Les colons établis en Amérique en retournent les principes contre leur roi. La Déclaration d'indépendance américaine, le 4 juillet 1776, affirme la primauté des droits et libertés. Au cours de la décennie suivante, par l'entremise du marquis de La Fayette et de Thomas Jefferson, elle éclaire les révolutionnaires français, notamment sur la notion de souveraineté du peuple.
Les dix-sept articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen sont discutés et votés entre le 20 et le 26 août 1789, alors que l'Assemblée constituante est en conflit avec le roi. Destinée à préparer la rédaction de la première Constitution écrite française, en la fondant sur l'énonciation des principes philosophiques qui doivent former la base de la société, elle proclame les droits « naturels et imprescriptibles » de l'homme, c'est-à-dire ceux que chacun doit exercer par le fait qu'il est homme et sans distinction de naissance, de nation ou de couleur. Après une définition générale de la notion de liberté, la Déclaration précise un certain nombre de libertés particulières : liberté de conscience et d'opinion, liberté de pensée et d'expression, droit à la propriété. L'égalité est la deuxième grande notion de la Déclaration : égalité des droits, égalité devant la loi et la justice, égalité devant l'impôt, égale admissibilité aux emplois publics. L'État nouveau, édifié sur le principe de la séparation des pouvoirs et sur la notion de souveraineté du peuple, devient le garant des droits.
Au xixe s., la Déclaration de 1789 inspire le mouvement politique et social en Europe et en Amérique latine. Avec l'industrialisation grandissante, l'essor du pouvoir capitaliste et financier, la revendication des droits s'enrichit en effet de la notion de droits sociaux, et particulièrement de droit au travail, sous l'influence du socialisme à la française, puis du socialisme marxiste. Mais les génocides, l'esclavage, qui ne sera aboli que lentement et inégalement, le colonialisme, le travail des enfants, la sujétion des femmes, dont l'émancipation – quand elle aura lieu – sera tardive, sont autant d'obstacles historiques sur la voie d'une reconnaissance pleine et entière des droits de l'homme. La France et les États-Unis eux-mêmes rechigneront souvent à montrer l'exemple, malgré la création d'associations philanthropiques et la lutte pour la prise en compte des droits sociaux (droit de grève, amélioration des conditions de travail, réduction du temps de travail).
Selon l'article 55 de la Charte des Nations unies de 1945, l'O.N.U. doit favoriser le respect universel et effectif des droits de l'homme avec le concours des États membres. Mais la politique des blocs, l'un sous influence américaine, l'autre sous influence soviétique, perturbe pendant plusieurs décennies les débats. Tandis que les Américains insistent sur la notion de droits politiques, les démocraties libérales d'Europe défendent celle de droits sociaux. Compte tenu des deux options, les Nations unies tentent de réaliser leur mission à travers l'action de la Commission des droits de l'homme, créée en 1946. Ceux-ci deviennent une valeur internationalisée en 1948. Il est reconnu que l'homme détient un ensemble de droits opposables aux autres individus, aux groupes sociaux et aux États souverains. Les droits de l’homme sont par la suite étendus à l’enfant : le 20 novembre 1989, les Nations unies adoptent la Convention des droits de l'enfant, afin de protéger l'enfance de la famine, de la maladie, du travail, de la prostitution et de la guerre.
→ droits de l'enfant.
LES DROITS DE L'HOMME FACE AU PRINCIPE DE SOUVERAINETÉ
Le principe des droits humains, tout comme la notion de paix, fait partie de ces thèmes a priori consensuels et irréfutables sous peine de placer le réfractaire en marge de la communauté internationale. L'humanité entière est révulsée par la barbarie, et un régime criminel ne peut, moralement, asseoir sa légitimité sur la seule souveraineté de l'État.
Les tribunaux militaires internationaux de Nuremberg (1945) et de Tokyo (1946) ont manifesté la valeur de ce raisonnement. Dès 1950, l'Assemblée générale des Nations unies a créé un comité chargé de rédiger le projet de statut d'une juridiction pénale internationale permanente. Mais la guerre froide a eu raison de ces vœux pieux. Le fait que ce projet n'ait pris forme qu'en 1998 témoigne – de même que ses limites – de la résistance opiniâtre des États : aucun d'eux ne cherche spontanément à promouvoir une justice supranationale à laquelle il serait soumis et devant laquelle des citoyens, nationaux ou étrangers, pourraient le traduire. C'est la même attitude qui a freiné les progrès de l'arbitrage international depuis les conférences de la Paix de 1899 et 1907, et limité, malgré deux guerres mondiales, les prérogatives de la Société des Nations puis de l'O.N.U. En réalité, l'opinion publique, alertée par les médias et les organisations non gouvernementales, est un acteur extrêmement important de ces évolutions. C'est à elle qu'il revient de dénoncer les abus de pouvoir, en l'occurrence les crimes commis par les dictateurs, l'altération du principe d'égalité, la négation des droits sociaux, ou encore la corruption des élites dirigeantes. Mais la seule sanction morale ne suffit pas à faire reculer les États coupables. La Déclaration universelle des droits de l'homme exige, par conséquent, pour ne pas être qu'un leurre, que la communauté internationale soit dotée de juridictions qui permettent de se saisir des cas de violation de ces droits.
LES INSTITUTIONS AU SERVICE DES DROITS DE L'HOMME
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME DE L'O.N.U.
Créée en 1946, la Commission se réunit pour la première fois en 1947 pour élaborer la Déclaration universelle des droits de l'homme. Rédigée en un an, celle-ci est adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948. Depuis lors, la date du 10 décembre est célébrée tous les ans en qualité de « Journée des droits de l'homme ».
Jusqu'en 1966, les efforts de la Commission sont essentiellement de nature normative, attendu que, dans une déclaration de 1947, elle estime « n'être habilitée à prendre aucune mesure au sujet de réclamations relatives aux droits de l'homme ». Ses travaux aboutissent, en 1966, à l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ; ces deux pactes forment, avec la Déclaration universelle, la Charte internationale des droits de l'homme.
En 1967, le Conseil économique et social autorise la Commission à traiter des violations des droits de l'homme. Aussi met-elle au point des mécanismes et procédures afin de vérifier le respect par les États du droit international relatif aux droits de l'homme et de constater les violations présumées de ces droits par l'envoi de missions d'enquête. En outre, la Commission met de plus en plus l'accent sur la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, en particulier le droit au développement et le droit à un niveau de vie convenable. Elle s'intéresse de près, comme le démontre la Déclaration de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme tenue à Vienne en 1993, à la protection des droits des groupes sociaux vulnérables, des minorités et des peuples autochtones, ainsi qu'à la promotion des droits de l'enfant et des femmes. La démocratie et le développement sont considérés comme deux facteurs nécessaires à l'épanouissement des droits de l'homme.
Décrédibilisée par la présence en son sein de pays critiqués pour leurs propres atteintes aux droits de l’homme, elle est dissoute en 2006, et remplacée par le Conseil des droits de l’homme. Cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale des Nations unies est notamment chargé d’effectuer un examen périodique de tous les pays au regard des droits de l'homme, et de formuler aux États concernés des recommandations.
LA CONVENTION EUROPÉENNE DE SAUVEGARDE DES DROITS DE L'HOMME ET DES LIBERTÉS FONDAMENTALES
Établie par le Conseil de l'Europe en 1950 et entrée en vigueur en 1953, la Convention européenne se situe dans la continuité de la Déclaration universelle de 1948. Chaque État qui adhère au Conseil de l'Europe est tenu de la signer et de la ratifier dans un délai d'un an. Les États signataires s'engagent alors à reconnaître à toute personne relevant de leur juridiction certains droits civils et politiques et certaines libertés définis dans la Convention. Après avoir épuisé toutes les voies de recours internes, un individu qui s'estime lésé dans ses droits peut entamer des procédures à l'encontre de l'État contractant qu'il tient pour responsable. Un État contractant peut également intenter une procédure contre un autre État contractant : c'est ce que l'on appelle une requête interétatique.
Le fait que des États souverains acceptent qu'une juridiction supranationale remette en cause les décisions de juridictions internes et qu'ils s'engagent à exécuter ses jugements a représenté une étape historique dans le développement du droit international. La théorie selon laquelle les droits de l'homme ont un caractère fondamental les plaçant au-dessus des législations et des pratiques nationales a été appliquée. Cela revient à reconnaître qu'il ne faut pas laisser un État décider lui-même de l'application des droits de l'homme et des libertés fondamentales en fonction de considérations politiques nationales.

La Convention a instauré une Cour européenne des droits de l'homme, chargée d'examiner les requêtes individuelles et interétatiques. Les juges de la Cour, totalement indépendants, sont élus par le Parlement européen. Le Conseil des ministres surveille l'exécution des arrêts de la Cour. Le droit de recours individuel est automatique, ainsi que la saisine de la Cour dans le cadre des requêtes individuelles et interétatiques.
LES GRANDES ÉTAPES INSTITUTIONNELLES DE LA DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME
1215 : la Grande Charte d'Angleterre (Magna Carta) énumère, après les excès de Jean sans Terre, un certain nombre de dispositions tendant à protéger l'individu contre l'arbitraire royal en matière de taxes ou de spoliation de biens, et assure à chaque sujet un procès équitable dans le cadre de l'égalité de traitement devant la loi.
1679 : l'habeas corpus, en Angleterre, garantit le respect de la personne humaine et la protège d'arrestations et de sanctions arbitraires. Le roi est ainsi privé du pouvoir de faire emprisonner qui il veut selon son bon plaisir.
1689 : la Déclaration des droits (Bill of Rights), adoptée par la Chambre des lords et la Chambre des communes, réduit le pouvoir royal en Angleterre, en proclamant notamment la liberté de parole au sein du Parlement et le droit pour les sujets d'adresser des pétitions au monarque.
4 juillet 1776 : la Déclaration d'indépendance américaine, rédigée par Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John Adams, et inspirée de la philosophie des Lumières, est signée à Philadelphie par les délégués des treize colonies et promulgue un contrat social fondé sur l'indépendance, l'égalité, la liberté et la recherche du bonheur (« We hold these truths to be self-evident; that all men are created equal, that they are endowed by their creator with certain unalienable rights, that among these are life, liberty and the pursuit of happiness »).
26 août 1789 : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, destinée à devenir l'archétype des déclarations ultérieures, est adoptée par l'Assemblée constituante.
3 septembre 1791 : la première Constitution écrite française garantit pour chacun « des droits naturels et civils ».
26 juin 1945 : la Charte des Nations unies, signée à San Francisco, internationalise le concept de droits de l'homme.
10 décembre 1948 : la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'O.N.U. est la première référence aux libertés fondamentales communes à tous les peuples de la Terre. Aux obligations morales liées à l'universalité du message s'ajoutent, pour les pays signataires, de réelles obligations juridiques qui sont censées instituer autant de garanties pour les peuples concernés.
4 novembre 1950 : la Convention européenne des droits de l'homme est signée à Rome sous l'égide du Conseil de l'Europe ; elle entre en vigueur en 1953.
1er août 1975 : l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (C.S.C.E.), signé à Helsinki, fait figurer le « respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales » parmi les principes de base qui régissent les relations mutuelles des 35 États participants.
LES ORGANISMES DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME
LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME
La Ligue est le plus ancien organisme de défense des droits et des libertés. Elle est fondée, en février 1898, par l'ancien ministre de la Justice Ludovic Trarieux et quelques amis, à l'occasion du procès intenté à Émile Zola qui venait de faire paraître dans le journal l'Aurore son célèbre réquisitoire « J'accuse ». Après l'affaire Dreyfus, la Ligue poursuit son engagement en prenant position sur les grands débats contemporains. Ainsi, en 1905, elle se déclare en faveur de la séparation des Églises et de l'État ; en 1909, son président réclame le droit de vote pour les femmes et leur éligibilité à la Chambre et au Sénat. La Ligue suit de près l'évolution de la vie politique et, en 1935, c'est à son siège qu'est signé le programme du Front populaire par les socialistes, les radicaux et les communistes.
En 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies, reprend largement le projet du représentant français René Cassin, membre de la Ligue des droits de l'homme. Par la suite, celle-ci joue un rôle dans les protestations contre l'utilisation de la torture lors de la guerre d'Algérie, dans les revendications étudiantes de mai 1968, dans les actions qui amènent, en 1973, la modification de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, ou encore en faveur de l.’abolition de la peine de mort. Plus récemment, elle s’est engagée dans les années 1990 contre la montée du racisme, et pour l’extension des droits des étrangers, ainsi que pour la régularisation des sans-papiers.
LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L'HOMME (F.I.D.H.)
Fondée en 1922, la Fédération est la plus ancienne organisation de défense des droits de l'homme au plan international. Elle a son siège en France. Organisation non gouvernementale reconnue d'utilité publique, elle se déclare également apolitique, non confessionnelle et non lucrative. Elle se voue à la promotion de la Déclaration universelle des droits de l'homme en informant l'opinion publique et les organisations internationales par le biais de lettres, de communiqués et de conférences de presse. Comme Amnesty International, la F.I.D.H. bénéficie du statut d'observateur auprès des instances internationales (Nations unies, Unesco, Conseil de l'Europe, Commission africaine des droits de l'homme).
AMNESTY INTERNATIONAL
C'est en 1961, à l'initiative de Peter Benenson (1921-2005), avocat britannique, qu'un groupe d'avocats, de journalistes, d'écrivains, choqués par la condamnation de deux étudiants portugais à vingt ans de prison pour avoir porté un toast à la liberté dans un bar, lance un appel pour l'amnistie (Appeal for Amnesty). L'acte de naissance officiel du mouvement Amnesty International peut être daté du 28 mai 1961, lorsque le supplément dominical du London Observer relate l'histoire de six personnes incarcérées pour « raisons de conscience » – parce qu'elles ont exprimé leurs croyances religieuses ou politiques – et exhorte les gouvernements à relâcher de tels prisonniers. Amnesty International, organisation indépendante à caractère non gouvernemental, mène depuis lors une action vigoureuse de défense des droits de l'homme, à l'adresse des gouvernements qu'elle fustige dans son rapport annuel et de l'opinion publique internationale. Au cours des années 1970, Amnesty International s'est vu confier le statut d'observateur pour le compte des Nations unies. En 1977, son action a été récompensée par le prix Nobel de la paix, titre qui n'impressionne pas forcément tous les gouvernements.
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MAYAS |
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Mayas
Peuple indien d'Amérique centrale parlant des langues apparentées.
INTRODUCTION
Les Mayas occupaient au début du xvie s. une aire s'étendant du nord de la péninsule du Yucatán à la côte pacifique du Guatemala, et du Tabasco (Mexique) jusqu'au sud-ouest du Honduras. Leur répartition actuelle est plus limitée : on les trouve principalement concentrés dans les hautes terres du Guatemala et du Chiapas (Mexique) et dans la partie nord du Yucatán. D'après les données actuelles de la linguistique, leur habitat n'a guère varié depuis leur occupation progressive, probablement au cours du IIe millénaire avant notre ère et du début du Ier millénaire avant notre ère, de l'aire qu'ils peuplaient encore au xvie s. C'est vers la fin du IIe millénaire avant notre ère que les Huaxtèques se seraient séparés des autres groupes pour s'établir beaucoup plus au nord-ouest, sur la côte du golfe du Mexique, et connaître une évolution culturelle tout à fait distincte de celle des Mayas proprement dits.
Les archéologues divisent l'aire maya en trois parties : le nord, correspondant à peu près à la péninsule du Yucatán ; le centre, allant de l'État du Tabasco au Honduras ; et le sud, incluant les hautes terres du Guatemala et du Chiapas ainsi que la côte pacifique du Guatemala. Un climat tropical humide à courte saison sèche règne sur le centre, domaine par excellence de la grande forêt. Sur la côte pacifique, la saison sèche est plus longue. Au Yucatán, les pluies augmentent du nord au sud, et la pointe nord-ouest de la péninsule est quasi désertique. Dans les hautes terres, divers types de climat et de végétation s'étagent selon l'altitude, depuis les zones tempérées jusqu'aux zones froides.
ÉVOLUTION CULTURELLE
On la divise en plusieurs périodes : préclassique (d'environ 1500 avant notre ère jusqu'à 250 de notre ère), classique (de 250 à 950 de notre ère), postclassique (de 950 à la conquête espagnole), coloniale et moderne.
La période préclassique est mal connue. Les premiers villages d'agriculteurs ont été datés de 1500 avant notre ère sur la côte pacifique du Guatemala (La Victoria), d'environ 800 dans les hautes terres du Guatemala (Kaminaljuyú) et la vallée de l'Usumacinta (Altar de Sacrificios et Seibal), et d'un peu avant 700 dans le nord du Yucatán (Dzibilchaltun). Le Préclassique récent voit la naissance de centres importants, avec pyramides supportant des temples, dans toute l'aire maya. Un style de sculpture originaire du site d'Izapa, sur la côte du Chiapas, se répand sur la côte pacifique du Guatemala et à Kaminaljuyú, où apparaissent les premières inscriptions annonciatrices de l'écriture hiéroglyphique de la période classique. À Tikal, dans la zone centrale, les temples sont disposés sur une acropole dont la croissance sera continue au cours du Classique, et certaines tombes utilisent déjà la voûte en encorbellement caractéristique de l'architecture de la période suivante. La poterie polychrome apparaît dans certains sites centraux (Holmul, Barton Ramie). En raison des continuités culturelles entre la fin du Préclassique et la période suivante, que son écriture permet d'identifier de façon certaine comme maya, on suppose que la plupart des sites du Préclassique récent étaient occupés par des populations de langue maya.
La période classique correspond à l'épanouissement de la civilisation maya dans la partie centrale de l'aire, et dans une moindre mesure également dans la partie nord, tandis que la partie sud connaît un développement moins important et bien différent. La civilisation classique est caractérisée par l'apparition d'inscriptions hiéroglyphiques sur des stèles sculptées en bas relief et représentant des dignitaires. Ces inscriptions comportent des textes chronologiques se référant aux cycles du calendrier maya. Les stèles sont le plus souvent placées devant des édifices à soubassement pyramidal en degrés. Ces édifices sont construits selon le principe de la voûte en encorbellement renforcée de mortier. La stèle la plus ancienne, trouvée à Tikal, porte une date maya équivalente à l'année 292 de notre ère. La civilisation classique semble être née dans les forêts du Petén et s'être étendue rapidement vers l'est et l'ouest dans la partie centrale de l'aire maya, ainsi que vers le nord au Yucatán. On divise la période classique en ancienne (250-550) et récente (550-950) ; cette division repose principalement sur des changements de style céramique.
Au cours du Classique récent, la civilisation maya s'étendait de Comalcalco au Tabasco jusqu'à Copán au Honduras, et avait gagné certaines parties des hautes terres du Chiapas (Chinkultic, Toniná). Cependant, le Yucatán connaissait des styles architecturaux particuliers (Río Bec, Chenes, Puuc), associés à une diminution du nombre des stèles et à une simplification des inscriptions. Dans la plus grande partie des hautes terres et de la côte pacifique, les cultures demeurent marginales, sans inscriptions ni architecture à voûte. De fortes influences originaires du Mexique se manifestent : occupation de Kaminaljuyú par une colonie issue de Teotihuacán, la grande métropole du Mexique central (de 400 à 600), et développement dans la région de Cotzumalhuapa, sur la côte pacifique du Guatemala, d'une civilisation fortement influencée par le Mexique méridional (de 400 à 900). L'installation de populations en provenance du Mexique dans ces régions semble déterminée par le désir de s'emparer du contrôle du commerce à longue distance du cacao, produit en grande quantité sur la côte pacifique.
À la fin du Classique récent, la civilisation maya de la zone centrale entre en décadence rapide. Les différents centres cessent d'ériger des stèles à inscriptions, certains dès 800, et sont tous abandonnés avant 1000, en même temps que l'on note une diminution considérable de la population rurale. On tend à attribuer l'origine de cette catastrophe à une pluralité de causes : trop forte densité de population aboutissant à un épuisement des sols tropicaux fragiles, troubles sociaux et rivalités entre les cités, incursions de guerriers venus du Tabasco et de culture plus mexicaine que maya. Entre 900 et 1000, ces envahisseurs s'installent pour un temps à Altar de Sacrificios, situé au confluent des rivières navigables les plus importantes de la zone centrale. Au même moment, des guerriers d'origine toltèque s'emparent de Chichén Itzá, au Yucatán, où l'on voit également disparaître la civilisation classique de la région Puuc. Dans les hautes terres, certains centres sont abandonnés, sans doute en raison de leurs liens étroits avec la civilisation classique, tandis que d'autres continuent d'être habités, tel Zaculeu, capitale des Indiens Mam du Guatemala.
La période postclassique a été subdivisée en ancienne (de 950 à 1250) et récente (de 1250 à la conquête espagnole). Le Postclassique ancien est au Yucatán la période d'hégémonie totale de Chichén Itzá, où le culte de Quetzalcóatl, le serpent à plumes, héros légendaire de Tula et divinité puissante au Mexique central, accompagne celui du dieu de la Pluie des Mayas. Puis Chichén Itzá est remplacé par Mayapán au début du Postclassique récent, souvent désigné comme période décadente en raison de la dégénérescence générale des arts. Mayapán tombe à son tour, victime des rivalités des lignages nobles, et les Espagnols ne rencontreront que des petits États rivaux, qui seront pourtant de taille à leur opposer une résistance acharnée. Dans la partie centrale de l'aire maya, deux régions, la côte du Tabasco et la côte de l'actuel Honduras britannique, sont très actives durant cette période et se livrent au commerce à longue distance du cacao. Entre les deux, au long de la route que suivra Cortés pour se rendre au Honduras, on ne trouve que des villages fortifiés ou construits sur les îlots des lacs, à l'exception d'un seul centre important, celui des Itzá à Tayasal, sur le bord du lac Petén Itzá, qui résistera aux Espagnols jusqu'en 1697. Dans les hautes terres, le Chiapas ne connaît que des petits centres indépendants, mais au Guatemala, au cours du Postclassique récent, des dynasties se réclamant d'une origine toltèque fondent des États conquérants : celui des Quichés (capitale Utatlán) et celui des Cakchiquels (capitale Iximché). Les guerres sont incessantes, et la plupart des centres sont construits en position défensive sur des collines ou des promontoires.
Après la conquête espagnole, la partie centrale de l'aire maya devient le refuge des fuyards, dont certains, originaires du Yucatán, sont probablement les ancêtres des Lacandons d'aujourd'hui. Le Yucatán et les hautes terres voient leur population indigène concentrée en villages d'évangélisation et victime de terribles épidémies, qui auraient au cours du xvie s. fait périr jusqu'à 90 % des habitants et causé le dépeuplement total de la côte pacifique. Une nouvelle culture se crée, faite d'éléments indigènes et espagnols mêlés et modifiés, et qui persiste encore de nos jours dans les villages les plus difficiles d'accès des montagnes du Chiapas et du Guatemala. La résistance à la colonisation et à l'oppression des nouveaux États nés de l'indépendance a été marquée par des soulèvements indigènes (rébellions du Chiapas en 1712 et en 1869-1870, « guerre des castes » au Yucatán de 1847 à 1855). La forme de résistance la plus courante se manifeste par le caractère volontairement fermé et conservateur des communautés mayas. L'accroissement démographique commencé à la fin du xviiie s. a permis à la population indigène de rattraper et probablement de dépasser les densités préhispaniques, tandis que l'accélération des activités économiques modifie de plus en plus la culture traditionnelle héritée de la période coloniale.
LA CIVILISATION CLASSIQUE
Les cités mayas sont essentiellement composées de temples et de palais disposés autour de places, constituant fréquemment des groupes distincts reliés par des chaussées surélevées. La plupart des cités possèdent également un ou plusieurs terrains de jeu de balle, qui se présentent sous la forme d'une allée comprise entre deux plates-formes allongées. Les pièces des temples et des palais sont étroites et sans fenêtres, en raison de la masse des murs soutenant la voûte. Les édifices sont placés sur des soubassements pyramidaux, plus hauts pour les temples que pour les palais, et sont pourvus d'escaliers d'accès. Autour des groupes principaux, on rencontre de nombreuses plates-formes d'habitation, en disposition très desserrée ; les cités mayas n'ont rien d'une ville à constructions contiguës, à la manière européenne. La plus grande cité maya connue est Tikal, délimitée et protégée par des fossés et des étangs. On estime à 50 000 habitants sa population au cours du Classique récent. Outre les grandes cités, on trouve un réseau de centres secondaires et un semis général de hameaux à maisons plus ou moins dispersées.
La construction de ces agglomérations suppose l'existence d'une organisation sociale hiérarchisée et complexe. Et cependant, la base économique de cette société semble avoir été une agriculture à techniques élémentaires : outillage de pierre et de bois, culture sur brûlis avec jachère longue, production alimentaire reposant essentiellement sur le maïs, pas d'animaux domestiques à part le dindon et le chien.
L'architecture utilise une maçonnerie de pierre taillée jointe au mortier. Les façades sont simples, soulignées de moulures horizontales. Elles étaient fréquemment décorées de bas-reliefs en stuc modelé, assez bien conservés à Palenque ; ils étaient généralement peints. Le décor de la façade était prolongé par celui des hauts blocs de maçonnerie placés sur le toit. La sculpture maya est surtout renommée pour ses stèles, autels et linteaux. Les stèles, accompagnées d'autels, sont en général disposées devant les temples. Elles figurent le plus souvent des dignitaires à parure complexe, portant un sceptre ou une barre cérémonielle. Les linteaux peuvent être en pierre, ou en bois comme à Tikal. La sculpture maya est généralement exécutée en bas relief, mais elle peut être en ronde bosse quand le matériau le permet (à Copán, Quiriguá et Toniná). Les fresques décorant les pièces sont rarement conservées ; les plus célèbres que l'on connaisse sont celles de Bonampak. Les arts mineurs sont très brillants : parures de jade gravé, objets en os et coquille, figurines moulées et modelées (dont celles du célèbre style de Jaina) et céramique figurative polychrome se développent au Classique récent.
L'écriture maya est la plus élaborée de l'Amérique ancienne. Elle utilise à la fois des idéogrammes, souvent lus en forme de rébus, et des phonogrammes. Seuls les textes chronologiques et astronomiques ont pu jusqu'à présent être presque entièrement déchiffrés. On a établi l'existence d'inscriptions dynastiques sur les stèles de plusieurs sites. Les calculs sont effectués grâce à une arithmétique de système vigésimal utilisant une numération de position qui implique l'usage du zéro. Le calendrier, extrêmement complexe, repose sur la combinaison d'un cycle solaire annuel de 365 jours, divisé en 18 mois de 20 jours avec 5 jours additionnels, et d'un cycle cérémoniel de 260 jours, reposant lui-même sur deux cycles de 13 chiffres et 20 jours. Chaque date est exprimée dans les deux calendriers ; la même combinaison de date ne peut se reproduire que tous les 52 ans. La date d'origine du calendrier, base de tous les calculs, correspond à l'année 3113 avant notre ère selon la corrélation de J. E. S. Thompson entre calendriers maya et grégorien. L'astronomie maya avait atteint un grand degré de précision, permettant l'élaboration de tables de prévision des éclipses solaires et le calcul de la révolution synodique de la planète Vénus. Les connaissances astronomiques étaient utilisées pour des prédictions astrologiques concernant l'influence des divinités et des cycles chronologiques qui leur étaient attribués. Les principaux dieux représentés dans l'iconographie classique sont le dieu serpentiforme au long nez (qui est probablement le dieu de la Pluie Chac), le dieu solaire, qui se transforme chaque nuit en jaguar du monde inférieur, le dieu du Maïs, le dieu de la Mort, et un dragon souvent bicéphale que l'on suppose être le monstre de la terre. On note également des représentations du dieu de la Pluie mexicain, Tlaloc. Les motifs serpentiformes dominent l'iconographie.
À la fin de la période classique, le Yucatán voit se développer des variantes de cette civilisation, avec une architecture distincte décorée de mosaïques de pierre à motifs géométriques et à masques de dieu au long nez.
LES CIVILISATIONS POSTCLASSIQUES
Après l'abandon des cités classiques, Chichén Itzá, au Yucatán, devient le seul centre important. Fondée à la fin du Classique récent, la cité compte des édifices de style Puuc. Tombée sous la domination des Toltèques à la fin du xe s., elle connaît un grand développement architectural qui mêle traditions mayas (pièces voûtées, masques de Chac…) et innovations imitées de l'architecture de Tula (colonnades, grand terrain de jeu de balle, représentations de Quetzalcóatl et d'une divinité appelée Chac-Mool…). Certaines des représentations d'origine toltèque indiquent la prépondérance de mœurs et institutions provenant du Mexique central : aigles et jaguars dévorant des cœurs, symbolisant probablement les ordres militaires ayant ces animaux pour emblème ; processions de guerriers armés de traits lancés à l'aide de propulseurs ; plates-formes qui supportent des râteliers recevant les crânes provenant des sacrifices humains.
Toute construction fut abandonnée sur le site de Chichén Itzá à une date que l'on situe entre 1204 et 1224, sans doute à la suite des attaques de la tribu Itzá, qui s'y installa (d'où le nom du site, qui signifie « puits des Itzá ») pour un temps assez bref. Un lignage Itzá fonda ensuite une nouvelle capitale à Mayapán, avec l'aide de mercenaires mexicains qui introduisirent au Yucatán l'arc et la flèche. Les chefs des autres cités furent astreints à résider à Mayapán. La ville est entourée d'un mur défensif, et son habitat peut être considéré comme concentré, bien que les maisons ne soient pas contiguës. Au centre sont les temples principaux et les édifices à colonnades, qui devaient servir de bâtiments administratifs, de magasins royaux, d'écoles… Puis on trouve les maisons des nobles, et à la périphérie les habitations des gens du commun. Tous les arts et techniques connaissent une décadence marquée. Certains temples sont des copies de ceux de Chichén Itzá, mais avec une maçonnerie grossière dont les défauts sont masqués par un revêtement de stuc. Les influences mexicaines sont toujours fortes, et sur les encensoirs anthropomorphes caractéristiques de Mayapán sont représentés soit des divinités mayas, soit des dieux du Mexique central. Parallèlement, on observe une renaissance de certaines traditions mayas, telle l'érection de stèles à inscriptions hiéroglyphiques. Mayapán fut abandonné à la suite de révoltes vers 1450. On connaît peu les cités de la période qui précéda immédiatement la conquête, à l'exception de Tulum sur la côte est. Là encore l'influence mexicaine est forte, en particulier dans le style des fresques de l'un des temples.
C'est de la période postclassique du Yucatán que datent les trois codices mayas connus : le Codex Dresdensis, qui est une copie d'un manuscrit de la période classique et comporte une large partie consacrée à l'astronomie, le Tro-Cortesianus de Madrid et le Peresianus de Paris, qui ont trait principalement à la divination. On dispose en outre pour cette période de textes espagnols (Relation des choses de Yucatán, de Diego de Landa [vers 1524-1579]) ou indigènes (Chilam Balam), rédigés à l'époque coloniale.
Les hautes terres du Guatemala ne manifestent guère d'activité artistique digne d'être mentionnée, mais au début de la période coloniale y ont été rédigés des documents extrêmement importants pour la connaissance de la civilisation protohistorique de ces régions : le Popol-Vuh, qui comprend une partie mythologique et une partie historique, et diverses chroniques dont les Annales des Cakchiquels.
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New York |
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New York
Ville des États-Unis, dans l'État de New York, sur l'océan Atlantique, à l'embouchure de l'Hudson.
* Nom des habitants : New-Yorkais
* Population pour l'agglomération : 18 604 000 hab. (estimation pour 2016)
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La ville a été fondée à la pointe sud de l'île de Manhattan, où s'étend le quartier des affaires (Wall Street). Elle s'est développée au XIXe siècle au Nord (Bronx, au-delà du quartier noir de Harlem), débordant sur le New Jersey au-delà de l'Hudson et sur les îles voisines : Long Island (quartiers de Brooklyn et de Queens, au-delà de l'East River) et Staten Island (Richmond). New York est un très grand port, un nœud aérien et ferroviaire, un centre industriel et surtout tertiaire (commerces, administrations, tourisme).
Cité cosmopolite, New York constitue l'une des grandes métropoles du monde par son poids démographique, le volume et la variété de sa production industrielle, surtout peut-être par sa puissance financière (dont Wall Street est un symbole) et son rayonnement culturel. La ville est le siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) depuis 1946.
GÉOGRAPHIE
Le site de New York comprend l'île de Manhattan (lieu du premier établissement hollandais au xviie siècle), la partie ouest de Long Island (Brooklyn et Queens), l'isthme entre l'Hudson et l'East River (Bronx) et Richmond (Staten Island). Au-delà de ces cinq « boroughs », l'agglomération s'est étendue dans l'État voisin du New Jersey, dans le centre de Long Island, sur la rive nord du détroit de Long Island et le long de l'Hudson vers l'amont.
La fonction portuaire et l'importance du nœud ferroviaire, à la base de la croissance de l'agglomération, demeurent. La ville est également un centre autoroutier, et trois aéroports (J. F. Kennedy, Newark, La Guardia) accueillent des dizaines de millions de passagers. Parmi les branches industrielles émergent les constructions électriques, la chimie, l'édition et toujours la confection. Mais le tertiaire assure la majeure partie des emplois : commerce (de transit, de gros et de détail), administration (institutions nationales et internationales [siège de l'Organisation des Nations unies (ONU)]), enseignement et activités culturelles et aussi touristiques, la ville demeure, et de loin, la première place financière du monde. Ce poids n'est pas sans contrepartie : difficultés de circulation, d'alimentation en eau, problèmes de pollution, délinquance et tensions sociales et raciales liées au chômage, à la constitution de ghettos ethniques (Noirs, Portoricains).
1. LE SITE PORTUAIRE
Le site portuaire est un des éléments fondamentaux de la localisation et du développement de New York. C’est celui d’une baie abritée (Upper New York Bay), séparée du large par un détroit (The Narrows) et une rade extérieure (Lower New York Bay), elle-même protégée par la pointe de Rockaway et la flèche de Sandy Hook. L’amplitude de la marée y est faible (1,5 m), et les profondeurs suffisantes, du moins au centre, pour les bateaux ne tirant pas plus de 15 m. Le port primitif s’est établi en amont de l’Upper Bay, près des eaux profondes de l’East River (désavantagée cependant par de forts courants de marée) et surtout de l’Hudson : de la Batterie (The Battery) à la 72e rue, la rive du fleuve est restée jusqu’à nos jours une des principales zones portuaires.
À mesure que s’étendait l’agglomération urbaine et que s’accroissait le trafic maritime, d’autres espaces d’eau se sont successivement intégrés au site. Au xixe siècle, les hauts-fonds de l’Upper Bay à l’est (Brooklyn) et à l’ouest (Jersey City, Bayonne) ont été soit dragués, soit remblayés et aménagés en quais et zones d’entrepôts, tandis que sur la rive new-jersaise de l’Hudson la profondeur du fleuve, associée à un terre-plein naturel au pied des Palisades, créait un site favorable à l’installation de piers et de terminaux ferroviaires. Avec l’expansion des industries pétrolières et chimiques, le port a annexé la baie de Newark et le Kill Van Kull, aux eaux suffisamment profondes, puis l’Arthur Kill, qu’il faut constamment draguer. Par suite des progrès des transports par conteneurs et de l’encombrement de certains secteurs portuaires, de nouveaux éléments potentiels du site entrent en jeu : rive ouest de la baie de Newark (espaces aménageables par remblaiement), façade de Staten Island sur les Narrows (eaux profondes de 20 à 30 m), East River entre Queens et Bronx (terrains disponibles sur les rives).
2. LE SITE URBAIN
Aux nappes d’eau qui forment le site portuaire sont associés des espaces terrestres, trois éléments morphologiques qui constituent le site urbain :
– l’île de Manhattan, cœur de New York, fait partie du massif précambrien de gneiss et micaschistes bordé par le fleuve Hudson et le détroit de Long Island ;
– Long Island (occupée à l’ouest par Brooklyn et Queens et progressivement incorporée à l’aire urbanisée dont le front progresse vers l’est) et le New Jersey au sud de la baie de la Raritan (banlieue lointaine et frontière industrielle de New York) appartiennent à la Plaine côtière, le détroit de Long Island formant la dépression périphérique ennoyée entre un massif ancien et un bassin sédimentaire ;
– le bassin triasique de Newark, qui constitue une zone basse excavée dans les grès et schistes marneux tendres entre le socle précambrien à l’ouest et la Plaine côtière New Jersey-Long Island à l’est. Le trias contient cependant un filon-couche épais de diabase (300 m) qui forme une falaise (les Palisades) dominant l’Hudson et, localement, l’étroite plaine alluviale mentionnée plus haut (routes et voies ferrées doivent franchir la falaise, qui s’abaisse d’ailleurs vers le sud, par des rampes ou des tunnels). À l’exclusion de la baie de Newark, partiellement surcreusée par les glaciers, la zone basse triasique est occupée par des chenaux peu profonds (Arthur Kill), des rivières au cours paresseux (Passaic, Hackensack) et des marécages qui, après remblaiement, sont le site d’aéroports, de zones industrielles, d’entrepôts à conteneurs.
Aussi importante que le site portuaire et urbain est la situation de New York à l’embouchure de l’Hudson, que les navires de mer peuvent remonter jusqu’à Albany ; de là, suivant son affluent, la Mohawk, en amont de chutes que peut doubler un portage, on atteint les plaines bordant l’Érié et l’Ontario. New York est la seule ville de la côte atlantique bénéficiant d’une telle percée vers l’intérieur. Cet avantage potentiel ne fut exploité qu’après l’élimination de la puissance iroquoise et l’ouverture du canal de l’Érié en 1825 et plus encore avec la construction des voies ferrées. Cette situation est le principal facteur de l’expansion remarquable de New York. Autre avantage, la position centrale de la ville entre les États atlantiques l’aida à s’attribuer une part croissante du commerce transatlantique.
3. LA SITUATION DE NEW YORK AUJOURD'HUI
Aujourd’hui, la situation de New York paraît excentrique par rapport au centre de population et au centre de gravité économique, localisés à l’ouest des Appalaches. Cependant, outre l’effet d’inertie, le poids des avantages acquis, New York bénéficie de sa proximité relative de l’Europe et des rapports étroits qu’elle entretient avec elle. Au temps de la grande immigration, le premier contact des Européens avec le Nouveau Monde se faisait par New York, où un grand nombre d’entre eux se fixèrent, apportant leur travail ou leur savoir. Par suite de l’expansion économique de l’Europe occidentale, les relations anciennes tissées avec celle-ci profitent à New York plus qu’à aucune autre ville américaine : une grande partie des exportations et surtout des importations américaines passe par New York.
4. QUARTIERS ET BANLIEUES DE NEW YORK
4.1. MANHATTAN
À l’intérieur d’une agglomération aux aspects fort variés, Manhattan présente le spectacle de la plus grande diversité. Au nord de la 14e rue domine un plan rectangulaire d’avenues orientées N.-N.-E. - S.-S.-O. et de rues orientées O.-N.-O. - E.-S.-E., la 5e avenue séparant les rues ouest et les rues est. Seul le Broadway, ancien chemin indien, coupe indifféremment rues et avenues de l’extrême sud à l’extrême nord. Au sud de Canal Street, le plan de la vieille ville est très irrégulier. Les gratte-ciel font partie du paysage new-yorkais ; la plupart sont situés soit entre les 33e et 53e rues, à proximité de la 5e avenue, par exemple ceux du Rockefeller Center et l’Empire State Building (382 m), soit à l’extrême sud, où se trouvaient les deux tours du World Trade Center (412 m). Ailleurs dominent les immeubles collectifs de taille et d’âge variables : maisons de brique du xixe siècle, à escalier métallique extérieur, hautes de trois ou quatre étages, comme on en voit encore beaucoup ici et là dans un état fort délabré ; grandes bâtisses du début du xxe siècle, à quatre ou cinq étages, abritant ateliers, entrepôts ou magasins ; blocs locatifs construits entre les deux guerres près de l’East River et au nord de la 86e rue.
On peut diviser Manhattan en trois parties séparées par les 14e et 59e rues. L’extrême sud de l’île, Downtown, renferme le Financial District (Wall Street, Chase Manhattan Bank Building), qui a annexé le Lower Broadway et s’étend maintenant jusqu’à West Houston Street, et le Civic Center (hôtel de ville, police, tribunaux). Ce dernier confine à trois quartiers pittoresques : Chinatown, Little Italy et le Bowery. Entre ces derniers et les blocs des grands lotissements bordant l’East River (Government Smith Houses, Baruch Houses), le Lower East Side, héritier de l’ancien quartier juif, plus ou moins transformé en taudis, abrite encore quelques Juifs et des Portoricains. Plus au nord se trouve Greenwich Village, sorte de Saint-Germain-des-Prés, où habitent des artistes et où se maintient une des colonies italiennes de la ville. Washington Square est un quartier de résidences aisées et de bâtiments universitaires (université de New York).
MIDTOWN
Midtown est le quartier de prestige de Manhattan avec ses gratte-ciel anciens (Empire State Building, Chrysler Building) ou nouveaux (Park Avenue), ses grands magasins, ses boutiques de luxe, ses théâtres, le siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), la cathédrale Saint Patrick. Broadway, les 34e et 42e rues, la 5e avenue, les avenues Park, Madison, des Amériques, Times Square sont les lieux les plus animés ou les plus élégants. Ici et là subsistent des ateliers de confection (Garment Center entre les 34e et 42e rues).
UPTOWN
Uptown commence à la 59e rue, comme Central Park, qui se poursuit, jusqu’à la 110e rue, entre les 5e et 8e avenues, séparant ainsi un West Side et un East Side. Dans le West Side, près de Broadway, le Lincoln Center rassemble tout ce qui concerne les arts (Philharmonie, Metropolitan Opera) ; plus au nord se situent des quartiers d’habitation en blocs collectifs, l’université Columbia, puis Washington Heights avec ses résidences luxueuses. Au-delà de l’avenue des millionnaires (la 5e avenue en bordure de Central Park jusqu’à la 81e rue), l’East Side garde la trace d’anciens quartiers ethniques (allemand, mais rapidement assimilé à Yorkville, hongrois vers la 95e rue, italien vers la 102e) et en abrite de nouveaux (noir à Harlem entre la 110e rue et la rivière d’Harlem, portoricain à East Harlem). Manhattan, qui a compté plus de 2 millions d’habitants en 1910 (soit 39 000 hab. au km2), n’en a plus qu’un million et demi.
4.2. BROOKLYN
Brooklyn (2 504 000 hab.) est également en régression. Il est caractérisé par une grande diversité ethnique et sociale et une immensité qui, associée à son plan régulier (deux types de damiers), le rend inhumain. Une partie des Brooklyn Heights a gardé son cachet vieillot et bourgeois, mais elle est cernée par des secteurs en voie de transformation en taudis (South Brooklyn, Green Point, Williamsburg) et les installations de l’US Navy. Il y a des quartiers bien entretenus, comme Bay Ridge, occupé par des Scandinaves, des quartiers juifs, italiens, slaves, parfois dégradés, et aussi un vaste ghetto noir de plus de 200 000 habitants qui s’étend en tache d’huile entre Prospect Park et Queens.
4.3. QUEENS
Le Queens (2 230 000 hab.) est un borough peuplé plus récemment, plus aéré et qui poursuit sa croissance. À côté de secteurs pauvres et de quartiers riches, peu étendus, le Queens, quoique formant un borough de New York, se présente plutôt comme une banlieue de classe moyenne, avec ses maisons groupées en secteurs socialement homogènes.
4.4. LE BRONX
Au contraire, le Bronx (1 385 000 hab.) est très diversifié socialement ; il comprend des quartiers riches au bord de l’Hudson, des quartiers anciennement blancs au centre, abandonnés aux Noirs et aux Portoricains, et un nouveau quartier de classes moyennes entre Bronx Park et Pelham Bay Park. C’est un borough principalement résidentiel.
4.5. LES BANLIEUES
Les banlieues prolongent New York dans toutes les directions et de plus en plus loin. Vers le nord, elles atteignent Tarrytown sur l’Hudson, Stamford et Norwalk au Connecticut. Elles se développent surtout dans Long Island, à l’est de Queens, dans le comté de Nassau et dans celui de Suffolk, où le taux de croissance est le plus élevé. Aux portes de New York, accessible de Manhattan et de Brooklyn depuis 1964 (pont Verrazano), Staten Island s’ouvre à la suburbanisation avec le borough de Richmond. Dans le New Jersey, les anciennes banlieues, Jersey City, Hoboken, Newark, et les zones industrielles anciennes, comme Paterson, sont devenues des centres urbains à fonctions diversifiées ; n’y résident guère que des ouvriers, surtout des Américains venus d'Italie et, dans une proportion croissante, des Noirs. La nouvelle frontière du peuplement atteint le nord des comtés de Passaic et de Bergen ainsi que les comtés de Morris, de Somerset et de Middlesex, et elle se trouve ainsi en bien des points plus proche de la Pennsylvanie que de la baie de Newark.
L'HISTOIRE DE NEW YORK ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'AGGLOMÉRATION
Un navigateur italien au service du roi de France, Giovanni da Verrazzano (ou Verrazano), découvre la baie en 1524. Mais ce sont les Hollandais qui, en 1626, achètent aux Indiens pour 24 dollars l'île de Manhattan et y construisent une bourgade, La Nouvelle-Amsterdam (en néerlandais Nieuw-Amsterdam). Elle compte vers 1660 un millier d'habitants qui lui donnent un caractère cosmopolite. En 1664, elle tombe aux mains des Anglais, qui, en l'honneur du frère de Charles II, la baptisent New York.
Sans être spectaculaires, les progrès de la cité sont constants. La nature avantage le port, par lequel sont expédiés vers l'Angleterre du blé, des fourrures, des porcs et des bœufs, et reçus les sucres et mélasses des Antilles. Mais la pauvreté de la région intérieure et la proximité de la barrière indienne limitent, tout au long de la période coloniale, l'essor de New York. À la veille de la Révolution, la ville abrite 25 000 habitants ; elle dépasse nettement Boston, mais se situe derrière Philadelphie, qui joue le rôle de centre économique, politique et intellectuel des colonies, puis de la jeune République.
Les New-yorkais n'ont été que modérément partisans de la rupture avec la Grande-Bretagne, par loyalisme et par intérêt. Mais l'indépendance, qui fait de la ville la capitale provisoire des jeunes États-Unis, marque le début de leur fortune, et celle-ci ne cesse de s'accroître grâce aux activités du port. Les commerçants de New York achètent les produits textiles anglais et transportent en Europe le coton du Sud. Des lignes régulières (les packets) assurent ce trafic sans interruption et ajoutent à leurs activités commerciales le transport des passagers.
En 1825, l'ouverture du canal de l'Érié, exploitant la Water Level Route de l'Hudson-Mohawk, fait de New York le centre d'exportation des blés du Middle West. Les relations du port avec le reste du pays se développent : des caboteurs distribuent dans le Sud les produits manufacturés venus d'Europe et reviennent chargés de coton ; des péniches assurent la liaison avec les Grands Lacs et le bassin du Mississippi. À partir de 1850, les chemins de fer confèrent à New York un atout de plus. Les capitaux qui proviennent du commerce extérieur sont investis dans le commerce de gros et de détail, dans les assurances, dans l'industrie (confection, fonderie, métallurgie, chaussures, ameublement, raffinage du sucre, brasseries). Les banques de Wall Street l'emportent bientôt sur celles de Philadelphie. En 1817, le Stock Exchange s'ouvre ; en l'espace d'une vingtaine d'années, il accapare la plus grande partie du marché national des titres. Les voiliers rapides qui battent les records de vitesse sur l'Atlantique franchissent aussi le cap Horn pour atteindre la Californie et l'Extrême-Orient.
En 1860, les constructions s'étendent dans Manhattan jusqu'à la limite sud de Central Park. La population continue d'être cosmopolite ; des immigrants de toutes origines, en particulier des Allemands et des Irlandais, transitent par la ville ou s'y installent dans les quartiers nationaux, où ils ont leurs écoles, leurs magasins, leurs églises, leurs organisations politiques. Plus de 33 000 personnes vivent dans l'île en 1790, 515 394 en 1850, 830 000 en 1860, et l'agglomération passe de 336 000 habitants en 1820 à 1 627 000 en 1860. De l'autre côté de l'East River, Brooklyn forme une commune indépendante qui compte près de 300 000 habitants à la veille de la guerre civile. Dans l'ensemble de l'agglomération, les Noirs constituent une très petite minorité, à peine 2 % du total.
De 1860 à la fin du siècle, une croissance extraordinaire se manifeste dans tous les domaines. des industries apparaissent ou se développent. C'est le cas de la confection (organisée vers le milieu du siècle, mais appelée à devenir la principale industrie new-yorkaise avec l'arrivée massive des Juifs, surtout à partir de 1880) et celui des industries de biens de consommation comme l'ameublement et la fabrication d'articles en cuir (chaussures entre autres). La métallurgie secondaire et la construction mécanique prennent une grande importance (tréfilerie, quincaillerie, machines à vapeur, machines pour l'industrie de la confection et de la chaussure, ces dernières concurrençant celles de Nouvelle-Angleterre). Le trafic du port est en progrès constants ; New York importe des vivres et des matières premières ; les exportations, limitées à cette époque par la demande intérieure, comprennent quelques articles manufacturés et les denrées agricoles d'un arrière-pays étendu à la région des Grands Lacs. La place manquant à Manhattan pour la manutention des marchandises, les aménagements portuaires gagnent Brooklyn et la rive new-jersaise de l'Hudson, reliée par « ferries » à Manhattan. L'extension du réseau ferroviaire, surtout à partir des années 1860, a pour effet de concentrer de plus en plus le commerce à New York ; terminaux ferroviaires ou gares de triage sont construits à Manhattan et principalement sur la rive du New Jersey.
Durant la même période, la population s'accroît à un rythme très rapide, New York retenant une grande partie des immigrants qui passent par son port (presque unique point d'entrée pour eux), notamment à partir de 1890. En effet, Irlandais exceptés, une fraction seulement des immigrants d'avant 1890, en majorité allemands, scandinaves et anglo-écossais, restait à New York, les autres gagnant les campagnes et les villes du Midwest, tandis qu'après cette date le courant d'immigration comprend de plus en plus de Méditerranéens et de Slaves, qui, faute de moyens pour aller plus loin, se fixent à New York (et dans les grandes villes de l'Est). L'agglomération, qui rassemblait 2 800 000 habitants en 1880, en a 5 050 000 en 1900 (dont 3 440 000 à New York).
L'aire urbanisée s'est étendue en conséquence.
À partir de 1870, à la suite de la construction de lignes de tramways surélevées (Elevated) sur les avenues de Manhattan, l'espace bâti, qui atteignait alors la 59e rue, progresse rapidement de part et d'autre de Central Park jusqu'à la plaine de Harlem. Les immigrants de la première génération s'établissent par quartiers ethniques à Manhattan, tandis que les Américains de plus vieille date préfèrent les quartiers résidentiels de Brooklyn (relié à Manhattan par le « pont de Brooklyn » depuis 1883) et de Queens, ainsi que la rive new-jersaise (Jersey City, Hoboken).
L'avènement du métro souterrain en 1904 et 1905, qui complète et remplace partiellement l'Elevated, marque le début d'une ère nouvelle. L'IRT (Interborough Rapid Transit) et le BMT (Brooklyn Manhattan Transit) ouvrent des lignes qui réunissent le Bronx à Queens et Brooklyn en passant par Manhattan. L'une d'elles, la Seventh Avenue Broadway Line, mesure 36 km de longueur, de South Brooklyn au parc Van Cortlandt (Bronx). Grâce au métro, l'aire urbaine s'étend ainsi dans le Bronx et dans l'est de Queens et Brooklyn, que trois nouveaux ponts jetés sur l'East River entre 1900 et 1914 contribuent à mieux souder à Manhattan.
L'immigration, d'Europe orientale et méditerranéenne principalement, se poursuit jusqu'en 1914 : des foules misérables de Juifs russes, d'Italiens du Sud, de sujets de l'empire d'Autriche-Hongrie débarquent à Ellis Island. Elles constituent la main-d'œuvre à bon marché dont a besoin l'industrie. Ces immigrants, plus difficilement assimilables que les Germains et les Scandinaves dans le creuset anglo-saxon, s'entassent dans le Lower East Side et d'autres ghettos de Manhattan progressivement transformés en taudis. De leur côté, les vieux Américains et assimilés des classes moyennes se « suburbanisent » : les comtés de Westchester et de Nassau dans le New York, les comtés du nord-est du New Jersey s'intègrent progressivement à l'agglomération. Les quinze comtés de l'agglomération comptent près de 7 500 000 habitants à la veille de la Première Guerre mondiale, dont 5 000 000 pour les cinq boroughs de New York City.
Entre les deux guerres, surtout jusqu'à la crise mondiale, le système des transports en commun s'améliore et s'étend. Le métro est prolongé dans Brooklyn jusqu'à Coney Island et jusqu'à Richmond Hill au centre de Queens (1930). L'Independant Subway system ouvre une ligne le long de la 8e avenue à Manhattan (1932). On perce des tunnels routiers sous l'East River (Queens-Midtown) et l'Hudson (Lincoln et Holland). En conséquence, la suburbanisation, favorisée aussi par le développement de la voiture individuelle, s'étend dans toutes les directions ; les industries se dispersent dans l'agglomération à la faveur de la mobilité accrue de la main-d'œuvre.
Entre les deux guerres mondiales arrivent des Noirs du Sud et, après la seconde, des Portoricains. Faute de place, les industries gagnent des secteurs éloignés, surtout dans le New Jersey, où se développent de nouveaux quartiers d'habitation.
L'ARCHITECTURE À NEW YORK ...
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