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NAPOLÉON 1er

 

 

 

 

 

 

Napoléon Ier


Napoléon Ier eut aussi un formidable sens de l'État, qu'il employa à façonner les institutions juridiques et administratives de la France moderne. Admirée ou critiquée, l'épopée napoléonienne pour bâtir un empire reste un moment fort de l'Histoire.
Enfance et formation
Né en Corse, deuxième fils de l'avocat Charles Bonaparte et de Maria Letizia Ramilo, il fréquente le collège d'Autun puis l'école militaire de Brienne, enfin celle de Paris.
Le révolutionnaire
Séjournant souvent en Corse depuis la mort de son père en 1785, Napoléon Bonaparte participe dès les débuts de la Révolution aux luttes politiques de l'île. Jouant un rôle important dans la répression du soulèvement royaliste en 1795, il est nommé commandant de l'armée d'Italie. La même année, il épouse Joséphine de Beauharnais.
Le jeune général
Après la brillante campagne d'Italie, au cours de laquelle Bonaparte se révèle un grand stratège et un habile négociateur, il est envoyé en Égypte pour couper la route des Indes aux Anglais, mais, apprenant les difficultés intérieures et extérieures de la France, rentre à Paris, où il ourdit un complot contre le Directoire.
Du Consulat à l'Empire (1799-1804)
Premier consul puis consul à vie (1802), il opère la réconciliation nationale et poursuit l'œuvre de réorganisation et de centralisation de la France révolutionnaire (→ Institut de France, Banque de France, Légion d'honneur, Code civil). À l'extérieur, il contraint l'Autriche à la paix et conclut avec l'Angleterre la paix d'Amiens qui met fin à dix années de guerre en Europe. Proclamé « empereur des Français » le 18 mai 1804, Bonaparte est sacré le 2 décembre suivant par le pape Pie VII. Il prend le nom de Napoléon Ier.
Le conquérant (1804-1810)
Poursuivant sa politique de conquête, il entre en guerre avec les grandes puissances européennes ; ayant échoué contre l'Angleterre (Trafalgar, 1805), il démantèle les coalitions continentales (Austerlitz, 1805 ; Iéna, 1806 ; Friedland, 1807), s'allie avec la Russie et met en place le Blocus continental contre l'Angleterre. Si la guerre d'Espagne (1806-1814) s'avère une terrible épreuve, il signe avec l'Autriche la paix de Vienne (1809). Ayant répudié Joséphine qui ne pouvait lui donner d'enfant (1809), il épouse Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine dont il a un fils un an plus tard, l'Aiglon, dont il fait le roi de Rome (→ Napoléon II).
L'empereur déchu (1810-1815)
Face à l'attitude belliqueuse du tsar Alexandre Ier, Napoléon engage en 1812 la campagne de Russie qui s'achève par une retraite désastreuse (la Berezina). L'Empereur doit encore faire face à une coalition (Russie, Prusse, Autriche) qui se solde par la défaite de Leipzig (1813) puis par l'invasion de la France. Contraint d'abdiquer une première fois (6 avril 1814), Napoléon est relégué à l'île d'Elbe. Parvenu à s'échapper, il rentre en France (les Cent-Jours), mais il doit de nouveau faire face à la coalition : battu à Waterloo (18 juin 1815), il abdique une seconde fois.
Interné à Sainte-Hélène, il y meurt le 5 mai 1821. Ses cendres ont été ramenées en France en 1840 et déposées aux Invalides.
1. Le petit notable corse
Deuxième fils vivant de l'avocat Charles Bonaparte et de Maria Letizia Ramolino, Napoléon Bonaparte a sept frères et sœurs. Son père, petit notable corse rallié à la domination française, obtient des bourses du roi pour ses fils.
→ famille Bonaparte;
Napoléon étudie au collège d'Autun (1779), puis à l'école militaire de Brienne (1779-1784). Patriote corse, il se sent étranger en métropole pendant ces années d'études. Il se distingue en mathématiques et réussit le concours de l'École royale militaire de Paris en 1784. L'année suivante, il est promu lieutenant d'artillerie. Envoyé à Valence, alors que son père vient de mourir, Napoléon envoie de l'argent à sa mère pour élever ses frères et ses sœurs. Il se forme par la lecture de Rousseau et de Voltaire, de penseurs politiques comme Mably, Mirabeau, Necker, et surtout d'historiens et d'auteurs de traités militaires. Pendant sa vie de garnison, il étudie l'artillerie dans les écrits de Gribeauval, de Du Teil et de Guibert.
2. L'ascension d'un général révolutionnaire
Séjournant souvent en Corse, il participe dès les débuts de la Révolution aux luttes politiques de l'île. Jacobin déclaré dès juillet 1793, Napoléon Bonaparte joue un rôle décisif dans la reprise de Toulon aux royalistes, alliés aux Britanniques, mais il est emprisonné après la chute de Robespierre (1794).

Grâce à Barras, qu'il aide à réprimer le soulèvement royaliste du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), il est nommé par Lazare Carnot général en chef de l'armée d'Italie, quelques jours avant son mariage avec Joséphine, veuve du général-vicomte de Beauharnais. Très vite, Bonaparte s'impose aux vétérans des guerres révolutionnaires. À la tête de cette armée, qui, dans l'esprit du Directoire, doit opérer une simple diversion contre l'Autriche, Bonaparte fait basculer la situation et se lance dans la campagne d'Italie.


2.1. La campagne d'Italie (1796-1797)

Chargé de cet effort secondaire en Italie contre les Autrichiens au profit de l'armée d'Allemagne de Jourdan, Bonaparte bat séparément les Autrichiens (Montenotte, 12 avril 1796 ; Dego, 15 avril), les Piémontais (Millesimo, 13 avril ; Mondovi, 21 avril) et oblige les Sardes à l'armistice de Cherasco (28 avril), suivi, le 15 mai, de la paix de Paris (→ traités de Paris).

Il se tourne vers Milan (14 mai) et défait de nouveau les Autrichiens (Castiglione, 5 août ; Arcole, 17 novembre ; Rivoli, 14 janvier 1797). Il marche alors sur Vienne, franchit le col de Tarvis (25 mars) et contraint l'Autriche à signer l'armistice de Leoben (13 avril), prélude à la paix de Campoformio (18 octobre).
Pour en savoir plus, voir l'article campagne d'Italie.
Le général Bonaparte envoie en France une partie des sommes d'argent retirées de l'Italie. Il dépêche vers Paris son bras droit, le général Augereau. Grâce à lui, les menées royalistes seront déjouées le 18-Fructidor (4 septembre 1797). Mais le vainqueur prestigieux est un homme encombrant pour les Directeurs à la veille de nouvelles élections.
Par ailleurs, Il faut vaincre l'Angleterre, restée en lice ; on prévoit contre elle un débarquement, mais il est difficile à réaliser. Pour l'obliger à traiter, il faut s'emparer de la route qui mène vers les Indes, lieu de son principal commerce. Une expédition militaire contre l'Égypte est donc mise sur pied ; on enverra dans les sables du désert Bonaparte et ses hommes. Ce dernier accepte d'autant plus volontiers que l'avenir lui semble, pour l'heure, bouché en France.


2.2. La campagne d'Égypte (1798-1799)


Bonaparte embarque donc pour l'Égype en mai 1798 à la tête d'une armée de 40 000 hommes et accompagné par 150 ingénieurs et savants, lettrés et artistes, parmi lesquels Monge, Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire… Il prend Malte (10 juin 1798), s'empare d'Alexandrie (juillet) et bat les Mamelouks à la bataille des Pyramides (21 juillet).
Entré au Caire, Bonaparte y établit son quartier général. Cependant, le 1er août, la flotte française est anéantie en rade d'Aboukir par l'amiral Nelson. Bien que prisonnier dans sa conquête, Bonaparte entreprend de l'organiser en envoyant Desaix pacifier la Haute-Égypte ; il réprime une insurrection au Claire mais gagne l'amitié des Égyptiens en fondant l'Institut d'Égypte avec l'aide des savants qui l'ont acccompagné et qui se livrent à l'étude de la civilisation pharaonique.

L'armée turque menaçant l'Égypte depuis la Syrie, Bonaparte se porte à ses devants, la bat au mont Thabor (16 avril 1799), mais échoue à Saint-Jean-d'Acre (mai) et doit battre en retraite en Égypte. Il rejette à la mer une seconde armée turque à Aboukir (25 juillet).
Mais, apprenant que la guerre contre la France a repris en Europe, Bonaparte cède le commandement à Kléber. Celui-ci est assassiné le 14 juin 1800. Son successeur, Menou, est battu à Canope par les Anglais, avec lesquels il signe une convention d'évacuation en août 1801.
Pour en savoir plus, voir l'article campagne d'Égypte.
2.3. Le coup d'État des 18-19 brumaire an VIII

Débarqué à Fréjus le 9 octobre 1799, Bonaparte doit chercher des appuis politiques. Talleyrand le met en relation avec Sieyès. Le but du complot qui se noue est de prendre en main le gouvernement pour instaurer un pouvoir stable qui garantira à la bourgeoisie, effrayée par les excès des Jacobins, les acquisitions de 1789.


Le 18 brumaire (novembre 1799), Bonaparte est nommé commandant des troupes de Paris, tandis que le Conseil des Anciens est transféré à Saint-Cloud. Le complot s'engage mal : le 19 brumaire, le général est hué au Conseil des Cinq-Cents et va être mis hors la loi. Son frère Lucien, qui préside l'Assemblée, sauve la situation en obtenant l'appui des grenadiers du Corps législatif contre les députés. Le soir, les conjurés réunissent une poignée de députés qui nomment trois consuls provisoires : Bonaparte, Roger Ducos, Sieyès.
Pour en savoir plus, voir l'article coup d'État de brumaire an VIII.
3. Bonaparte Premier consul (1799-1804)


3.1. La réorganisation de la France par Bonaparte

Très vite, Bonaparte écarte les deux autres consuls et dicte la Constitution autoritaire de l'an VIII qui lui permet de renforcer à son profit le pouvoir exécutif. Devenu Premier consul, il a l'initiative des lois et peut recourir au plébiscite, inaugurant ainsi une forme de gouvernement direct, lui seul incarnant la volonté populaire. Choisis par lui, les deux autres consuls (Cambacérès et Lebrun) sont des collaborateurs dociles.
La politique intérieure du premier Consul
Son pouvoir assuré après la ratification de la Constitution par un plébiscite, Bonaparte réorganise l'administration, la justice et les finances publiques. Le Consulat poursuit l'œuvre centralisatrice de la Convention et du Directoire et jette les bases de l'administration de la France moderne.

Il pratique une politique de réconciliation nationale en utilisant à la fois la persuasion et la force. Ainsi, il contraint les chouans à déposer les armes (→ chouannerie, janvier-février 1800). Mais il reste impitoyable pour les royalistes ou les Jacobins qui ne veulent pas accepter la main tendue. L'attentat royaliste de la rue Saint-Nicaise (24 décembre 1800), qui échoue, lui permet de frapper d'abord les Jacobins, tenus pour responsables, puis les royalistes.
Pour ôter au royalisme son soutien religieux, Bonaparte conclut le Concordat avec le pape Pie VII (nuit du 15 au 16 juillet 1801). Malgré les Articles organiques (qui plaçaient l'Église de France sous le contrôle de l'État), l'Église de France et le culte catholique sont rétablis en France.
La politique extérieure

Passage du Grand-Saint-Bernard par l'armée française, le 20 mai 1800
Passage du Grand-Saint-Bernard par l'armée française, le 20 mai 1800
Pour consolider son pouvoir, le Premier consul organise une nouvelle campagne d'Italie (1800). Contournant les Autrichiens par la Suisse (Grand-Saint-Bernard, 14-23 mai 1800), il triomphe de justesse à Marengo (14 juin).
Mais, en Allemagne, Moreau remporte la victoire décisive à Hohenlinden (3 décembre), contraignant l'Autriche à signer la paix de Lunéville (9 février 1801). Cette paix confirme Campoformio, permet d'agrandir la République Cisalpine, de créer un royaume d'Étrurie, au profit d'un neveu de la reine d'Espagne, et de garantir la frontière du Rhin.
Contre l'Angleterre, la Ligue des neutres (groupant autour de la Russie, la Suède, le Danemark et la Prusse, en vue d'interdire la Baltique aux Anglais), que Bonaparte pensait utiliser, est disloquée par l'assassinat du tsar Paul Ier (23-24 mars 1801) et le bombardement de Copenhague par Nelson (2 avril). Néanmoins, les Anglais soucieux de conclure une paix s'engagent à restituer les colonies françaises et à évacuer Malte (paix d'Amiens, 25 mars 1802).

Après dix ans de guerre en Europe, la paix permet à Bonaparte d'établir, par la Constitution de l'an X (août 1802), le Consulat à vie.


3.2. Le Deuxième Consulat
Au comble de sa popularité, Bonaparte jette les fondements de la France moderne ; comparant la société à une plage de sable, il entend pour la fixer poser « quelques masses de granit ».
Le Premier consul peut choisir son successeur grâce à la nouvelle Constitution. Le Sénat, dont les membres sont choisis par le consul, interprète la Constitution par des sénatus-consultes, et le Tribunat agonisant perd la moitié de ses membres.
À l'intérieur, poursuite de la réorganisation de la France
Dans le domaine administratif, le Code civil préparé dès 1800, est publié le 21 mars 1804 (appelé « Code Napoléon » à partir de 1807). Unifiant la législation en France, il insiste sur la propriété privée déclarée inviolable et assure la libre entreprise, chère à la bourgeoisie.

Bonaparte accorde une amnistie aux émigrés (avril 1802) et poursuit l'œuvre de réorganisation et de centralisation de la France révolutionnaire (fondation de l'Institut de France et de la Banque de France). L'enseignement est surtout axé sur le second degré avec la création en 1802 des lycées, où est dispensé un enseignement classique et scientifique. La Légion d'honneur (19 mai 1802) doit servir à créer une élite pour le nouveau régime. L'Université impériale, dirigée par un « grand maître », sera créée par décret en 1808.
À l'extérieur, la marche vers l'Empire

En politique extérieure, Bonaparte inquiète l'Angleterre en fermant le marché français malgré la clairvoyance du ministre de l'Intérieur Chaptal, partisan d'accords commerciaux avec l'étranger. Il affiche parallèlement des projets d'expansion coloniale (Saint-Domingue, Louisiane, Inde). En Hollande, Bonaparte dicte une Constitution ; en Suisse, il devient médiateur de la Confédération (19 février 1803). Président de la République italienne après avoir annexé Parme et le Piémont, il réorganise l'Allemagne.
La rupture avec l'Angleterre est inévitable et la flotte anglaise reprend les hostilités après l'envoi d'un ultimatum (26 avril 1803). En août, le royaliste Cadoudal, débarqué d'Angleterre, tente d'enlever le Premier consul. Mais le complot est découvert et Cadoudal exécuté (25 juin 1804). Le duc d'Enghien, pourtant étranger à l'affaire, est enlevé et exécuté sur les ordres de Bonaparte (21 mars 1804).

Le complot sert de prétexte à Bonaparte pour se faire confier par le Sénat le 18 mai 1804 le titre d'« Empereur des Français ». Le 2 décembre, Napoléon Ier, qui a épousé religieusement Joséphine, est sacré par le pape Pie VII à Notre-Dame.

4. L'Empereur (1804-1814)
4.1. Un pouvoir absolu sur la France et l'Europe

Napoléon va donner à son régime l'apparence d'une monarchie en créant une cour et une noblesse d'Empire. Les membres du clan Bonaparte sont installés dans le rôle de la famille régnante et proclamés princes et altesses – plusieurs sont placés sur le trône de pays soumis. Enfin, la République italienne est transformée en royaume, en mars 1805, avec pour roi Napoléon et vice-roi son beau-fils Eugène de Beauharnais. La création de dix-huit maréchaux confirme l'installation des militaires au sommet de la hiérarchie sociale.
Dès 1805, Napoléon, qui a éliminé toute opposition organisée et poursuivi son œuvre de modernisation, doit se lancer à nouveau dans une politique de conquête. Si le développement de l'agriculture (introduction de la betterave), quelques gestes en faveur de l'industrie et une politique de grands travaux permettent un certain décollage de l'économie, l'Empereur manque de fonds. Il compte sur la victoire contre l'Angleterre et ses alliés pour résoudre tous les problèmes.
Pour en savoir plus, voir l'article Premier Empire.
4.2. Napoléon face à la troisième coalition (1805)
Napoléon constitue une flotte à Boulogne pour débarquer en Angleterre, qui a reconstitué une troisième coalition avec la Suède, Naples, le tsar Alexandre Ier et l'empereur d'Autriche François II. Mais l'amiral Nelson inflige à la flotte française la grave défaite de Trafalgar (21 octobre 1805). Désormais, Napoléon est bloqué sur le continent. Il n'en remporte pas moins une série de victoires démontrant son génie militaire.

Napoléon reçoit les clés de Vienne à Schönbrunn, le 13 novembre 1805.
Napoléon reçoit les clés de Vienne à Schönbrunn, le 13 novembre 1805.
Les Autrichiens sont battus à Ulm (20 octobre 1805), et les armées austro-russes sont dispersées à Austerlitz (2 décembre). Au traité de Presbourg (26 décembre), qui met fin à la coalition, l'Autriche cède la Vénétie, le Tyrol, le Trentin, l'Istrie, la Dalmatie.
4.3. À la conquête de l'Europe (1806-1809)

La Prusse forme alors la quatrième coalition avec l'Angleterre et la Russie mais est battue à Iéna et à Auerstedt (14 octobre 1806). Rentré en Pologne, Napoléon éprouve des difficultés à battre les Russes à la sanglante boucherie d'Eylau (février 1807), mais remporte en juin la victoire de Friedland.

L'entrevue de Tilsit avec Alexandre Ier (25 juin) permet d'amorcer une alliance avec la Russie. La paix de Tilsit réduit la Prusse à quatre provinces, le reste constitue le grand-duché de Varsovie et le royaume de Westphalie, sur lequel règne Jérôme Bonaparte. Napoléon profite de ce répit pour donner une application au Blocus continental décrété à Berlin en novembre 1806 et qui vise à ruiner l'Angleterre.
De 1807 à 1809, l'Empereur pratique une politique d'empiétement : annexion de l'Étrurie (1807), occupation des États du pape (1808-1809) ; conquête du Portugal (novembre 1807) et surtout mainmise sur l'Espagne.


La campagne d'Espagne (1807-1808)

Napoléon fait abdiquer en sa faveur Charles IV et Ferdinand VII (entrevue de Bayonne, mai 1808) et donne la couronne d'Espagne son frère Joseph. Dès le 2 mai, le peuple se soulève à Madrid, tandis que l'Angleterre force Junot à se rendre à Sintra, au Portugal. Devant les insurgés espagnols, le général Dupont capitule à Bailén (juillet).
Après l'entrevue d'Erfurt (27 septembre-14 octobre 1808), Alexandre Ier refuse de s'engager à fond contre l'Autriche qui se réarme, Napoléon part néanmoins pour l'Espagne avec la Grande Armée. Il disperse ses adversaires et, après avoir repris Madrid (4 décembre), il rentre rapidement à Paris. Mais les maréchaux à qui il a laissé 200 000 hommes seront incapables de terminer la conquête de l'Espagne.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre d'indépendance d'Espagne.
Contre la cinquième coalition (avril-octobre 1809)
Sûre de la neutralité russe, l'Autriche, qui veut profiter du mouvement national né en Allemagne, provoque la cinquième coalition en avril 1809. La campagne de 1809 (→ Eckmühl, Ratisbonne, et Wagram 5-6 juillet) est pour Napoléon plus difficile et moins décisive que celle de 1805. À la paix de Vienne (14 octobre), l'Autriche abandonne de nouveaux territoires qui formeront les Provinces Illyriennes.
4.4. L'apogée de l'Empire (1811)
Après la paix de Vienne, Napoléon fait dissoudre son mariage avec Joséphine, dont il n'a pas eu d'enfant, et épouse l'archiduchesse Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, fille de l'empereur d'Autriche François II, en avril 1810. La naissance d'un fils, le roi de Rome (→ Napoléon II) en 1811, marque l'apogée de l'Empire. Mais de succès en échecs, il sera de courte durée.


Le stratège

Le succès de la politique expansionniste menée dès ses débuts par Napoléon en tant que général et poursuivie jusqu'à l'Empire repose en partie sur ses qualités de stratège.
La stratégie napoléonienne comprend trois phases. D'abord les corps d'armée se déplacent sur l'ensemble du théâtre d'opérations. Cette manœuvre s'accompagne de la recherche du renseignement, qui permet à Napoléon de se tenir informé du dispositif de l'ennemi et de ses mouvements.
La concentration des forces s'effectue quelques jours avant la bataille, de telle sorte que toutes les armées puissent parvenir, réunies, au lieu choisi. Alors commence la bataille proprement dite, que Napoléon veut décisive et dont le but est l'anéantissement des forces de l'ennemi. On évalue que le nombre de Français morts durant les guerres napoléoniennes se situe entre 700 000 et 1 million – les ennemis de la France subissant des pertes encore plus lourdes.
Enfin, la cavalerie napoléonienne mène la poursuite avec acharnement, afin de démoraliser les forces adverses, de faire un grand nombre de prisonniers et de s'emparer de l'artillerie. Il s'agit d'obtenir, dans les plus brefs délais, une capitulation qui permet à Napoléon d'imposer ses buts politiques.


Le temps des difficultés
L'Empereur compte désormais sur l'Autriche pour se substituer à la Russie. Allié des Habsbourg, Napoléon fait figure d'empereur d'Occident. En dehors de l'Espagne, toute l'Europe paraît soumise, mais au prix d'un effort surhumain qui commence à marquer.
L'Empereur réduit l'opposition par la surveillance policière, la censure et les prisons d'État. Le mécontentement en France et dans les États vassaux renaît à la suite des privations, de l'augmentation des impôts et de la crise économique liée au Blocus continental. Napoléon se heurte en Italie à la résistance du pape Pie VII qui l'excommunie ; Napoléon le fait arrêter en 1809, puis le ramène à Fontainebleau.
Pour en savoir plus, voir l'article Premier Empire.
5. La « chute de l'Aigle »
En dépit des succès, les bases de l'Empire napoléonien restent fragiles et l'Empereur lui-même est confronté à des difficultés croissantes : soulèvement national qui perdure en Espagne ; crise économique, opposition du clergé après l'emprisonnement du pape, en France… Napoléon voit dans la guerre un dérivatif au mécontentement, un moyen de rétablir ses finances et de soutenir sa politique en Europe.
5.1. Le désastre de la campagne de Russie (24 juin-30 décembre 1812)
Préoccupé par l'attitude du tsar qui prépare la guerre, Napoléon réunit de 1811 à 1812 l'armée la plus considérable et en prend le commandement en mai 1812 pour se lancer dans la campagne de Russie.

Il entre à Moscou le 14 septembre après la bataille de la Moskova (Borodino pour les Russes). Mais, dans la capitale russe, un incendie détruit tout son ravitaillement. Dès le 19 octobre, Napoléon décide la retraite de l'armée française, qui se déroule dans des conditions épouvantables, marquée par le passage de la Berezina (novembre). Napoléon, en apprenant la nouvelle de la conspiration du général Malet (23 octobre), quitte ses troupes en Lituanie pour regagner Paris. Il laisse à Murat, qui désertera, le commandement d'une armée réduite.


5.2. L'effondrement de l'Empire (1812-1814)

Dès son retour à Paris, l'Empereur équipe une nouvelle armée, mais le tsar Alexandre prend la tête d'une véritable croisade contre Napoléon. Le tsar et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III appellent l'Allemagne à se soulever ; l'Autriche, redevenue neutre, propose sa médiation. Et Napoléon, après les victoires de Lützen (2 mai 1813) et de Bautzen (20-21 mai), accepte l'armistice proposé par Metternich. Le chancelier autrichien, n'ayant obtenu aucune concession, rejoint la coalition russo-prussienne et lui déclare la guerre le 12 août. Victime de la défection des contingents allemands, Napoléon est alors battu à Leipzig (→ bataille de Leipzig, octobre 1813).

À travers l'Allemagne hostile, l'armée française se replie en France. Le Grand Empire s'effondre : la Hollande, les États allemands s'insurgent, l'Espagne est perdue depuis la défaite de Vitoria (21 juin 1813). Napoléon s'efforce pourtant de lever une nouvelle armée, mais il se heurte à des difficultés énormes en France : la levée des classes ne fournit que des effectifs très amoindris par le nombre élevé de déserteurs. Les maréchaux ayant reculé jusqu'en Champagne, Napoléon quitte Paris le 25 janvier 1814.
L'abdication et l'exil de Napoléon
Avec 70 000 hommes, vétérans de la Garde impériale et Marie-Louise, Napoléon entame la campagne de France (janvier-mars 1814). S'il remporte encore quelques succès, il ne peut empêcher les coalisés de rentrer dans Paris le 31 mars. Les maréchaux l'obligent alors à abdiquer, un armistice est signé par Marmont (6 avril).

Par la convention de Fontainebleau (11 avril), les coalisés laissent à Napoléon le titre d'empereur et lui concèdent la souveraineté de l'île d'Elbe, au large de la Toscane, où il s'installe en mai 1814 avec quelques fidèles. Aussitôt, il se persuade que son retour est possible. Il sait que le peuple des villes et des campagnes, exalté par la grandeur de son épopée et écœuré par les excès de l'aristocratie y sera favorable. Mais il espère aussi rallier à sa cause les notables qui l'ont abandonné – car, sans l'appui de cette force sociale, il ne pourra rien et, dans son for intérieur, il se refuse à n'être que le général des masses populaires. Il quitte l'île d'Elbe avec une petite troupe.
6. Les Cent-Jours et l'échec final (1815)
Débarqué le 1er mars 1815 à Golfe-Juan, Napoléon reconquiert la France par son seul prestige sans qu'un coup de feu ait été tiré (« le vol de l'Aigle »). À son arrivée aux Tuileries, le 20 mars, l'Empereur pense profiter du mécontentement des Français contre les Bourbons – Louis XVIII, frère de Louis XVI, a été rétabli sur le trône. Napoléon repousse l'élan révolutionnaire que son retour a suscité et tente vainement d'entraîner les notables. Mais le régime qu'il met en place n'est pas plus libéral ; l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire (22 avril 1815) reprend l'essentiel de la charte de Louis XVIII.


6.1. L'Europe de nouveau coalisée contre Napoléon

Cependant, au congrès de Vienne (signé le 9 juin 1815), l'Europe se réorganise contre lui. Pour prévenir la concentration des armées du général anglais Wellington et du Prussien Blücher, Napoléon rentre en Belgique le 15 juin 1815. Son armée de vétérans (la Vieille Garde) bat les Prussiens à Ligny (16 juin), et, tandis que Grouchy est chargé de contenir Blücher, Napoléon tente d'écraser Wellington. Mais à Waterloo (18 juin), l'Empereur est vaincu par la résistance des Anglais, puis par l'arrivée de Blücher.


6.2. La seconde abdication de Napoléon

Rentré à Paris, Napoléon espère pouvoir continuer la lutte, mais devant l'hostilité des députés, il abdique pour la seconde fois, le 22 juin, en faveur de son fils Napoléon II. Emmené par les Anglais comme prisonnier à Sainte-Hélène, il y demeurera jusqu'à sa mort.

Pendant les années qui lui restent à vivre, en dictant ses Mémoires à Las Cases (qui les publiera en 1823 sous le titre Mémorial de Sainte-Hélène), Napoléon contribue à forger sa légende. Mais il est privé de la présence de Marie-Louise et de leur fils, et en butte aux mesures tatillonnes et vexatoires de son geôlier sir Hudson Lowe, qui est hanté par la fuite possible de l'Empereur.


6.3. Postérité

Napoléon couronné par le Temps
Napoléon apparaîtra comme le héros de la France et de l'Europe révolutionnaire, le martyr de la Sainte-Alliance. Les romantiques verront en lui l'héritier de la première Révolution et le défenseur des nationalités. Louis-Philippe organisera en 1840 le retour des cendres, et le tombeau des Invalides deviendra un lieu de pèlerinage.

 

 DOCUMENT   larousse.fr    LIEN

 

 
 
 
 

LA CONCEPTION DES BARRAGES

 


 

 

 

 

Texte de la 554e conférence de l’Université de tous les savoirs donnée le 24 octobre 2004
Bernard Tardieu : « La conception des barrages »
Avant de présenter les différents types de barrage et comment ils sont construits, et avant de
parler en particulier du barrage des Trois Gorges, posons brièvement le problème de
l’hydroélectricité dans le monde.
Si l’on regarde une carte du monde qui indique, pour chaque région, les puissances
installées et ce qui est installable, on constate qu’il n’y a pratiquement pas d’endroit où le
potentiel hydraulique soit épuisé. Même en Europe, la demande d’énergie de pointe qu’on
peut réaliser avec du turbinage-pompage (deux réservoirs que l’on fait turbiner de l’un sur
l’autre) donne à l’hydroélectricité un nouveau rôle, en particulier en appoint de l’éolien ou
des énergies renouvelables qui sont relativement imprévisibles.
L’hydroélectricité représente aujourd’hui 19 % de l’énergie mondiale. 61 pays ont leur
énergie fournie à plus de 50 % par l’hydroélectricité. Certaines régions du monde, comme
l’ensemble de l’Amérique du sud, ou comme la Norvège, pays pétrolier, sont essentiellement
hydrauliques, à 80 ou 90 %. C’est dans ces régions que l’électricité est la moins chère du
monde, car l’hydroélectricité est, assez rapidement, l’électricité la plus économique.
Enfin, il faut savoir que les deux tiers des barrages du monde sont destinés à l’eau,
pour l’irrigation, première façon de lutter contre la pauvreté, et pour les villes. Seuls un tiers
des barrages est dédié à l’énergie hydroélectrique.
Un barrage « poids » : le barrage des Trois Gorges
Comme le barrage d’Assouan en son temps, le barrage des Trois Gorges, parmi les
centaines de barrages en cours de construction, attire l’attention du monde. Ce barrage se
situe sur le Yangtzé, le grand fleuve du sud de la Chine. Il se distingue par sa taille et sa
puissance (18 000 mégawatts, l’équivalent de vingt centrales nucléaires, puis 24 000 MW).
La puissance, qui s’exprime en mégawatts, diffère de l’énergie, qui s’exprime en
mégawatts/heure. Le moteur d’une voiture a une certaine puissance. Pour qu’il dégage de
l’énergie, il faut y mettre de l’essence. En hydraulique la puissance est celle des turbines. On
y fait passer de l’eau pour produire l’énergie ; on consomme la chute de l’eau (mais pas
d’eau) et du temps.
Aux Trois Gorges, les turbines utilisées s’appellent des turbines « Francis », elles
ressemblent à des pompes. Il existe deux autres types de turbines, les turbines « Kaplan »,
ayant l’allure d’hélices et les turbines « Pelton » où l’eau frappe des augets ressemblant à des
mains. En général, jusqu’à ces dernières années, notamment au Brésil, les plus grandes roues
de turbine faisaient 500 mégawatts. Aux Trois Gorges une roue de turbine permet à elle seule
de produire 700 mégawatts, c’est-à-dire presque autant qu’une centrale nucléaire. Ces roues
tournent très doucement, à quelques tours par seconde ; elles sont reliées à un alternateur, qui
est l’équivalent de la dynamo pour une bicyclette.
Si on regarde une vue simplifiée du barrage des Trois Gorges, on distingue plusieurs
éléments : deux usines, une de chaque côté, un ensemble d’écluses, un ascenseur à bateaux et
un évacuateur de crue. Un barrage ne produit pas d’eau. Il reçoit l’eau et en régularise le
débit. En période de crue, le barrage accumule l’eau pour la rendre pendant la saison sèche.
Mais si la crue est trop forte et que le lac est plein, il faut laisser passer cette eau. Les barrages
comportent donc toujours un évacuateur de crue.
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Pour construire un barrage, et cela a été le cas aux Trois Gorges, on met en place un
batardeau, c’est-à-dire un petit barrage qui assèche en aval la zone de construction, en faisant
passant l’eau à côté de cette zone. Une fois la construction terminée, on fait rebasculer l’eau à
travers le barrage jusqu’à ce qu’on ferme les vannes. Si le barrage des Trois Gorges est gros,
il est relativement simple technologiquement. Il s’agit d’un barrage dit « poids ». C’est en
effet son poids, grâce à la densité élevée du béton (2,5) qui, par frottement sur le rocher du
fond, lui permet de résister à la poussée de l’eau.
Lors du chantier la production de béton s’élevait d’ailleurs à 2 000 tonnes par heure,
alors qu’un chantier normal n’en produit en général que 80 tonnes par heure. Or le béton, une
fois produit, doit être acheminé en permanence sur le chantier. Aux Trois Gorges, la
technologie utilisée pour cela, qui reposait sur des tours de transport et des tapis roulants, a
donc été très développée. Il s’agit, sur ce chantier qui était essentiellement chinois, d’un des
plus grands apports de la technologie occidentale.
La retenue d’eau du barrage, c’est-à-dire le volume du lac en amont, fait 39 milliards
de m³. Cela ne représente que 9 % du débit annuel. Il est très facile de remplir le barrage et
l’eau est renouvelée très facilement chaque année. Toute la zone géographique où l’eau qui
tombe arrive un jour où l’autre dans le barrage s’appelle son bassin versant. Aux Trois
Gorges, ce bassin versant est très étendu.
A l’inverse, la retenue d’eau des grands lacs africains est importante par rapport au
débit annuel des fleuves parfois supérieur à l’apport moyen annuel d’eau. C’est le cas par
exemple des barrages situés sur le lac Kariba sur le Zambèze (180 milliards de m³), à Assouan
(169 milliards de m³), à Akonsombo au Ghana (153 milliards de m³). La retenue du barrage
de Serre-Ponçon est quant à elle beaucoup plus réduite : 1,3 milliards de m³. Il arrive aussi
que, sur un barrage, l’usine hydroélectrique n’utilise que les quelques mètres supérieurs d’un
lac naturel, c’est le cas de l’usine hydroélectrique d’Owen Falls sur le lac Victoria (qui
n’utilise que 2,7 milliards de m³) et sur le lac Léman.
Les Chinois ont construit ce barrage pour trois raisons : contrôler les crues, produire
de l’electricité, et améliorer la navigation.
Toute la partie supérieure de la retenue (22 milliards de m³), est destinée à écrêter les
crues, c'est-à-dire en limiter l’ampleur. Les Chinois espèrent ainsi transformer les crues de
période de retour de 100 ans en crues de période de retour de 10 ans. Le contrôle des crues est
essentiel sur le Yangtzé car elles y font des dégâts considérables. Ces dégâts sont d’autant
plus importants qu’à force de remblayer son lit d’alluvions, le fleuve a contraint à élever les
digues au-dessus du niveau de la plaine. Le barrage des Trois Gorges devrait permettre de
réhabiliter le lac de Dongtin, au sud. Pour donner une idée de l’impact des crues dans la
région, les variations de ce très grand lac, de l’ordre de 100 km, mais très peu profond,
conduisent à déplacer 2,5 millions de personnes régulièrement en fonction des crues.
La production d’électricité devrait s’élever à 18 200 mégawatts en première phase,
l’équivalent de 20 centrales nucléaires, et 24 000 mégawatts en seconde phase (dans une
deuxième usine située dans le même barrage), soit 30 centrales nucléaires ou 50 millions de
tonnes de charbon.
Enfin, le barrage va permettre d’améliorer le transport fluvial sur 660 km. Ses écluses
ont la taille des écluses du canal de Panama. De même, l’ascenseur à bateaux permet à des
bateaux plus petits, des paquebots qui transportent des gens, de franchir plus vite le lac. Les
Chinois estiment que les coûts de transport sur le fleuve vont ainsi baisser de 35 %.
3
Les effets de l’hydroélectricité sur l’environnement
L’électricité produite par le barrage des Trois Gorges équivaudra à celle produite par
50 millions de tonnes de charbon. Le lobby charbonnier nord-américain - le charbon
représente plus de 50 % de l’énergie aux Etats-Unis - a tenté d’accréditer l’idée que les
barrages émettaient plus de gaz à effet de serre que les centrales thermiques. L’étude du cycle
du carbone sur la terre permet de comprendre très simplement pourquoi il s’agit d’un
argument pervers.
Tout végétal, pour grandir, prend du carbone dans l’atmosphère et y relâche de
l’oxygène. Quand un arbre grandit, il bloque du carbone (le bois, c’est du carbone). Quand il
arrive en fin de vie, il peut, comme l’herbe, pourrir (ce qui est le cas de forêts très anciennes
comme l’Amazonie) : il va alors surtout émettre du méthane, CH4. Le bois peut aussi brûler,
auquel cas il émettra du CO2. Dans tous les cas, la durée de vie de l’herbe étant inférieure à un
an et celle des arbres de l’ordre de 30 à 40 ans, ce cycle d’absorption puis de libération de
carbone se déroule sur un temps court qu’on appelle le cycle de surface.
Mais il n’y a pas que le cycle de surface. Quand la matière organique meurt, elle est
emportée par la pluie qui lave le sol. Emportée dans les lacs, cette matière organique, faite de
carbone, va être transformée en tourbe par des tas de petits organismes, les (phyto et zoo)
planctons. Si cette tourbe est noyée, elle pourra, à très long terme, se transformer en charbon
ou en pétrole. Emportée dans la mer, la matière organique pourra, là aussi, à très long terme,
être transformée en calcaire (carbonate de calcium) par les phytoplanctons et les
zooplanctons. Sur la terre le plus gros stock de carbone est constitué de calcaire et de craie.
La craie que l’on voit le long des côtes de Haute Normandie constitue un exemple de
réservoir de carbone, que l’on libère quand on brûle la craie pour faire de la chaux.
La question de fond n’est pas de savoir si on émet - ou pas - du carbone ou du gaz
carbonique. La question c’est de savoir si on participe au cycle de surface - et toute végétation
y participe - ou si, en plus, on libère dans un temps très court du carbone qui a été séquestré il
y a un ou deux milliards d’années, au carbonifère par exemple (période dont le nom même est
significatif).
Les vaches sont accusées d’émettre du méthane. Mais l’herbe qu’elles évacuent a pris
son carbone six mois avant, au printemps. Elles ne font donc que participer au cycle de
surface. En revanche, si l’homme, comme il le fait actuellement, libère brusquement du gaz
carbonique, du carbone qui a été séquestré il y a très longtemps, ce carbone s’ajoute au cycle
de surface. Il y a alors une action nouvelle, et c’est cela dont nous sommes incapables de
prévoir les conséquences.
Une nouvelle technologie : le béton compacté au rouleau
Le béton compacté au rouleau (BCR) est un béton comprenant très peu de ciment, très
peu d’eau, peu de gros cailloux et beaucoup de sable. La centrale à béton transporte le béton
sur des tapis roulants, puis des camions le répartissent. Il est alors poussé au bulldozer comme
si c’était de la terre, à quoi il ressemble d’ailleurs. Ensuite ce béton va être roulé avec un
rouleau. Progressivement, il va devenir complètement lisse et prendre des caractéristiques qui
vaudront à peu près celles du béton traditionnel. On peut noter au passage que ce béton
traditionnel doit être vibré à l’aide d’aiguilles vibrantes alors que le BCR l’est que par le
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passage du rouleau vibrant. (Il n’y a pas d’aciers, de « fers à béton », dans la masse des
barrages en béton quels qu’ils soient).
Les avantages de ce type de béton sont multiples. D’abord, il chauffe très peu ; les
risques de fissure sont donc plus faibles et beaucoup moins de joints sont nécessaires. Le
béton traditionnel, quand il s’hydrate, chauffe, ce qui lui fait prendre du volume. Sur les
grands ouvrages en béton, quand l’extérieur refroidit (ce qui réduit son volume) mais que le
coeur est encore chaud, des risques de fissures apparaissent. Le béton compacté au rouleau
réduit ces risques.
Ensuite, ce béton se construit extrêmement vite. Cela limite les risques associés aux
crues pendant le chantier car on construit pendant moins d’années. Cela limite aussi
l’exposition aux risques financiers, car les emprunts sont réalisés sur des durées plus courtes.
Au total, cette nouvelle technologie (qui n’a pas été utilisée aux Trois Gorges) permet
de réaliser des barrages de type « barrages poids » mais en les construisant beaucoup plus vite
et à un coût nettement inférieur (de l’ordre de 30 % moins cher).
Les barrages à masque
Deux exemples de ce type de barrage ont par exemple été construits au Brésil, sur le
Rio Pelotas, affluent de l’Uruguay au débit très important. Le barrage de ITA est constitué par
un simple tas d’enrochement. Une carrière est réalisée dans la retenue, puis l’enrochement est
abattu en carrière pour produire des blocs, dont les plus gros font entre 80 cm et 1 mètre. Ces
blocs sont ensuite placés en tas, celui-ci étant juste un peu organisé pour mettre plutôt les
blocs les plus fins à l’amont et les autres à l’aval. Le tas d’enrochement une fois terminé, une
couche de béton de 40 à 50 cm d’épaisseur, pleine d’acier et à joints longitudinaux, est
appliquée dessus. C’est ce que l’on appelle le masque. Le béton descend, simplement, dans
des goulots à partir du haut, et tout en bas les gens le répartissent latéralement, en couches
minces, à l’aide d’une table vibrante. La largeur des dalles est de 20 ou 25 m ; l’étanchéité
entre elles est assurée par des joints en cuivre.
L’ensemble reste très rustique et peut donc être construit très rapidement. Les barrages
d’une façon générale doivent avoir des technologies simples car ils sont construits à
l’extérieur, avec des gens souvent embauchés sur place. Les opérations à accomplir doivent
être réduites au plus simple, car c’est la simplicité qui garantit la qualité d’exécution.
Un autre type de masque peut être appliqué, le masque en béton bitumineux, à l’aspect
d’un parking de grande surface. Il est mis en place par les mêmes machines, notamment des
finisseurs. La seule différence est que le béton bitumineux est en pente, à environ 2 pour 1.
On peut y marcher mais c’est raide, les moteurs des matériels qui circulent sur le masque –
tenus par des treuils en crête du barrage- sont donc basculés car ils n’aiment pas être en pente.
Une première couche de béton bitumineux de 10 cm est appliquée, puis deux couches de 5
cm. Bien que cela ressemble à une route, comme il est important que le masque soit étanche,
on préfère mettre un peu plus de bitume, plus de matériaux fins, de la farine de roche, de
façon à le saturer. Ce béton bitumineux a tendance à « beurrer », et si on faisait ça pour une
route elle glisserait énormément. Ce n’est pas tout à fait la même technologie de formulation
du béton bitumineux routier, mais c’est la même méthode.
Les barrages voûtes
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En France, le concept de barrage est souvent associé au concept de barrage voûte. Il
est vrai que cette technologie y a été très développée, à la suite du barrage de Mareges,
premier grand barrage voûte en France. La rupture, en 1959, du barrage de Malpasset, qui
était un petit barrage voûte mais qui a fait des dégâts considérables, plus de 400 morts, a aussi
contribué à inscrire les barrages voûtes dans l’imaginaire des Français.
La première chose à faire quand on construit un barrage voûte c’est de connaître
parfaitement la géologie, mieux encore que pour les autres types de barrages. Faire des
reconnaissances, faire des sondages, faire des galeries, pour comprendre parfaitement les
défauts possibles de la roche. Un « défaut » de la roche est pire que tout le reste. L’obsession
de l’ingénieur, c’est de tout vérifier et de trouver ces faiblesses. Car si la roche n’est pas
responsable de ses défauts, l’ingénieur, lui, en devient responsable.
Pour faire des reconnaissances, des galeries sont construites dans la roche. Ces galeries
servent à faire ce qu’on appelle un voile d’étanchéité. Dans les zones où l’étanchéité est
incertaine (ce qui est toujours le cas à proximité du barrage, parce que la tectonique a toujours
un peu desserré le rocher et ses fissures) on fore des trous environ tous les 3 mètres. Ensuite
un mélange d’eau, de ciment et de différents adjuvants est injecté pour aller boucher toutes les
petites fissures. Ces opérations demandent un soin très important, surtout dans les fondations
calcaires. L’eau qui ruisselle dissout en effet le calcaire et crée dans ces zones des avens et
des rivières souterraines, ce qu’on appelle des karsts. On est donc toujours certain, dans les
zones calcaires, qu’il y a des conduits cachés à trouver.
Le rocher doit être parfaitement préparé, propre comme un sou neuf. A la fin, c’est un
travail de ménagère. Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’un chantier donne l’impression d’être
sale de loin qu’il n’est pas très propre de près.
Décider que le rocher est bon et que l’on peut construire constitue, sur ce type de
chantiers, la décision la plus importante. Parfois, il faut renforcer le rocher par de l’acier, par
du béton, jusqu’à avoir la conviction intime qu’il peut supporter les efforts qu’on va lui faire
porter. Il faut en effet avoir à l’esprit que l’eau ne s’appuie pas sur l’extérieur des parois :
l’eau pénètre dans le rocher, elle est dans les fissures, elle est dans le béton. Il n’y a pas un
intérieur et un extérieur. Il faut donc vraiment une compréhension mécanique et géo
mécanique fine pour s’engager dans la construction.
Prenons le cas d’un barrage voûte construit dans le sud de la Turquie, à Berké. Ce
barrage fait 200 mètres de hauteur à la base et il s’ancre dans une gorge de 400 mètres de
profondeur. Le barrage va s’appuyer des deux côtés et au fond de l’excavation qui a été
produite. Sur ce barrage, la pression est de 200 tonnes par m2, ce qui fait vingt bars, soit, pour
se faire une idée, dix fois la pression qu’il y a dans les pneus de voiture.
Pour faire ce genre de barrage, on installe une espèce de téléphérique, qui monte et
descend l’ensemble du matériel. Le barrage est construit par plots, c’est-à-dire par morceaux.
En effet, le béton chauffe, il prend du volume, et donc si on ne faisait rien il se fissurerait.
Afin d’éviter ces fissures, on construit des éléments de taille limitée, tout en refroidissant
délibérément le béton par des tuyaux d’acier ou de plastique qui font passer de l’eau fraîche.
Dans chacun des grands joints verticaux sont placées des étanchéités en caoutchouc, prises
dans le béton de part et d’autre. On envoie de l’eau et du ciment -du coulis-, qui fait prise et
qui bloque comme un vérin la voûte dans sa position.
Ce barrage sert à faire de l’énergie. L’usine a une puissance de 500 mégawatts. Les
roues de turbine sont au nombre de trois, elles sont beaucoup plus petites qu’aux Trois
Gorges. Il ne faut justement pas qu’elles soient trop grandes, car la production électrique doit
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s’adapter aux évolutions de la demande. Or une roue a une certaine courbe de puissance, ce
qu’on appelle une colline de puissance, et il faut arriver à la faire tourner toujours à son
optimum, comme un moteur de voiture. En cas de fortes variations de la demande électrique,
il n’est donc pas recommandé d’avoir une très grande roue.
Il y a un évacuateur de crue sur le barrage, qui lâche l’eau à très grande hauteur avec
des petits tremplins qui commencent à briser l’énergie de la chute. Juste en aval, un « petit »
contre-barrage (qui fait quand même 50 mètres de hauteur) a été construit pour faire un
coussin d’eau. L’eau qui sort du barrage va tomber dans ce coussin d’eau, évitant ainsi qu’elle
n’agresse les deux rives de la gorge.
Le barrage de Berké, peu épais, construit dans une gorge étroite et s’appuyant sur les
côtés, est typique des barrages voûtes. En sites étroits, ces barrages sont assez simples à
dessiner. Ce n’est pas le cas en site large.
Le barrage de Katsé, au Lesotho, est un exemple de barrage voûte en site large.
Entouré de grandes montagnes un peu arides mais neigeuses, faites de grandes nappes de
basalte apparues à la limite du crétacé et du tertiaire, le site est extrêmement large. Le barrage
fait 185 mètres de hauteur et 1 700 mètres de longueur.
Une tour située à l’amont du lac, qui fait 90 mètres de hauteur, permet d’envoyer
l’eau, à travers 40 kilomètres de tunnels, en amont, vers le nord, vers Johannesburg, seule
grande ville au monde d’ailleurs à être située au bord ni de la mer ni d’une rivière, mais d’une
mine d’or. Il n’y a pas besoin de pomper, au contraire, en utilisant la charge d’eau on turbine
même un peu au passage pour faire de l’énergie pour le Lesotho.
Comme précédemment à Berké, ce barrage a été construit en utilisant des plots, mais
ceux-ci sont beaucoup plus épais. En effet, la pression dépend de la hauteur, mais la force
dépend du rayon. Plus le rayon du barrage est grand, plus il doit être épais. L’épaisseur étant
proportionnelle au rayon, à Katsé celle-ci atteint, au bas du barrage, 50 mètres.
En cas de séisme, les plots vont bouger. Pour éviter qu’ils ne le fassent séparément, ce
qui serait dangereux car ils pourraient se toucher - ce qui est arrivé pour des barrages à
contrefort – une forêt d’acier traverse la crête du barrage. Cet acier sert de ceinture
parasismique : il permet aux différents plots de bouger ensemble pendant les quelques
dizaines de secondes que durent un séisme.
Par ailleurs, ce barrage a la particularité de ne pas avoir d’évacuateur de crues équipé
de vannes. Dans cette région très isolée, on ne veut pas prendre le risque d’avoir des vannes,
donc l’évacuateur est un seuil déversant un peu en dessous de la crête du barrage. Quand la
crue arrive, elle passe par-dessus le barrage.
Les barrages en remblai
Plus des trois-quarts des barrages du monde sont des barrages en remblai. Ceci est dû
au fait que ces barrages sont complètement autochtones : ils sont construits en prenant de la
terre et des cailloux sur place et les organisant différemment de façon à en faire un barrage.
Pour illustrer la construction de ce type de barrage, prenons le cas du barrage Moulay
Hassan 1er au Maroc, qui fait 2,5 km de long. Les deux parties latérales du barrage ont été
construites en premier, pour laisser passer le fleuve, qui a des crues assez fortes, au centre de
la vallée. Puis le fleuve a été envoyé dans une grande conduite et la partie centrale a alors été
construite à toute vitesse, en une saison.
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Le barrage a pour forme générale un grand tas de sable. Les matériaux utilisés sont des
alluvions (des sables, des graviers qu’on trouve dans la retenue, le plus près possible). La
partie étanche est faite de matériaux argileux, qu’on trouve aussi sur place. Souvent ils sont
prélevés sur les rives parce qu’il y a eu soit des glissements de terrain ancien, soit une
concentration de matériaux fins. Les couches, de 30 à 40 cm, sont compactées, comme le
béton compacté évoqué précédemment. Les enrochements, par couche d’un mètre, vont aussi
être compactés soigneusement pour garantir l’étanchéité.
Afin que cette espèce de pyramide presque verticale d’argile puisse tenir, on la retient
par des matériaux qui dans ce cas là sont des sables et des graviers et des blocs de cailloux qui
sont aussi compactés de la même façon.
Pratiquement, un chantier de barrage à remblai, c’est un chantier de transport. Cela
consiste à avoir des camions, des dumpers, et à transporter, transporter, transporter. On use de
l’essence et des pneus. Ainsi, en dehors du ciment utilisé pour construite l’évacuateur de crue
(indispensable pour éviter l’érosion de la terre par l’eau en vitesse), tous les matériaux
nécessaires à la construction des barrages à remblai sont prélevés sur place.
Un point essentiel concerne les filtres et les drains. C’est ce qui fait que si, dans le
masque, dans l’argile, l’eau arrive à passer (parce qu’il y a une fissure, ou un report de force,
ou quelque chose qui n’a pas été prévu) les matériaux fins vont se bloquer dans le sable, qui
sert de filtre, tandis que l’eau filtrée va passer à travers le sable et va être collectée par le
drain.
Bien que ce mécanisme paraisse très simple, c’est probablement ce qui demande le
plus de finesse, parce que le matériau doit être pris sur place, doit être compris, interprété,
parfois être mélangé. Les barrages à remblai sont ainsi les barrages les plus intégrés à la
nature sur place.
Les populations
Les ingénieurs que nous sommes consacrent autant de temps à préparer les chantiers
que de temps à construire. Nous sommes des forains : une fois que le barrage est construit et
qu’il rend son service, nous partons, ailleurs. Mais le temps que nous passons avant, à
préparer, à imaginer et à être proche des gens, est le plus beau que l’on puisse avoir.
Dès le premier jour du chantier, il faut s’intéresser aux gens. Lors de la construction
d’une retenue en Guinée, à Garafiri, qui a permis d’alimenter la ville de Konakry, il y avait 22
villages à déplacer, 2 000 personnes, pour faire 14 nouveaux villages. Des puits, des sources,
des compensations : tout cela a été fait avec des ONG locales, avec Médecins du Monde et
d’autres ONG. C’est peu de choses, mais c’est quand même très important. A titre
d’illustration, bien que ce soit un tout petit barrage, il y avait deux présidents de la
République pour l’inaugurer.
Le Canada participant au financement du barrage, un ambassadeur du Canada était allé
voir les villageois en leur demandant leur avis sur ce qui se passait. « Jamais un ambassadeur
n’était venu chez nous, jamais » ont-ils répondu. L’essentiel était que l’on s’était intéressé à
eux.
De façon générale, si un barrage n’est pas le lieu du développement, à la fois pour
ceux qui profitent de ce qu’il produit mais aussi pour les gens qui sont autour, on commet une
erreur majeure.
8
Par exemple, on sait que l’éducation des filles est entièrement liée à la distribution de
l’eau. S’il n’y a pas de distribution d’eau, les filles, qui sont chargées d’aller la chercher, ne
vont pas à l’école. Les barrages doivent donc toujours être construits en fonction de leur
impact sur les populations locales, afin de servir de levier pour leur développement.

 

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La théorie qui a divisé la Terre

 

La théorie qui a divisé la Terre
Lise Barnéoud dans mensuel 478
daté août 2013 -


En 1960, rares sont les scientifiques qui en doutent : la surface de la Terre présente une géométrie immuable, stable. En 1968, l'immense majorité des géologues et géophysiciens en sont persuadés : la configuration actuelle de la Terre est éphémère, les masses continentales n'ont jamais cessé de se déplacer, parfois sur des milliers de kilomètres. Entre ces deux dates ? L'exploration des océans. Une collecte de données à la fois altimétriques, magnétiques, sismiques et paléontologiques qui révolutionne en moins de dix ans la vision des continents. Un bouleversement comparable à la révolution héliocentrique de Copernic, affirment aujourd'hui les scientifiques du domaine. Un bouleversement qui ne s'est pas fait sans heurts.

Les prémices de cette révolution remontent au début du XXe siècle. Le 6 janvier 1912, un jeune allemand est seul contre tous. Alfred Wegener, météorologiste de formation, n'a que 31 ans lorsqu'il expose devant les membres de la session annuelle de l'union géologique allemande, à Francfort, sa vision des « translations horizontales des continents ». L'idée, explique-t-il, lui est venue en observant la concordance des côtes de part et d'autre de l'Atlantique. De plus, les similitudes de faune, de flore et d'éléments géologiques plaident en faveur d'une origine commune des continents américain et africain.

Il n'est pas le premier à constater ces éléments troublants. En 1564 déjà, un cartographe hollandais, Abraham Ortelius, suggère que les Amériques ont été « arrachées de l'Europe et de l'Afrique à la suite de tremblements de terre et de déluges ». Au XIXe siècle, on pense que les continents ont dû se rétracter à cause d'un refroidissement de la Terre. Cette contraction aurait créé des fosses entre les terres émergées, qui se seraient ensuite remplies d'eau. Puis au début du XXe siècle, une autre hypothèse est avancée : des ponts continentaux auraient permis de rejoindre les continents entre eux mais se seraient effondrés depuis. Quelle que soit l'argumentation, une seule vision prévaut à cette époque : les continents, ne pouvant se déplacer, ont toujours conservé leur position à travers l'histoire de la Terre.

Mais pour le jeune voyageur Wegener, qui n'a pas été formé aux théories géologiques fixistes de l'époque, l'explication la plus rationnelle est celle d'une dérive des continents. « L'Amérique du Sud doit avoir été contiguë à l'Afrique au point de constituer avec elle un bloc continental unique. Ce bloc s'est scindé pendant le Crétacé en deux parties qui se sont écartées au cours du temps, comme dérivent les tronçons d'un glaçon se brisant dans l'eau », peut-on lire dans sa Genèse des continents et des océans, écrite en 1915, lors d'une convalescence pour blessure de guerre. La controverse naît.

Rejet de la dérive
Les oppositions sont nombreuses et virulentes. Surtout de la part des géologues américains. Comment un météorologiste peut-il avancer une telle hypothèse en ne s'appuyant que sur la concordance des côtes et quelques éléments naturalistes ? Mais surtout, c'est le manque de mécanisme explicatif qui alimente la controverse : comment les continents peuvent-ils se déplacer dans un milieu solide, aussi rigide que l'acier ? Les forces évoquées par Wegener - celles de la rotation de la Terre, ou de l'attraction de la Lune et du Soleil - sont bien trop faibles pour soulever des montagnes. Mécaniquement, son hypothèse ne tient pas. « La dérive des continents n'explique rien de ce que nous, géophysiciens, voulons expliquer. Elle est quantitativement insuffisante et qualitativement inapplicable », écrit ainsi le scientifique britannique Harold Jeffreys en 1924, avant de trancher en 1929 : « Une dérive séculaire des continents, telle qu'elle a pu être soutenue par A. Wegener et autres, est hors de question. » De fait, si l'hypothèse d'une mobilité des continents est correcte, le modèle explicatif de Wegener ne l'est pas.

Près d'un demi-siècle plus tard, l'étude des fonds océaniques apporte la solution. Pendant la Seconde Guerre mondiale, puis la guerre froide, l'exploration des océans devient un enjeu stratégique. Il s'agit de repérer les sous-marins ennemis et de trouver comment dissimuler ses propres submersibles. Des navires américains, équipés de sonars, de sismomètres et de magnétomètres sillonnent alors les océans. Avec à bord des scientifiques engagés pour l'occasion, comme le géologue Harry Hess ou l'océanographe Maurice Ewing. Profitant de l'intérêt militaire pour ce champ de recherche, ce dernier fonde en 1949, à New York, le Lamont Geological Observatory, aujourd'hui nommé Lamont Doherty Earth Observatory, de l'université Columbia. Ce sont les chercheurs de ce laboratoire qui découvrent, dans les années 1950, les plus grandes structures géologiques sur Terre : les dorsales océaniques. Des chaînes quasi ininterrompues de montagnes pouvant atteindre 4 000 mètres d'altitude par rapport aux bassins adjacents. Une immense muraille naturelle qui balafre le fond des océans, où se produit une grande part des séismes enregistrés sur Terre.

En clair, le plancher des océans est bien plus actif qu'on le pensait. Et son origine comme son évolution sont clairement distinctes de celles des continents. Or, aucun schéma à l'époque ne peut expliquer ces découvertes. Il fallait donc changer de schémas. Mais par quoi les remplacer ?

Parmi les nouvelles propositions, celle d'un géologue australien, Walter Carey, détonne : la Terre serait en expansion. Initialement recouverte de continents unis, ces derniers se seraient écartés au fur et à mesure du gonflement de la Terre, ouvrant la place à des océans. D'où un plancher océanique plus jeune. Las, son hypothèse ne résiste à aucune loi de la physique et ne convainc personne. Mais l'idée plaît à un géologue américain, qui la présente lors d'un séminaire à Princeton auquel assiste Harry Hess. L'ex-officier de marine imagine immédiatement une autre solution : il y aurait bien création de croûte océanique, mais aussi destruction au niveau des fosses, profondes dépressions sous-marines qui longent les continents ou les archipels volcaniques. De cette manière, le volume de la Terre reste fixe. C'est son modèle du tapis roulant, la jeune croûte océanique vieillit en s'écartant de la dorsale et, plus dense que la croûte continentale, s'enfonce dessous quand elle en rencontre.

Pour calmer les plus sceptiques de ses collègues, Harry Hess ne présente pas en 1960 son hypothèse sous la forme d'un article ou d'une communication scientifique en bonne et due forme, mais comme un « essai en géo-poésie ». « Sa prudence s'explique, analyse le géophysicien français Xavier Le Pichon. Harry Hess avait une place au plus haut niveau dans le monde scientifique. Il ne voulait pas provoquer ses collègues par ses idées iconoclastes. Or les grands noms des sciences de la Terre étaient massivement fixistes et se montraient d'une grande agressivité envers ceux qui ne l'étaient pas. » Pour convaincre ces sceptiques, des preuves irréfutables, des tests qui valident concrètement le nouveau modèle sont nécessaires.

En 1963, grâce à une nouvelle technique de datation tirant parti de la présence de certains éléments radioactifs dans les roches, et qui permet de déterminer leur âge sur plusieurs milliards d'années, des géologues américains et australiens parviennent à dater les renversements du champ magnétique terrestre. Durant ces renversements, les pôles magnétiques Nord et Sud s'échangent mutuellement. Ces inversions peuvent se lire dans les roches volcaniques qui conservent la trace de ce champ magnétique lorsqu'elles se refroidissent. Ainsi, durant les quatre derniers millions d'années, la Terre a connu quatre renversements magnétiques spectaculaires, le dernier datant d'environ 700 000 ans.

Modèle du tapis roulant
Un jeune géophysicien anglais, Frederick Vine, comprend aussitôt l'intérêt de cette découverte. Si le modèle du tapis roulant d'Harry Hesse est correct, on devrait pouvoir distinguer ces inversions de champs magnétiques de façon parallèle, de part et d'autre des dorsales. En 1963, il publie son idée, cartes magnétiques à l'appui, dans la revue Nature. Mais seuls des yeux avisés parviennent à détecter cette régularité et cette symétrie de part et d'autre de la dorsale. « Vine s'était concentré sur l'une des zones de dorsales les plus complexes, avec une très faible vitesse d'expansion », explique rétrospectivement Xavier Le Pichon. Si bien que les anomalies magnétiques ressemblaient plus à un champ de bataille qu'à une succession ordonnée et symétrique d'événements... Pas de quoi convaincre les sceptiques.

Mais en mars 1966, un grand nombre de réticents finissent par changer de camp, convaincus par la publication du « profil magique ». C'est-à-dire celui de la dorsale de l'océan Pacifique réalisé à bord du navire océanographique américain l'Eltanin-19. Cette fois, on y voit des bandes tout à fait parallèles, symétriques de part et d'autre de la dorsale, un aspect en peau de zèbre de plus de 1 000 kilomètres de long. Le doute n'est plus permis. « Devant ce profil, il n'y avait plus d'autre explication possible que celle du tapis roulant », relate Xavier Le Pichon. Lui-même a très mal vécu cette publication : quelques mois auparavant, il soutenait avec brio sa thèse sur la structure géophysique de la dorsale médio-atlantique et concluait à l'impossibilité d'un modèle dynamique. « Lorsque j'ai vu ce profil, j'ai immédiatement compris que je m'étais trompé », se souvient cet académicien des sciences. Il n'est pas le seul à basculer du côté de l'hypothèse de Hess : en avril 1967, lors du congrès de l'American Geophysical Union à Washington, la majorité des scientifiques jettent aux oubliettes le paradigme fixiste et embrassent la toute nouvelle théorie de la tectonique des plaques

Forage du sous-sol
Il faut dire que les preuves s'accumulent en faveur de ce nouveau modèle. Des études sismiques démontrent qu'au-dessus des dorsales, la propagation des ondes consécutive à un tremblement de terre indique bien un phénomène d'ouverture, alors qu'au niveau des fosses, on constate un raccourcissement et l'on peut même suivre la lithosphère qui s'enfonce dans la Terre. Des forages du sous-sol océanique confirment également que plus on s'éloigne des dorsales, plus les sédiments sont vieux. Dès lors, en partant du principe qu'il se crée autant de croûte océanique au niveau des dorsales qu'il n'en disparaît au niveau des fosses, il devient possible de dresser les premiers modèles quantitatifs.

Jason Morgan, de l'université de Princeton, est le premier à proposer une surface terrestre découpée en 12 « blocs » rigides, se déplaçant les uns par rapport aux autres selon les règles de la géométrie sphérique [1]. En 1967, il montre que le mouvement des blocs américain et eurasien s'explique bien par une rotation autour de l'axe de la Terre. Cette année-là, Xavier Le Pichon abandonne tous ses travaux en cours pour se consacrer au premier modèle global quantitatif du mouvement des plaques tectoniques. Six mois plus tard, après de nombreuses nuits blanches passées devant son ordinateur, il affirme à sa femme : « Je vais devenir le scientifique le plus célèbre du siècle. » « Je venais de passer cinq ans à essayer de comprendre les dorsales océaniques, et là tout s'expliquait, par la géométrie sphérique et un peu d'informatique », raconte le chercheur. Son article est publié en 1968 [2].

Chaque plaque se retrouve affublée d'une direction et d'une vitesse de déplacement. Des données qui seront confirmées près de vingt ans plus tard, grâce aux mesures par satellites. Ainsi, Hawaï et le Japon se rapprochent bien de 10 centimètres par an. « Je ne pensais pas que mes prédictions étaient si précises... Cette éclatante confirmation fut un grand moment dans ma vie », confie Xavier Le Pichon.

Seuls quelques irréductibles refusent encore d'adopter ce modèle, prétextant des observations contradictoires. Comment expliquer par exemple les volcans au milieu d'une plaque océanique, comme Hawaï ? On découvre quelques années plus tard l'existence des points chauds, remontées de magma très profond qui surviennent au milieu d'une plaque. Et les chapelets d'îles volcaniques alignées viendront renforcer le modèle des plaques en mouvement. Autre cause de réticence : la vitesse de déplacement des plaques semble incompatible avec la modélisation du flux de chaleur qui se dégage de la Terre. Mais la découverte des sources hydrothermales permettra d'expliquer cette différence. À court d'arguments, les sceptiques disparaissent progressivement. Vingt ans après avoir été débattue au sein de la communauté scientifique, la tectonique des plaques entre dans l'enseignement universitaire, dès 1970 pour l'université Paris-VII, pionnière en la matière. Les livres scolaires sont corrigés en 1982. Désormais, la tectonique des plaques semble aussi évidente que le fait que la Terre tourne autour du Soleil. Un délai plutôt court pour un tel bouleversement. Pour comparaison, il avait fallu plus de deux cents ans pour que le système héliocentrique de Copernic soit accepté.
L'ESSENTIEL
- EN 1912, ALFRED WEGENER expose sa théorie d'une translation horizontale des continents, sans convaincre les géologues.

- APRÈS LA SECONDE GUERRE MONDIALE, l'exploration des fonds marins conduit à la découverte des dorsales océaniques.

- LE MODÈLE DES PLAQUES TECTONIQUES, en mouvement les unes par rapport aux autres, à la surface de la Terre, s'impose à la fin des années 1960.
ET AUSSI : JEAN PIAGET CONTRE NOAM CHOMSKY
Lors d'un colloque exceptionnel, les deux scientifiques opposent leur théorie de l'acquisition du langage.

Le lieu est unique. La rencontre aussi. Du 10 au 13 octobre 1975, un colloque exceptionnel a lieu dans l'abbaye de Royaumont, dans le Val-d'Oise, et réunit pour la première et dernière fois deux poids lourds de la psychologie du développement : Noam Chomsky et Jean Piaget. Le psycholinguiste américain Chomsky travaille alors à Cambridge, au Massachusetts Institute of Technology, tandis que Piaget, son homologue suisse, âgé de 79 ans, est en fin de carrière à Genève. Les deux savants sont invités par le Centre Royaumont, présidé par le prix Nobel Jacques Monod, pour défendre leur théorie de l'acquisition du langage chez l'enfant. À savoir, le structuralisme pour Jean Piaget, et une théorie plus récente, l'innéisme, pour Noam Chomsky. La théorie du développement cognitif de Jean Piaget défend l'idée que, chez l'enfant, le langage s'acquiert par étapes et l'intelligence se développe progressivement, en interaction avec le monde extérieur, notamment via l'éducation et la culture. Noam Chomsky, avec sa théorie de grammaire générative, estime quant à lui que le langage n'est pas le fruit d'une construction mais une capacité innée, inscrite dans le cerveau humain. À cette époque, les deux paradigmes font l'objet d'un nombre accru de comparaisons et sont sujets à débats dans les revues spécialisées. L'organisation de ce colloque traduit un besoin de mettre en scène l'opposition entre les deux théories pour mieux comprendre les rapports entre inné et acquis dans le développement cognitif de l'enfant. Pour aider l'assemblée à se forger une opinion, les deux hommes rédigent chacun un court texte qui résume leur thèse point par point avant de se lancer dans le débat. Dans l'auditoire, des philosophes, des biologistes, des psychologues ou encore des neuroscientifiques, comme le jeune Jean-Pierre Changeux, viennent écouter et échanger avec les deux chercheurs. Rapidement, Noam Chomsky et Jean Piaget tombent d'accord sur l'existence d'un « noyau fixe » chez l'enfant : une capacité logique à former des phrases. Le point de controverse se cristallise donc sur la nature innée de cette capacité. À l'issue du débat, aucune théorie ne prend l'avantage sur l'autre, mais les arguments de Noam Chomsky séduisent. Olivier Houdé, professeur de psychologie à l'université Paris-Descartes, estime que ce duel de trois jours a été décisif et a mené à l'ouverture de nouvelles voies de recherche dans les années 1980 et 1990. Notamment à l'étude des capacités cognitives précoces chez le bébé, appliquée au langage mais aussi aux nombres. Gautier Cariou
LE REGARD DE NAOMI ORESKES, HISTORIENNE DES SCIENCES DE LA TERRE, DIRIGE LE DÉPARTEMENT « CULTURE, ARTS ET TECHNOLOGIE » À L'UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À SAN DIEGO. « PRÉSENTER UN ESSAI DE "GÉO-POÉSIE" ÉTAIT TRÈS HABILE »
En 1912, le modèle de dérive des continents d'Alfred Wegener convainc peu de scientifiques. Cinquante ans plus tard, cette théorie revisitée emporte rapidement l'adhésion de la majorité des chercheurs. Pourquoi cet accueil si différent ?

N.O. La présentation de l'hypothèse d'une dérive des continents par Wegener en 1912 a suscité de nombreux débats scientifiques. Mais les modèles géologiques de l'époque n'autorisaient pas d'aussi vastes déplacements horizontaux de la croûte terrestre. Toutefois, ce qui a été le plus reproché à Wegener, c'est son approche individuelle et dogmatique. Il ne s'appuyait pas sur un faisceau d'indices récoltés par la communauté scientifique. Or, pour les chercheurs américains, la science se devait d'être démocratique, collective. Néanmoins, ce pavé jeté dans la mare par Wegener a mis en évidence les incohérences du modèle alors en vigueur [1].

Pourquoi cette hypothèse ressort-elle en 1960 ?

N.O. En réalité, elle n'avait pas disparu, mais la Seconde Guerre mondiale a mis entre parenthèses la recherche. En 1960, quand Harry Hess en propose une nouvelle version, il dispose de données récentes issues de l'exploration des océans et de travaux britanniques de géomagnétisme qui tendent à montrer que les continents se sont déplacés.

Lorsque Harry Hess expose son modèle du tapis roulant, il le présente sous la forme d'un essai en « géo-poésie ». Pourquoi ?

N.O. Il sait que Wegener a été décrédibilisé en partie à cause de son dogmatisme. Or Harry Hess souhaite rouvrir le débat sans se discréditer. Présenter son idée comme un essai en géo-poésie est une façon de dire en substance : « Il s'agit juste d'une idée, un début de proposition ». C'était habile.

Les données de terrain vont valider cette intuition. À quel moment la communauté scientifique bascule-t-elle du modèle « fixiste » au modèle dynamique ?

N.O. Ce n'est pas possible de distinguer un événement précis qui aurait tout fait basculer. Pour certains, ce sont les données sismiques qui montrent qu'au niveau des fosses océaniques, on assiste bien à un mouvement de subduction. Pour d'autres, c'est le fameux « profil magique » dans l'océan Pacifique qui révèle l'expansion de la croûte océanique de part et d'autre de la dorsale. Une chose est sûre, l'année 1968 est une année charnière, car on passe de l'accumulation de preuves à l'élaboration de la théorie globale.

La majorité des scientifiques adhèrent à ce modèle alors qu'il n'a pas encore d'explication mécanique : est-ce courant qu'une nouvelle théorie soit ainsi admise sans explication ?

N.O. Oui, l'histoire des révolutions scientifiques montre qu'il n'est pas nécessaire de comprendre une théorie pour l'accepter. Certains géologues se sont crispés à cause de ce manque d'explication, mais la force des évidences a fait le reste. Encore aujourd'hui, le mécanisme exact de la tectonique des plaques n'est pas totalement élucidé. Propos recueillis par Lise Barnéoud

[1] N. Oreskes, Plate Tectonics, an Insider's History of The Modern Theory of the Earth, Westview, 2003.
ON EN PARLE AUSSI
Art préhistorique

Al'aube du XXe siècle, certains archéologues doutent encore des talents artistiques des hommes préhistoriques. Le préhistorien Émile Cartailhac, en tête des tenants de la thèse d'une évolution linéaire de l'intelligence, pense que l'homme n'a pu maîtriser un art complexe que sur le tard. Le jeune abbé Breuil, en revanche, après avoir examiné en 1901 les peintures pariétales des grottes de Combarelles et de Font-de-Gaume en Dordogne affirme que ces représentations de mammouths datent bien du paléolithique. Et finit par convaincre son aîné.

Matière noire

Fritz Zwicky est un astrophysicien américano-suisse. En 1933, il étudie un amas de sept galaxies et constate qu'elles se déplacent beaucoup plus vite que ce que prévoit la théorie de la gravitation de Newton. Il en déduit l'existence d'une matière inconnue et invisible qu'il baptise « matière noire », qui permet d'expliquer ses observations. L'idée est rejetée, notamment à cause de l'incertitude des calculs du chercheur. Elle est aujourd'hui l'un des piliers du modèle standard de la cosmologie.

Génétique et comportement

Apparue au début des années 1970 et défendue par le biologiste américain Edward Osborne Wilson dans son ouvrage Sociobiology, the New Synthesis, la sociobiologie divise. Selon Wilson, les comportements humains, tels que l'altruisme ou la xénophobie, sont essentiellement déterminés génétiquement. Ses opposants, comme le paléontologue Stephen Jay Gould, pensent que l'influence de la société sur l'homme joue un rôle important et critiquent la dérive finaliste de la sociobiologie. Une controverse qui s'inscrit dans la perpétuelle question de l'inné et de l'acquis. Clément Delorme

 

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GUERRE D'ALGÉRIE

 

 

 

 

 

 

 

guerre d'Algérie (1954-1962)

La guerre d'Algérie, 1954-1962
Cet article fait partie du dossier consacré à la
décolonisation

La guerre d'Algérie, 1954-1962
Conflit qui opposa, en Algérie, les nationalistes algériens au pouvoir d'État français.
La guerre d'Algérie, menée par la France de 1954 à 1962 contre les indépendantistes algériens, prend place dans le mouvement de décolonisation qui affecta les empires occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, et notamment les plus grands d'entre eux, les empires français et britannique.
Quand l'insurrection est déclenchée, l'indépendance du Viêt Nam vient d'être arrachée – les forces françaises ont été défaites à Diên Biên Phu, ce qui constitue un encouragement pour tous les peuples colonisés. Quant à l'indépendance des deux protectorats maghrébins, le Maroc et la Tunisie, elle est en cours de négociation.
Cette guerre – que, jusqu'en 1999, l'État français s'obstina à ne désigner officiellement que par les termes d'« opérations de maintien de l'ordre » – allait apporter, après maints déchirements entre opposants réformistes et nationalistes, l'indépendance au peuple algérien. Elle allait aussi traumatiser durablement la société française : le soulèvement des nationalistes algériens frappait un pays à peine remis de la guerre ; il allait durer huit ans et finir par emporter la IVe République.


1. L’Algérie à la veille de la guerre
1.1. Le symbole de la puissance française
Pour la France des années 1950, la perte éventuelle de l'Algérie représentait une atteinte à son rang de grande puissance, symbolisé depuis la fin du xixe siècle par sa présence coloniale dans le monde.
L'Algérie, au cœur du Maghreb, entre Afrique noire et Proche-Orient, est la pièce maîtresse de son dispositif. L'apport de la colonie algérienne à l'économie nationale, longtemps limité à une agriculture commerciale dynamique, s'est transformé grâce aux découvertes de pétrole et de gaz qui se multiplient après 1951. L'Algérie constitue également la seule colonie française de peuplement, avec un million d'« Européens » en 1954 (des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols et des Maltais, qui bénéficient de la naturalisation automatique), dont les avantages sont à opposer à la sous-administration et au sous-équipement de la population musulmane.


1.2. L'insatisfaction de la population musulmane
Celle-ci, forte de neuf millions d'habitants, de statut coranique, en forte croissance démographique, est en partie réduite à la misère par la crise agraire.
Pour les Algériens, la lutte armée sert à exprimer une désillusion réelle à l'égard des promesses françaises. En 1937, le projet Blum-Viollette étendant le droit de vote à une minorité de musulmans a été repoussé. En 1947, un nouveau statut organique est octroyé, créant une Assemblée algérienne dont la moitié des représentants est élue par un collège de 522 000 citoyens français, et l'autre moitié par un collège de 1 200 000 musulmans non citoyens. Mais, dès 1948, le vote du collège musulman est truqué par le gouverneur général Naegelen appuyé par l'opinion pied-noir (nom usuel de la communauté française d’Algérie) et donne la majorité aux candidats musulmans de l'administration française.
Pour en savoir plus, voir l'article colonisation.
1.3. Diversité du nationalisme algérien


En 1954, le mouvement nationaliste algérien, déjà ancien, est en pleine mutation. – L'Association des oulémas (docteurs de la loi islamique) garde une autorité surtout morale.
Les anciennes formations
– L'Union démocratique du manifeste du peuple algérien (UDMA), fondée en 1946 par Ferhat Abbas, a soulevé les espoirs de la bourgeoisie musulmane, mais elle est la principale victime de la politique du gouverneur général.
– Le parti communiste algérien hésite entre autonomie et assimilation.
– Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) de Messali Hadj, fondé en octobre 1946, est le fer de lance du nationalisme algérien. Il s'impose grâce à son programme – l'indépendance totale – à ses 25 000 militants aguerris par la clandestinité, et aux révoltes menées par le parti populaire algérien (PPA, interdit depuis 1939, auquel le MTLD sert de couverture légale ) dans le Constantinois en 1945.
La fondation du FLN (1954)
Toutefois, l'autorité de Messali Hadj est contestée par ceux – dont Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella – qui préconisent l'action immédiate pour relancer le mouvement et qui créent en mars-avril 1954 Le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA).
En octobre 1954, neuf personnalités – parmi lesquelles Aït Ahmed, Belkacem Krim, Ben Bella, Mohammed Boudiaf, qui traverseront toute la guerre – fondent le Front de libération nationale (FLN), le dotent d'une Armée de libération nationale (ALN), et fixent l'insurrection pour la Toussaint 1954.
2. La guerre de 1954 à 1958


2.1. Guérilla contre armée traditionnelle

Le 1er novembre 1954, la rébellion éclate en Grande Kabylie et dans les Aurès (la « Toussaint rouge ») : le territoire algérien est secoué par une une trentaine d'attaques silmultanées contre des objectifs militaires ou de police qui font sept morts. François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, décide l'envoi de trois compagnies de CRS et la dissolution du MTLD. Ces « évènements » ne sont pas perçus comme le début de la guerre.
L'année 1955 marque un tournant : le recours à la force est prôné par F. Mitterrand qui présente un programme de réformes pour l'Algérie. Les premières opérations de l'armée française se déroulent dans l'Aurès. Jacques Soustelle, nommé gouverneur général de l'Algérie prône l'intégration et le gouvernement français instaure l'état d'urgence (1er avril). Les opérations menées relèvent de la guérilla : attentats, attaques de détachements, sabotages, d'abord en Kabylie et dans le Constantinois.


2.2. Le soulèvement dans le Constantinois (août 1955)


Les 20 et 21 août 1955, des émeutes éclatent au Maroc (le 20 août est la date anniversaire de la déposition du sultan Sidi Mohammed ben Youssef, champion du mouvement nationaliste) et en Algérie. Il s'agit de prouver la solidarité des combattants algériens avec les autres luttes du Maghreb, mais aussi de montrer la capacité politico-militaire du FLN. Le bilan des émeutes est de 123 morts, dont 71 Européens, mais la répression qui s'ensuit est disproportionnée, avec un nombre de victimes peut-être supérieur à 10 000 (le chiffre officiel étant de 1 273 morts).
Ce drame coupe de façon irréductible les liens entre les deux communautés.


2.3. La généralisation de la lutte armée (1956-1957)
Le 12 mars 1956, l'Assemblée nationale vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet : la décision de recourir à l'armée marque un tournant dans le dispositif répressif du maintien de l'ordre. Il est fait appel au contingent : 450 000 soldats français (contre 25 000 combattants algériens).
À partir de 1956, la lutte armée se déroule sur tout le territoire, grandes villes comprises. Le poids du commandement militaire ne cesse de croître. Il est confié à des officiers chevronnés, comme le général Salan, commandant en chef en novembre 1956, puis délégué général du gouvernement en mai 1958, avec tous les pouvoirs civils et militaires. Son successeur, le général Maurice Challe (décembre 1958-avril 1960), et le général Massu, qui manifeste sa vigueur lors de la « bataille d'Alger » en 1957, sont populaires parmi les pieds-noirs. Certains officiers plus jeunes s'engagent totalement dans la cause de l'« Algérie française ».


2.4. La création du GPRA (1958)
Côté algérien, l'ALN dispose dans chaque wilaya, ou région militaire, d'un double commandement, militaire et politico-administratif, sous la direction d'un colonel. Des tensions apparaissent avec les combattants de l'extérieur, mais le principe d'une direction collégiale est acquis lors du congrès de la Soummam, en août 1956.
En 1958 est créé à l'extérieur un Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), présidé jusqu'en 1961 par Ferhat Abbas.
Du côté du FLN, rivalités internes, purges sanglantes et disparitions au combat provoquent un renouvellement partiel des dirigeants (Houari Boumediene devient chef de l'état-major général de l'ALN en 1960).


2.5. Une victoire impossible pour l'armée française
La France finit par gagner la guerre sans pour autant rétablir l'ordre. À partir de 1957, le contrôle est repris dans les grandes villes (« bataille d’Alger »), sur les frontières (1957-1958), puis dans les campagnes, par étapes, jusqu'en Kabylie (1959-1960), grâce à la pratique des « camps de regroupement ».
En revanche, la France perd la guerre auprès de l'opinion, internationale et métropolitaine. Auprès des musulmans, l'« action psychologique » a échoué : les regroupements forcés, les exactions de l'armée française et la terreur entretenue par le FLN rendent toute cohabitation impossible.


2.6. Un conflit de dimension internationale
L'aide des pays arabes au FLN
Malgré les tentatives des gouvernements français de présenter la guerre d'Algérie comme un problème de police intérieure, la dimension internationale du conflit n’a cessé de croître, ce qui a profité au FLN. L'aide arabe a été décisive. La Délégation extérieure du FLN s’est regroupée autour de Ferhat Abbas au Caire, siège de la Ligue arabe.
Les deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie, ont servi d'arsenal, de base arrière et de camp d'entraînement pour les combattants. Chaque tentative de l'armée française pour rompre la solidarité de ces États souverains a soulevé des protestations internationales, que ce soit lors de l'interception, en 1956, d'un avion marocain transportant des chefs historiques du FLN (dont Ben Bella), ou lors du bombardement du village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef le 8 février 1958, qui a suscité la réprobation américaine.
L'hostilité des deux Grands face à la France
Les deux Grands ont en effet condamné la politique française au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais pour des intérêts contraires : l'URSS a vu dans son soutien mesuré au FLN le moyen d'implanter son influence au Maghreb ; les États-Unis ont considéré que l'intransigeance française était le meilleur moyen pour que l'URSS y parvienne.
Les soutien des pays non-alignés au FLN
En permettant à la délégation algérienne de siéger dans leur mouvement comme membre à part entière lors de la conférence de Bandung, les pays non alignés donnent une dimension internationale au FLN. À partir de septembre 1955, les offensives diplomatiques répétées des pays afro-asiatiques contraignent la France à justifier sa politique devant l'Assemblée générale des Nations unies d'abord en 1956, puis à nouveau l'année suivante.


3. La France malade de la guerre d'Algérie (1956-1958)


3.1. L'agonie de la IVe République
L'impuissance du régime
L'impuissance de la IVe République à rétablir la paix est exploitée par la coalition provisoire des forces politiques qui lui sont hostiles et aboutit à l'effondrement du régime.
Face à l'échec de la politique d'intégration menée par Soustelle à partir de 1955 et face au refus des propositions françaises (cessez-le-feu, élections, négociations) par le FLN, les gouvernements hésitent entre la négociation à tout prix et la guerre à outrance. Ils laissent de plus en plus l'initiative politique à l'armée et à la rue : le 6 février 1956, des tomates sont lancées sur le président socialiste du Conseil Guy Mollet, qui rappelle le gouverneur général, le général Georges Catroux, et nomme à sa place Robert Lacoste comme ministre résident.
Les divisions déchirent les partis, provoquent la rupture de la majorité de Front républicain au pouvoir depuis janvier 1956, et le retour à l'instabilité ministérielle des législatures précédentes, après la chute de Guy Mollet le 21 mai 1957.
Le 13 mai 1958
Cette impuissance est exploitée à Alger, parmi les colons, par des activistes qui cherchent à provoquer un putsch qui contraindrait Paris à poursuivre la guerre. Ils rejoignent ainsi les préoccupations de nombreux officiers, de plus en plus méfiants à l'égard du gouvernement civil, et qui assimilent négociations et « trahison » des combattants.
Le 13 mai 1958, des manifestants, animés par le président des étudiants d'Alger, Pierre Lagaillarde, investissent le siège du gouvernement général et désignent un « Comité de salut public » dirigé par le général Massu, avec l'accord du général Salan.
À Paris, la nouvelle de la rébellion d'Alger éclate comme une bombe : le nouveau président du Conseil, Pierre Pflimlin, tente de préserver la légalité. Mais dès le lendemain, Massu lance un appel au général de Gaulle, franchissant un nouveau pas dans la rupture avec Paris.
Pour en savoir plus, voir l'article crise du 13 mai 1958.
Le retour du général de Gaulle
Le 15 mai, le général de Gaulle se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République », mais sans préciser davantage quelle politique il entend mettre en œuvre en Algérie.
L'arrivée de Jacques Soustelle (rallié à de Gaulle) à Alger le 17 donne un chef politique au mouvement né du 13 mai, tout en aggravant le différend avec la métropole. À Alger toujours, des émissaires gaullistes officieux prennent contact avec les factieux.
Le pouvoir exécutif est paralysé par la menace d'un coup d'État militaire. Pflimlin démissionne le 28. Le président René Coty fait alors appel au général de Gaulle. Le 1er juin, l'Assemblée nationale l'investit avec tous pouvoirs pour élaborer une nouvelle Constitution. Le 3 juin, de Gaulle obtient les pouvoirs spéciaux pour six mois afin de résoudre la crise algérienne. Le lendemain, à Alger, il lance son « Je vous ai compris ! ».
Pour en savoir plus, voir les articles général de Gaulle, IVe République.


3.2. La recherche de la paix (1958-1962)


De Gaulle, de l'intégration à l'autodétermination (1958-1959)
La rupture de l'opinion française avec les pieds-noirs et l'armée d'Algérie est un temps masquée par la politique du général de Gaulle (fin 1958, le « plan de Constantine » suggère une politique d'intégration). Mais, le 16 septembre 1959, l'annonce de l'autodétermination fait monter en première ligne les partisans de l'Algérie française.
Dans un discours décisif, de Gaulle propose trois voies, entre lesquelles les Algériens seront appelés à choisir : sécession, francisation ou association. C'est la première fois que l'indépendance peut être, de fait, envisagée. Reste cependant le problème de la pacification de l'Algérie, sans laquelle l'autodétermination est improbable.
Un pays favorable à la paix

La guerre d'Algérie vue par le PCF
L'opinion publique française, initialement favorable à la guerre, glisse vers la recherche de la paix, même au prix de l'indépendance ; en janvier 1961, le référendum sur l'autodétermination recueille 72,25 % de « oui » en métropole et 69,09 % en Algérie.
L'utilisation pour la guerre d'Algérie de soldats appelés du contingent a installé le conflit au cœur des familles ; le FLN intensifie les attentats, la métropole n'est plus épargnée. La répression ne faiblit cependant pas, comme lors de la manifestation des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, qui fait plus de 200 morts selon les sources officielles divulguées en 1997.
En outre, le coût économique de la guerre ébranle une partie de la classe politique et les milieux d'affaires, qui voient avec inquiétude les pays concurrents se moderniser et connaître une forte croissance. Enfin, le coût moral de la guerre et le mépris pour les libertés républicaines que semblent avoir l'armée et le gouvernement poussent divers acteurs à entrer en action.
La mobilisation pour la paix
Les intellectuels se mobilisent, les uns pour les libertés, les autres pour l'indépendance algérienne (Manifeste des 121 en faveur de l'insoumission, septembre 1960). À Alger, quelques isolés prônent le rapprochement des communautés, tels André Mandouze ou Albert Camus. Rares sont ceux qui aident, clandestinement, le FLN, tels les « porteurs de valise » du réseau Jeanson.

Quelques journaux – France-Observateur, Témoignage chrétien, le Monde –, bravant la censure et les poursuites judiciaires, dénoncent la torture. Le syndicalisme étudiant (→ Union nationale des étudiants de France) passe du refus de la guerre au soutien à l'indépendance. Une partie des syndicats ouvriers et des militants politiques de gauche – parti communiste à partir de 1956, parti socialiste autonome, mendésistes, puis parti socialiste unifié – manifestent contre la poursuite des combats, puis pour le soutien aux négociations.
Le 8 février 1962, une manifestation organisée par les syndicats de gauche contre l'neuf manifestants au métro Charonne, dans le XIe arrondissement de Paris
3.3. De la semaine des barricades aux accords d’Évian (1960-1962)
Les derniers sursauts de l'Algérie française
L'épreuve de force éclate lors de la « semaine des barricades » (24 janvier-1er février 1960), avec la complicité de certaines unités de l'armée, mais le général Challe, commandant en chef, bloque l'insurrection.
Cependant, dès l'année suivante, la perspective de l'aboutissement des négociations entamées à l'automne 1960 avec le FLN et de la reconnaissance d'un État algérien souverain fait basculer Challe ainsi que les généraux Salan, Zeller et Jouhaud dans la rébellion.
Mais le putsch d'Alger (21-26 avril 1961) échoue, faute de rallier le contingent et l'opinion française. Les officiers factieux rejoignent alors l'OAS.
Impuissante à empêcher l'indépendance, l'OAS multiplie les attentats (en Algérie et en métropole), les destructions systématiques et les massacres, comme la fusillade de Bab-el-Oued en mars 1962. Les violences commises par l'OAS ne cessent qu'après l'accord FLN-OAS du 17 juin 1962. Dans un tel climat de haine et de peur, 900 000 Français d'Algérie décident de quitter le pays, de se faire « rapatrier » en France.
Les accords d'Évian
Les accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, donnent la souveraineté à l'État algérien, Sahara compris. Le principe d'une coopération financière (intégration à la zone franc), culturelle et technique (mise en valeur des hydrocarbures) est adopté. Une partie des accords ne sera pas appliquée, par suite des orientations prises par le gouvernement algérien après l'indépendance (occupation des bases militaires, nationalisation des biens des colons, puis des hydrocarbures en 1971). Approuvée par référendum le 1er, l’indépendance de l'Algérie est solennellement proclamée le 3 juillet 1962.


3.4. Les conséquences de la guerre
Le coût humain
Le coût de la guerre en hommes est encore discuté. L'incertitude provient moins des morts au combat que des victimes officieuses des tortures de l'armée française ou des assassinats dus au FLN, y compris chez les musulmans. Le chiffre de 300 000 à 400 000 morts du côté algérien est le plus probable. On compte 27 500 militaires français tués et un millier de disparus, et chez les civils européens 2 800 tués et 800 disparus.
L'héritage de la guerre civile
Aujourd'hui, les liens de l'Algérie avec la France restent étroits, grâce aux hommes, aux accords commerciaux, à la coopération technique et culturelle. L'esprit de la guerre d'indépendance est cependant resté longtemps vivace dans la diplomatie algérienne, fidèle au non-alignement et qui milite dans les instances internationales (ONU, OUA, OPEP) en faveur d'un nouvel ordre économique mondial. Le régime du parti unique, hérité de la guerre et des luttes pour le pouvoir, suscite cependant une hostilité croissante dans l'opinion publique algérienne, qui finit par obtenir l'introduction du multipartisme en février 1989.
Les traumatismes de la guerre côté français
En France, le traumatisme causé par la guerre d'Algérie est dépassé par les pieds-noirs, sans être cependant oublié. En revanche, le cas des harkis, ces supplétifs algériens de l'armée française, reste le dernier vestige, douloureux, de la guerre d'indépendance algérienne, malgré un début de reconnaissance par l'État français, en 2001, de ces combattants qui furent des dizaines de milliers à être massacrés par les soldats de la nouvelle République algérienne.

 

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