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CLÉOPÂTRE

 


Cléopâtre


Cet article fait partie du dossier consacré à l'Égypte ancienne.
Nom de sept reines d'Égypte dont la plus célèbre fut Cléopâtre VII (Alexandrie 69 avant J.-C.-Alexandrie 30 avant J.-C.), reine de 51 à 30 avant J.-C., lors de la conquête romaine, fille de Ptolémée XII Aulète.
Héritière des Ptolémées, (Lagides) et dernière reine d’Égypte, Cléopâtre VII Philopator est l’une des figures féminines les plus connues de l’histoire. On lui prête un pouvoir de séduction hors du commun, qui ne doit pas éclipser le rôle déterminant qu’elle a tenu pour restaurer la grandeur de son royaume. Plus attachée à l'Égypte qu'aucun de ses prédécesseurs étrangers, Cléopâtre fut la première reine grecque à parler l'égyptien, à adopter certaines croyances pharaoniques et à vouloir rendre à l'Égypte la place qu'elle avait auparavant occupée pendant des siècles. Sa politique, traditionaliste à l'intérieur, audacieuse à l'extérieur, fut constamment soutenue par le peuple égyptien, dont elle avait renforcé le nationalisme et l'orgueil. Intelligente et ambitieuse, elle était, dit-on, d'une beauté remarquable qu'elle sut, à l'occasion, user comme atout dans son jeu politique.


L'avènement d'une reine

Cléopâtre, septième du nom – lequel signifie « la gloire de mon père » –, est issue d’une dynastie d'origine grecque, celle des Lagides, fondée par Ptolémée, fils de Lagos. Elle est la fille de Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète, auquel elle succède à l'âge de 18 ans. Comme le stipule le testament de son père, elle partage le trône avec son frère cadet, Ptolémée XIII, qui est également son époux.
Lors de son accession au trône, la situation politique, économique et sociale de l'Égypte est catastrophique : impuissance et indifférence des gouverneurs, cupidité et ambition des administrateurs, indiscipline et exactions des fonctionnaires ont fait du royaume une terre livrée à l'anarchie et promise à une nouvelle colonisation. En raison de conflits qui éclatent entre la jeune reine et l'entourage de son frère, Cléopâtre recherche l’appui de Rome afin d'essayer de transformer une simple colonisation en une alliance au profit de Rome et de l'Égypte.
Cléopâtre prend le parti de Pompée dans la guerre qui oppose ce dernier à César parce qu’il était autrefois venu en aide à son père. Accusée par les partisans de son frère de comploter, elle doit prendre la fuite, afin de rassembler une armée. C'est dans ces circonstances que Pompée, qui vient d’être vaincu à Pharsale (48 avant J.-C.), arrive chez son allié pour reconstituer ses forces. Mais Ptolémée XIII le fait assassiner en pensant y gagner les faveurs de César, qui est lui-même entré en Égypte en poursuivant son rival.


César et le contrôle de l’Égypte

César, qui prétend réconcilier Cléopâtre et Ptolémée, les fait convoquer à Alexandrie. C’est alors que, selon la tradition, la reine, craignant d’être tuée par les sbires de son frère, arrive enroulée dans un tapis. Ébloui, César fit de Cléopâtre sa maîtresse et défendit ses droits à la couronne risquant ainsi sa vie et sa fortune pour cette jeune reine de 21 ans. En 47 avant J.-C., il fit d’elle l’unique souverain de l’Égypte après avoir maté la révolte d’Alexandrie, fomentée par l’eunuque Pothin, conseiller de Ptolémée XIII, qui trouve la mort en se noyant dans le Nil. Mariée à son frère Ptolémée XIV, âgé de 12 ans, Cléopâtre entreprend néanmoins une croisière sur le Nil en compagnie de César. C’est à ce dernier qu’on attribue la paternité de l’enfant qu’elle met au monde Césarion, le futur Ptolémée XV. Après le retour triomphal de César à Rome, durant l'été 46 avant J.-C., elle vient le rejoindre avec son fils, qui représente pour elle un atout politique majeur, car César, n’ayant pas de descendant, reconnaît effectivement Césarion pour fils et fait de lui son héritier présomptif. L’assassinat de César, en mars 44 avant J.-C., réduit à néant les espoirs de Cléopâtre, qui retourne alors en Égypte.


Antoine et l'Empire romain d'Orient

Ptolémée XIV meurt en 44 avant J.-C. à Rome et Césarion (Ptolémée XV) monte sur le trône à l'âge de 3 ans. Après avoir châtié les assassins de César, le triumvir Marc Antoine commence une tournée en Orient et, en 41 avant J.-C., convoque Cléopâtre à Tarse, en Cilicie. La reine s’y rend sur un navire paré d’une poupe en or et d’avirons en argent. Antoine, devenu maître de l’Orient s’éprend, à son tour, de Cléopâtre, en même temps que des fastes de l’Égypte. Tous deux menèrent alors ce que Plutarque a appelé « la vie inimitable », vie de douceurs, de fêtes et de festins. Cependant, le pacte scellé avec Octave – le futur Auguste – l’oblige à repartir pour épouser Octavie, la sœur de ce dernier.
Cléopâtre, qui a donné naissance à des jumeaux, Alexandre et Cléopâtre, se retrouve isolée. En 37 avant J.-C., à la demande d’Antoine qui a entrepris une expédition contre les Parthes, elle le rejoint à Antioche. Un troisième enfant, Ptolémée Philadelphe, naît l'année suivante. Mais la guerre contre les Parthes tourne mal. Antoine est obligé de passer en Arménie. De retour à Alexandrie, il peut célébrer son triomphe, mais il soulève alors l'indignation à Rome, car aucun triomphe n’a encore jamais eu lieu hors de la Ville.
Cet épisode est exploité par la propagande d’Octave, qui redouble de vigueur au moment où Antoine confère à Cléopâtre le titre de « reine des rois » et à Césarion celui de « roi des rois », qui pourrait un jour lui permettre de revendiquer l'héritage de César. Quant aux enfants d’Antoine et de Cléopâtre, ils sont nommés « rois » et reçoivent des territoires. Même si Antoine ne revêt pas le diadème royal, on le soupçonne à Rome d’aspirer à la royauté et de vouloir faire d’Alexandrie sa capitale. La répudiation d’Octavie met le comble à l’opprobre. Antoine ayant donné à Cléopâtre la Phénicie, la Syrie, une partie de la Cilicie, Chypre et l'Arabie des Nabatéens, Octave s’empare alors du testament d'Antoine, déposé dans le temple de Vesta, et fait lire au Sénat ses dernières volontés, qui stipulent que son corps devra être transporté à Alexandrie et remis à Cléopâtre. Endossant l’habit du défenseur de Rome, il obtient du Sénat de décréter la guerre, tout en biaisant pour qu'il ne la déclare qu’à la seule Cléopâtre.


Octave et le sacrifice d'une reine

À la tête de sa puissante flotte, Antoine fait voile vers le golfe d’Ambracie, au nord-ouest de la Grèce, mais il est stoppé par Octave et son général Agrippa. Renforcé par une soixantaine de navires égyptiens, il tente une manœuvre qui échoue face au promontoire d’Actium (2 septembre 31 avant J.-C.). Cléopâtre et Antoine ont quitté la bataille, peut-être pour rallier Alexandrie avec le plus grand nombre possible de vaisseaux. Toujours est-il que, se sentant abandonnées, l'armée de terre puis la flotte d’Antoine se livrent à Octave, qui peut entrer dans Alexandrie le 1er août 30 avant J.-C.
Antoine, qui s’est donné la mort par le glaive, croyant avoir été trahi par Cléopâtre, expire à ses côtés à Alexandrie. Octave veut s’emparer de la reine vivante, mais, quand celle-ci qui cherche sa clémence apprend qu’il va l’exhiber lors de son triomphe, elle se fait apporter un panier de figues contenant un serpent venimeux (un aspic) et y plonge la main. Ainsi la reine échappe à l'humiliation du triomphe romain. Surmontant le dépit que lui cause sa mort, Octave ordonne qu’elle soit inhumée avec Antoine. Peu après, il fait assassiner Césarion. Le royaume de Cléopâtre devient alors une province romaine dont l'importance pour l’Empire ne s’est pas démentie.


La reine fatale devenue mythe

On connaît le mot de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pensées, 162). La reine, telle que la montrent les pièces de monnaie qui nous sont parvenues, est tout sauf idéalisée. Elle porte un large diadème, sur des cheveux qui sont tressés et noués en chignon ; elle a le nez en fait plutôt long et busqué, le front bombé et le menton légèrement en galoche. Plus que sa beauté elle-même, on loua dès l’Antiquité sa voix musicale, son esprit éclairé et sa culture raffinée.
Comme nulle autre, peut-être, Cléopâtre sut user de ses charmes à des fins politiques. En attirant à elle César puis Antoine, qui l’aimèrent à la folie, elle fit trembler Rome. Maretrix regina (« reine courtisane ») s’écriait le poète Properce au nom de tous ceux qui lui vouaient une haine inexpiable parce qu’ils redoutaient qu’on en vînt à substituer Osiris à Jupiter si Cléopâtre l’avait emporté à Actium.

 

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PRÉVISION DES SEISMES

 

Paris, 8 juillet 2016
Prévision des séismes : une technique innovante pour observer les failles sous-marines

Pour surveiller un segment de la faille sismique nord-anatolienne près d'Istanbul, une équipe internationale de chercheurs, notamment du CNRS et de l'université de Bretagne occidentale, a déployé un réseau de balises au fond de la mer de Marmara. Objectif : mesurer les mouvements des fonds marins de part et d'autre de ce segment. Les données récoltées lors des six premiers mois révèlent que la faille serait bloquée au niveau de ce segment, suggérant une accumulation progressive d'énergie susceptible d'être libérée brusquement. Ce qui pourrait provoquer un séisme de forte magnitude à proximité d'Istanbul. Cette étude, issue d'une collaboration entre des chercheurs français, allemands et turcs, vient d'être publiée dans Geophysical Research Letters.
La faille nord-anatolienne, responsable de tremblements de terre destructeurs en 1999 en Turquie, est comparable à la faille de San Andreas en Californie. Elle constitue la limite des plaques tectoniques eurasiatique et anatolienne, qui se déplacent l'une par rapport à l'autre d'environ 2 cm par an. Le comportement d'un segment sous-marin de cette faille, situé à quelques dizaines de kilomètres au large d'Istanbul, en mer de Marmara, intrigue particulièrement les chercheurs, car il semble exempt de sismicité depuis le 18e siècle. Comment se comporte ce segment ? Glisse-t-il en continu, cède-t-il régulièrement, provoquant de petits séismes épisodiques de faible magnitude ou est-il bloqué, laissant présager une future rupture et donc un fort séisme ?

Observer in situ le mouvement d'une faille sous-marine sur plusieurs années est un vrai défi. Pour le relever, les chercheurs testent une méthode de télédétection sous-marine innovante, à l'aide de balises acoustiques actives, autonomes et interrogeables à distance depuis la surface de la mer. Posées sur le fond marin de part et d'autre de la faille à 800 mètres de profondeur, ces balises s'interrogent à tour de rôle par paire et mesurent le temps aller-retour d'un signal acoustique entre elles. Ces laps de temps sont ensuite convertis en distances entre les balises. C'est la variation de ces distances dans le temps qui permet de détecter un mouvement des fonds marins et la déformation du réseau de balises, de déduire les déplacements de la faille. Concrètement, un réseau de dix balises françaises et allemandes a été déployé lors d'une première campagne en mer1 en octobre 2014. Les six premiers mois de données (temps de parcours, température, pression et stabilité)2 confirment les performances de la méthode. Après calculs, les données ne révèlent aucun mouvement significatif de la faille surveillée, dans la limite de résolution du réseau. Les distances entre balises, séparées de 350 à 1700 mètres, sont mesurées avec une résolution de 1,5 à 2,5 mm. Ce segment serait donc bloqué ou quasi-bloqué, et accumulerait des contraintes susceptibles de générer un séisme. L'acquisition d'information sur plusieurs années sera cependant nécessaire pour confirmer cette observation ou caractériser un fonctionnement plus complexe de cette portion de faille.

Si, au-delà de cette démonstration, cette approche dite de « géodésie acoustique fond de mer » s'avère robuste sur le long terme (ici 3 à 5 ans sont envisagés dans la limite d'autonomie des batteries), elle pourrait être intégrée dans un observatoire sous-marin permanent en complément d'autres observations (sismologie, émission de bulles, …) pour surveiller in situ et en temps réel l'activité de cette faille en particulier, ou d'autres failles actives sous-marines dans le monde.

Ces travaux sont menés par le Laboratoire Domaines océaniques3 (LDO, CNRS/Université de Bretagne occidentale), en collaboration avec le laboratoire Littoral environnement et sociétés (CNRS/Université de La Rochelle), l'institut Geomar à Kiel (Allemagne), le Centre européen de recherche et d'enseignement de géosciences de l'environnement (CNRS/Collège de France/AMU/IRD), le Laboratoire Géosciences marines de l'Ifremer, l'Eurasian Institute of Earth Sciences de l'Université Technique d'Istanbul (Turquie) et le Kandilli Observatory and Earthquake Research Institute de l'Université Bogazici d'Istanbul. Cet article est dédié à la mémoire d'Anne Deschamps, chargée de recherche CNRS au LDO, initiatrice et responsable du projet, décédée peu après avoir conduit avec succès le déploiement de ces balises.

 

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Charles Darwin: de l’origine d’une théorie

 

 

 

 

 

 

 

DE  L'ORIGINE  D'UNE  THÉORIE

Il y a plus de cent cinquante ans, le célèbre naturaliste révolutionnait l’histoire de la vie en mettant sur pied les théories de l’évolution et de la sélection naturelle. À l’heure où les créationnistes regagnent du terrain, retour sur ses travaux essentiels.
(Cet article a été publié dans CNRS Le journal, n° 227, décembre 2008.)
 

La théorie de l’évolution des espèces, échafaudée par le savant à la barbe blanche et sans cesse enrichie, complétée, complexifiée par des générations de chercheurs au prix d’un nombre incalculable de travaux sur le terrain et en laboratoire, paraît indétrônable. Ce que dit Darwin au milieu du XIXe siècle ? Que les organismes vivants sont en perpétuelle évolution, grâce notamment au phénomène de sélection naturelle qui fait qu’au sein d’une même espèce les individus les plus adaptés à leur milieu se reproduisent davantage que les autres. Et que toutes les espèces (l’homme n’est pas exclu de ce schéma) descendent d’un ou de plusieurs ancêtres communs. Un bouleversement dans la vision traditionnelle chrétienne qui prévaut alors, et pour laquelle les créatures en tout genre qui peuplent la planète sont des créations divines, immuables et indépendantes les unes des autres.

« La théorie de l’évolution au sens darwinien du terme est actuellement le meilleur cadre conceptuel que nous ayons à notre disposition pour comprendre rationnellement l’instabilité du vivant, pour penser un monde naturel essentiellement dynamique », commente Hervé Le Guyader, du laboratoire Évolution Paris Seine1.

Les grands principes de l’évolution

En ce début de troisième millénaire, l’explication des mécanismes de l’évolution biologique formulée par Darwin et ses successeurs repose sur quatre principes fondamentaux. Premièrement : « Parmi les individus qui se reconnaissent comme partenaires sexuels potentiels, il existe des variations (physiques, génétiques, d’aptitude…). Quelle que soit la cause de cette variation, les espèces vivantes manifestent par conséquent une capacité naturelle à varier », explique Guillaume Lecointre, de l’Institut de Systématique, évolution, biodiversité2.

The Origin of the Species Le savant anglais n’a publié sa théorie de la sélection naturelle qu’assez tard, en 1859 à l'âge de 50 ans, alors qu’il était déjà un naturaliste de renom international.

Deuxièmement, toute espèce se laisse sélectionner. Les horticulteurs qui créent, par exemple, de nouvelles variétés de roses en croisant entre elles d’anciennes variétés, et les éleveurs, qui ont fait du loup un teckel en 11 000 ans, le savent bien. « Le simple fait que les hommes puissent changer à leur guise la morphologie d’une espèce montre bien que celle-ci est en quelque sorte “plastique”, possède une capacité à être modifiée », dit Guillaume Lecointre.

La théorie
de Darwin est
actuellement
le meilleur cadre
conceptuel que
nous ayons à notre
disposition pour
comprendre
l’instabilité du
vivant.


Troisièmement, toutes les espèces se reproduisent aussi longtemps qu’elles trouvent des ressources alimentaires et des conditions optimales d’habitat. Leur taux de reproduction est alors tel qu’elles parviennent toujours aux limites de ces ressources ou trouvent d’autres limites, telles que la prédation qu’elles subissent de la part d’autres espèces. « Il existe ainsi une capacité naturelle de surpeuplement observable lorsque, par exemple, des espèces allogènes envahissent brutalement un milieu fermé comme une île », poursuit Guillaume Lecointre. Meilleur exemple : les lapins introduits au XIXe siècle en Australie s’y sont mis à pulluler, détruisant la végétation et les cultures. Pour autant, la planète n’est pas dominée par une unique espèce hégémonique, « mais bien au contraire peuplée de millions d’espèces en coexistence et cela malgré la capacité naturelle de surpeuplement de chacune d’entre elles. Ainsi, chaque espèce constitue une limite pour les autres soit en occupant leur espace, soit en les exploitant (prédation, parasitisme), soit en partageant les mêmes ressources. Bref, les autres espèces constituent autant de contraintes qui jouent un rôle d’agent sélectif ».

Quatrièmement, le succès de la croissance et de la reproduction des espèces dépend d’optima physiques (température, humidité, soleil…) et chimiques (pH, molécules odorantes, toxines…). « Ces éléments constituent eux aussi des facteurs contraignants, dit Guillaume Lecointre. S’ils changent, les variants avantagés ne seront plus les mêmes. »

Collection d'insectes de Darwin Darwin constitua de nombreuses collections d’insectes, l’occasion de mener des observations naturalistes extrêmement minutieuses.
 PRIVATE COLLECTION/BRIDEMAN IMAGES
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En définitive, de multiples facteurs, au sein de l’environnement physique, chimique et biologique dans lequel évolue une espèce, induisent une sélection naturelle à chaque génération, dont le résultat est un « succès reproductif différentiel ». Traduction : au sein d’une même espèce, les individus porteurs d’une variation héritable, momentanément avantageuse par les conditions du milieu, se reproduiront davantage. « Si ces conditions se maintiennent assez longtemps, ajoute Guillaume Lecointre, le variant avantagé finira par avoir une fréquence de 100 % dans la population. L’espèce aura alors changé. » Conclusion, aucune espèce n’est stable dans le temps.

Les prédécesseurs

S’il revient à Darwin d’avoir postulé deux grandes idées – la descendance avec modification et le rôle essentiel de la sélection naturelle dans l’adaptation des formes vivantes, donc dans l’évolution –, celles-ci ne lui sont pas venues tout à trac. Le terrain avait été débroussaillé, entre autres, par le zoologiste Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, et le géologue écossais Charles Lyell. C’est d’ailleurs lesté du premier volume des Principles of Geology, de Lyell, que le jeune Darwin quitte Plymouth fin 1831 pour effectuer un tour du monde à bord du navire Beagle. Un très long voyage d’exploration naturaliste au cours duquel Darwin pose le pied sur les îles Galapagos où s’ébattent des tortues terrestres, des iguanes, des otaries, des pinsons…
 

L’idée novatrice
de Darwin, plus
que la sélection
naturelle, c’est la
descendance avec
modification, le
fait que les espèces
ont une histoire et
sont apparentées.


Ces oiseaux, tout en présentant entre eux de frappantes ressemblances morphologiques, se distinguent par divers détails comme la forme et la taille de leur bec. Darwin comprend que l’isolement de ces volatiles sur des îles les a conduits, à partir d’une souche unique d’origine continentale, à présenter des variations liées probablement à des différences de mode de vie et d’habitudes alimentaires. Plus de vingt ans de labeur vont s’ensuivre avant que ne paraisse De l’origine des espèces. Deux décennies au cours desquelles Darwin « écrit à des correspondants du monde entier, les questionne, leur demande des statistiques, se renseigne sur la systématique des espèces qu’il observe et en tient compte pour ses interprétations. Comme s’il concevait déjà que le principe selon lequel les espèces dérivent d’ancêtres communs devait être utilisé pour étudier l’acquisition des adaptations, comme on le fait aujourd’hui », dit Michel Veuille, de l’Institut de Systématique, évolution, biodiversité.

Pinsons de Darwin Lors de son escale aux Galapagos, Darwin s’attache à l’étude d’un groupe de moineaux qui deviendront célèbres sous le nom de «pinsons de Darwin».
 Paul D. STEWART/SCIENCE PHOTO LIBRARY/CORBIS
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Alors que de nombreux exégètes de Darwin font de 1859 le temps zéro d’un événement scientifique hissant la biologie au rang de science historique, l’épistémologue André Pichot, du Laboratoire de philosophie et d’histoire des sciences-Archives Henri Poincaré3, minimise l’importance de Darwin dans l’histoire des sciences. Selon lui, « le darwinisme de 1859 ne consiste guère qu’en la sélection naturelle. Or celle-ci n’était plus vraiment une nouveauté au milieu du XIXe siècle. On trouve par exemple ce concept en 1813 chez William Charles Wells puis, en 1831, chez Patrick Matthew, qui accusera Darwin de plagiat. On sait aussi qu’Alfred Russel Wallace en avait conçu une version comparable à celle de Darwin en même temps que celui-ci. Sans oublier le pasteur, géologue et politologue Joseph Townsend, dont Darwin a quasiment recopié les thèses en ce domaine ». En fait, poursuit André Pichot, l’idée de sélection était déjà plus ou moins dans l’air du temps. Et, si elle a fait le succès de Darwin, c’est que le moment était propice. « La seconde moitié du XIXe siècle a vu le triomphe du libéralisme économique 4, et Darwin a apporté à celui-ci un argument de poids en lui donnant un fondement naturel. »

Une interprétation qui fait bondir les aficionados du grand Charles. « L’idée novatrice de Darwin, plus que la sélection naturelle, c’est la descendance avec modification, le fait que les espèces ont une histoire et sont apparentées, intervient Hervé Le Guyader. La désormais célèbre réunion organisée en juin 1860 à Oxford par l’évêque Samuel Wilberforce porte d’ailleurs sur ce point. Wilberforce, apostrophant le darwinien Thomas Huxley, lui demande si c’est “par son grand-père ou par sa grand-mère qu’(il) descend du singe” et s’attire cette réponse non moins célèbre : mieux vaut un singe qu’un imbécile… »

Tortues des îles Galapagos En septembre 1835, Darwin a l’occasion d'observer des tortues géantes de terre et de mer dans l’archipel volcanique des Galapagos, au niveau de l’équateur.
 Wood engraving 1894/UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE/UIG/BRIDGEMAN IMAGES
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La génétique en renfort

Si la théorie de Darwin bouleverse la vision chrétienne traditionnelle du monde, elle souffre d’un lourd handicap : les causes et les lois de l’hérédité, ainsi que la véritable nature de son support matériel, sont encore inconnues. Tout en soutenant que la sélection naturelle est le mécanisme principal de l’évolution, il pense aussi que les caractères acquis au cours de l’existence peuvent se transmettre à la descendance. Pourtant, les contre-exemples sont faciles à trouver : ainsi, un mari devenu cul-de-jatte donne à sa femme des enfants dotés de deux jambes…

« La théorie darwinienne de la sélection naturelle connaît une “éclipse” à partir de la mort de Darwin en 1882, intervient Michel Veuille. Après la redécouverte des lois de Mendel sur la transmission héréditaire 5 en 1900, une science nouvelle, la “génétique des populations”, va retrouver toute l’importance de la notion de “sélection naturelle”. Les modèles mathématiques 6 proposés par Fisher, Haldane et Wright reçoivent la reconnaissance de la communauté scientifique en 1932. Ensuite seulement, des expérimentateurs feront de la génétique des populations naturelles une discipline “de terrain” ».

Les années 1940 à 1970, quant à elles, vont assister au mariage de la génétique des populations avec la zoologie, la botanique et la paléontologie, qui se regardaient jusqu’ici en chiens de faïence, et à la naissance de la « théorie synthétique de l’évolution ». Ses promoteurs, explique Guillaume Lecointre, « cherchent à décortiquer les mécanismes engendrant la biodiversité en partant des mécanismes décrits par la génétique des populations et en intégrant les savoirs des naturalistes sur les variations naturelles géographiques au sein des espèces et sur la spéciation».

La postérité

Autre aménagement apporté à la théorie de l’évolution : le modèle dit neutraliste, du généticien japonais Motoo Kimura. « Selon ce chercheur, dit Michel Veuille, la plupart des changements observés entre le génome des diverses espèces ne s’expliquent pas par la sélection naturelle, dont il admet cependant l’existence, mais par le hasard, qui modifie insensiblement la fréquence des variations d’une génération à l’autre. » Aux cours des dernières décennies, de nombreux autres chercheurs ont apporté de l’eau au moulin de la théorie synthétique de l’évolution et l’ont affinée. À commencer par les paléontologues Stephen Jay Gould et Niles Eldredge. Leur nouveau modèle, l’« évolution à équilibres ponctués », montre que la transformation des espèces s’opère par à-coups entrecoupés de longues plages de stagnation, souvent en réponse à des changements dans l’environnement. Pendant la phase « explosive », une petite population de « marginaux » s’isole de sa population souche en occupant un nouvel environnement. Après avoir prospéré, elle étend son territoire et remplace (éventuellement…) la population souche de départ par compétition interspécifique, comme chez les trilobites (des arthropodes marins) de l’ère primaire. « Ainsi interprète-t-on pourquoi, dans une série sédimentaire continue, une espèce stable durant plusieurs millions d’années se trouve brusquement supplantée par une autre espèce qui lui est apparentée », commente Guillaume Lecointre.

Comparer le système nerveux des méduses à celui, plus complexe, d’autres animaux, aide à comprendre comment ce réseau est apparu au fur et à mesure de l’évolution.
 R. CHIORI

Certaines
structures qui
paraissent
handicapantes
sont liées à d’autres structures qui fournissent
des avantages
déterminants.


Associé, cette fois, à Richard Lewontin, Stephen Jay Gould corrige par la suite la vision trop « panglossienne »7 de la théorie synthétique. Gould et Lewontin font observer que « des variants désavantagés continuent d’apparaître en permanence et amènent les évolutionnistes à relativiser leur impression d’ “une nature bien faite”, précise Guillaume Lecointre. Par ailleurs, ils mettent en évidence que certaines structures qui paraissent handicapantes (tel l’accouchement par le clitoris chez les hyènes tachetées, qui provoque le décès d’une partie des nouveau-nés) sont en fait liées biologiquement à d’autres structures qui fournissent des avantages déterminants (comme l’agressivité des femelles), d’où leur maintien ».
 

Autre étape clé dans la sophistication continue de la théorie synthétique : la méthode mise au point dans les années 1950 par l’entomologiste allemand Willi Hennig pour reconstituer l’histoire évolutive des espèces, c’est-à-dire identifier leurs degrés de parenté et construire l’arbre de la vie, et ses applications informatisées dès les années 1970. Ce remaniement complet de la systématique (la science des classifications des organismes), couplée plus tard avec le séquençage massif des génomes, va permettre de « mettre sur le même “arbre du vivant” tout à la fois des champignons, des bactéries, des animaux… alors que, jusqu’ici, on ne pouvait classer entre eux que des vertébrés ou des végétaux », dit Hervé Le Guyader.

Les apports de l’embryologie

Dernier coup de booster en date donné à la théorie de l’évolution : l’essor de l’« évo-dévo », une discipline centrée sur l’identification des gènes à la base du développement embryonnaire, l’étude de leur répartition au sein du monde animal et leur comparaison. De quoi mieux interpréter, en particulier, les homologies d’organes entre grands groupes d’animaux. « Darwin aurait été séduit par la rencontre de l’embryologie, à laquelle il s’est beaucoup intéressé, avec la génétique par le biais de l’évo-dévo qui plonge le développement, et ses gènes associés, dans un cadre évolutif », fait remarquer Hervé Le Guyader.

Autant d’axes de recherche qui montrent que les idées pionnières du naturaliste anglais se sont énormément enrichies au cours du XXe siècle. « Les spécialistes de l’évolution ont aujourd’hui à leur disposition une grande palette de modèles et de mécanismes avec lesquels jouer pour rendre compte des phénomènes évolutifs, résume Michel Morange, professeur de biologie à l’UPMC et à l’ENS, directeur du Centre Cavaillès8. Leur travail ne consiste pas à tenter de falsifier la théorie darwinienne », mais à mettre à l’épreuve tel ou tel modèle de la galaxie darwinienne.

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Le créationnisme, une dangereuse croisade contre Darwin
« Je ne suis pas que le chevalier blanc qui pourfend le créationnisme, bien qu’il faille traiter ce sujet », vous répond Pascal Picq, paléoanthropologue Collège de France, un brin agacé d’avoir à commenter une nouvelle fois les méfaits de la croisade que mènent aux États-Unis les milieux fondamentalistes protestants contre la théorie de l’évolution. « Ces Églises, qui professent que l’Univers et la Terre ont été créés par un dieu il y a environ 6 000 ans, ne cessent de gagner du terrain et visent à rien de moins qu’à installer une théocratie, dit-il en retrouvant tout son punch. L’Europe n’est pas à l’abri. Le regain de créationnisme auquel on assiste aujourd’hui ne constitue ni plus ni moins qu’une menace pour la laïcité et la démocratie. » Autre courant de pensée qui a le don d’ulcérer les évolutionnistes : le « dessein intelligent », un « néocréationnisme » qui se présente comme une science et affirme que certains faits de l’évolution (par exemple la formation de dispositifs structuraux et fonctionnels complexes comme l’oeil) seraient à jamais inexplicables par la science, et qu’il faut donc rechercher des causes non naturelles à leur survenue. « Le dessein intelligent invoque l’existence d’une “intelligence supérieure” pour expliquer la fabuleuse diversité du vivant », dit Pascal Picq. Comment repousser les assauts du créationnisme et du dessein intelligent ? En réhabilitant en priorité les concepts fondateurs de la théorie de l’évolution dans les programmes scolaires.

Notes
1. Unité CNRS/UPMC/Inserm.
2. Unité CNRS/MNHN/EPHE/UPMC.
3. Unité CNRS/Univ. de Lorraine.
4. Le libéralisme économique qui s’impose au XIXe siècle dans l’Angleterre victorienne accrédite l’idée que la libre concurrence (la compétition entre entreprises) et la liberté du travail et des échanges ne doivent pas être entravées.
5. Formulées par Johann Mendel, en religion Gregor Mendel (1822-1884), ces lois stipulent que les gènes (dont Mendel ignorait l’existence) provenant de chacun des deux parents contribuent pour part égale dans la descendance.
6. Ces modèles démontrent que des gènes dotés de petits avantages sélectifs peuvent atteindre une fréquence de 100 % dans la population.
7. Pangloss, dans Candide, de Voltaire, personnifie l’optimisme.
8. Unité CNRS/ENS.

 

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LA STATUE DE LA LIBERTÉ

 

Histoire de la statue de la Liberté


 La statue de la Liberté est relativement récente, en regard des autres monuments historiques du Monde. Aussi son histoire n'est-elle pas à la hauteur de la Cité Interdite à Pékin, par exemple, ou de la ville de Pompéi, en Italie.

Ce site présente aussi une chronologie simplifiée des événements ayant été subit par la statue de la Liberté, de sa genèse à nos jours. (Chronologie simplifiée)


1865 : Origine du projet
L'aventure de la statue de la liberté commence le 21 avril 1865, en France, plus exactement à Glatigny, une commune située dans le département de la Moselle à douze kilomètres au nord-est de Metz. Ce jour-ci eut lieu une réunion de républicains, amoureux des Etats-Unis, souhaitant célébrer l'abolition de l'esclavage dans ce pays. L'histoire leur fit célébrer, hélas, la mémoire du président américain Lincoln qui venait tout juste de se faire assassiner, six jours auparavant. Lors de ce diner l'organisateur de la réunion, le politicien Édouard de Laboulaye, professeur au Collège de France, fit un discours d'une rare verve qui subjugua l'assistance, discours durant lequel il proposa l'idée de la construction d'une statue gigantesque à offrir aux Américains pour sceller l'amitié entre les deux pays. Dans l'assistance se trouvait le sculpteur alsacien Auguste Bartholdi, ami de Laboulaye, et qui travaillait déjà à une telle statue destinée à orner l'entrée du canal de Suez. Elle avait pour but de magnifier le génie Français. On proposa alors à Bartholdi de changer la destination de sa statue, ce qu'il accepta. Il faut dire que l'idée de concurrencer l'antique phare d'Alexandrie par une merveille des temps modernes était plutôt tentante.

Ainsi fut lancée l'idée folle de construire une statue gigantesque à offrir aux Etats-Unis pour les 100 ans de leur indépendance.

La portée de ce choix était bien plus grande que ce que l'on pouvait pressentir à l'époque. En effet, la France est en train de perdre son régime monarchique auprès d'une deuxième république bien faible, que la guerre prussienne précipite. Isolé politiquement, le pays se cherche un avenir et se tourne naturellement vers une nouvelle nation, jeune. Face à la France, les Etats-Unis sortent d'une guerre civile de cinq ans, connue sous le nom de guerre de sécession (1861-1865). Le pays est à réunifier, et toutes les idées sont les bienvenues. Le projet de cette statue est alors une chance pour les deux pays, qui vont se dépasser pour parvenir à la créer. Dans chaque pays les besoins financiers sont importants, et seule une union des forces vives permit d'assurer ce financement, aussi bien en France qu'aux Etats-Unis.

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1871 : Choix du site d'implantation
Dès que la France proposa la construction de cette gigantesque statue il fut décidé qu'elle serait implantée à New-York. Bartholdi, mandaté par les financiers français, fit plusieurs voyages aux Etats-Unis pour faire des repérages et avait trouvé Bedloe's Island dès son premier déplacement, en 1871. Installée ici, la statue de la Liberté pourrait faire face à l'Europe et elle pourrait accueillir les migrants. Toutefois la décision du site ne lui incombait pas et c'est le congrès américains qui choisit cette île, via son représentant Sherman.

Bedloe's Island était équipée d'un fort destiné à la garde du port, le Fort Wood. Du nom du Lieutenant-Colonel Eleazer Derby Wood, combattant durant la guerre anglo-américaine de 1812, il fut construit entre 1806 et 1811. Il s'agissait d'un bastion d'artillerie, en étoile à 11 branches, construit en granit. Une fois décidé d'y installer la statue, le fort n'ayant plus de raisons d'exister fut détruit, mais les fondations et les pierres servirent de base au socle, ce qui explique pourquoi de nos jours le socle de la statue a 11 branches. Ce qui, soit dit en passant, est une architecture directement inspiré des "forts Vauban", ces fortifications françaises du XVIIe siècle dont on trouve de nombreux exemples dans le monde. (par exemple, au Fort Libéria, dans les Pyrénées-Orientales, France)

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1871-1876 : Le Financement
Le financement de la statue de la Liberté a été difficile à assurer, surtout que ce n'est pas un mais deux financements qu'il fallait faire : Une en France, l'autre aux Etats-Unis.

En France, ce sont les dons qui ont lancé ce projet. Une collecte de fonds gigantesque a été lancée en 1875 et s'est poursuivie jusqu'en 1880, la facture initiale ayant été multiplié par 2 et demi. Des milliers de particuliers se sont joints à de nombreuses entreprises et des administrations françaises, soucieuses de l'image de leur pays vis à vis des étrangers. Le financement total s'est monté à 1 000 000 de francs de l'époque, une somme très importante bien sûr. Pour aider à son financement on fit montrer à Paris, pour l'exposition universelle de 1878, la tête de la statue, au champ de Mars.

L'image a fait le tour du Monde... et rapporta une somme suffisamment importante pour poursuivre les travaux. Il faut dire qu'elle était visitable pour 5 centimes, mais il fallait prendre un escalier haut de 43m pour parvenir à l'intérieur de la tête.

Côté américain l'exposition du centenaire de 1876 fut une aubaine pour le financement : Arrivant à cours de moyen, peu d'éléments avaient déjà été fabriqués, mais le bras tenant la torche fut exposée, prouvant que le travail avançait. Au cours de l'exposition les américains achetèrent de nombreuses photographies ou objets "marketing" (à une époque où l'on n'utilisait pas encore ce mot), ce qui permit de poursuivre l'œuvre. Le bras tenant la torche resta à Philadelphie 5 ans, avant de revenir en France pour être ajusté sur le reste de la statue. Pendant l'exposition, on organisa de nombreux évènements comme des loteries. Le compositeur Offenbach fut invité à célébrer la future statue, il en fit un récit dans son ouvrage "Notes d'un musicien en voyage".

Le bras ainsi exposé eu un très grand succès. Les estimations amènent à un total de 10 millions de visiteurs, ce qui est tout simplement phénoménal : Ça représente 20% de la population des Etats-Unis !

Quant au piédestal, il était à la charge des américains mais coûtait tout aussi cher que la statue elle-même (125 000 dollars pour le prix initial). Là aussi il fut financé par de nombreux particuliers et quelques entreprises, ainsi que par des évènements festifs ou sportifs (matchs de boxe notamment) Une bras de fer fut engagé entre Bartholdi, venu en Amérique pour défendre son projet, et les riches entrepreneurs prêts à mettre la main à la poche à une condition : Que le nom de leurs entreprises figure sur le socle. Ce qui fut refusé, d'où la nécessité d'avoir à financer le socle par d'autres moyens, dont les évènements sportifs. Finalement c'est Joseph Pulitzer, fondateur du journal "New-York World", qui finit par convaincre les classes moyennes de participer au financement de la statue grâce à une campagne d'informations particulièrement visibles. Il faut dire que l'heure était grave : En panne de financement le chantier du socle était arrêté en plein milieu et rien ne semblait indiquer qu'il allait reprendre un jour. Or, pendant ce temps, les français faisaient progresser la statue qui allait bien avoir besoin d'un site d'implantation. D'où la prise en main de Joseph Pulitzer, qui déclencha dans les médias une campagne de financement à la hauteur du projet, responsabilisant les classes moyennes.

Le projet
Restait à définir des points plus pratiques. A commencer par la statue elle-même, à savoir comment serait-elle construite. Auguste Bartholdi décida qu'elle serait en cuivre, fabriquée sous le mécanisme de "repoussé". Des plaques de cuivre de 2m par 3 seront travaillées en force jusqu'à ce qu'elles prennent la forme voulue par l'architecte. L'assemblage se ferait petit à petit, élément par élément, puis l'ensemble serait monté en intégralité, avant d'être démonté puis remonté sur place. La structure interne serait en dur sous la forme d'un pilier central maçonné rempli de sable. La puissance des flots seraient ainsi sans conséquence pour cette statue, qui avait pour vocation a être installé près de l'Océan. Toutefois cette solution sera abandonnée rapidement pour faire place à une structure en fer forgée, plus souple, qui oscillera avec les vents.

Pendant ce temps les américains monteraient le piédestal selon leur bon vouloir, en respectant toutefois les plans de l'ingénieur chargé de la structure interne, pour que la statue s'assemble parfaitement. Les ingénieurs des deux pays se rendraient régulièrement chez leurs confrères et communiqueraient en permanence. Le site serait à l'initiative des américains sur proposition de Bartholdi. Enfin, l'inauguration aurait lieu 100 ans après la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, jour pour jour. Hélas, si le projet s'est déroulé à peu près correctement, cette dernière condition fut loin d'être atteinte, puisque la statue fut inaugurée... avec 10 ans de retard !


1876-1886 : La construction
La statue proprement dite est une construction 100% française alors que le socle, magistral lui aussi, est 100% américain. Ainsi partagée, la tâche a été plus facile à gérer. Dans le projet initial, qui d'ailleurs fut suivi à la lettre, les français étaient responsables de la construction, du transport et du montage sur place.


1876-1884 : Construction de la statue
Le schéma général de la statue est assez simple. Elle se compose d'une structure interne en fer forgée recouverte de plaques de cuivre repoussées. Ces plaques sont martelées sur un gabarit en bois solide jusqu'à obtenir la forme voulue. Au total la statue pèse 254 tonnes et se compose de 300 plaques, dont les 64 premières furent données par un industriel, permettant au chantier de débuter. Ces plaques furent "repoussées" aux ateliers "Gaget, Gauthier et compagnie". (d'où le mot "Gadget", popularisé plus tard par les Américains qui associèrent le nom des ateliers aux petits objets publicitaires à acheter pour financer partiellement le projet) Ces ateliers avaient été racheté à l'entreprise "Monduit et Béchet", ce qui explique que ces deux noms apparaissent dans bon nombre de documents, en particulier sur les photos reproduites ci-dessous. Gaget, c'était un architecte et Gauthier, un ingénieur, qui avait pour spécialité la plomberie, la couverture, les travaux d'arts et la distribution d'eau dans les zones urbaines. C'était les plus grands fabricants parisiens dans leurs spécialités : On leurs devaient déjà les couvertures des dômes de l'Opéra de Paris, les conduites d'eau de Paris, le Campanile de l'hôtel des Invalides, etc.

La technique de construction était assez simple, quoi que longue à mettre en œuvre. Tout d'abord les ouvriers construisaient une armature en bois, à base de tasseaux, prenant la forme voulue. Ensuite elle était recouverte de plâtre pour faire un moulage en taille réelle de la pièce à reproduire. Une fois fait, ce plâtre servait d'image en négatif pour la construction d'un gabarit en bois, solide, lui. Les plaques de cuivres étaient "repoussées", c'est à dire martelées en force sur les gabarits, à froid, sur des établis spécialement conçus pour ça, jusqu'à ce que la forme de la plaque épouse celle du gabarit. La pièce terminée passait alors à d'autres ouvriers qui avaient pour charge de polir les plaques, puis de les ajuster pour former un seul et même élément de la statue. Les éléments étaient assemblés à l'aide d'écrous invisibles de l'extérieur pour le montage initial, à Paris, puis elles étaient rivetées pour le montage définitif, à New-York.

Bartholdi dû faire face à de nombreux retards dans son chantier. En mars 1876 un accident brisa le moulage en plâtre de la main. L'année précédente il manqua cruellement de main d'œuvre qualifiée, mais pour donner le change aux Américains il fit envoyer un premier élément à présenter au public, ce fut le bras tenant la torche, et ça durant l'exposition du centenaire (1876). En juin 1878, la tête de la statue fut montrée aux jardins du Champ de Mars de Paris, pour l'exposition universelle, rassurant la population à son sujet.

Les photos ci-dessous montrent les ateliers avec les différentes pièces en cours d'assemblage. Le travail dans les ateliers n'était pas aussi pénible que ça pouvait être dans d'autres ateliers. La main d'œuvre qualifiée était rare, c'est la raison pour laquelle Bartholdi prenait soin de ses employés. D'ailleurs le projet fut partiellement ralenti à cause d'un manque de personnel, justement, pendant un certain temps. Il faut savoir que les ateliers Gaget et Gauthier employaient de 300 à 350 personnes, ce qui en faisaient un grand atelier de la région parisienne.

La plupart des photographies reproduites ci-dessous ont été prises par Albert Fernique.

La structure interne
La structure a été faite dans les ateliers Gustave Eiffel, à Levallois Perret, et dans le XVIIe arrondissement de Paris, là où se montaient les pièces de cuivre. Pendant que les ateliers Gaget, Gauthier et compagnie construisaient les éléments les uns après les autres, la structure interne était sensée commencer mais il faut savoir qu'initialement sa construction avait été confié à Violet-le-Duc, qui prévoyait un élément de maçonnerie solide autour duquel devait se greffer les plaques de cuivre. Violet-le-Duc étant tombé malade, il ne put assurer ce travail qui fut confié à Gustave Eiffel.

Celui-ci abandonna l'idée de la maçonnerie et choisit le fer forgé dont il s'était fait une spécialité. Ce choix n'était pas idiot dans la mesure où il a permis à la statue de bouger un peu, en fonction du vent. Elle a donc une certaine souplesse qui lui a donné l'élasticité nécessaire pour pouvoir traverser le temps. Par ailleurs la construction dû aussi faire face à un problème inattendu. Bartholdi jugea en effet que la tête et le bras étaient trop près l'un de l'autre. Pour pallier à cet inconvénient il fit décaler le bras de 46cm à droite et en avant et la tête de 61cm sur la gauche, mais sans en informer Eiffel. Ce dernier ne modifia donc pas sa structure et pendant 100 ans la statue eu une structure interne en arc-boutement par rapport à son enveloppe.

L'ensemble de la structure interne utilisait seulement 120 tonnes de fer forgé, mais la bagatelle de 300 000 rivets !


1882-1885 : L'assemblage à Paris
Chaque morceau de la statue fut stockée dans la cour des ateliers Gaget et Gauthier en attendant d'être assemblé. Les deux premiers morceaux étaient la torche et la tête, deux éléments essentiels qui ont pu montrer au public l'avancée des travaux de façon claire. L'idée était de faire un montage complet de la statue avant de l'envoyer à New-York. Bien sûr, Bartholdi n'attendit pas que toutes les pièces soient terminées pour commencer l'assemblage, il fallait juste que la charpente soit prête, au moins jusqu'à une certaine hauteur, pour commencer le travail.

Ce fut fait à partir de 1882, la statue étant complètement terminée en 1884. Cette année-là Bartholdi informa son correspondant américain qu'il avait terminé le travail et souhaitait conserver la statue à Paris jusqu'au 4 juillet 1884, ce qui permit à bon nombre de personnes de venir voir le monument. Il y eu une cérémonie pour officialiser le don de la France aux Etats-Unis ce 4 juillet 1884. Le paysage parisien fut, pendant quelques années, dominé par cette imposante structure métallique de 46 mètres de haut qui écrasait de sa taille le parc Monceau tout proche. En 1884 le tout-Paris s'était pris d'intérêt pour la statue. Il faut bien imaginer que sans la tour Eiffel, qui ne sera construite que quelques années plus tard, ni les tours modernes de l'actuel Paris, la statue de la Liberté était le bâtiment le plus haut de la capitale. Les parisiens venaient en nombre la voir et pouvait la visiter, montant jusqu'à la tête voire jusqu'à la torche. La statue reçu aussi la visite de personnalités dont Victor Hugo, dont ce fut la dernière sortie, auquel le sculpteur offrit un morceau de son oeuvre. Une fois la visite terminée il eut ces mots : "La mer, cette grande agitée, constate l'Union des deux grandes terres apaisées. Ce gage de paix, entre l'Amérique et la France, demeure permanent". En mars 1884 Jules Grévy, président de la république, officialisa cette statue en l'honorant de sa présence. En même temps que les officiels ou d'autres personnages importants c'est le peuple de Paris qui se pressait à présent dans les quartiers Nord de la capitale. Tous voulaient voir cette statue, don de la France aux Etats-Unis, et plus le temps passait, plus il y avait de voix pour demander à ce qu'elle reste à Paris. Mais la promesse devait être tenu et Paris perdit son colosse, mais ne perdit pas tout : En reconnaissance, la communauté américaine de Paris offrit une réplique de la statue de la Liberté, qui fut installé sur l'île aux Cygnes. Initialement tourné vers les lieux de pouvoir on changea son orientation dans les années 30 pour qu'elle fasse face à la grande sœur, en même temps qu'on l'a juchée sur un piédestal démesuré qui lui permet de sortir des bâtiments alentours. En 1885 ce fut le moment du démontage. Le socle américain était terminé et il fallait songer à livrer la statue. Commença alors le démontage, qui fut fait relativement rapidement. Il fallut tout d'abord remonter les échafaudages pour former une nouvelle cage d'acier, ce qui permettaient aux ouvriers de retirer les vis temporairement mises à la place des rivets définitifs prévus pour le montage à New-York. Une fois ceci fait, les différentes pièces du gigantesque puzzle furent mises en caisse et fermées.

1883-1886 : Construction du socle
Pose de la première pierre

Pendant ce temps aux USA le procureur général William Evarts fut nommé pour réaliser le piédestal. Mais la levée de fond fut faible et il dû mettre en œuvre la presse pour se faire aider (voir "Financement"). En 1884 le financement fut bouclé et l'ingénieur Charles Pomeroy Stone fut nommé responsable de la partie technique, sous les ordres de l'architecte Morris Hunt. Morris Hunt était un libéral membre de l'association franco-américaine, l'Union League Club, qui avait lancé l'idée de la statue. Il était l'architecte des grandes maisons des familles riches de la côte Est et avait réalisé un certain nombre de grand travaux publics. Célèbre architecte de l'époque, Hunt proposa un plan grandiloquent qui sera exécuté en tout point. La construction eut lieu entre le 9 octobre 1983 et le 22 août 1886, bien que la première pierre symbolique ait été posée officiellement en août 1884.

Ces pierres ont été extraites de la carrière Beattie, dans le Connecticut. C'est une pierre d'une belle granularité, qui a été utilisé précédemment pour les piles du pont de Brooklyn. La raison du choix est que cette pierre est particulièrement résistante à l'air marin, ce qui n'est pas le cas de toutes les pierres qui se seraient rapidement effritées.

Techniquement le socle s'enfonce dans des fondations à 16 mètres de profondeur et se compose d'une succession variée de styles architecturaux. La partie haute est un balcon. L'un des intérêts est qu'il contient deux rangées de poutres métalliques qui se greffent sur la structure interne de Gustave Eiffel, permettant à la statue de ne faire qu'un avec son socle. On imagine la précision de la description technique pour pouvoir coordonner les deux structures...

Structure de la statue

Plan de la structure interne sur son piédestal. C'est un plan tardif puisque la mise en place de la statue sur le socle était l'un des derniers défis à relever pour les ingénieurs qui travaillaient à des milliers de kilomètres de distance.

Gravure de la construction du piédestal, repris du 29e volume du "Harper's Weekly". Ce socle a nécessité un grand travail de force et utilisé beaucoup d'ouvriers qui devaient venir régulièrement sur l'île. Un petit village s'était monté à l'Est, comme le représente cette gravure.


Construction du piédestal

Le socle en cours de construction. On distingue les armatures en bois servant à acheminer les pierres au sommet. Les ouvriers et personnalités présentes prennent la pose comme personne ne le fait plus de nos jours.

1886 : Transport à New-York
La statue fut créée partie par partie, d'abord le bras et la torche, puis la tête, enfin le corps. Entre 1881 et 1884 elle fut assemblée en plein Paris, rue de Chazelles, dans les anciens ateliers "Monduit et Béchet" devenus "Gaget, Gauthier et compagnie". Lorsque ce fut terminé il y eu une cérémonie pour officialiser le don de la France aux Etats-Unis, le 4 juillet 1884 (jour de l'indépendance des Etats-Unis). Ce n'est que 8 mois plus tard, en février 1885 qu'on commença à la démonter en 350 pièces qui prirent place dans 210 caisses. Le 30 avril 1886 chaque pièce fut acheminé au port du Havre, en utilisant le train de la gare St Lazare jusqu'à Rouen puis le bateau le long de la Seine jusqu'au port, et on chargea le tout à bord de l'Isère, d'une frégate française dont le commandement était assuré par le comte de Saune.

L'Isère est une frégate, c'est un bâtiment de transport militaire dirigé par 5 officiers et 60 marins, fonctionnant à la fois à la voile et à la vapeur. Avec sa chaudière de 550cv, elle pouvait atteindre la vitesse de 8 nœuds par temps calme. A son bord prirent place Frédéric Bartholdi, accompagné de son épouse, et des messieurs Gadget et Gauthier. L'Isère leva l'ancre le 21 mai 1885 pour son voyage à travers l'Atlantique, avec le soutien du croiseur amiral "Le Flore", le vaisseau de commandement de la division navale Atlantique Nord. Entre les 27 et 29 mai elle rencontra une forte houle et dû rejoindre Horta, aux Açores, pour se mettre à l'abri. Le 5 juin l'Isère reprit sa route en direction du port de Sundy Hook puis elle s'arrêta à Gravesend près du pont de Varrazano. Elle parvient finalement à New-York le 17 juin 1886, où une grande foule l'acclama. L'arrivée dans le port fut marquante car de plus en plus de navires s'étaient joints au convoi, à son approche. Finalement c'est un ensemble de 90 bateaux, toutes tailles confondues, qui entrèrent au port de New-York sous une salve d'artillerie destinée à souhaiter une bonne arrivée à l'Isère. Le débarquement de la statue se déroula avec beaucoup d’enthousiasme de la part des Américains en présence du Contre-Amiral Lacombe, commandant le "Flore". Une fois la statue déchargée, l'Isère rejoignit son port d'attache, Brest, le 3 juillet 1885.


1886 : Montage de la statue
Les pièces de la statue sur Liberty Island


Mais ce n'est pas parce qu'elle a été livrée que la statue fut immédiatement montée. Il fallut attendre le printemps de l'année suivante, 1886, que la dernière pierre du socle soit posée. Ce n'est qu'à partir de là, le retard américain étant comblé, que les ouvriers s'attaquèrent à son édification, ce qui fut fait en 4 mois.

Les ouvriers eurent pas mal de difficultés à la remonter, car ils ne pouvaient pas utiliser les mêmes techniques qu'à Paris. En effet, à Paris, ils avaient de la place autour d'eux, ils purent monter un échafaudage gigantesque, qui était surélevé de semaine en semaine au fils de l'érection du monument. A New-York, c'était impossible, le socle étant trop étroit pour ça. Les ouvriers se transformèrent donc en équilibristes et ils montèrent les pièces de cet immense puzzle une à une, juchée à califourchon sur la structure métallique d'Eiffel, un peu comme ils auront l'habitude de faire plus tard pour les gratte-ciels. Les dangers étaient nombreux et les accidents fréquents, surtout lorsque la statue commençait à l'élever. Les pièces de cuivre étaient lourdes, elles étaient tractées à la force humaine par des jeux de poulies jusqu'à leur emplacement approximatif, où les ouvriers les ajustaient les unes aux autres. A ce moment l'île Bedloe ressemblait à un puzzle avant montage : Les différentes pièces avaient toutes été retirées de leurs caisses et reposaient sur le sol, éparpillées. Les techniciens les assemblant dans l'ordre requis par les Français, les pièces étaient rangées par ordre, mais pas spécialement alignés, d'où l'impression de fouillis qu'il pouvait y avoir cette période-là sur l'île.


1886 : L'inauguration
Le 28 octobre 1886, par le président des Etats-Unis Grover Cleveland. La France était représentée par Frédéric Desmons, vice-président du Sénat. Cette inauguration fut contestée parce que sur les 600 invités à la cérémonie, il n'y avait aucun noir. Pour une statue censée représenter la liberté, et donc la fin de l'esclavage, c'était difficile à admettre de la part de la communauté noire de New-York. D'ailleurs ce point de vue fut généralisé dans la communauté noire. En point d'orgue, le journal Cleveland gazette, dirigé par un afro-américain qui écrivit ceci :

 Poussons la statue de Bartholdi, la torche et le reste, dans l'océan jusqu'à ce que la "liberté" dans ce pays soit telle qu'elle permette à un homme de couleur, industrieux et inoffensif, vivant dans le Sud, de gagner correctement sa vie et celle de sa famille, sans être ku-kuxisé [...], peut-être assassiné, sa femme et sa fille outragées, et sa propriété détruite. L'idée de la "liberté" de ce pays "illuminant le monde", ou même la Patagonie, est tout à fait ridicule.
Ce billet n'apparut dans la gazette qu'un mois après son inauguration. Autre sujet de mécontentement le jour de l'inauguration : Il n'y avait aucune femme. Là aussi les femmes de l'époque se sentirent à juste titre laissées pour compte.

Il faut noter que cette statue célébrait le centenaire de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, mais qu'elle fut inaugurée 10 ans trop tard. (1776 : Déclaration d'indépendance -1886 : Inauguration de la statue de la Liberté) Par ailleurs Edouard de Laboulaye n'a pas participé à la cérémonie, étant décédé trois ans avant, en 1883. Pour rappel, c'est lui qui avait fait le discours enflammé qui fit naître l'idée de la construction de cette statue, en 1865. Auguste Bartholdi, lui, était bien sûr présent. Il était arrivé à New-York quelques jours plus tôt. C'est lui qui, pendant le discours des officiels, était monté sur le balcon de la torche pour faire tomber le voile recouvrant le visage de la statue, afin d'officialiser l'inauguration.


1880-1890, 1920-1930 : La statue, symbole anti-immigration
Les années 1880 et la décennie suivante furent marquées par une forte immigration venant essentiellement d'Europe, mais aussi d'Asie. Elle faisait suite à la demande en main d'œuvre des nouveaux grands industriels américains, l'époque de l'industrialisation étant apparue récemment. Les ouvriers américains n'étaient pas préparés au travail en usine, et d'un autre côté les Européens pauvres pensaient trouver aux Etats-Unis un Eldorado qu'on leur refusait sur place. Mais cette arrivée massive de pauvres sur les côtes américaines n'était pas au goût des américains de souche, qui s'insurgeaient contre ce qu'ils appelaient la lie de l'Europe. Les caricaturistes de l'époque prirent la statue de la Liberté comme symbole de rejet. Il faut dire qu'une loi de protection était en cours de vote pour établir des contrôles aux frontières. Il fallait donc créer des zones de rétention dans lesquelles les migrants devraient attendre l'acceptation des autorités avant de pénétrer sur le territoire des Etats-Unis. Cette loi, qui fut adoptée, provoqua à New-York la création du plus grand centre de contrôle de l'immigration du pays. Il devait initialement être sur Bedloe's Island, ce qui explique les caricatures où l'on voit la statue envahie par des hordes de pauvres. Certaines gravures présentent la statue démontée, en cours de vente pour le métal. La statue a donc été, pendant un temps, un symbole anti-immigration pour les Américains alors que les migrants, eux, y voyait un symbole d'espoir.
La nation s'est nourrie de ce paradoxe pour affronter la réalité du pays, et la situation se calma au milieu des années 1890. Après la première guerre mondiale une seconde vague d'immigration arriva aux Etats-Unis, et c'est tout naturellement que la statue rejoua son rôle de père Fouettard en redevenant un temps un symbole de la lutte anti-immigrée aux Etats-Unis. Il faudra attendre les années 30 pour qu'à nouveau cette vague d'immigration s'arrête, ce qui calma les ardeurs nationalistes de certaines personnes influentes aux Etats-Unis. La statue de la Liberté redevint un symbole de Liberté à ce moment, ce qui fut multiplié par la montée du nazisme en Europe. Face à cette idéologie montante en Allemagne les républicains de tout pays virent dans la statue un symbole du refus du nazisme, symbole d'autant plus grand que les Etats-Unis engrangeaient des nouveaux migrants tous les jours, ceux-là fuyant la montée de cette idéologie en Europe.


1916 : Dégâts de guerre
Pendant la guerre l'île fut interdite au public du 30 juillet 1916 au 9 août de la même année suite à son endommagement. En effet elle avait subi d'assez gros dégâts lors de l'explosion d'un dépôt de munitions à Jersey City par un réseau d'espionnage allemand. C'est d'ailleurs suite à cette déflagration monumentale que l'on a interdit la visite du bras et de la torche, devenue trop dangereuse.


1936 : La cérémonie du cinquantenaire
Erigée en 1886, c'est en 1936 que la statue de la Liberté fêta ses 50 ans. Cet anniversaire fut célébré dignement avec une grande cérémonie à laquelle participa un grand nombre de personnes et qui fut présidée par Theodore Roosevelt lui-même. Durant la journée il fit un discours mémorable durant lequel il insista sur le fait que la nation américaine s'était construite sur l'immigration et qui en constituait son cœur. Cependant il considérait cet état de fait comme terminé, pour lui la nation était constituée et n'avait pas besoin de nouveaux venus. C'est la raison de l'arrêt de l'immigration durant les années 30 dont il est question plus haut.

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Réparations et modifications
Les rénovations faites à la statue furent longs à venir, personne ne souhaitant financer les réparations nécessaires à une statue que les Américains eux-mêmes n'avaient pas voulus. La première modification importante vint assez rapidement. En 1916, soit 21 après son inauguration la torche initiale fut remplacée par un phare puissant, qui était visible à 39Kms de distance. Il y eu même un gardien du phare, pendant 5 ans, puis le phare fut mis hors service. Ce remplacement était nécessaire, car la torche initiale n'a guère fonctionné car la lumière qu'elle produisait était très faible, elle était atténuée par les plaques de cuivre, et tout ce qu'elle pouvait faire, s'était attirer continuellement une nuée d'oiseaux qui finalement dépareillait la statue. C'est la raison pour laquelle il fallut la remplacer rapidement.

Les premières réparations ont dû être faites pendant la première guerre mondiale, suite à l'explosion du dépôt de munitions de Jersey City le 30 juillet 1916. Une centaine de rivets avaient lâché, des plaques avaient bougé. Les vitres de la couronne s'étaient brisées, également. L'ensemble de ces réparations coûta 100 000 dollars, une somme importante pour l'époque.

Puis, en 1932, la statue subit un premier renforcement de sa structure interne. Elle reçut une bonne rénovation entre 1984 et 1986 pour la préparer aux festivités de son centenaire. A cette occasion on fit installer un ascenseur dans le socle, et surtout on remplaça la charpente en fer forgé par une structure en acier inoxydable, plus apte à supporter le climat marin inhérent à sa situation géographique. C'est d'ailleurs durant ces travaux que l'on remplaça la torche initiale par la copie actuellement visible. La torche initiale se trouve dans le musée de la statue, dans le hall. Il y a une autre information importante à connaître sur cette rénovation : C'est à ce moment que fut rectifiée la charpente interne d'Eiffel qui était décalée pour pouvoir éloigner la tête du bras, comme l'avait voulu Bartholdi.


1986 : La cérémonie du centenaire
Nancy Reagan rouvre la statue en 1986
Nancy Reagan rouvre la statue en 1986

C'est une énorme cérémonie qui a eu lieu à New-York durant le week-end du 4 juillet 1986. L'idée, pour les promoteurs du projet, était de rénover la statue et d'en profiter pour organiser une grande cérémonie où l'on mêlerait Liberté et Immigration, puisque la statue a toujours été associée à l'immigration américaine. Ce fut fait durant le "Liberty week-end", quatre jours durant lesquels il y eu de nombreuses initiatives à New-York. La population de la ville doubla, engendrant d'ailleurs d'énormes déceptions dues au trop grand nombre de personnes qui voulait se rendre sur place. Le point d'orgue de la cérémonie fut le déclenchement du nouvel éclairage de la statue qui eut lieu en même temps que le feu d'artifice impressionnant qui illumina toute la baie de New-York. Etait présent à la cérémonie les deux chefs d'Etat concernés, Ronald Reagan pour les Américains et François Mitterand pour les Français.

Cette cérémonie a eu de grandes répercutions sur sa popularité.

Histoire récente
Récemment la statue fut fermée près d'un an, en 2012, puis pouvoir faire des travaux de rénovation et de mise en sécurité, comme l'ajout d'un escalier de secours.

. Plus de détails sur les réparations de la statue de la Liberté

Il faut aussi signaler la fermeture de la statue pour cause de "Shutdown", en 2012. C'est sous la présidence O'Bama qu'il se produisit un phénomène rare dans les institutions américaines : Le blocage du budget au parlement américain, suite à des désaccords entre républicains et démocrates, a obligé le gouvernement à limiter les frais engagés au nom de l'Etat. Pendant une journée tous les services non essentiels à la survie de la Nation Américaine ont été fermés, la statue de la Liberté comprise.

 

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