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GÉOLOGIE

 

 

 

 

 

 

 

géologie

Consulter aussi dans le dictionnaire : géologie
Cet article fait partie du dossier consacré à la géologie et du dossier consacré à l'histoire de la Terre.

Étude des constituants de la Terre, visant à en comprendre la nature, la distribution, l'histoire et la genèse.

Si les premières observations géologiques remontent à l'Antiquité, le nom de géologie apparaît pour la première fois à la fin du xviie s., dans le titre d'un ouvrage, et ce n'est qu'au xviiie s. que cette science commence véritablement à se développer, dans l'ambiance du siècle des Lumières. On voit bientôt s'opposer les théories antagonistes de l'Allemand Abraham Werner (1749-1817), qui attribue à toutes les roches une origine océanique, et de l'Américain James Hall (1811-1898), qui privilégie l'origine ignée des roches éruptives. Au xixe s., la géologie proprement dite se diversifie en ses différentes branches, tandis que le xxe s. voit son explosion en disciplines nouvelles, avec d'une part son ouverture à la physique et à la chimie, donnant naissance à la géophysique et à la géochimie, et d'autre part les progrès des moyens d'observation qui étendent son champ à l'océanologie et à la planétologie, l'ensemble constituant les géosciences.

1. OBJETS D'ÉTUDE ET DIFFÉRENTES BRANCHES DE LA GÉOLOGIE

La géologie proprement dite comprend diverses branches qui concourent à l'étude de la nature des roches, de leur âge ou de leur structure.
1.1. L’ÉTUDE DE LA NATURE DES ROCHES

L'étude de la nature des roches fait l'objet de la pétrographie, ou pétrologie, qui distingue :
– les roches sédimentaires, ou exogènes (calcaires, grès, argiles, etc.), déposées par les agents dynamiques externes (eaux, glaces, vent) et dont la caractéristique principale est d'être stratifiées ;
→ sédimentation
– les roches magmatiques, ou endogènes, issues des profondeurs, généralement cristallines, sous forme d'amas massifs, ou plutons, lorsqu'elles ont cristallisé à l'intérieur de la croûte terrestre (granites, gabbros, péridotites, etc.) ou de volcans et de coulées de laves lorsqu'elles se sont épanchées à la surface (rhyolites, basaltes, etc.) ;
→ magma
– les roches métamorphiques, de nature endogène ou exogène, mais transformées dans les profondeurs de la croûte terrestre sous haute température et haute pression, ce qui leur confère un aspect de schistes cristallins (micaschistes, gneiss).

1.2. L’ÉTUDE DE L’ÂGE DES ROCHES
L'étude de l'âge des roches fait l'objet de la stratigraphie (pour les roches sédimentaires) et de la géochronologie, la première s'appuyant sur la paléontologie, ou science des fossiles, la seconde sur la géochimie isotopique, seule méthode pour les roches endogènes et métamorphiques, méthode complémentaire pour les roches sédimentaires.
→ histoire de la Terre.

ÉCHELLE STRATIGRAPHIQUE
La paléontologie (qui permet la stratigraphie par la succession des faunes et flores fossiles dans le temps), est surtout efficace depuis 540 millions d'années (MA), moment de l'explosion biologique fondamentale qui ouvre les temps dits phanérozoïques (du grec phaneros, visible, et zôon, animal). Ceux-ci sont divisés en ères, elles-mêmes divisées en systèmes, eux-mêmes formés d'étages définis par un contenu faunistique et floristique rapporté à une localité type dont l'étage porte le nom.

Apparue il y a quelque 3,8 milliards d'années (traces d’activité d’organismes procaryotes), la vie s’est longtemps limitée au développement de bactéries et de cyanobactéries (dont certaines, coloniales, ont laissé des structures appelées stromatolites). Puis apparaissent les organismes unicellulaires eucaryotes, il y a 1,9 milliard d’années environ, suivis par les premiers pluricellulaires, il y a 670 millions d’années. Les invertébrés prolifèrent, sous toutes leurs formes, à la limite précambrien-primaire, vers 540 MA. Les poissons les plus primitifs apparaissent vers 500 MA, à la limite cambrien-ordovicien, les amphibiens (ou batraciens) vers 360 MA, à la limite dévonien-carbonifère, les reptiles vers 320 MA, au milieu du carbonifère, les mammifères vers 200 MA, au trias, les oiseaux vers 160 MA, au jurassique. Les hominidés n'émergent que vers 4 MA, au cours du pliocène. Parmi les végétaux, les cryptogames partent à la conquête des continents, jusqu'alors déserts, vers 430 MA, au silurien, les gymnospermes apparaissent vers 360 MA, au début du carbonifère, les angiospermes, ou plantes à fleurs (→ phanérogame), vers 100 MA, au crétacé.

Cette succession des faunes et des flores dans l'ordre de la complexité croissante est le support de la théorie de l'évolution formulée à la fin du xviiie s. par le Français Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) – connue aujourd’hui sous le nom de lamarckisme –, puis de celle établie au xixe s. par le Britannique Charles Darwin (1809-1882). Ces successions de faunes ne sont pas régulières : certaines périodes sont marquées par de brutales et vastes vagues d’extinctions ; la plus connue s'est produite à la fin de l'ère secondaire (transition crétacé-tertiaire), vers 65 MA, et vit la disparition totale des dinosaures.

L'établissement du concept d'évolution est l'un des grands chocs spirituels ayant modifié l'idée que l'humanité se fait d'elle-même (aux côtés du concept de révolution de la Terre sur elle-même et autour du Soleil) : non seulement l'homme n'est pas au centre du monde, mais il n'est qu'un maillon parmi d'autres d'une chaîne biologique a priori sans fin.
La géochronologie a donné à la stratigraphie un calendrier précis, outre qu'elle a permis de donner un âge aux terrains cristallins, jusqu'alors datés approximativement par des méthodes indirectes. Elle se fonde essentiellement sur des méthodes géochimiques.
La datation des terrains et l'analyse de leurs faciès débouchent sur la reconstitution des géographies du passé géologique, ou paléogéographie.
L'ensemble de ces disciplines, qui reconstituent l'histoire de la Terre, forme la géologie historique.

1.3. L’ÉTUDE DE LA STRUCTURE DES ROCHES

L'étude de la structure des roches fait l'objet de la tectonique, qui décrit les déformations des roches par l'observation de terrain et leur genèse par la tectonique expérimentale et la tectonophysique.

On reconnaît ainsi des formes et accidents tectoniques, cassures ou failles, plis, transports horizontaux ou chevauchements et charriages et des styles tectoniques, selon la profondeur des déformations.
Les chaînes de montagnes qui en résultent forment des ensembles intra- ou intercontinentaux. Les chaînes intracontinentales associent les déformations du socle continental et de sa couverture sédimentaire.
Les chaînes intercontinentales, ou de collision, sont liées au rapprochement des continents jusqu'à leur collision : l'océan intermédiaire se réduit à une cicatrice, ou suture ophiolithique, du nom des roches basiques et ultrabasiques qui formaient la croûte de l'océan disparu – les chaînes alpines de la ceinture montagneuse qui va de Gibraltar à l'Indonésie, entre l'Eurasie d'un côté et l'Afrique, l'Inde et l'Australie de l'autre, par les Alpes et l'Himalaya, en sont un bon exemple.

Les chaînes péricontinentales, ou de subduction, sont dues au passage en force de la lithosphère océanique sous les marges des continents qui les bordent (→ subduction). Elles affectent soit la forme de puissantes cordillères, comme les Andes, limitées à la déformation des marges continentales, soit la forme d'arcs insulaires, comme ceux de l'ouest du Pacifique, lorsqu'une mer marginale s'intercale entre l'arc déformé et le bord continental ; cordillères et arcs insulaires sont riches en roches granitiques et volcaniques (andésites).
Chaînes de collision et de subduction forment les deux grandes ceintures montagneuses volcaniques et sismiques du globe : la ceinture péripacifique, liée à la subduction de l'océan Pacifique (« ceinture de feu », et la ceinture téthysienne, liée à la collision des masses continentales aujourd'hui septentrionales (Amérique du Nord et Eurasie), avec les masses méridionales (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie), aux dépens de la Téthys, océan aujourd'hui disparu qui séparait ces deux ensembles continentaux.

2. LES NOUVELLES DISCIPLINES
De la rencontre entre la géologie et la physique et la chimie, sont issues la géophysique et la géochimie.

2.1. LA GÉOPHYSIQUE
Fournissant un apport essentiel à la tectonique, la géophysique s'est développée via la gravimétrie, la sismologie et le géomagnétisme.

LA GRAVIMÉTRIE

Née au xviiie s., la gravimétrie, en se fondant sur les anomalies de la pesanteur, contribue à définir la forme du globe terrestre, puis l'équilibre des couches superficielles sur les plus profondes, ou isostasie, notamment dans le cas des chaînes de montagnes sous lesquelles existe une racine légère, conçue comme un gonflement de la lithosphère continentale à l'aplomb du relief, sorte d'image en négatif de la chaîne. En affinant la mesure de ces anomalies de pesanteur, on peut déterminer les régions en équilibre isostasique, donc stables, et celles en déséquilibre, qui tendent soit à s'affaisser, soit à se soulever, ayant ainsi une clef de la dynamique du relief.

LA SISMOLOGIE

La sismologie est devenue une science vers la fin du xixe s. et les études sismologiques se sont orientées successivement dans trois directions :
• les tremblements de terre (→ séisme) eux-mêmes (échelle de Mercalli, qualitative ; et échelle de Richter, quantitative) ;
• la détermination de la structure du globe terrestre en croûte, manteau et noyau, séparés par les discontinuités de Gutenberg et de Mohorovičić (→ moho), croûte et manteau supérieur formant la lithosphère, rigide, tandis que le reste du manteau constitue l'asthénosphère, plastique (→ Terre) ;
• la structure de la croûte terrestre et de ses parties superficielles qui, seule, concerne la géologie.

La sismicité générale a permis de définir le mécanisme d'ouverture (accrétion) des rifts médio-océaniques (→ fossé d'effondrement, expansion des fonds océaniques), le jeu des failles transformantes qui segmentent ceux-ci, le plan de subduction, dit plan de Benioff (du nom de son découvreur, le sismologue américain Hugo Benioff [1899-1968]), selon lequel l'océan plonge sous les marges continentales au niveau des arcs insulaires et des cordillères. Ainsi a été fondée la tectonique des plaques.

La sismique appliquée, développée par les compagnies pétrolières (→ pétrole), a conduit à une connaissance détaillée de la croûte terrestre faisant la liaison entre géophysique et géologie. D'abord limitée aux ensembles sédimentaires, objets de la prospection pétrolière, elle s'est étendue à l'épaisseur de la croûte terrestre, par la mise au point de programmes de profils sismiques d'écoute longue, comme les programmes COCORP (COnsortium for Continental Reflection Profiling) aux États-Unis, le premier du genre, ou ÉCORS (Étude des Continents et des Océans par Réflexion Sismique) en France, et d'autres dans différents pays. C'est la tectonique qui a surtout profité de ces développements.

LE GÉOMAGNÉTISME

Le géomagnétisme est, avec la gravimétrie, la plus ancienne discipline de la physique du globe, car, comme elle, liée à la géodésie : dès le xviie s. et surtout le xviiie s., les mesures du magnétisme terrestre sont devenues courantes. Mais il a fallu attendre le xxe s. pour qu'elles prennent un sens pour la géologie et qu'elles soient effectuées dans ce but.
Le paléomagnétisme, qui fournit la direction des pôles à un moment donné en un endroit donné, se fonde sur le champ magnétique fossile daté par la stratigraphie ou la géochronologie. Chaque continent, à un moment donné, indiquant une position différente des pôles de celles indiquées par les autres continents, la mobilité relative des uns par rapport aux autres se trouve ainsi démontrée, justifiant la théorie de la dérive des continents de l'Allemand Alfred Wegener (1880-1930), et confortant la tectonique des plaques qui l'intègre dans ses prémisses.

Le relevé d'anomalies magnétiques océaniques parallèles au rift médian, interprétées comme marquant les renversements successifs de la polarité du champ magnétique terrestre pendant la genèse progressive de la croûte océanique, donne une mesure quantifiée de celle-ci, dont l'ordre de grandeur est le centimètre par an, de 2 cm/an pour les rifts lents jusqu'à plus de 10 cm/an pour les rifts rapides. Ainsi se trouve mesurée l'expansion océanique et une nouvelle fois confortée la tectonique des plaques.
À la paléogéographie succède ainsi la palinspatie, qui tient compte du déplacement des continents et devient globale, justifiant que la tectonique des plaques soit aussi désignée sous le nom de tectonique globale.

2.2. LA GÉOCHIMIE

La géochimie a renouvelé la pétrologie par l'analyse précise et quantifiée de la composition des roches et de chacun de leurs minéraux majeurs. Mais c'est par l'analyse des éléments mineurs et de leurs composants isotopiques qu'elle a apporté une véritable révolution.
En s'appuyant sur la période de désintégration des éléments radioactifs, elle a permis la mesure de la durée des temps géologiques, dont l'unité est le million d'années : tous les chiffres rappelés dans le tableau stratigraphique se fondent sur cette géochronologie isotopique qui utilise les couples uranium/plomb, potassium/argon, rubidium/strontium, etc., pour les temps géologiques anciens, le fluor et le carbone 14 pour les périodes récentes aux limites de l'histoire et de la préhistoire.
→ radioactivité.
Après la paléontologie, qui a fondé la notion d'évolution biologique, la géochronologie est à la source de la deuxième grande révolution apportée par les géosciences dans la pensée humaine : désormais, l'histoire de la Terre a un début et un calendrier dans lequel l'évolution biologique, notamment celle de l'homme, prend sa place.

En s'appuyant sur la composition isotopique des roches, la géochimie a permis de préciser les conditions de leur formation, notamment la température à laquelle elles sont apparues. Ainsi ont été définis des paléothermomètres, comme le couple oxygène 16/oxygène 18, qui permet de dire à quelle température se sont déposés les sédiments, fournissant une clef à la paléoclimatologie : les périodes froides sont caractérisées par un enrichissement en oxygène 18, isotope lourd moins volatil, au contraire des périodes chaudes, caractérisées par un enrichissement en isotope léger oxygène 16.
Par l'ensemble de ces approches, la géologie dynamique, ou géodynamique, a été complètement renouvelée.

3. LES NOUVELLES APPROCHES
Dans les dernières décennies, les progrès de l'océanographie et de la recherche spatiale ont donné à la géologie une dimension qui englobe les océans tout autant que les continents et dépasse même les limites du globe terrestre pour s'étendre aux autres planètes du Système solaire et à leurs satellites.

3.1. L'OCÉANOLOGIE GÉOLOGIQUE

Apparue au xixe s., l'océanologie géologique a donné des océans une connaissance précise qui a renouvelé l'interprétation des terrains du passé géologique, en s'appuyant sur toutes les méthodes de la géologie, de la géophysique et de la géochimie et, à la fin du xxe s., en utilisant des moyens performants comme le sondeur multifaisceaux (fondé sur le principe du sonar), pour le dessin des cartes du fond des océans, les forages océaniques profonds, pour recueillir des éléments de la croûte océanique et de sa couverture sédimentaire, et les submersibles autonomes (→ bathyscaphe), capables de descendre à 6 000 m de profondeur, pour effectuer des observations et recueillir des échantillons, etc.

→ fosse océanique.
Le principe de l'uniformitarisme, suivant lequel le globe a évolué selon les mêmes modalités qu'aujourd'hui, énoncé dès 1830 par le Britannique Charles Lyell (1797-1875), y a trouvé sa convaincante illustration, du moins pour ce qui concerne les temps phanérozoïques.
3.2. LA PLANÉTOLOGIE

La planétologie (→ planète) s'est développée en s'appuyant sur des télescopes de plus en plus performants et sur les sondes spatiales. Elle autorise une étude comparée des planètes et de leurs satellites, l'événement le plus spectaculaire ayant été la récolte de roches lunaires, des basaltes identiques à ceux que l'on rencontre sur la Terre et de même âge que les plus anciens : la Lune a le même âge et la même origine que notre planète.


Nombre de traits géologiques terrestres ont été reconnus sur les planètes telluriques et les satellites des planètes géantes ; outre les impacts météoritiques mieux conservés que sur la Terre, où l'érosion les a le plus souvent effacés, on a reconnu des traces d'érosion fluviale, des plis et failles, des calottes glaciaires (sur Mars) ; des carapaces de glace déformées (sur Callisto, Europe et Ganymède, satellites de Jupiter) ; des volcans éteints (sur Vénus et Mars) ou en activité (sur Io, satellite de Jupiter), etc. Ces observations sont l'amorce d'une géologie des planètes qui n'en est qu'à ses débuts.

3.3. LA TÉLÉDÉTECTION

L'observation de la Terre par satellite dans le visible ou dans certaines bandes du spectre infrarouge autorise une cartographie précise, révélant des structures de grande dimension que la synthèse des observations de terrain ne permet pas toujours de mettre en évidence.


3.4. L'OCÉANOLOGIE SPATIALE
Les mesures effectuées au-dessus des océans par des satellites équipés d'altimètres radar donnent des résultats de premier plan pour l'étude des courants ou des grands déplacements de la masse océanique, comme le phénomène El Niño, mais aussi dans le domaine de la géologie : moyennant diverses corrections, l'altimétrie de la surface des océans – connue au centimètre près – révèle la forme du fond et les accidents tectoniques qui l'affectent : on a pu ainsi dresser des cartes des fonds océaniques, qui vérifient les prédictions de la tectonique des plaques, fournissant donc de cette théorie une autre démonstration.

3.5. LA GÉODÉSIE SPATIALE
Des satellites géodésiques ont permis de mesurer avec une précision centimétrique les déplacements des objets géologiques à la surface de la Terre et de retrouver ainsi, par une autre méthode, les données de la tectonique des plaques, mais cette fois chiffrées en temps réel.

On passe ainsi de la géodynamique moyennée sur des millions d'années à la géodynamique mesurée sur une année. Le résultat le plus spectaculaire est que les valeurs obtenues par ces deux approches sont identiques : par exemple, moyenné sur 5 millions d'années ou mesuré sur une année, le coulissage du complexe de failles de San Andreas, en Californie, est de 5 cm par an.
On peut dès lors envisager de prédire le futur : à long terme, par exemple quand l'axe égéen, qui s'avance vers le sud à la cadence de 4 cm par an, viendra recouvrir la Libye en fermant la mer du Levant, etc. ; ou, à court terme, en particulier pour la prévision des séismes.


PLAN
*        
    *         1. OBJETS D'ÉTUDE ET DIFFÉRENTES BRANCHES DE LA GÉOLOGIE
        *         1.1. L’étude de la nature des roches
        *         1.2. L’étude de l’âge des roches
        *         1.3. L’étude de la structure des roches
    *         2. LES NOUVELLES DISCIPLINES
        *         2.1. La géophysique
            *         La gravimétrie
            *         La sismologie
            *         Le géomagnétisme
        *         2.2. La géochimie
    *         3. LES NOUVELLES APPROCHES
        *         3.1. L'océanologie géologique
        *         3.2. La planétologie
        *         3.3. La télédétection
        *         3.4. L'océanologie spatiale
        *         3.5. La géodésie spatiale

 


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PAKISTAN

 

 

 

 

 

 

 

Pakistan

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en ourdou Pākistān
Nom officiel : République islamique du Pakistan


État d'Asie méridionale, le Pakistan est baigné par l'océan Indien (mer d'Oman) au sud et bordé par l'Iran à l'ouest, l'Afghanistan au nord-ouest, la Chine au nord-est et l'Inde à l'est.
Après s'être retiré du Commonwealth en 1972, il le réintègre en 1989, avant d'être suspendu de 1999 à 2004 et de novembre 2007 à mai 2008.
Le Pakistan est un État fédéral, qui se compose de 4 Provinces (Baloutchistan, Khyber Pakhtunkhwa [Province de la frontière du Nord-Ouest jusqu’en 2010], Pendjab et Sind), du Territoire fédéral de la capitale et des zones tribales.

*         Superficie : 803 000 km2
*         Nombre d'habitants : 182 143 000 (estimation pour 2013)
*         Nom des habitants : Pakistanais
*         Capitale : Islamabad
*         Langues : ourdou et anglais
*         Monnaie : roupie pakistanaise
*         Chef de l'État : Arif Alvi
*         Chef du gouvernement : Imran Khan
*         Nature de l'État : république à régime parlementaire
*         Constitution :
    *         Adoption : 1973
    *         Révision : 20 amendements entre 1974 et 2013
*         La Constitution, suspendue en 1999, a été progressivement remise en vigueur de novembre 2002 à mars 2003
Pour en savoir plus : institutions du Pakistan

GÉOGRAPHIE
Les secteurs irrigués du Sud et surtout du Nord-Est (Pendjab), correspondant à la plaine alluviale de l'Indus et de ses affluents, constituent les parties vitales du Pakistan. Ils fournissent du blé, du riz et du coton (principal produit d'exportation et base de la seule industrie notable, le textile). Le pourtour est formé en grande partie de montagnes peu peuplées (Baloutchistan à l'ouest ; partie de l'Hindu Kuch au nord, souvent frappé par des séismes). Le sous-sol fournit surtout du gaz naturel. Les problèmes économiques (sous-emploi, endettement) s'ajoutent aux conflits ethniques, voire religieux (entre musulmans chiites et sunnites), et aux tensions récurrentes avec l'Inde.

1. LE MILIEU PHYSIQUE

Entre la mer d'Oman au sud et les chaînes montagneuses du nord (extrémité occidentale de l'Himalaya), le Pakistan appartient à la fois au Moyen-Orient (régions arides et souvent accidentées de l'ouest aux confins de l'Afghanistan et de l'Iran) et au sous-continent indien à l'est (plaines de l'Indus).
Les régions naturelles peuvent se ramener à trois grands ensembles. La plaine de l'Indus et de ses affluents regroupe le Pendjab et le bas Indus (la basse plaine et le delta), correspondant à la province du Sind, bordés à l'est par le désert de Thar. La bordure montagneuse septentrionale compte de nombreux sommets à plus de 7 000 m d'altitude dans les paysages alpins de l'Hindu Kuch, du Karakorum et de l'Himalaya proprement dit, montagnes difficiles aux bassins rares (Chitral), dont l'édification résulte de leur position charnière entre les plaques indo-australienne au sud et eurasiatique au nord, la première ayant glissé sous la seconde. Le Baloutchistan, aride, steppique, présente une structure complexe de sédiments empilés du trias au quaternaire, calcaires à l'est, détritiques à l'ouest, en deux chaînes qui se raccordent au « nœud » de Quetta.
L'aridité du climat est corrigée par de grands travaux entrepris dès la seconde moitié du xixe s. et toujours continués : barrages du bassin de l'Indus et canaux (Sukkur, Tarbela, Mangla), ou karez du Baloutchistan (galeries de captage des nappes souterraines dans les piémonts jalonnées de puits). En effet, tout le Sind reçoit moins de 200 mm de pluies. Atteignant le Pakistan, les moussons ont épuisé une large partie de leur capital d'humidité ; on enregistre aussi quelques pluies d'hiver de type méditerranéen et non tropical. Mais seule la montagne du nord est bien arrosée et présente de belles forêts.
2. LA POPULATION

Le Pakistan est le sixième pays le plus peuplé du monde. C'est l'un des rares États du monde à avoir été créé sur une base purement religieuse. S'il est presque exclusivement composé de musulmans (97 % de la population), il rassemble sur son territoire des ethnies d'une grande diversité culturelle et linguistique : l'unité de la nation est, de ce fait, l'un des problèmes majeurs qui compromet le plus les chances de développement du pays. Plus des trois quarts des musulmans suivent le rite sunnite hanafite, majoritaire dans le sous-continent indien ; le quart restant se partage entre chiites duodécimains (tout comme les Iraniens voisins) et chiites ismaéliens du Sind et du Cachemire. Le mysticisme soufi populaire, lié au culte des saints, est très répandu malgré l'opposition des néo-fondamentalistes musulmans, hostiles à cette pratique.
Le Pakistan est un pays aux frontières indécises (ligne de cessez-le-feu au Cachemire, porosité de la frontière du Nord-Ouest), dont les différents groupes ethniques, loin de former une unité, s'étendent sur les pays voisins (Pachtouns en Afghanistan, Sindis, Cachemiris et Pendjabis en Inde). La densité moyenne (plus de 200 habitants par km2) n'a que peu de signification, les quatre cinquièmes des Pakistanais vivant dans le bassin de l'Indus.

On distingue au Pakistan quatre grandes régions, tant du point de vue des ethnies que du mode de peuplement. Le poids démographique, politique et économique du Pendjab, à l'est, place cette région au premier plan (48 % de la population totale). L'organisation sociale du Pendjab rural repose sur le pouvoir exercé par les propriétaires fonciers (zamindars). Ceux-ci sont divisés en groupes (Jats, Araïns) fonctionnant selon des liens endogamiques qui rappellent le système des castes hindoues. Le Sind, au sud-est, est encore plus féodalisé : il forme, avec le Pendjab, le cœur agricole du pays. La partition de ces deux régions entre l'Inde et le Pakistan, en 1947, a provoqué des déplacements massifs de population (sans doute parmi les plus importants de l'histoire mondiale) et les nouveaux arrivants de l'Inde furent difficilement absorbés. La population du vaste et aride Baloutchistan, au sud-ouest, se compose de Baloutches, proches des Iraniens (37 % de la population locale), qui sont arrivés dans la région il y a 500 ans, de Brahouis d'origine dravidienne (20 %) et de Pachtouns ou Pathans (25 %). Baloutches et Brahouis se regroupent sur un mode tribal fortement hiérarchisé et pratiquent fréquemment le nomadisme. Les Pachtouns sont surtout présents dans la Province de la frontière du Nord-Ouest (PFNO) et dans une grande partie de l'Afghanistan voisin, avec lequel ils pratiquent des échanges et se livrent à de la contrebande. Plus au nord enfin, on trouve, dans l'« Azad Kashmir » ou Cachemire libre, des populations partagées, elles aussi, entre l'Inde et le Pakistan. Enfin, les immigrés de l'Inde, ou Mohajirs, se concentrent dans les grandes villes ; ils constituent les quatre cinquièmes de la population de Karachi et parlent surtout l'ourdou qui, malgré son statut de langue officielle, n'est pratiqué que par 7 % des Pakistanais.

Le taux d'accroissement naturel, estimé à 2,3 % par an en 2007, est élevé, d'autant plus que le gouvernement a très peu encouragé, contrairement à ses voisins du sous-continent indien, une politique de contrôle des naissances. Si elle a joué un rôle substantiel, l'émigration à l'étranger (en Occident et dans les pays du golfe Persique), qui représente 10 % de la population active, ne suffit plus à contrebalancer une démographie galopante. La population urbaine (34 %) croît plus vite que la population rurale et s'entasse dans des grandes villes tentaculaires. Ainsi, dans le Sind, Karachi a vu le nombre de ses résidents tripler en 20 ans et elle atteint, aujourd'hui, 12 millions d'habitants ; grâce à son port tourné vers le Moyen-Orient, elle est la capitale économique du pays mais sombre dans le chaos social. Plusieurs autres villes dépassent le million d'habitants : Hyderabad et Multan (centre cotonnier), dans le Sind ; Lahore, vieille ville culturelle, et Faisalabad, pôle industriel centré sur le coton, au Pendjab. Au nord, Rawalpindi est directement reliée à Islamabad, capitale administrative excentrée (800 000 habitants), qui souffre de son caractère artificiel. Peshawar, à l'ouest de celle-ci, dépasse les 1,3 million d'habitants ; sa proximité de l'Afghanistan et le relief montagneux environnant en font une capitale de la contrebande et du trafic de drogue.

3. L'ÉCONOMIE
3.1. L'AGRICULTURE
Malgré une réforme agraire plus timide qu'en Inde, la situation foncière y est moins inquiétante grâce un peuplement plus récent (40 % des exploitations ne dépassent pas deux hectares). L'irrigation du bassin de l'Indus remonte à l'Antiquité et demeure le facteur décisif de l'agriculture pakistanaise, qui représente 20 % du produit intérieur brut (PIB) et 75 % du commerce extérieur. De grandes réalisations, effectuées dans les années 1960, ont permis une rationalisation et une extension de la surface cultivée grâce, notamment, à un réseau de canaux unique au monde. Mais les problèmes de salinité et d'excès d'eau (water logging), dus à la vétusté des canaux, subsistent et concernent entre 30 et 75 % des terres irriguées au Sind. Les succès de la révolution verte, de 1960 à 1965, ont surtout concerné le blé (68 % de la production céréalière, 8e rang mondial) et le riz, qui est surtout consacré à l'exportation. Le Pakistan est, par ailleurs, le premier exportateur mondial de coton et le sixième producteur de canne à sucre. Mais l'économie rurale n'est pas suffisamment diversifiée : malgré une hausse de la production de fruits et de légumes et une amélioration de l'élevage (dans l'aviculture), l'insuffisance du réseau routier et commercial est patent. Principale région agricole, le Pendjab fournit, grâce à une terre fertile mais aussi à une meilleure rationalisation et à une plus forte modernisation, les quatre cinquièmes du blé, la moitié du riz, ainsi que les deux tiers du coton et de la canne à sucre du Pakistan. Vient ensuite le Sind, qui possède 5,5 millions d'hectares de terres cultivées, dont 3,2 millions sont irrigués. Enfin, la Province de la frontière du Nord-Ouest, plus montagnarde, produit des oléagineux, les oasis du Baloutchistan étant, pour leur part, très marginales.
3.2. L'INDUSTRIE
Le Pakistan possède des ressources minières diversifiées mais peu abondantes ; il ne jouit pas, comme l'Inde, de grandes réserves de fer et de charbon. S'il manque de pétrole (il ne produit que 10 % de ses besoins), il possède un peu de gaz naturel. Le fort potentiel hydroélectrique reste sous-utilisé, et Karachi possède une centrale nucléaire. Le développement de l'industrie remonte à l'indépendance et a privilégié les branches textile (21 % du secteur) et agroalimentaire (raffineries de sucre, huileries). La croissance industrielle, rapide jusqu'en 1965, stagne depuis lors. Le secteur représente désormais 27 % du PIB. Le développement de l'industrie lourde (chimie, pétrochimie et sidérurgie à Ben Qasim) a été initié au début des années 1970. En 1973, l'État procéda à la nationalisation de plusieurs grandes sociétés.
3.3. COMMERCE EXTÉRIEUR
Malgré une hausse de ses exportations, le Pakistan ne parvient pas à dégager un excédent de son commerce extérieur. Ses principaux partenaires commerciaux sont les États-Unis, le Japon, l'Allemagne et l'Arabie saoudite. L'importance du marché parallèle, de la contrebande et du trafic de drogue sont autant de facteurs de déstabilisation économique et sociale, qui provoquent une émigration massive de la population (au moins 100 000 départs annuels).
En 2008, confronté à une grave crise économique, le Pakistan obtient un crédit d'un montant de 7,6 milliards de dollars de la part du Fonds monétaire international (FMI). Le FMI indique que les finances du pays ont été détérioré par l'instabilité politique, les violences des islamistes et la hausse des prix pétroliers et alimentaires (l'inflation s'élevant à près de 25 % en 2008). La balance des paiements est fortement déficitaire, de l'ordre de 9 % du produit intérieur brut, et le déficit atteint 14 milliards de dollars.

HISTOIRE
1. L'INDÉPENDANCE

Ali Jinnah, qui, avec la Ligue musulmane, luttait aux côtés du parti du Congrès indien contre la domination britannique, réclame à partir de 1940 la création de l'État islamique du Pakistan, séparé de l'Inde et regroupant les musulmans du sous-continent indien. En juin 1947, lord Mountbatten, vice-roi des Indes, fait accepter le principe de la partition. L'Indian Independence Act, présenté en juillet 1947 par le gouvernement britannique, prévoit que le Pakistan comprendra tous les territoires, à majorité musulmane, qui formaient jusqu'à la date de l'indépendance (15 août 1947) les provinces du Bengale oriental, du Sind et du Baloutchistan. Les États princiers peuvent opter pour le rattachement à l'Inde au Pakistan ou se proclamer indépendants. La création d'un État musulman, vœu d'Ali Jinnah, est réalisée, mais cet État est divisé en deux parties distantes de 1 700 km, le Pakistan occidental, situé entre l'Iran à l'ouest, l'Afghanistan au nord, l'Inde à l'est et bordé par la mer d'Oman au sud, au nord et le Pakistan oriental, limité par l'Inde, à l'ouest, au nord et à l'est, par la Birmanie au sud-est, et bordé par le golfe du Bengale.
Deux États princiers, Hyderabad et le Cachemire, remettent en cause le principe de la partition. Le nizam d'Hyderabad, musulman qui régnait sur des sujets en majorité hindous, s'était proclamé indépendant. Prenant prétexte de désordres intérieurs, l'Inde envahit le territoire et l'annexe sans que le Pakistan puisse intervenir. Au Cachemire, un conflit éclate en 1947 entre l'Inde et le Pakistan. Il aboutit à la partition de la région en 1949, de part et d'autre d'une ligne de cessez-le-feu fixée par les Nations unies, le Pakistan conservant l'Azad Kashmir (« Cachemire libre »).
La création du Pakistan s'accompagne d'un important mouvement de population : le pays doit accueillir de 6 à 7 millions de musulmans, alors que 6 millions d'hindous regagnent l'Inde. L'afflux des réfugiés modifie profondément la répartition démographique au Pakistan occidental dans la mesure où ces réfugiés cherchent à s'intégrer dans les villes. Le Pakistan oriental, essentiellement agricole, absorbe plus facilement les nouveaux arrivants.
La première Assemblée constituante (1947-1954) est dominée par la Ligue musulmane. Muhammad Ali Jinnah, « le père de la nation », devient premier gouverneur général du Pakistan et président de l'Assemblée constituante. À sa mort, le 11 septembre 1948, Liaqat Ali Khan, Premier ministre et président de la Ligue musulmane, lui succède, tandis que Khawaja Nazimuddin devient gouverneur général. En octobre 1951, Liaqat Ali Khan est assassiné. La Ligue musulmane se divise en une Ligue musulmane Jinnah, dirigée par le nabab Mamdot au Pakistan occidental, et une Ligue musulmane Awami de H. S. Suhrawardi du Pakistan oriental, qui préconise l'autonomie régionale.
2. LA CONSTITUTION DE 1956
Le 29 février 1956, une Constitution établit une fédération de deux provinces également représentées à l'Assemblée fédérale. La République islamique du Pakistan est dirigée par un président obligatoirement musulman ; Iskander Mirza, gouverneur général depuis août 1955, est nommé président provisoire de la République. L'ourdou et le bengali sont langues d'État, et l'Assemblée fédérale de Karachi est doublée d'assemblées locales, à Dacca pour le Pakistan oriental et à Lahore pour le Pakistan occidental. Mais l'absence de partis politiques organisés renforce le chaos, que favorise une situation économique désastreuse. I. Mirza abroge la Constitution le 7 octobre 1958 et proclame la loi martiale, que le général Muhammad Ayyub Khan est chargé d'appliquer.
Le 28 octobre 1958, le général Ayyub Khan dépose I. Mirza et devient président de la République. Une réforme agraire (1959) permet une réorganisation de l'agriculture et protège les petits paysans. L'organisation d'un programme de « démocraties de base » (1960) met en place une série d'assemblées renouvelables tous les cinq ans et composées de membres élus ou désignés et de fonctionnaires ; il s'agit d'instaurer une véritable démocratie à partir des villages. Ayyub Khan se fait confirmer en février 1960 dans ses fonctions de président de la République et promulgue le 1er mars 1962 une Constitution de type présidentiel. Le président, obligatoirement musulman, et l'Assemblée nationale sont élus par un collège électoral issu des démocraties de base. La levée de la loi martiale en juin 1962, après les élections du 28 avril, contribue à la stabilisation de la vie politique. Ayyub Khan est réélu président de la République en janvier 1965.
Mais la même année éclate entre l'Inde et le Pakistan la deuxième guerre du Cachemire, qui s'internationalise rapidement. Un cessez-le-feu intervient le 22 septembre 1965, et, le 10 janvier 1966, Lal Bahadur Shastri, Premier ministre indien, et Ayyub Khan signent à Tachkent (URSS) une déclaration consacrant la normalisation entre les deux pays. Mais le problème du Cachemire subsiste.
Deux hommes commencent à s'opposer au président : à l'ouest, Zulfikar Ali Bhutto, qui fonde, en novembre 1967, le parti du Peuple pakistanais ; à l'est, Mujibur Rahman, devenu, après l'arrestation de Suhrawardi en 1966, le chef de la Ligue Awami et qui réclame l'autonomie régionale du Pakistan oriental. Dans les deux provinces, le mécontentement croît, tandis qu'on accuse de corruption l'entourage du président. Le général Ayyub Khan (devenu maréchal) doit céder la place, le 25 mars 1969, au général Yahya Khan.
La loi martiale est instaurée, la Constitution suspendue. Yahya Khan réussit à rétablir un certain calme. Il annonce l'élection, pour la première fois au suffrage universel, d'une nouvelle Assemblée constituante. Ces élections générales ont lieu en décembre 1970. La Ligue Awami et le parti de Z. A. Bhutto les remportent, respectivement, dans les provinces orientale et occidentale. La première obtient la majorité absolue.
3. LE PROBLÈME DU BENGALE ORIENTAL ET LA SÉCESSION DU BANGLADESH

En janvier 1971, M. Rahman refuse de participer à l'élaboration d'une Constitution qui néglige son programme en six points, formulé dès 1965, et qui demande l'autonomie du Pakistan oriental. La loi martiale est alors rétablie au début de mars et Yahya Khan se rend à Dacca pour négocier, le 15. Un accord est conclu le 23. Deux jours plus tard, l'armée déclenche une répression sanglante au Bengale. M. Rahman est arrêté et transféré à l'ouest. La résistance bengalie s'organise ; le 26 mars, une radio clandestine proclame l'indépendance du Bangladesh ; un gouvernement provisoire bengali est formé en territoire indien ; des millions de réfugiés vont fuir la sévère répression de l'armée pakistanaise. En juin 1971, le général Yahya Khan prononce une amnistie générale, mais refuse de libérer M. Rahman. Cependant, la tension croît entre l'Inde et le Pakistan, dégénérant en un véritable conflit armé (3 décembre). Défaite en quelques jours au Bengale, n'obtenant aucun succès notable sur le second front ouvert au Cachemire, l'armée pakistanaise doit capituler sans condition quand les troupes indiennes du général Aurora Singh entrent à Dacca (16 décembre). L'autonomie du Bangladesh devient effective. Au Cachemire, Indira Gandhi, Premier ministre indien, décide un cessez-le-feu unilatéral le 17 décembre. Z. A. Bhutto succède le 20 décembre au général Yahya Khan.
Pour en savoir plus, voir les articles Bangladesh, Cachemire.
La loi martiale ne sera levée qu'après la rencontre de Simla (28 juin-2 juillet 1972) entre Z. A. Bhutto et I. Gandhi. Une troisième Constitution est adoptée, le 10 avril 1973, de type fédéral ; le Pakistan est composé de quatre provinces : Pendjab, Sind, Baloutchistan et Province de la frontière du Nord-Ouest, chacune ayant son assemblée et son gouvernement. Le président de la République est subordonné au Premier ministre Z. A. Bhutto, qui restera cinq ans et demi au pouvoir avant d'être victime d'un coup d'État militaire, le 5 juillet 1977. Ce coup d'État est provoqué par une crise déclenchée par l'opposition à la suite des élections législatives du 7 mars précédent. Le parti du Peuple pakistanais (PPP) y a obtenu une très large majorité, et l'opposition, regroupée dans une coalition de neuf « partis », l'Alliance nationale pakistanaise, n'a recueilli que 36 % des suffrages. Cette opposition exprime en fait l'opinion de milieux conservateurs et religieux.

4. L'ÈRE ZIA ET L'ISLAMISATION DU PAYS (1978-1988)
La loi martiale est à nouveau proclamée, et le général Zia ul-Haq, que Z. A. Bhutto avait élevé à la dignité de chef d'état-major des armées, en est l'« administrateur en chef », avant d'accéder, en septembre 1978, à la présidence de la République. S'instaure alors une véritable dictature militaire, qui va se maintenir sous le couvert d'un processus d'« islamisation ». Le général Zia ul-Haq fait condamner à mort, le 18 mars 1978, puis exécuter, le 4 avril 1979, Z. A. Bhutto. En octobre 1979, les élections législatives promises par le général lors du coup d'État sont ajournées sine die, toute activité politique est interdite, les partis politiques sont bannis, la censure est imposée. Dans ce pays, où les tendances séparatistes sont latentes et où l'islam est le seul réel facteur d'unité, un rigoureux processus d'« islamisation » se poursuit, présenté comme une justification des mesures prises. Dès le 10 février 1979, le Coran et la sunna deviennent la « loi suprême » du Pakistan.
Le régime du général Zia ul-Haq doit également sa longévité à la conjoncture internationale : si l'aide militaire et économique des États-Unis et des pays occidentaux a été nettement accrue, ce n'est que la conséquence de la présence soviétique en Afghanistan. Le Pakistan doit faire face aux problèmes posés par l'afflux de 3 millions de réfugiés afghans, ce qui lui vaut d'autres soutiens matériels. L'opposition démocratique, qui organise au cours de l'été 1983 un vaste mouvement de « désobéissance civile », semble désormais menacer le pouvoir en place. Aussi Zia ul-Haq organise-t-il en décembre 1984 un référendum sur l'islamisation, qui lui permet de prolonger son mandat et de légitimer son pouvoir. L'élection, en février 1985, d'un Parlement islamique sans pouvoir réel, suivie d'une série d'amendements à la Constitution de 1973, renforce encore le caractère présidentiel du régime. En décembre 1986, la loi martiale est levée, mais l'opposition au régime demeure forte. Le 17 août 1988, Zia ul-Haq meurt dans un accident d'avion. Le président du Sénat, Ghulam Ishaq Khan, assure l'intérim et convoque des élections (novembre), à l'issue desquelles Benazir Bhutto, fille de l'ancien Premier ministre, chef de file de l'opposition et du parti du Peuple pakistanais (PPP) devient Premier ministre après la victoire de son parti.
5. LA DÉMOCRATISATION DE LA VIE POLITIQUE

Dotée d'une éducation occidentale, B. Bhutto est la première femme à accéder au pouvoir dans un pays islamique, ce qui provoque de vives réactions de la part de certains milieux intégristes. De fait, elle aura beaucoup de mal à se dégager de la pression de l'armée et à obtenir un véritable soutien populaire. L'opposition, majoritaire au Sénat et par les élections, maître du Pendjab, se montre implacable vis-à-vis du gouvernement. L'armée, quant à elle, considère B. Bhutto incapable de tenir les rênes du pays, qui s'enfonce rapidement dans la violence (notamment au Sind). Le 6 août 1990, le président Ghulam Ishaq Khan destitue le gouvernement, déclare l'état d'urgence et provoque des élections législatives anticipées pour le mois d'octobre. La coalition de l'opposition, l'Alliance démocratique islamique (IDA), remporte la victoire et Nawaz Sharif, chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML), principale formation de cette coalition, est nommé Premier ministre. Malgré la réussite de sa politique d'ouverture, facilitée par une large majorité parlementaire, il perd le soutien des Mohajirs (réfugiés venus de l'Inde en 1947) du Mohajir Qaumi Movement (MQM) et des islamistes. La rivalité croissante entre le Premier ministre et le président provoque l'intervention du chef des armées, qui destituera l'un et l'autre le 15 juillet 1993. Les nouvelles élections, organisées en octobre, permettent le retour du PPP et de B. Bhutto au pouvoir. Mais le climat social du pays est détérioré : les violences interethniques et interconfessionnelles secouent la capitale économique du pays, Karachi, et sa province, le Sind : des gangs extrémistes islamistes (sunnites et chiites), les Sindis et les Mohajirs du MQM s'affrontent dans de sanglants attentats. Parallèlement, le pays sombre dans la crise économique. B. Bhutto tente de manipuler le processus démocratique pour se maintenir au pouvoir. Mais d'importantes manifestations islamistes et antigouvernementales se déroulent durant l'été 1996. En novembre, l'armée convainc le président Farooq Leghari (membre du PPP, élu en novembre 1993) de limoger B. Bhutto. En même temps, il dissout l'Assemblée nationale.

6. LE RETOUR DE NAWAZ SHARIF (1997-1999)
La désaffection populaire envers le PPP permet à Nawaz Sharif de revenir au pouvoir avec une majorité écrasante lors des élections de février 1997. Fort de cette majorité, il mène bataille pour asseoir son pouvoir aux dépens de ceux de l'armée, du président et de l'appareil judiciaire. Au terme d'une année de lutte constitutionnelle, la Ligue musulmane du Pakistan (PML) finit par gagner, en novembre, en obtenant la démission du président F. Leghari. Un proche de N. Sharif, Rafiq Tarar, le remplace. Cependant, l'attention portée par le Premier ministre à la consolidation de son pouvoir laisse en suspens la mise en œuvre des réformes indispensables. Par ailleurs, le regain de popularité, procuré par les essais nucléaires en réponse aux essais conduits par l'Inde en mai 1998, n'est que de courte durée : les sanctions économiques infligées par la communauté internationale ne tardent pas à grever l'économie fragile du pays. Les États-Unis, suivis du Japon, décident, à la mi-novembre, la levée partielle des sanctions, mais le Pakistan doit prendre une série de mesures impopulaires, destinées à répondre aux exigences du Fonds monétaire international (FMI). Outre les difficultés économiques, N. Sharif est confronté à l'influence grandissante de l'opposition islamiste et surtout à une recrudescence de la violence, en particulier au Pendjab, où les affrontements entre communautés sunnites et chiites font plus de 1 300 victimes entre 1997 et 1998. À l'automne, le Premier ministre fait voter un amendement qui place la loi islamique au-dessus de la Constitution, puis il instaure des tribunaux militaires, qui multiplient les condamnations à mort (supprimés en avril 1999 à la suite d'une décision de la Cour suprême). L'effondrement des institutions, la corruption généralisée et la menace d'une banqueroute complètent un tableau extrêmement sombre. Les mouvements de l'opposition, désormais unis, réclament la démission du très impopulaire N. Sharif.
7. LA LONGUE SÉQUENCE MILITAIRE DU GÉNÉRAL MUCHARRAF (1999-2008)
7.1. LE PUTSCH DU GÉNÉRAL PERVEZ MUCHARRAF

C'est dans ce contexte que, le 12 octobre 1999, N. Sharif est renversé lors du coup d'État mené par le général Pervez Mucharraf, nommé par lui-même un an auparavant chef d'état-major. L'état d'urgence est décrété, la Constitution suspendue. Un nouveau cabinet de dix ministres est formé, agissant sous la direction du Conseil national de sécurité, composé de deux militaires et de quatre civils et présidé par le nouvel homme fort du pays. L'ex-Premier ministre déposé, N. Sharif, condamné une première fois en avril 2000 à la réclusion militaire à perpétuité, puis une seconde fois en juillet à quatorze années d'emprisonnement avec interdiction d'exercer toute fonction publique à vie, est finalement gracié en décembre et contraint à l'exil.
Le chef de l'État, Rafiq Tarar, est, quant à lui, maintenu en place jusqu'en juin 2001, date à laquelle le général Mucharraf se fait investir président, montrant ainsi sa volonté de rester au pouvoir au-delà d'octobre 2002, date fixée par la Cour suprême pour le retour à un régime civil.
7.2. LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001 ET L'« ALLIANCE » AVEC LES ÉTATS-UNIS
Contrairement aux déclarations d'intention du général au lendemain de sa prise de pouvoir, le processus de retour à la démocratie n'est guère immédiat. Des élections locales se tiennent entre décembre 2000 et juillet 2001, mais le renouvellement du personnel politique souhaité n'a pas lieu, en dépit de l'absence des partis : seuls des candidats indépendants sont autorisés à se présenter. Par ailleurs, le lancement du programme de réformes tarde à venir.
Mais ce sont surtout les pressions exercées par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 qui placent le général devant une alternative étroite : soit maintenir son soutien au régime des talibans en place en Afghanistan et risquer alors de voir s'interrompre tout soutien financier et d'être mis au ban des nations ; soit apporter sa coopération à la lutte antiterroriste et heurter les sentiments religieux de puissants groupes fondamentalistes dans le pays et au sein même de l'armée.
Faisant prévaloir l'« intérêt national » sur l'aventure islamiste, le général Mucharraf décide de se rallier aux États-Unis et prend en janvier 2002 à l'encontre des groupes islamistes une série de mesures qui lui vaudront d'être la cible de deux attentats en décembre 2003.
Cherchant à consolider son pouvoir, il obtient son maintien à la présidence pour cinq ans à l'issue d'un référendum boycotté par les grands partis d'opposition (avril 2002), puis il se fait octroyer par une série d'amendements constitutionnels le pouvoir de dissoudre le Parlement et de démettre le cabinet (août).
7.3. LA MONTÉE DES PARTIS FONDAMENTALISTES AUX ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE 2002
Le 10 octobre 2002, les premières élections générales depuis le putsch d'octobre 1999 sont marquées par la percée de six partis religieux fondamentalistes réunis au sein du MMA (Muttahida Majlis-e-Amal, Conseil uni pour l'action), qui, avec 53 sièges à l'Assemblée fédérale devient la troisième force parlementaire du pays et qui contrôle, en outre, deux des quatre Assemblées provinciales (Province de la frontière du Nord-Ouest et Baloutchistan) voisines de l'Afghanistan.
Le vote en faveur des partis religieux, qui ont mené campagne sur le thème du rejet de l'alliance avec les États-Unis dans la guerre antiterroriste, constitue un désaveu pour le général Mucharraf. Sa formation, une faction de la Ligue musulmane du Pakistan, la PML-Q, n'obtient que 69 sièges sur les 272 élus au suffrage direct, derrière le parti du Peuple pakistanais (PPP) de l'ex-Premier ministre en exil B. Bhutto, arrivé en tête avec 71 sièges. Les fidèles de N. Sharif (PML-N) paient leurs divisions et n'obtiennent que 14 sièges. Petite avancée sur le chemin de la démocratie, 60 sièges réservés aux femmes et 10 aux minorités religieuses sont distribués au prorata des voix des partis.
7.4. 2002-2006 : LES AMBIGUÏTÉS DE PERVEZ MUCHARRAF
En novembre, le Parlement élit au poste de Premier ministre un candidat de consensus, Mir Zafarullah Khan Jama. Toutefois, au terme de plusieurs mois de détérioration de ses relations avec le président, il est contraint de démissionner en juin 2004 et est remplacé en août par Chaukat Aziz. Cette démission est suivie en octobre de l'adoption par le Parlement d'une loi permettant au général Mucharraf de se maintenir au poste de chef des armées – en contradiction avec un accord passé en décembre 2003 avec le MMA, dans lequel il s'engageait à renoncer à ce poste d'ici la fin 2004.
Les élections locales d'août 2005, entachées de nombreuses fraudes et marquées par la large victoire des candidats proches du pouvoir, n'atteignent pas leur objectif principal : la légitimation du régime militaire. Celui-ci doit aussi essuyer le mécontentement consécutif à son inaction face au grave tremblement de terre d'octobre dans le nord du pays, cependant que la situation intérieure se dégrade : intensification des heurts avec les islamistes sur la frontière nord-ouest, violences confessionnelles (attentats-suicides) fréquentes dans le reste du pays.
Désireux de désamorcer l'escalade de la radicalisation, P. Mucharraf signe avec les « talibans pakistanais » en septembre 2006 un accord de paix, qu'il dénonce toutefois moins d'un an plus tard.
7.5. 2007 : UN POUVOIR DE PLUS EN PLUS CONTESTÉ
DÉSTABILISATION, ÉPREUVE DE FORCE
Les contestations convergent en 2007, année du 60e anniversaire de l'indépendance : manifestations populaires liées à la hausse des prix ; bras de fer avec les islamistes, notamment dans les provinces tribales du Nord et de l'Ouest, ainsi qu'autour de leur haut lieu à Islamabad – la mosquée Rouge –, finalement prise d'assaut par les forces de l'ordre en juillet (ce qui provoque l'appel au djihad lancé par al-Qaida contre P. Mucharraf ainsi qu'une vague d'opérations de déstabilisation ininterrompue et meurtrière de la part de commandos et de kamikazes fondamentalistes) ; protestation de l'opposition libérale, prenant fait et cause pour les juges de la Cour suprême et en particulier son chef, Iftikhar Mohammed Chaudhry, suspendu en mars et devenu dès lors symbole de l'arbitraire présidentiel.
Contrecarrant les visées de P. Mucharraf qui espérait être autorisé à demander en octobre le renouvellement de son mandat tout en restant chef des armées, l'instance judiciaire qui réinstaure I. M. Chaudhry à sa tête fin juillet, continue à lui dénier ce droit ; elle affiche par là-même sa volonté de poursuivre l'épreuve de force avec le pouvoir exécutif et militaire.
Face à la conjonction des mécontentements, P. Mucharraf songe dès l'été à imposer l'état d'urgence, mais doit y renoncer sur pression internationale et en particulier américaine. Il doit même accepter d'envisager non seulement de renoncer à sa fonction de commandant en chef de l'armée s'il est reconduit à la présidence – ce qui apparaît imminent après le vote en sa faveur des assemblées le 6 octobre –, mais encore de permettre le retour des anciens Premiers ministres exilés, B. Bhutto et N. Sharif, afin qu'ils puissent mener la campagne de leurs partis respectifs aux élections législatives prévues pour janvier 2008.
RECRUDESCENCE DE LA VIOLENCE, ÉTAT D'URGENCE, ASSASSINAT DE BENAZIR BHUTTO
Reflet de l'état désastreux du pays et mauvais augure pour son avenir politique, c'est un attentat – dont elle sort miraculeusement indemne – qui accueille Benazir Bhutto à Karachi le 18 octobre 2007 tandis que N. Sharif, après une tentative de retour avortée le 10 septembre, peut à nouveau fouler le sol natal à partir du 25 novembre. Entre-temps, P. Mucharraf a imposé l'état d'urgence (décrété le 3 novembre), réprimé l'opposition, assigné à résidence B. Bhutto, avec qui il continue néanmoins à négocier un accord, et mis au pas la Cour suprême, vidée de ses opposants, dont I. M. Chaudhry, remplacé par un juge fidèle au président.
Le 28 novembre, P. Mucharraf renonce à sa fonction de chef des armées, et c'est en tant que civil que, le lendemain, il prête serment devant une Cour suprême remaniée à sa discrétion pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête du pays, non sans faire savoir que les élections législatives se tiendront le 8 janvier. Mais, l'état d'urgence levé (16 décembre), les attentats redoublent de violence, affectant le processus politique annoncé (et aboutissant au chiffre d'un millier de victimes en 6 mois) : c'est ainsi que le 27 décembre, quelques heures seulement après que 4 personnes ont trouvé la mort lors d'un échange de coups de feu dans une réunion électorale de N. Sharif, B. Bhutto est tuée dans une opération suicide à la fin d'un meeting à Rawalpindi, ce qui sème consternation, trouble et émeutes.
7.6. LA VICTOIRE DE L'OPPOSITION ET LES ASPIRATIONS À UN RETOUR À LA DÉMOCRATIE
Les élections générales auxquelles le PPP de l'ex-Premier ministre désormais pris en main par son mari, Asif Ali Zardari, ne compte pas se soustraire, sont en définitive reportées au 18 février 2008, cependant qu'une enquête sur les circonstances suspectes de l'assassinat finit par dégager de toute responsabilité l'entourage du chef de l'État.
Bien que précédées d'une vague sans précédent de violences, les élections se déroulent dans le calme et voient, malgré une participation réduite (près de 40 %), la victoire écrasante du PPP de A. Zardari (première force politique du pays) et de la PML-N de N. Sharif. Le très net revers de la PML-Q transforme cette consultation en référendum contre le régime du président Mucharraf et l'effondrement des partis religieux atteste un peu plus les espoirs que les Pakistanais placent dans le retour de la démocratie.
C'est finalement un fidèle de la famille Bhutto, Yousaf Raza Gilani, vice-président du PPP, qui est élu le 24 mars par la nouvelle assemblée Premier ministre et placé à la tête d'un cabinet de coalition formé du PPP et de la PLM-N. Il fait aussitôt libérer tous les juges de la Cour suprême emprisonnés, engageant un bras de fer avec le président Mucharraf. Mais cette question devient cependant vite source de tensions au sein de l'alliance gouvernementale : après avoir appelé à la réintégration des magistrats dans leurs fonctions, N. Sharif, n'obtenant pas satisfaction, contraint ses ministres à démissionner dès le 12 mai.
7.7. PERVEZ MUCHARRAF LÂCHÉ PAR L'ALLIÉ AMÉRICAIN ET MENACÉ DE DESTITUTION
Par ailleurs, la détérioration de la sécurité dans les régions du nord-ouest et les pressions américaines conduisent à une remise en question de la stratégie de « réconciliation nationale » avec les talibans pakistanais adoptée en avril 2008pour restaurer la paix civile : le cessez-le-feu signé avec Baitullah Mehsud, chef du Mouvement des talibans au Pakistan (Tehrik-e-taliban Pakistan, TTP) proche d'al-Qaida, est rompu fin juin, d'où la reprise des opérations militaires pendant l'été.
En outre, un incident armé survient fin juillet à la frontière cachemiri, envenimant les relations avec l'Inde, cependant que les autorités de Kaboul accusent la branche politique des services secrets pakistanais (l'Inter Services Intelligence, ISI) de mener un double jeu et d'alimenter le terrorisme intérieur.
Dans ce contexte troublé, les Américains décident de lâcher leur allié P. Mucharraf, menacé en interne de destitution. Devant la détermination de l'alliance au pouvoir à aller au bout de la procédure parlementaire d'« impeachment », celui-ci choisit de démissionner le 18 août. A. Zardari se porte alors candidat à son remplacement, contrairement à l'engagement pris auprès de N. Sharif de présenter une personnalité « non partisane », ce qui, avec la question de la réintégration des juges, précipite l'éclatement de la coalition gouvernementale : le 25 août, la PML-N s'en retire et passe dans l'opposition.
8. UNE ÈRE ZARDARI SOUS INFLUENCES ET MENACES (2008-2013)
8.1. INSURRECTION ISLAMISTE, MONTÉE DE L'ANTIAMÉRICANISME

Asif Ali Zardari, chef du PPP, n'en est pas moins facilement élu par les assemblées le 6 septembre 2008 avec 481 suffrages face au magistrat Saïd-uz-Zaman Siddiqui de la PML-N (153 voix) et Mushahid Hussain, un proche de l'ancien président (44 voix). Il devient ainsi le nouveau chef d'État du pays.
Entre-temps, la frontière afghane, cible d'attaques aériennes et d'opérations terrestres américaines, est le théâtre d'une insurrection islamiste. La décision prise en juillet par G. W. Bush d'autoriser – sans l'accord d'Islamabad – les incursions armées contre les camps des insurgés dans les zones tribales de l'ouest du Pakistan et les lourdes pertes civiles que celles-ci induisent, attisent un antiaméricanisme virulent au sein des populations pachtounes et ruinent les efforts du pouvoir pour tenter d'endiguer l'insurrection des talibans. De fait, les attentats spectaculaires se multiplient, de Peshawar (33 morts le 6 septembre) à Islamabad (une soixantaine de victimes dans une attaque à l'explosif de l'hôtel Marriott le 20 septembre).
8.2. LA DUPLICITÉ DES SERVICES SECRETS PAKISTANAIS MISE EN CAUSE
Sommé de pacifier le nord-ouest du pays et de rétablir plus généralement la sécurité, le gouvernement Gilani doit aussi gérer les conséquences de la crise internationale qui frappe durement le pays et mendier auprès du FMI mi-novembre une ligne de crédit de $7,6 milliards. Gage donné aux démocraties occidentales, il démantèle le 23 novembre 2008 l'ISI, sorte d'État dans l'État qui a œuvré à la domination de l'armée sur la société civile, et vraisemblablement nourri les contentieux aux frontières cachemiri et afghane, voire au-delà. En effet, les services secrets sont accusés par les autorités indiennes d'avoir fourni une aide logistique au commando d'assaillants pakistanais de Lashkar-e-Taiba responsable des spectaculaires attaques qui ensanglantent Bombay à la fin de novembre.
Enjoint par New Delhi – et Washington – à faire la vérité sur ces implications militaires et à extrader les personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête interne, A. Zardari se heurte à l'intransigeance de l'armée qui lui reproche de vouloir obtempérer aux injonctions du grand voisin. Mais, malgré des bruits de bottes de part et d'autre de la frontière, l'escalade de la tension est évitée : Islamabad finit en février par reconnaître une part de responsabilité dans les attentats.
8.3. LA MONTÉE DES PROTESTATIONS
À l'intérieur, l'agitation gronde aussi et menace de déstabiliser le nouveau pouvoir. D'une part, la rébellion talibane s'intensifie. Il est vrai que la multiplication des raids aériens américains à la frontière afghane est de nature à l'amplifier. Faute de pouvoir la réduire, le gouvernement est contraint de reculer et, au grand dam des Occidentaux, de signer à la mi-février 2009 avec les chefs islamistes de la vallée de Swat un accord de paix en contrepartie de son acceptation de l'application de la charia dans la région.
D'autre part, le 25 février 2009, un arrêt de la Cour suprême frappe d'inéligibilité N. Sharif et son frère Shahbaz, ministre en chef (Chief minister) de la province du Pendjab – la plus peuplée du pays – et tous deux chefs de la PML-N. La protestation politique s'organise, autour notamment de la contestation des avocats qui entreprennent, le 11 mars, avec l'appui de l'opposition, une « longue marche », pourtant interdite par le pouvoir.
Les États-Unis, inquiets de ces divisions qui fragilisent un peu plus le Pakistan, font pression pour dénouer la crise : des discussions entre parties aboutissent le 16 mars 2009 à un compromis qui prévoit le rétablissement dans leurs fonctions des juges de la Cour suprême, la libération des opposants arrêtés dans les précédentes semaines, et l'application d'une « charte de la démocratie » à l'aune de laquelle seront réexaminées les procédures visant N. Sharif et son frère.
8.4. LE PAKISTAN AU BORD DE L'IMPLOSION
Il reste que le régime Zardari sort de la confrontation affaibli et que, par ailleurs, la pression islamiste ne baisse pas, comme en témoignent les nombreuses actions terroristes qui frappent forces de l'ordre et civils ici et là et (attentat contre l'équipe sri-lankaise de cricket à Lahore le 4 mars 2009, une cinquantaine de victimes lors d'une explosion dans une mosquée au nord-ouest du pays le 27 mars, attaques d'une école de formation de la police à Lahore le 30 mars, puis d'une mosquée chiite au Pendjab le 5 avril, etc.). À la fin d'avril, la progression des talibans dans le nord-ouest du pays semble menacer la capitale : installés désormais à Buner, ils sont en effet à quelque 100 km d'Islamabad.
L'armée reprend alors l'offensive et s'emploie à les déloger de la vallée de Swat, ce qui, une fois de plus, rend caduc l'accord officiel de cessez-le-feu précédemment conclu. Comme en réponse à cette intensification des combats, les attentats se font en juin quasiment quotidiens.
Déchiré par ce conflit intérieur, affecté par le déplacement forcé de millions de réfugiés, instable politiquement, et durement fragilisé par le retournement conjoncturel mondial ainsi que par l'insuffisance des infrastructures, le Pakistan semble s'enfoncer chaque jour un peu plus dans le chaos.
8.5. RECRUDESCENCE DES VIOLENCES INTERCONFESSIONNELLES
Dans ce contexte, l’armée fait figure de pilier de stabilité et trouve de nombreuses occasions de redorer son blason. Si en août 2009 un tir de drones américains tue le chef taliban Baitullah Mehsud, les militaires peuvent faire valoir dans les semaines qui suivent la capture de plusieurs chefs de la rébellion islamiste et l’intensification de sa répression, ce qui s’accompagne toutefois d’une recrudescence des attentats meurtriers (meurtre de 5 employés de l’ONU à Islamabad le 6 octobre, explosion faisant une cinquantaine de victimes au cœur de Peshawar 3 jours plus tard, prise d’otages spectaculaire au QG de l’armée à Rawalpindi le lendemain, nouveaux carnages sur des marchés du Nord-Ouest et à Peshawar les 12 et 28 octobre, série de raids contre les forces de police le 15, etc., soit environ 250 victimes en 4 semaines). Et les mois suivants d’égrener de la sorte les attaques sanglantes et les opérations dirigées contre les chiites destinées à enfoncer un coin entre les communautés et faire advenir le spectre de la guerre civile – en vain cependant.
8.6. RESTAURATION DES POUVOIRS PARLEMENTAIRES
En revanche, le pouvoir présidentiel fait l’objet de nouvelles contestations, qui sont tout d’abord essentiellement internes, dans le cadre d’un réaménagement des institutions. À la mi-décembre 2009, la Cour suprême invalide l’amnistie décrétée par l’ancien chef de l’État Mucharraf et dont bénéficiaient d’importantes personnalités, comme A. Zardari. Elle ouvre dans la foulée des procédures sur de possibles détournements de fonds dont ce dernier se serait rendu coupable.
Surtout, en avril 2010, l’assemblée adopte une révision constitutionnelle restorant les pouvoirs parlementaires supprimés lors du putsch de 1999 ; plus question que le président puisse dissoudre la chambre à son gré : il lui faut désormais obtenir l’assentiment du Premier ministre, ou réagir à une motion de censure émanant des députés. De même, la nomination des chefs de l’armée ne saurait s’effectuer qu’après consultation du chef du gouvernement tandis que celle des juges à la Cour suprême doit passer par une commission à présent dominée par des magistrats. Ce rééquilibrage des prérogatives bénéficie aussi au Premier ministre Gilani : personnalité intègre et consensuelle, il apparaît de plus en plus comme l’homme fort du pays.
8.7. LA PARALYSIE DE L'EXÉCUTIF
Au reste, l’absence dans un premier temps du président Zardari lors des inondations de la mousson de l’été 2010 (près de deux milliers de morts ; jusqu’à 20 millions de personnes déplacées pendant deux mois ; un territoire grand comme l’Angleterre sous les eaux ; des récoltes dévastées et près d’une cinquantaine de milliards de dollars de dégâts, soit la plus grave catastrophe humanitaire qu’ait connue le pays) puis son rejet de l’union sacrée proposée par son vieux rival politique N. Sharif en vue de créer une commission indépendante chargée de collecter les fonds destinés aux victimes et à la reconstruction achèvent de discréditer son leadership.
Alors que les carences de l’État se font patentes et que seules l’armée et les associations islamistes semblent en mesure de faire quelque peu face à la situation, des groupes extrémistes sunnites choisissent de capitaliser sur son aggravation en prenant désormais pour cibles les ONG et leurs responsables dans tout le pays, tout en s'employant à relancer la guerre confessionnelle.
La rupture de la coalition au début de 2011 contraint le pouvoir à obtempérer à l’exigence d’un des partenaires gouvernementaux et à surseoir à la hausse des carburants pourtant exigée par le FMI et les créanciers internationaux, puis finalement en avril, à s’ouvrir à la PML-Q de l’ancien président Mucharraf. Toujours davantage fragilisé, l’exécutif semble incapable d’enrayer non seulement la multiplication des attentats mais aussi les atteintes islamistes portées à ce qui reste des figures de la diversité ou de la tolérance religieuses du pays : condamnation de chrétiens à la pendaison en vertu d’une loi sur le blasphème récemment entrée en vigueur, assassinats du gouverneur modéré du Pendjab opposant notoire à ce texte puis du seul ministre chrétien lui aussi tout aussi ostensiblement réfractaire à son instauration. L'exécutif ne parvient pas davantage à indemniser des populations que les conséquences des inondations et le ralentissement marqué de l’activité placent dans le plus grand dénuement.

8.8. LES CONSÉQUENCES DU RAID AMÉRICAIN CONTRE OUSSAMA BEN LADEN
SUSPENSION DE L'AIDE MILITAIRE AMÉRICAINE
Dans ce contexte, le raid américain contre le repère pakistanais d’Oussama Ben Laden à Abbotabad le 1er mai lui aliène un peu plus une opinion en proie à un puissant mouvement d’hostilité envers les États-Unis, tandis que talibans et fondamentalistes redoublent de violence, envers les forces armées en particulier. Alors qu’en juin dans le Sud-Waziristan, un drone tue un des principaux chefs du djihadisme local, Ilyas Kashmiri, les services secrets du pays arrêtent cinq personnes ayant aidé la CIA à localiser le chef d’al-Qaida, ce qui attise les tensions qui se font jour entre les autorités pakistanaises et celles de Washington. Et même si l’armée continue à traquer les combattants islamistes, avec quelque succès, les suspicions et sources de friction entre les deux nations deviennent telles que l’administration Obama décide d’interrompre temporairement l’aide militaire qu’elle fournit à Islamabad.

TENSIONS ENTRE POUVOIR CIVIL ET MILITAIRE À LA SUITE DU SCANDALE DU « MEMOGATE »
En octobre, la PML-Q retire son soutien à un cabinet par ailleurs bientôt un peu plus déconsidéré par le scandale des révélations de ses supposées offres de service aux États-Unis, en échange de leur appui contre la menace de putsch que l’armée aurait fait planer dans l’agitation suscitée par l’intervention du commando américain visant Ben Laden (« memogate »). L’élimination par erreur de 24 soldats pakistanais le 26 novembre lors d’une opération héliportée de l’OTAN à la frontière afghane entraîne dès lors, en représailles et gage d’indépendance donné à la population, un blocage problématique par Islamabad des convois d’approvisionnement des forces internationales et le boycott, tout aussi significatif, de la conférence de Bonn sur l’avenir du fragile voisin.

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GÈOLOGIE

 


 

 

 

 

 

géologie

Consulter aussi dans le dictionnaire : géologie
Cet article fait partie du dossier consacré à la géologie et du dossier consacré à l'histoire de la Terre.
Étude des constituants de la Terre, visant à en comprendre la nature, la distribution, l'histoire et la genèse.

Si les premières observations géologiques remontent à l'Antiquité, le nom de géologie apparaît pour la première fois à la fin du xviie s., dans le titre d'un ouvrage, et ce n'est qu'au xviiie s. que cette science commence véritablement à se développer, dans l'ambiance du siècle des Lumières. On voit bientôt s'opposer les théories antagonistes de l'Allemand Abraham Werner (1749-1817), qui attribue à toutes les roches une origine océanique, et de l'Américain James Hall (1811-1898), qui privilégie l'origine ignée des roches éruptives. Au xixe s., la géologie proprement dite se diversifie en ses différentes branches, tandis que le xxe s. voit son explosion en disciplines nouvelles, avec d'une part son ouverture à la physique et à la chimie, donnant naissance à la géophysique et à la géochimie, et d'autre part les progrès des moyens d'observation qui étendent son champ à l'océanologie et à la planétologie, l'ensemble constituant les géosciences.


1. OBJETS D'ÉTUDE ET DIFFÉRENTES BRANCHES DE LA GÉOLOGIE

La géologie proprement dite comprend diverses branches qui concourent à l'étude de la nature des roches, de leur âge ou de leur structure.

1.1. L’ÉTUDE DE LA NATURE DES ROCHES

        L'étude de la nature des roches fait l'objet de la pétrographie, ou pétrologie, qui distingue :
– les roches sédimentaires, ou exogènes (calcaires, grès, argiles, etc.), déposées par les agents dynamiques externes (eaux, glaces, vent) et dont la caractéristique principale est d'être stratifiées ;
→ sédimentation
– les roches magmatiques, ou endogènes, issues des profondeurs, généralement cristallines, sous forme d'amas massifs, ou plutons, lorsqu'elles ont cristallisé à l'intérieur de la croûte terrestre (granites, gabbros, péridotites, etc.) ou de volcans et de coulées de laves lorsqu'elles se sont épanchées à la surface (rhyolites, basaltes, etc.) ;
→ magma
– les roches métamorphiques, de nature endogène ou exogène, mais transformées dans les profondeurs de la croûte terrestre sous haute température et haute pression, ce qui leur confère un aspect de schistes cristallins (micaschistes, gneiss).

1.2. L’ÉTUDE DE L’ÂGE DES ROCHES
L'étude de l'âge des roches fait l'objet de la stratigraphie (pour les roches sédimentaires) et de la géochronologie, la première s'appuyant sur la paléontologie, ou science des fossiles, la seconde sur la géochimie isotopique, seule méthode pour les roches endogènes et métamorphiques, méthode complémentaire pour les roches sédimentaires.
→ histoire de la Terre.

ÉCHELLE STRATIGRAPHIQUE
La paléontologie (qui permet la stratigraphie par la succession des faunes et flores fossiles dans le temps), est surtout efficace depuis 540 millions d'années (MA), moment de l'explosion biologique fondamentale qui ouvre les temps dits phanérozoïques (du grec phaneros, visible, et zôon, animal). Ceux-ci sont divisés en ères, elles-mêmes divisées en systèmes, eux-mêmes formés d'étages définis par un contenu faunistique et floristique rapporté à une localité type dont l'étage porte le nom.

Apparue il y a quelque 3,8 milliards d'années (traces d’activité d’organismes procaryotes), la vie s’est longtemps limitée au développement de bactéries et de cyanobactéries (dont certaines, coloniales, ont laissé des structures appelées stromatolites). Puis apparaissent les organismes unicellulaires eucaryotes, il y a 1,9 milliard d’années environ, suivis par les premiers pluricellulaires, il y a 670 millions d’années. Les invertébrés prolifèrent, sous toutes leurs formes, à la limite précambrien-primaire, vers 540 MA. Les poissons les plus primitifs apparaissent vers 500 MA, à la limite cambrien-ordovicien, les amphibiens (ou batraciens) vers 360 MA, à la limite dévonien-carbonifère, les reptiles vers 320 MA, au milieu du carbonifère, les mammifères vers 200 MA, au trias, les oiseaux vers 160 MA, au jurassique. Les hominidés n'émergent que vers 4 MA, au cours du pliocène. Parmi les végétaux, les cryptogames partent à la conquête des continents, jusqu'alors déserts, vers 430 MA, au silurien, les gymnospermes apparaissent vers 360 MA, au début du carbonifère, les angiospermes, ou plantes à fleurs (→ phanérogame), vers 100 MA, au crétacé.

Cette succession des faunes et des flores dans l'ordre de la complexité croissante est le support de la théorie de l'évolution formulée à la fin du xviiie s. par le Français Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) – connue aujourd’hui sous le nom de lamarckisme –, puis de celle établie au xixe s. par le Britannique Charles Darwin (1809-1882). Ces successions de faunes ne sont pas régulières : certaines périodes sont marquées par de brutales et vastes vagues d’extinctions ; la plus connue s'est produite à la fin de l'ère secondaire (transition crétacé-tertiaire), vers 65 MA, et vit la disparition totale des dinosaures.

L'établissement du concept d'évolution est l'un des grands chocs spirituels ayant modifié l'idée que l'humanité se fait d'elle-même (aux côtés du concept de révolution de la Terre sur elle-même et autour du Soleil) : non seulement l'homme n'est pas au centre du monde, mais il n'est qu'un maillon parmi d'autres d'une chaîne biologique a priori sans fin.
La géochronologie a donné à la stratigraphie un calendrier précis, outre qu'elle a permis de donner un âge aux terrains cristallins, jusqu'alors datés approximativement par des méthodes indirectes. Elle se fonde essentiellement sur des méthodes géochimiques.
La datation des terrains et l'analyse de leurs faciès débouchent sur la reconstitution des géographies du passé géologique, ou paléogéographie.
L'ensemble de ces disciplines, qui reconstituent l'histoire de la Terre, forme la géologie historique.

1.3. L’ÉTUDE DE LA STRUCTURE DES ROCHES

L'étude de la structure des roches fait l'objet de la tectonique, qui décrit les déformations des roches par l'observation de terrain et leur genèse par la tectonique expérimentale et la tectonophysique.

On reconnaît ainsi des formes et accidents tectoniques, cassures ou failles, plis, transports horizontaux ou chevauchements et charriages et des styles tectoniques, selon la profondeur des déformations.
Les chaînes de montagnes qui en résultent forment des ensembles intra- ou intercontinentaux. Les chaînes intracontinentales associent les déformations du socle continental et de sa couverture sédimentaire.
Les chaînes intercontinentales, ou de collision, sont liées au rapprochement des continents jusqu'à leur collision : l'océan intermédiaire se réduit à une cicatrice, ou suture ophiolithique, du nom des roches basiques et ultrabasiques qui formaient la croûte de l'océan disparu – les chaînes alpines de la ceinture montagneuse qui va de Gibraltar à l'Indonésie, entre l'Eurasie d'un côté et l'Afrique, l'Inde et l'Australie de l'autre, par les Alpes et l'Himalaya, en sont un bon exemple.

       
Les chaînes péricontinentales, ou de subduction, sont dues au passage en force de la lithosphère océanique sous les marges des continents qui les bordent (→ subduction). Elles affectent soit la forme de puissantes cordillères, comme les Andes, limitées à la déformation des marges continentales, soit la forme d'arcs insulaires, comme ceux de l'ouest du Pacifique, lorsqu'une mer marginale s'intercale entre l'arc déformé et le bord continental ; cordillères et arcs insulaires sont riches en roches granitiques et volcaniques (andésites).
Chaînes de collision et de subduction forment les deux grandes ceintures montagneuses volcaniques et sismiques du globe : la ceinture péripacifique, liée à la subduction de l'océan Pacifique (« ceinture de feu », et la ceinture téthysienne, liée à la collision des masses continentales aujourd'hui septentrionales (Amérique du Nord et Eurasie), avec les masses méridionales (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie), aux dépens de la Téthys, océan aujourd'hui disparu qui séparait ces deux ensembles continentaux.
2. LES NOUVELLES DISCIPLINES
De la rencontre entre la géologie et la physique et la chimie, sont issues la géophysique et la géochimie.
2.1. LA GÉOPHYSIQUE
Fournissant un apport essentiel à la tectonique, la géophysique s'est développée via la gravimétrie, la sismologie et le géomagnétisme.
LA GRAVIMÉTRIE

Née au xviiie s., la gravimétrie, en se fondant sur les anomalies de la pesanteur, contribue à définir la forme du globe terrestre, puis l'équilibre des couches superficielles sur les plus profondes, ou isostasie, notamment dans le cas des chaînes de montagnes sous lesquelles existe une racine légère, conçue comme un gonflement de la lithosphère continentale à l'aplomb du relief, sorte d'image en négatif de la chaîne. En affinant la mesure de ces anomalies de pesanteur, on peut déterminer les régions en équilibre isostasique, donc stables, et celles en déséquilibre, qui tendent soit à s'affaisser, soit à se soulever, ayant ainsi une clef de la dynamique du relief.

LA SISMOLOGIE

La sismologie est devenue une science vers la fin du xixe s. et les études sismologiques se sont orientées successivement dans trois directions :
• les tremblements de terre (→ séisme) eux-mêmes (échelle de Mercalli, qualitative ; et échelle de Richter, quantitative) ;
• la détermination de la structure du globe terrestre en croûte, manteau et noyau, séparés par les discontinuités de Gutenberg et de Mohorovičić (→ moho), croûte et manteau supérieur formant la lithosphère, rigide, tandis que le reste du manteau constitue l'asthénosphère, plastique (→ Terre) ;
• la structure de la croûte terrestre et de ses parties superficielles qui, seule, concerne la géologie.

La sismicité générale a permis de définir le mécanisme d'ouverture (accrétion) des rifts médio-océaniques (→ fossé d'effondrement, expansion des fonds océaniques), le jeu des failles transformantes qui segmentent ceux-ci, le plan de subduction, dit plan de Benioff (du nom de son découvreur, le sismologue américain Hugo Benioff [1899-1968]), selon lequel l'océan plonge sous les marges continentales au niveau des arcs insulaires et des cordillères. Ainsi a été fondée la tectonique des plaques.

La sismique appliquée, développée par les compagnies pétrolières (→ pétrole), a conduit à une connaissance détaillée de la croûte terrestre faisant la liaison entre géophysique et géologie. D'abord limitée aux ensembles sédimentaires, objets de la prospection pétrolière, elle s'est étendue à l'épaisseur de la croûte terrestre, par la mise au point de programmes de profils sismiques d'écoute longue, comme les programmes COCORP (COnsortium for Continental Reflection Profiling) aux États-Unis, le premier du genre, ou ÉCORS (Étude des Continents et des Océans par Réflexion Sismique) en France, et d'autres dans différents pays. C'est la tectonique qui a surtout profité de ces développements.

LE GÉOMAGNÉTISME

        Le géomagnétisme est, avec la gravimétrie, la plus ancienne discipline de la physique du globe, car, comme elle, liée à la géodésie : dès le xviie s. et surtout le xviiie s., les mesures du magnétisme terrestre sont devenues courantes. Mais il a fallu attendre le xxe s. pour qu'elles prennent un sens pour la géologie et qu'elles soient effectuées dans ce but.
Le paléomagnétisme, qui fournit la direction des pôles à un moment donné en un endroit donné, se fonde sur le champ magnétique fossile daté par la stratigraphie ou la géochronologie. Chaque continent, à un moment donné, indiquant une position différente des pôles de celles indiquées par les autres continents, la mobilité relative des uns par rapport aux autres se trouve ainsi démontrée, justifiant la théorie de la dérive des continents de l'Allemand Alfred Wegener (1880-1930), et confortant la tectonique des plaques qui l'intègre dans ses prémisses.

Le relevé d'anomalies magnétiques océaniques parallèles au rift médian, interprétées comme marquant les renversements successifs de la polarité du champ magnétique terrestre pendant la genèse progressive de la croûte océanique, donne une mesure quantifiée de celle-ci, dont l'ordre de grandeur est le centimètre par an, de 2 cm/an pour les rifts lents jusqu'à plus de 10 cm/an pour les rifts rapides. Ainsi se trouve mesurée l'expansion océanique et une nouvelle fois confortée la tectonique des plaques.
À la paléogéographie succède ainsi la palinspatie, qui tient compte du déplacement des continents et devient globale, justifiant que la tectonique des plaques soit aussi désignée sous le nom de tectonique globale.

2.2. LA GÉOCHIMIE

La géochimie a renouvelé la pétrologie par l'analyse précise et quantifiée de la composition des roches et de chacun de leurs minéraux majeurs. Mais c'est par l'analyse des éléments mineurs et de leurs composants isotopiques qu'elle a apporté une véritable révolution.
En s'appuyant sur la période de désintégration des éléments radioactifs, elle a permis la mesure de la durée des temps géologiques, dont l'unité est le million d'années : tous les chiffres rappelés dans le tableau stratigraphique se fondent sur cette géochronologie isotopique qui utilise les couples uranium/plomb, potassium/argon, rubidium/strontium, etc., pour les temps géologiques anciens, le fluor et le carbone 14 pour les périodes récentes aux limites de l'histoire et de la préhistoire.
→ radioactivité.
Après la paléontologie, qui a fondé la notion d'évolution biologique, la géochronologie est à la source de la deuxième grande révolution apportée par les géosciences dans la pensée humaine : désormais, l'histoire de la Terre a un début et un calendrier dans lequel l'évolution biologique, notamment celle de l'homme, prend sa place.

En s'appuyant sur la composition isotopique des roches, la géochimie a permis de préciser les conditions de leur formation, notamment la température à laquelle elles sont apparues. Ainsi ont été définis des paléothermomètres, comme le couple oxygène 16/oxygène 18, qui permet de dire à quelle température se sont déposés les sédiments, fournissant une clef à la paléoclimatologie : les périodes froides sont caractérisées par un enrichissement en oxygène 18, isotope lourd moins volatil, au contraire des périodes chaudes, caractérisées par un enrichissement en isotope léger oxygène 16.
Par l'ensemble de ces approches, la géologie dynamique, ou géodynamique, a été complètement renouvelée.

3. LES NOUVELLES APPROCHES

Dans les dernières décennies, les progrès de l'océanographie et de la recherche spatiale ont donné à la géologie une dimension qui englobe les océans tout autant que les continents et dépasse même les limites du globe terrestre pour s'étendre aux autres planètes du Système solaire et à leurs satellites.

3.1. L'OCÉANOLOGIE GÉOLOGIQUE


        Apparue au xixe s., l'océanologie géologique a donné des océans une connaissance précise qui a renouvelé l'interprétation des terrains du passé géologique, en s'appuyant sur toutes les méthodes de la géologie, de la géophysique et de la géochimie et, à la fin du xxe s., en utilisant des moyens performants comme le sondeur multifaisceaux (fondé sur le principe du sonar), pour le dessin des cartes du fond des océans, les forages océaniques profonds, pour recueillir des éléments de la croûte océanique et de sa couverture sédimentaire, et les submersibles autonomes (→ bathyscaphe), capables de descendre à 6 000 m de profondeur, pour effectuer des observations et recueillir des échantillons, etc.
→ fosse océanique.
Le principe de l'uniformitarisme, suivant lequel le globe a évolué selon les mêmes modalités qu'aujourd'hui, énoncé dès 1830 par le Britannique Charles Lyell (1797-1875), y a trouvé sa convaincante illustration, du moins pour ce qui concerne les temps phanérozoïques.

3.2. LA PLANÉTOLOGIE

La planétologie (→ planète) s'est développée en s'appuyant sur des télescopes de plus en plus performants et sur les sondes spatiales. Elle autorise une étude comparée des planètes et de leurs satellites, l'événement le plus spectaculaire ayant été la récolte de roches lunaires, des basaltes identiques à ceux que l'on rencontre sur la Terre et de même âge que les plus anciens : la Lune a le même âge et la même origine que notre planète.


Nombre de traits géologiques terrestres ont été reconnus sur les planètes telluriques et les satellites des planètes géantes ; outre les impacts météoritiques mieux conservés que sur la Terre, où l'érosion les a le plus souvent effacés, on a reconnu des traces d'érosion fluviale, des plis et failles, des calottes glaciaires (sur Mars) ; des carapaces de glace déformées (sur Callisto, Europe et Ganymède, satellites de Jupiter) ; des volcans éteints (sur Vénus et Mars) ou en activité (sur Io, satellite de Jupiter), etc. Ces observations sont l'amorce d'une géologie des planètes qui n'en est qu'à ses débuts.

3.3. LA TÉLÉDÉTECTION

L'observation de la Terre par satellite dans le visible ou dans certaines bandes du spectre infrarouge autorise une cartographie précise, révélant des structures de grande dimension que la synthèse des observations de terrain ne permet pas toujours de mettre en évidence.
→ télédétection.
3.4. L'OCÉANOLOGIE SPATIALE
Les mesures effectuées au-dessus des océans par des satellites équipés d'altimètres radar donnent des résultats de premier plan pour l'étude des courants ou des grands déplacements de la masse océanique, comme le phénomène El Niño, mais aussi dans le domaine de la géologie : moyennant diverses corrections, l'altimétrie de la surface des océans – connue au centimètre près – révèle la forme du fond et les accidents tectoniques qui l'affectent : on a pu ainsi dresser des cartes des fonds océaniques, qui vérifient les prédictions de la tectonique des plaques, fournissant donc de cette théorie une autre démonstration.
3.5. LA GÉODÉSIE SPATIALE
Des satellites géodésiques ont permis de mesurer avec une précision centimétrique les déplacements des objets géologiques à la surface de la Terre et de retrouver ainsi, par une autre méthode, les données de la tectonique des plaques, mais cette fois chiffrées en temps réel.

On passe ainsi de la géodynamique moyennée sur des millions d'années à la géodynamique mesurée sur une année. Le résultat le plus spectaculaire est que les valeurs obtenues par ces deux approches sont identiques : par exemple, moyenné sur 5 millions d'années ou mesuré sur une année, le coulissage du complexe de failles de San Andreas, en Californie, est de 5 cm par an.
On peut dès lors envisager de prédire le futur : à long terme, par exemple quand l'axe égéen, qui s'avance vers le sud à la cadence de 4 cm par an, viendra recouvrir la Libye en fermant la mer du Levant, etc. ; ou, à court terme, en particulier pour la prévision des séismes.


PLAN
*        
    *         1. OBJETS D'ÉTUDE ET DIFFÉRENTES BRANCHES DE LA GÉOLOGIE
        *         1.1. L’étude de la nature des roches
        *         1.2. L’étude de l’âge des roches
        *         1.3. L’étude de la structure des roches
    *         2. LES NOUVELLES DISCIPLINES
        *         2.1. La géophysique
            *         La gravimétrie
            *         La sismologie
            *         Le géomagnétisme
        *         2.2. La géochimie
    *         3. LES NOUVELLES APPROCHES
        *         3.1. L'océanologie géologique
        *         3.2. La planétologie
        *         3.3. La télédétection
        *         3.4. L'océanologie spatiale
        *         3.5. La géodésie spatiale


Chronologie
*         vers 1193-1280 Vie d'Albert le Grand, philosophe et savant allemand : commentaires d'Aristote, chimie, botanique, géologie.
*         1556 De re metallica, de Georg Bauer, dit Agricola, description des connaissances géologiques, minières et métallurgiques de l'époque.
*         1759 L'Italien Giovanni Arduino distingue trois principaux âges de roches (ères primaire, secondaire et tertiaire).
*         1833 Publication des Principes de géologie du Britannique Ch. Lyell, qui préconise l'étude des phénomènes en action pour interpréter l'évolution de la Terre.
*         1909 Découverte par le Yougoslave A. Mohorovicic de la discontinuité entre la croûte et le manteau terrestre (moho).
*         1992 Fin de la campagne du GRIP (Greenland Icecore Project), commencée en 1990, après le carottage de 3 028 mètres de glaces du Groenland.

 

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IRAN

 

 

 

 

 

 

 

IRAN

PLAN
       
    *         1. LES MIGRATIONS ET L'ARRIVÉE DES ARYENS (JUSQU'AU VIIe SIÈCLE AVANT J.-C.)
    *         2. L'EMPIRE MÈDE (612-550 AVANT J.-C.)
    *         3. L'EMPIRE PERSE DE LA DYNASTIE ACHÉMÉNIDE (550-330 AVANT J.-C.)
    *         4. LA DOMINATION GRÉCO-MACÉDONIENNE (IVe-IIe SIÈCLE AVANT J.-C.)
    *         5. LA DOMINATION PARTHE (IIe SIÈCLE AVANT J.-C.-IIIe SIÈCLE APRÈS J.-C.)
    *         6. L'IRAN SASSANIDE (224-651 APRÈS J.-C.)
    *         7. L'IRAN ARABE ET TURC
    *         8. L'IRAN SOUS L'OCCUPATION DES MONGOLS
    *         9. LES SÉFÉVIDES
    *         10. NADER CHAH, LES ZENDS
    *         11. LES QADJARS (1794-1925)
    *         12. LES PAHLAVIS (1925-1979)


Iran : histoire


1. LES MIGRATIONS ET L'ARRIVÉE DES ARYENS (JUSQU'AU VIIe SIÈCLE AVANT J.-C.)
1.1. LES ARYENS
Vers la fin du IIIer millénaire avant J.-C., l'aridité croissante ruine un certain nombre d'oasis et de cités, puis l'effondrement de la civilisation de l'Indus (xviiie siècle avant J.-C.) amène une diminution du grand commerce dans l'est de l'Iran. Mais la culture iranienne bénéficie des apports des populations caractérisées par leur poterie grise et en qui on voit généralement les Aryens.

Au cours du IIe millénaire avant J.-C., les nouveaux venus progressent du nord-est vers l'ouest de l'Iran, où apparaissent de brillantes cultures régionales qui mêlent la tradition indigène, les techniques de la Mésopotamie et l'apport des aristocraties guerrières venues du nord-est. Les réalisations les plus brillantes sont celles de l'art d'Amlach ou de Marlik (à partir du xive siècle avant J.-C., dans l'actuel Gilan), puis de Hasanlu (en Azerbaïdjan) et du Lorestan. Les maîtres des districts de l'Iran se font bâtir des forteresses et adoptent l'équitation, qui accroît leur puissance guerrière.
1.2. PREMIÈRE MENTION DES PERSES ET DES MÈDES
L'identité de ces conquérants n'est révélée qu'au ixe siècle avant J.-C., lorsque les Assyriens signalent, pour la première fois, les Perses et les Mèdes, qui atteignent alors le rebord occidental du Zagros, au milieu de populations qui vont bientôt adopter les langues des nouveaux venus. Morcelés en petits royaumes, les Mèdes et les Perses subissent la domination ou les exactions de l'Assyrie, de l'Élam ou des Scythes installés dans le Zagros.
2. L'EMPIRE MÈDE (612-550 AVANT J.-C.)
L'Assyrie, qui a détruit l'Élam (vers 646 avant J.-C.), s'effondre à son tour (612 avant J.-C.) sous les coups de la coalition des Babyloniens et des Mèdes. Le roi de ces derniers, Cyaxare, auteur ou bénéficiaire de l'unification du peuple mède, étend alors son empire à l'ouest, jusqu'à l'Halys, mais nous ne savons rien sur l'étendue de sa domination en Iran.
3. L'EMPIRE PERSE DE LA DYNASTIE ACHÉMÉNIDE (550-330 AVANT J.-C.)
3.1. LES ACHÉMÉNIDES
L'Empire mède tombe intégralement aux mains du roi perse achéménide Cyrus II lorsqu'il vainc et capture le roi des Mèdes, Astyage (vers 550 avant J.-C.). Les Achéménides vont dominer tout l'Iran géographique et déborder même sur l'Asie centrale, où ils trouveront des populations parlant des langues du groupe aryen, les Bactriens et les Sogdiens, qui s'intégreront alors à l'ensemble iranien, les Chorasmiens et les Sakas, qui seront moins marqués par la domination perse.


3.2. LES GUERRES MÉDIQUES
Mais les Athéniens l'emportent sur l'armée perse, lors de la première guerre médique (→ Marathon, 490 avant J.-C.) et, dans la seconde guerre médique, l'expédition, dirigée par Xerxès Ier (roi de 486 à 465 avant J.-C.), est vaincue à Salamine (480 avant J.-C.) et à Platées (479 avant J.-C.). Ces défaites marquent les limites de la puissance achéménide, qui ira peu à peu s'amenuisant sous les successeurs de Xerxès Ier.
L'Iran est la partie la plus étendue de l'Empire achéménide et celle qui fournit les meilleures troupes et les cadres de l'administration et de l'armée. Mais à l'est de la Médie et de la Perside (pays perse) il n'y a que des régions pauvres en villes et qui semblent encore ignorer l'écriture.
Pour en savoir plus, voir l'article Achéménides

4. LA DOMINATION GRÉCO-MACÉDONIENNE (IVe-IIe SIÈCLE AVANT J.-C.)
Les satrapies de l'Iran oriental manifestent leur esprit belliqueux lors de l'expédition d'Alexandre qui est arrêté quatre ans (330-327 avant J.-C.) par leur résistance ou leurs révoltes. Mais le conquérant macédonien a l'habileté de faire appel à la noblesse guerrière de l'Iran tout entier pour administrer ces régions et renforcer son armée.
Sa politique est reprise, semble-t-il, par les premiers rois de la dynastie macédonienne des Séleucides, qui, depuis 309 avant J.-C., domine l'Iran : comme Alexandre, ils multiplient les fondations de villes à statut de cité grecque autonome et à décor grec, où la noblesse iranienne vient s'helléniser sans perdre ses qualités guerrières.
Mais la royauté séleucide, dont le domaine s'étire sur 4 000 km d'ouest en est, et qui se préoccupe en priorité de sa façade méditerranéenne, néglige l'Iran, où des dissidences se produisent à partir du iiie siècle avant J.-C. : ainsi en Médie Atropatène (Azerbaïdjan) et en Perside, où des dynasties perses s'appuient sur la religion mazdéenne et le souvenir des Achéménides, dans l'Élymaïde, qui garde une part de la tradition élamite, en Bactriane, où, pour résister aux peuples de la Grande Steppe, des rois grecs constituent un puissant État (vers 239 avant J.-C.).
À la même époque, un peuple scythe, qui prend le nom de Parthes de la Parthiène (ou Parthie, aujourd'hui Khorasan), où il s'installe, y forme, sous la dynastie des Arsacides, un royaume indépendant. Lors de sa grande expédition (212-204 avant J.-C.), le Séleucide Antiochos III doit se contenter de faire reconnaître sa souveraineté par les rois des Parthes et de Bactriane.

5. LA DOMINATION PARTHE (IIe SIÈCLE AVANT J.-C.-IIIe SIÈCLE APRÈS J.-C.)
Les tentatives des Séleucides pour établir leur souveraineté sur les rois et dynastes locaux ne donnent que des résultats éphémères. Au milieu du iie siècle avant J.-C., l'Arsacide Mithridate Ier met la main sur la majeure partie de l'Iran et transforme la domination de sa horde en un véritable État conçu sur le modèle hellénistique.
Mais dans cet empire, l'hellénisation ne progresse plus guère, l'iranisme reprend le dessus et les principautés locales abondent. Cependant, si les Parthes ont dû abandonner l'extrémité orientale de l'Iran aux Tokhariens, maîtres de la Bactriane et de la vallée de l'Indus, ils ont étendu leur domination à la Mésopotamie, à partir de laquelle ils tenteront plus d'une fois de rééditer l'expansion achéménide vers l'ouest.
L'évolution politique et culturelle n'influe guère sur la civilisation matérielle. Malgré l'importance du commerce qui traverse l'Iran (dès l'époque parthe, au moins, la soie de Chine s'ajoute aux denrées traditionnelles), les villes et les monuments restent, en gros, cantonnés dans l'ouest de l'Iran. Les Séleucides se contentent de changer les noms des cités, et les Parthes placent leurs capitales de préférence en Mésopotamie.

6. L'IRAN SASSANIDE (224-651 APRÈS J.-C.)
6.1. DES PARTHES ARSACIDES AUX PERSES SASSANIDES : UNE TRANSITION EN DOUCEUR

Comme les Achéménides, les Sassanides savent profiter de l'expérience de leurs devanciers, qu'ils n'écartent pas à tout prix des postes de responsabilité. Il n'y a pas rupture avec le passé, ainsi que l'atteste, tout au long du iiie siècle, la présence de la langue parthe, à côté du moyen perse. La grande inscription du roi Narsès (293-302) est encore rédigée dans les deux dialectes, parthe et moyen perse, et les Parthes y sont cités à de multiples reprises en compagnie des Perses. Aussi bien, dans le passage des Parthes Arsacides aux Perses Sassanides, il n'y a pas eu révolution, mais seulement changement de personnalités et de tendances. Le nouveau parti sait profiter d'une conjoncture exceptionnelle : désagrégation de la monarchie résultant de la sécession des satrapies (province gouvernée par un satrape) et de l'insoumission d'une partie de la noblesse, et faiblesse des Romains. Ainsi s'explique le succès des deux premiers Sassanides, Ardachêr (vers 226-241) et Châhpuhr Ier (241-272), dont les noms, au demeurant, sont parthes.

6.2. L'ÉVOLUTION RELIGIEUSE : LA DOMINATION DU MAZDÉISME
Cependant, la Perse de cette époque fait partie d'un monde nouveau depuis que s'est étendu le christianisme, en Mésopotamie particulièrement, et que de nouvelles religions voient le jour en Iran, comme le manichéisme, ou y pénètrent, comme le bouddhisme à l'est, en Asie centrale. Il se produit là un fait nouveau, capital pour l'histoire religieuse de l'Iran : ce foisonnement de religions concurrentes et prétendant à l'universalisme conduira le zoroastrisme, ou mazdéisme, à s'organiser en une religion d'État puissante et hiérarchisée, et à se faire le persécuteur de ces religions étrangères. C'est la fin du monde iranien où la cohabitation des croyances était possible.

6.3. L'ÉVOLUTION CULTURELLE : LE PASSAGE DE LA TRADITION ORALE À LA TRADITION ÉCRITE
Mais, au plan de la culture profane, l'Iran demeure toujours perméable aux apports étrangers. En dépit des persécutions religieuses inaugurées par le grand mage Kirdîr et poursuivies officiellement par l'appareil politico-religieux aux ive et ve siècles, on assiste en Iran, dans le domaine des lettres, à un phénomène d'importance majeure qui a pu se produire très probablement vers la fin de l'époque sassanide, aux vie et viie siècles, mais qui se prolongera bien au-delà dans les siècles suivants. Il s'agit du passage de la culture orale à la culture écrite. On sait, en effet, combien les Iraniens de l'Antiquité croyaient à la force des traditions orales. La rareté des documents historiques ou religieux, jusqu'à la fin de la période sassanide, en est la preuve. L'histoire de la Perse antique ne nous est connue qu'à travers les sources étrangères.
Mais, sous la pression des religions à écritures, et par l'effet du brassage des cultures au cœur même de l'Iran sassanide, qu'il s'agisse de la culture gréco-latine, arménienne, chrétienne (syriaque) ou indienne, les Iraniens, au cours d'une lente évolution, ont compris la nécessité de consigner par écrit leurs traditions, religieuses ou profanes. Ainsi la codification des textes sacrés de l'Avesta et la mise par écrit des commentaires en pahlavi ne se sont faites qu'à cette époque tardive, où les grands Khosrô encourageaient les lettres et les arts, voire plus tard. De même, la rédaction des premières épopées (Livre des Rois) en pahlavi, qui seront utilisées dans la littérature persane naissante, ou des recueils sapientiels (andarz), appartient à cette même époque. Cette transformation a conditionné tout l'avenir de la culture persane islamisée.
7. L'IRAN ARABE ET TURC
L'histoire des premiers siècles de l'Iran islamique est particulièrement mal connue. L'islam dut être, lentement, imposé par la force et par les contraintes économiques. La conquête systématique de l'Iran est entreprise sous le règne du deuxième calife Umar (634-644). La première révolte réussie est celle d'Abu Muslim du Khorasan.
7.1. DES OMEYYADES AUX ABBASSIDES
La politique omeyyade (principe dynastique, domination d'une aristocratie arabe, système fiscal écrasant) avait mécontenté les Iraniens et une partie des Arabes. La révolte aboutit, en 750, à la chute des Omeyyades et à l'accession au trône d'Abu al-Abbas, fondateur de la dynastie abbasside.
Au contraire des Omeyyades de Damas, dont l'empire était centré sur d'anciennes provinces byzantines, les Abbassides de Bagdad subiront l'influence de la civilisation sassanide.
Pour en savoir plus, voir l'article Omeyyades
7.2. DES DYNASTIES INDÉPENDANTES
Mais, bien qu'ils aient régné nominalement cinq siècles sur Bagdad, les Abbassides n'ont dominé l'Iran que peu de temps, car, dès les premiers signes de faiblesse des califes, après la mort d'Harun al-Rachid en 809, des mouvements séparatistes s'y développent. C'est ainsi que dans l'Iran oriental se succèdent des dynasties indigènes pratiquement indépendantes : Tahirides(820-873), Saffarides (863-902), Samanides enfin (874-vers 999), qui, depuis Boukhara, dominent la Médie et dont l'importance est capitale dans l'histoire de la civilisation iranienne. Dans l'Iran occidental, plus proche de Bagdad, les califes conservent une certaine influence sur une mosaïque de dynasties locales, jusqu'à ce qu'au xe siècle la contrée soit unifiée par les Buwayhides (932-1055), qui seront assez puissants en 945 pour imposer leur suzeraineté aux Abbassides.

7.3. L'INFLUENCE TURQUE
C'est entre le viiie et le xe siècle que les Turcs sont progressivement islamisés, au contact des Iraniens musulmans avec lesquels ils commercent, et dont les dynasties les plus puissantes leur imposent parfois leur tutelle. À partir de la seconde moitié du xe siècle, la situation commence à se retourner : en 962, une tribu turque s'empare du royaume afghan de Ghazni ; elle se développe rapidement à l'est vers l'Inde, ainsi qu'à l'ouest.
Plus au nord, à la même époque, d'autres Turcs, les Seldjoukides, commencent à s'étendre, et bientôt occupent le Khorasan. Ils rejettent les Ghaznévides vers l'Inde en 1040, détruisent l'État buwayhide, entrent à Bagdad, où le calife les accueille en libérateurs (1055), et battent les Byzantins (→  bataille de Mantzikert, 1071). Après la débâcle byzantine, les Turcs s'engouffrent dans la brèche, et un nouveau royaume de culture turco-iranienne est fondé en Anatolie (Seldjoukides du sultanat de Rum).
Les croisades et la constitution d'États latins en Orient (→  États latins du Levant) provoquent le reflux, puis le déclin des Seldjoukides au profit des forces centrifuges de leur empire. C'est ainsi qu'au nord-est de l'Iran les Turcs iranisés du Kharezm, aidés par les Mongols Kara Kitay, se révoltent et, finalement, écrasent en 1194 les Seldjoukides, qui sont d'autre part rejetés en Asie Mineure par la dynastie ayyubide fondée par Saladin, et devenue la championne de l'islam contre les Francs.
Pour en savoir plus, voir l'article Seldjoukides.

8. L'IRAN SOUS L'OCCUPATION DES MONGOLS
8.1. LES ILKHANS
Au début du xiiie siècle, les Mongols de Gengis Khan, ayant écrasé les Kara Kitay, puis le Kharezm à la suite de l'assassinat des 450 marchands qu'il avait envoyés dans ce pays, occupent l'Iran à partir de 1220, détruisent le califat de Bagdad en 1258, mais sont arrêtés deux ans plus tard par les nouveaux sultans mamelouks d'Égypte.
Après la mort de Gengis Khan (1227), la partie centre-occidentale de son empire, de l'Amou-Daria et de l'Afghanistan à la Mésopotamie et à l'Asie Mineure, revient à Hulagu et à ses descendants (1251, en fait 1256-1258 à 1335), les Ilkhans.
Bien que convertie à l'islam à la fin du xiiie siècle, la dynastie des Ilkhans demeure plus subie qu'acceptée ; par ailleurs leur domination a de graves conséquences sociales et économiques : anéantissant villes et villages, ils accélèrent le processus de nomadisation, déjà amorcé depuis l'arrivée des Turcs, et portent ainsi un coup mortel à l'agriculture ; leurs rivalités avec les autres branches des descendants de Gengis Khan et bientôt leurs morcellements les affaiblissent au xive siècle. Le seul État solide est alors celui des Djalayirides, qui tiennent l'Iraq et le sud-ouest de la Perse, tandis qu'une dynastie indigène, celle des Mozaffarides, se rend indépendante au sud du pays.

8.2. LES TIMURIDES ET LA « RENAISSANCE TIMURIDE »
C'est alors qu'apparaît Timur Lang (Tamerlan). En quarante-cinq ans, de 1360 à 1405, il constitue, par la terreur, avec ses hordes turco-mongoles, un immense empire dont le centre est Samarkand, et qui ne lui survivra guère. Refoulés à l'ouest, une dizaine d'années après sa mort, les Timurides ne se maintiendront, en fait, que sur le centre et le nord de l'Iran, tandis que dans l'est diverses tribus luttent d'influence pour dominer l'ensemble du pays.
Si les Turco-Mongols, et spécialement les Timurides, n'ont jamais su bâtir en Perse un État relativement durable, ils ont joué un grand rôle dans l'élaboration d'une civilisation perse musulmane originale par rapport au reste de l'islam en matière littéraire (usage exclusif de la langue nationale dans la documentation) et surtout en matière d'art, par l'introduction de techniques et de thèmes extrême-orientaux. C'est ainsi que l'ornementation et l'enluminure s'ouvrent à un délicat art animalier et à mille représentations de la nature, sans équivalents dans le monde du Coran.

9. LES SÉFÉVIDES

Après la mort de Timur Lang, les tribus turkmènes de l'Azerbaïdjan et de l'Anatolie s'affranchissent du joug timuride et fondent, dès la première moitié du xve siècle, la confédération des Karakoyunlu (« Mouton noir »). Mais, au milieu du xve siècle, Uzun Hasan, chef de la confédération rivale des Akkoyunlu (« Mouton Blanc ») [au nord du lac de Van], supplante le Mouton Noir (1468), impose sa domination à la Perse occidentale, sa sujétion à la Géorgie, et noue des relations avec les Italiens en mer Noire. Il est cependant battu par les Ottomans, qu'il menaçait, et ne peut résister à la montée rapide des Séfévides.

9.1. L'AFFIRMATION DU CHIISME
Depuis le xive siècle, la région d'Ardabil, en Azerbaïdjan, était soumise à des descendants du calife Ali, les Séfévides. À la fin du xve siècle, un de ceux-ci, le chah Ismaïl, élimine les Akkoyunlu, prend le titre de chah de Perse (1501) et constitue un vaste empire, s'étendant, vers 1510, de l'Iraq au Khorasan et de Bakou au golfe Persique, et dont la prospérité est grande (commerce de Tabriz, armes de Chiraz). Comme les Sassanides 1 250 ans avant lui, il s'appuie sur un véritable nationalisme iranien ; ne disposant pas, comme eux, d'une religion spécifiquement perse, il fait du chiisme la religion nationale.
9.2. LE PÉRIL OTTOMAN
Mais la prospérité de la Perse, le caractère hérétique de sa religion incitent les Ottomans à attaquer les Séfévides, menacés d'autre part sur leur frontière du Nord-Ouest par les émirats turcomans. Vainqueur à Tchaldiran, Selim Ier enlève le Kurdistan (1514) au chah Ismaïl, qui s'empare, en revanche, de la Géorgie, peu avant sa mort en 1524. Sous son successeur, Tahmasp Ier (1524-1576), la lutte se poursuit dans un cadre élargi à la scène internationale, car les Habsbourg, aussi menacés que les Perses par le péril ottoman (défaite de Mohács, 1526), cherchent à prendre les Turcs à revers pour échapper à l'étreinte franco-turque, conséquence du rapprochement entre François Ier et Soliman le Magnifique. Ce dernier réussit d'ailleurs à s'emparer de la Mésopotamie (Bagdad, 1534), dont Tahmasp reconnaît la perte (paix d'Amasya, 1555) ; la Géorgie et l'Azerbaïdjan, berceau des Séfévides, sont à leur tour occupés par les Turcs. La Perse est désormais cantonnée sur le plateau iranien, sauf période exceptionnelle et de peu de durée.

9.3. ABBAS Ier ET L'APOGÉE DE LA PERSE SÉFÉVIDE

L'apogée de la Perse séfévide se situe pourtant au début du xviie siècle sous Abbas Ier (1587-1629). Après quelques revers initiaux, ce dernier renonce temporairement à lutter contre les Ottomans (traité de Constantinople, 1590), puis s'étend au nord-est, rejetant les Ouzbeks au-delà de l'Amou-Daria (1598) ; enfin, il va même jusqu'aux îles du golfe Persique. Il réorganise son armée avec l'aide de deux Anglais, Anthony et Robert Sherley, et y instaure un corps de renégats, à l'exemple des janissaires chez les Turcs. Il passe alors à la contre-offensive (1620-1621), prend Kandahar à l'est, et chasse les Portugais d'Ormuz au sud. Il s'attaque ensuite aux Ottomans et reconquiert l'Iraq avec Bagdad (1623-1624), mais pour peu de temps, car, dès 1638, le sultan Murad IV récupère définitivement la Mésopotamie.
Partout, Abbas Ier restaure l'ordre, reconstruit les ouvrages d'art, rétablit la sécurité sur les routes et réorganise les caravansérails aux étapes. Sédentarisant la dynastie, il est à l'origine de la splendeur d'Ispahan, dont il fait sa capitale.

9.4. LE DÉCLIN
La médiocrité de ses successeurs, Safi (1629-1642) et Abbas II (1642-1667), entraîne le déclin politique de l'Empire. Ceux-ci s'épuisent en vain en luttes stériles contre l'empire rénové des Köprülü, dans l'espoir de reprendre pied en Mésopotamie ou de s'étendre dans le Caucase. À l'autre extrémité de l'Iran, ils résistent difficilement aux entreprises des Afghans sunnites. Ces derniers progressent de façon décisive au début du xviiie siècle. L'émir Mir Mahmud de Kandahar, attaquant l'Empire séfévide dès 1709, s'empare d'Ispahan (1722) et prend le titre royal, mettant fin, en fait, à la dynastie séfévide.

10. NADER CHAH, LES ZENDS
La domination afghane sur la Perse ne dure guère. Un chef de bande des confins du Khorasan, Nader, occupe tout le Khorasan, s'empare de la Perse et, entrant à Ispahan, affecte d'y rétablir Tahmasp II (1730-1731), avant de déposer, en 1736, le dernier Séfévide, Abbas III (1732-1736), et de prendre la couronne pour lui, devenant ainsi Nader Chah (ou Nadir Chah) [1736-1747].
Les conquêtes de Nader Chah sont foudroyantes ; en quelques années, il récupère sur les Ottomans toute la Mésopotamie, l'Azerbaïdjan (1738) et l'Arménie. Au nord, il reprend aux Russes les provinces caspiennes, dont ils s'étaient emparés à la faveur de l'invasion afghane. À l'est, il soumet les Afghans (1738), après les avoir refoulés chez eux. Victorieux à Panipat (mars 1738), il pénètre en Inde, qu'il parcourt jusqu'à Delhi, rançonnant le Grand Moghol, et rapportant son trône en Perse sans annexer son empire. Il envahit alors le Turkestan et fait du khan de Boukhara un vassal. Mais il est assassiné (1747), et son État ne lui survivra pas.
Son neveu, Adel Chah (ou Adil Chah), perd l'Afghanistan, et son petit-fils, Chah Rokh, n'est plus que l'un des nombreux dynastes d'origines ethniques variées se disputant le territoire perse : descendants de Nader Chah dans le Khorasan, Turcs aux confins caucasiens, chefs de tribu iraniens dans le Lorestan et le Fars. L'un de ces derniers, Karem Khan (1750-1779), de la tribu zend, rétablit quelque temps l'unité de la majeure partie de l'Empire perse, de la Caspienne au golfe Persique. Il ne prend pourtant pas le titre de chah, mais celui, plus modeste, de wakil (régent). Bien que maître d'Ispahan, Karem Khan fixe sa capitale à Chiraz. Après lui, les Zends perdent toute puissance en quelques années.

11. LES QADJARS (1794-1925)
11.1. AGHA MOHAMMAD CHAH ET LA FIN DE LA PUISSANCE PERSE
L'un des chefs des Qadjars, tribu turco-mongole iranisée, Agha Mohammad Chah, les unifie et fonde la dynastie du même nom, qui subsistera jusqu'en 1925. Il fait de Téhéran sa capitale (1786) et se fait proclamer chah (1796). Vainqueur des Zends (1794), il s'empare d'Ispahan et de Chiraz (1795) ; en quelques mois, il ravage la Géorgie – coupable de soumission à Catherine IIde Russie – et conquiert le Khorasan, dont il élimine les successeurs de Nader.
Contre-attaqué par les Russes, il est assassiné alors qu'il se portait à leur rencontre (1797). Cet événement marque la fin de la puissance perse ; le pays va désormais être livré aux ambitions et aux convoitises rivales des Européens, notamment des Russes et des Anglais, dont le représentant, Malcolm, obtient pour son pays la liberté de commercer le long des côtes de Perse (1801). La rivalité des deux puissances préservera d'ailleurs le pays de la conquête coloniale, mais non de la dépendance politique et économique, jusqu'au xxe siècle.

11.2. BABISME, BÉHAÏSME
En fait, la Perse qadjar, au xixe siècle, est un État en régression, où, à quelques exceptions près, les souverains ne jouent qu'un rôle sans grandeur, en face de l'aristocratie quasi féodale des seigneurs ruraux et de la classe sacerdotale des mollahs.
Les abus de ces derniers et le ritualisme formaliste qu'ils tendent à donner à l'islam favorisent, sous le règne de Mohammad Chah (1834-1848), les progrès rapides du babisme, que prêche le Bab à partir de 1843. Sa prédication appelle une religion épurée, dont les implications sociales, notamment une libération égalitaire de la femme, inquiètent vite les musulmans stricts. Aussi ses disciples, insurgés contre le jeune chah Naser al-Din (1848-1896), sont-ils écrasés et fusillés (1850). Le babisme n'en continue pas moins à s'étendre jusqu'à la répression de 1852.
Les survivants sont alors déportés en Mésopotamie ottomane, où leur prosélytisme reprend sous la forme neuve du bahaïsme : un nouveau prophète, disciple du précédent, Mirza Husayn Ali Nuri, dit Baha Allah, élabore en effet une nouvelle doctrine syncrétiste, se réclamant « des deux Testaments et des deux Corans », appelant en particulier à une sorte de pacifisme fraternel universel.

11.3. LA PÉNÉTRATION EUROPÉENNE
Par ailleurs, l'histoire de l'Iran est dominée, au cours du xixe siècle, par le problème de la pénétration européenne. Sous le règne de Fath Ali Chah (1797-1834), la Russie se fera céder, après deux guerres (1804-1813 et 1826-1828), Bakou, le Daguestan, la Géorgie (1813) et l'Arménie (1828). L'Iran a fait appel à l'intervention de la France napoléonienne, qui prend le pays sous sa protection (accord du 4 mai 1807). Cependant, face à la Russie menaçante, l'Iran se rapproche de l'Angleterre, dont le représentant, Malcolm, revient à Téhéran (1808), fait fermer le pays aux Français (1809), mais garantit son intégrité contre la Russie (1809). L'Angleterre s'installe ainsi dans le golfe Persique et commence à regarder vers l'Afghanistan.
À plusieurs reprises, l'Iran tente d'exploiter l'affaiblissement de ce dernier pays pour s'y réimplanter ; chaque fois, notamment en 1837 et en 1856 (prise de Harat par les Perses), l'Angleterre l'arrête. Mais la Russie, à son tour, s'oppose aux entreprises anglaises. C'est ainsi qu'est signé l'accord de 1844, dit « de désintéressement », entre les deux puissances. En 1856, la Russie est paralysée par sa défaite de Crimée, et l'Iran de Naser al-Din(ou Nasir al-Din) se tourne de nouveau, à partir de 1860, vers la France pour contrebalancer l'influence britannique.
La rivalité anglo-russe s'exaspère à la fin du siècle, au fur et à mesure que s'étendent la domination des Anglais sur le nord-ouest de l'Inde et le Baloutchistan (1876), et celle des Russes sur le Turkestan (entre 1860 et 1884). La solution n'est trouvée que sous le règne de Mozaffar al-Din (ou Muzaffar al-Din) [1896-1907], dans le cadre de l'Entente cordiale franco-anglaise, qui nécessite un rapprochement anglo-russe : l'accord colonial du 31 août 1907 délimite les frontières de l'Iran et partage le pays en deux zones d'influence (Nord-Ouest aux Russes, Sud-Est aux Anglais) et une zone neutre centrale et occidentale.
À l'intérieur, Mozaffar al-Din a dû instituer, à la fin de son règne, un nouveau régime constitutionnel afin de satisfaire une opposition nationaliste mécontente de la pénétration étrangère, de l'arbitraire monarchique et de la corruption des fonctionnaires qui ruinent le pays. La politique absolutiste de son successeur, Mohammad Ali (1907-1909), provoque une révolution nationaliste qui contraint le roi à l'exil. Un enfant de 11 ans, Ahmad, lui succède, qui ne peut stopper l'invasion économique étrangère, britannique et russe surtout.

12. LES PAHLAVIS (1925-1979)
12.1. REZA CHAH PAHLAVI
Le créateur de la dynastie qui succède aux Qadjars est Reza Khan, chef d'un régiment de cosaques, qui, en se révoltant le 21 février 1921, impose d'abord un nouveau gouvernement, puis un nouveau régime en 1925 et se fait finalement couronner le 25 avril 1926 sous le nom de Reza Chah Pahlavi.
Sous son impulsion autoritaire, l'unité du pays est consolidée – la population est sédentarisée par la force –, des réformes sont entreprises grâce à l'augmentation des profits pétroliers, négociée en 1933 avec l'Anglo-Iranian Oil Company. Reza Chah choisit de donner une orientation pro-allemande à sa politique étrangère, mais, en 1941, l'URSS et la Grande-Bretagne occupant l'Iran, le chah est contraint d'abdiquer au profit de son fils, Mohammad Reza. L'influence russe et anglaise rappelle de fâcheux précédents historiques et suscite des troubles en 1945-1946, notamment au Kurdistan.
12.2. MOHAMMAD REZA : NATIONALISME ET OCCIDENTALISATION

La renaissance d'un courant nationaliste est concrétisée par la fondation, en 1949, du Front national de Mossadegh (de son vrai nom Mohammad Hedayat), le clergé chiite et le parti Tudeh (communiste, créé en 1941) participant également à ce renouveau national.
En 1951, après l'assassinat du Premier ministre Razmara, Mossadegh est porté au pouvoir. En 1953, la nationalisation de l'industrie pétrolière provoquant des protestations anglaises, le chah démet son Premier ministre, recule un temps face à l'émeute mais, après un bref exil, fait juger et emprisonner Mossadegh, qui ne recouvrera la liberté qu'en 1956. Au terme d'un nouvel accord pétrolier, le consortium des compagnies rétrocède au chah 50 % des droits de la production. Avec la manne ainsi amassée, le souverain lance une politique de modernisation autoritaire et d'occidentalisation forcée, génératrice de bouleversements sociaux et économiques. Ses ambitions régionales, appuyées par une politique ambitieuse d'armement, provoquent l'opposition de ses voisins arabes.
En 1963, la « révolution blanche » – réforme agraire, nationalisation des forêts et des pâturages, vente des usines de l'État, distribution de 20 % des bénéfices aux ouvriers, droit de vote pour les femmes, lutte contre l'analphabétisme, pour l'hygiène et la reconstruction – suscite la colère du Bazar (la bourgeoisie commerçante), du clergé chiite et des grands propriétaires terriens. L'accaparement de la manne pétrolière par une minorité, la corruption, le libéralisme sauvage et l'urbanisation rapide favorisent l'opposition de gauche, rassemblée autour du parti communiste Tudeh, du mouvement des Moudjahidin du peuple (Moudjahidine-e Khalq, MEK, créé en 1965, et des libéraux du Mouvement pour la libération de l'Iran (MLI), créé en 1964 par Mehdi Bazargan.

12.3. L'ORIENTATION AUTORITAIRE DU RÉGIME
Le régime se durcit alors : la Savak, police politique créée en 1958, et l'armée deviennent des instruments de gouvernement à part entière. Des révoltes éclatent dans le Fars, un embryon de guérilla urbaine s'installe, l'ayatollah Ruhollah Khomeyni, porte-parole d'un clergé qui se considère de plus en plus comme un contre-pouvoir, est emprisonné puis exilé (1964).
Malgré l'assassinat de son Premier ministre Ali Mansur en 1965, le chah maintient ses orientations. Fort de sa politique pro-américaine, ayant amélioré ses relations avec son ennemi traditionnel irakien (accord de 1967 sur l'exploitation conjointe de ressources en pétrole et en eau), s'étant également rapproché de l'URSS et des pays du Golfe, ayant amélioré ses richesses pétrolières grâce à de nouvelles négociations avec le consortium, le chah fait de l'Iran une puissance régionale. Il est solennellement couronné le 26 octobre 1967 : c'est l'apogée de la dynastie Pahlavi, dans un contexte cependant gros de tensions sociales, économiques – l'inflation est de 25 % – et politiques.
Alors que l'Iran confirme sa puissance dans la région – la frontière avec l'Iraq est modifiée unilatéralement en 1969, trois îlots du golfe Persique sont occupés en 1971 –, sur la scène intérieure, les tensions se multiplient. Des troubles agitent le Kurdistan ; des dirigeants du MEK sont exécutés ; en mai et en juillet 1972, des grèves et des affrontements opposent la police et les manifestants. Cependant, en 1973, le régime conclut de nouveaux accords encore plus avantageux avec le consortium pétrolier et poursuit, imperturbable, sa politique d'industrialisation et de modernisation, tandis que l'audience des religieux s'accroît.

Sourd à la contestation, le chah instaure, en mars 1975, un régime de parti unique, dit de la Résurrection nationale, et resserre l'étau politique. Deux ans après, en 1977-1978, l'Iran entre en ébullition. Les trois courants de l'opposition s'unissent : les partis marxistes, autour du Tudeh et des MEK, les libéraux, qui se réclament de l'héritage de Mossadegh, et les religieux, exaltés par les prêches sur cassettes de l'ayatollah Khomeyni, alors exilé en Iraq. Le 7 janvier 1978, c'est un article injurieux publié contre ce dernier qui met le feu aux poudres. Une marche de protestation, sévèrement réprimée, se solde par une centaine de morts. Dès lors, les manifestations, qui réunissent de plus en plus de protestataires, se déroulent rituellement tous les 40 jours, durée du deuil chiite. Parti de province, le mouvement gagne finalement Téhéran. L'ayatollah Khomeyni, expulsé d'Iraq, se réfugie alors en France. Le 8 septembre 1978, la loi martiale est proclamée, mais les manifestations, bien que très sévèrement réprimées, ne cessent pas. Le chah tente de sauver son régime en promettant des réformes et des mesures d'apaisement (libération des prisonniers, levée de la censure, augmentation des salaires). En vain. En novembre, l'émeute est générale, le départ du chah inévitable.
Pour en savoir plus, voir l'article Iran : la République islamique d'Iran depuis 1979.

 

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