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LOUIS XIV

 



 

 

 

 

 

Louis XIV


Cet article fait partie du dossier consacré à Louis XIV.
(Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715), roi de France (1643-1715), fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche.

1. L'apprentissage du métier de roi
1.1. Une enfance marquée par la Fronde

Héritier longtemps désiré, Louis, né le 5 septembre 1638 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, devient roi à cinq ans, à la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, lui préfère son frère cadet Philippe, le futur Monsieur ; délaissé par elle, il grandit solitaire et se renferme de bonne heure sur lui-même. Là est peut-être l'origine de sa méfiance envers les hommes, de son goût du secret, qui sera une des règles de sa politique.

Chassé de sa capitale à l'âge de dix ans par la Fronde parlementaire, traqué avec sa mère par la Fronde des princes sur les routes de France jusqu'en 1652, il en restera profondément marqué ; de là peut-être plus tard sa volonté de brider les parlements, de fixer la résidence royale en dehors de Paris et d'y museler la noblesse.

Une formation précoce à l'art de gouverner…

Cette adolescence agitée et nomade, si elle est néfaste à sa culture livresque, lui apprend à connaître très tôt les hommes et les choses de son royaume. En outre, le cardinal Mazarin, son parrain, investi de la confiance de la reine régente et qui gouverne en son nom de 1643 à 1661, l'a très tôt initié au gouvernement. Dès le 18 mai, soit quatre jours après la mort de son père, Louis XIV a tenu son premier lit de justice (séance royale du parlement), qui a consacré la puissance de la régente, aux dépens de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, et surtout au profit de Mazarin. Celui-ci, nommé le 15 mars 1646 « surintendant au gouvernement et à la conduite du roi », lui enseigne donc les intrigues européennes, l'art d'acheter les consciences et de gouverner, le rôle, enfin, des mariages diplomatiques.

… et à l'art militaire
Le marquis de Villeroy, le gouverneur du jeune roi, est chargé de lui inculquer l'art militaire, tandis que ses différents confesseurs, issus des jésuites, lui transmettent leur hostilité au jansénisme. Son premier précepteur est Hardouin de Péréfixe, qui se consacre particulièrement à apprendre l'histoire de France au jeune roi, et cherche à lui donner le goût des classiques, à travers, par exemple, les Commentaires sur la conquête des Gaules, de Jules César.

Dès 1646, le roi s'initie à l'ambiance de la guerre au camp militaire d'Amiens, qui est alors l'un des lieux de rassemblement, avec Compiègne, de l'armée en campagne ; par la suite et jusqu'en 1693, Louis XIV passera une importante partie de son temps aux armées : de deux à trois mois par an en moyenne, et jusqu'à cinq mois durant la seule année 1673.

1.2. Sous l'égide de Mazarin

La majorité du roi est proclamée le 7 septembre 1651, alors que des états généraux sont convoqués pour le lendemain à Tours – cette promesse a pour but de calmer les gentilshommes frondeurs, et la proclamation de la majorité du roi vise à empêcher son oncle Gaston d'Orléans ou le prince de Condé de chercher à s'emparer de la régence. En réalité, Mazarin, depuis son exil en Allemagne, continue à diriger le roi et le Conseil de régence grâce à Anne d'Autriche.

Un jeune roi averti et méfiant
Quand il peut rentrer dans Paris enfin calme, en octobre 1652 – il est âgé alors de quatorze ans –, Louis XIV fait arrêter l'intrigant cardinal de Retz avant même le retour de Mazarin, annonçant ainsi le style de gouvernement autoritaire et déterminé qui va être le sien. Louis retire de ces épreuves la conviction que l'autorité monarchique ne peut se partager avec les nobles les plus en vue, tandis qu'il conservera sa confiance aux serviteurs loyaux de Mazarin – qui étaient le plus souvent des personnages issus de la petite noblesse ou de grands bourgeois anoblis depuis peu.
Cette confiance réservée à quelques serviteurs dévoués – Michel Le Tellier, Hugues de Lionne, Nicolas Fouquet (vite écarté par Colbert), Louvois, puis, sur la fin du règne, Chamillart ou Villeroy – sera néanmoins assortie d'une méfiance universelle et d'un goût prononcé de la dissimulation.
Après le retour de Mazarin à Paris (3 février 1653), Louis XIV laisse son parrain diriger les affaires de l'État, même s'il s'y intéresse de plus en plus, convaincu qu'un roi n'est pas fait que pour régner mais également pour gouverner. Il est sacré à Reims le 7 juin 1654.
L'Espagne, enjeu du mariage de Louis XIV
Malgré l'amour de son élève pour sa propre nièce, Marie Mancini, le cardinal impose à Louis XIV d'épouser l'infante d'Espagne Marie-Thérèse. Couronnement de sa politique, qui triomphe en 1659 au traité des Pyrénées, la paix avec l'Espagne – avantageuse pour la France qui reçoit l'Artois et le Roussillon – est scellée par le mariage célébré le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz.
Longuement négociées à partir de 1658, les clauses comprennent la renonciation par Marie-Thérèse à ses droits éventuels sur la succession espagnole, avec, en outre, le paiement, par l'Espagne, d'une dot d'un demi-million d'écus d'or, somme énorme que l'Espagne ne pourra pas payer. Ainsi, dès son mariage, un axe fondamental de la politique extérieure de Louis XIV – l'affrontement avec l'Espagne – est-il tracé par Mazarin.
2. Le monarque absolu
2.1. Un roi qui règne et gouverne par lui-même
À la mort du cardinal Mazarin, en 1661, Louis XIV décide de gouverner par lui-même – une exception dans l'Europe d'alors, où ministres et favoris gouvernent au nom des rois. Il élimine d'un coup le surintendant des Finances, Fouquet, accusé de prévarication (manquement aux obligations de sa charge), et donne sa confiance à Colbert, que Mazarin lui a recommandé.
« L'oint du Seigneur »
De 1661 à 1715, cette volonté de gouverner par lui-même ne se relâchera jamais. Louis XIV exerce ce qu'il appelle le « métier de roi » avec la conscience – puisée dans la conviction profonde de ses devoirs envers Dieu, des devoirs de ses sujets envers lui – d'être l'« oint du Seigneur », le représentant de Dieu sur terre. Il écrira dans ses Mémoires :« Ce qui fait la grandeur et la majesté des rois n'est pas tant le sceptre qu'ils portent que la manière de le porter. C'est pervertir l'ordre des choses que d'attribuer la résolution aux sujets et la déférence au souverain. C'est à la tête seule qu'il appartient de délibérer et de résoudre et toutes les fonctions des autres membres ne consistent que dans l'exécution des commandements qui leur sont donnés. »
Le champion de l'absolutisme
L'essence de sa doctrine politique, l'absolutisme, auquel Richelieu et Mazarin avaient préparé la voie et dont Louis XIV est le champion, est contenue dans les réflexions qu'il formule dans ses Mémoires. Elles expliquent sa politique étrangère brutale, son orgueil, son égoïsme, ses erreurs tragiques, telles la révocation de l'édit de Nantes ou la persécution des jansénistes, avec la prétention d'imposer sa loi aux consciences mêmes de ses sujets.
Pareillement, elles font comprendre pourquoi le roi sera toute sa vie un travailleur acharné, passionnément attaché à remplir toutes les charges de son « métier », à en goûter tous les plaisirs aussi. Il sera aidé par sa constitution particulièrement robuste, qui était capable de résister à tous les excès, ceux du travail, de la chasse, de la table, de l'amour, de la maladie. En cela, Louis XIV ressemble plus à son grand-père Henri IV qu'à son père Louis XIII.
Le roi et ses favorites
iDe son aïeul, Louis XIV a le tempérament amoureux. Ses maîtresses sont en effet nombreuses : Louise de Lavallière, Françoise de Montespan, Marie-Angélique de Fontanges ne sont que les plus célèbres et les plus durables de ses innombrables passions. Il comblera de biens ses différents bâtards, qu'il légitimera, surtout les deux fils de Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Toulouse ; il prendra soin, en outre, de les marier à sa descendance légitime (Louis XIV eut six enfants de la reine, dont seul survécut Louis, dit le Grand Dauphin). Ainsi, il obligera son neveu Philippe d'Orléans, à épouser Mlle de Blois, fille de Mme de Montespan, ou bien une petite-fille du Grand Condé à s'unir au duc du Maine. Mais l'influence des maîtresses sur les affaires du royaume est à peu près nulle, de par la volonté même du roi.
iMadame de Maintenon, qu'il a épousée secrètement en 1683, après la mort de la reine Marie-Thérèse, joue néanmoins un rôle discret à la fin de sa vie, assistant par exemple aux réunions particulières du roi avec ses ministres ou avec les ambassadeurs étrangers. Il est probable qu'elle a influencé le roi en lui recommandant certains gentilshommes – ainsi, le maréchal de Villeroy, ou Daniel Voysin, qui devint chancelier en 1714.

Imbu de la grandeur de son rôle
C'est toujours le roi et non l'homme privé qui s’impose, au point que l'homme s'estompe et disparaît derrière le Roi-Soleil, toujours en représentation et contraint par le cérémonial de l'étiquette, héritage maternel d'ailleurs plus dans la tradition espagnole que française.
Est-ce l'effacement de l'individu derrière le personnage royal qui a empêché l'histoire de rendre justice à Louis XIV ? Il faut sans doute faire l'effort de replacer le personnage dans son époque et de le comprendre en fonction d'un univers mental si différent du nôtre. Si certains l'ont louangé exagérément, d'autres en ont fait le type du monarque absolu, tyrannique, égoïste et soucieux de sa seule gloire, Louis XIV ne fut pas si différent des autres souverains de son temps, mais, à cause de la force de son royaume, de l'exceptionnelle pléiade de génies qui illustrent son règne, du sentiment particulièrement aigu aussi qu'il avait de la grandeur de son rôle, il accentua seulement – certes jusqu'au paroxysme – l'absolutisme. Tendance politique qui est celle de l'époque, des Provinces-Unies de Guillaume d'Orange à l'Angleterre des Stuarts ou au Brandebourg du Grand Électeur allemand.
Fidèle à la tradition de roi thaumaturge, Louis XIV pratiqua le toucher des écrouelles (ces lésions cutanées que les rois de France étaient censés guérir par attouchement), et fut même l'un des rois qui le pratiqua le plus.
2.2. Le Roi-Soleil
Un cérémonial quotidien parfaitement réglé
iLouis XIII avait voulu poser une distance entre lui-même d'une part, sa noblesse et son peuple d'autre part. Louis XIV introduit à l'inverse un cérémonial complexe, qui permet à chacun de voir le roi. La seule condition pour approcher la personne royale est de respecter un ordre de préséance précis et un cérémonial régulier, que la cour de France n'avait jamais connus auparavant, même au temps d'Henri III.
Tout, dans la vie quotidienne du Roi-Soleil, est parfaitement réglé, voire minuté. Le roi se lève vers huit heures et demie, et les courtisans pouvent alors assister au petit lever, puis au grand lever. De neuf heures et demie à midi, le roi se consacre au Conseil, puis il va entendre la messe, et va ensuite « dîner ». Après le repas, le roi prend quelques instants de repos, se promenant dans ses jardins, puis l'après-midi est de nouveau consacrée aux affaires. Certains soirs, le roi reçoit ses courtisans à partir de dix-neuf heures, puis il soupe vers vingt heures, pour se coucher vers minuit, après le rituel du grand coucher et du petit coucher, qui s'achève vers minuit et demie, voire une heure du matin.
Le soleil de Versailles
iAu château de Versailles, la chambre du roi occupe le centre du bâtiment, et se situe au départ des axes qui s'ouvrent du château vers Versailles. Les appartements des princes royaux, princes du sang, puis des autres membres de la noblesse sont assignés en fonction de la place de chacun dans la hiérarchie royale. Dans son château, Louis XIV est à la fois le Soleil, donc Apollon – le rythme du lever et du coucher du roi semblant régler la course de l'astre –, et Jupiter à l'image de certaines représentations de la galerie des Glaces dans lesquelles un Louis-Jupiter guerrier brandit la foudre et écrase ses ennemis.

Les fastes de la Cour
Le règne du Roi-Soleil est marqué par de nombreuses fêtes, au cours desquelles le souverain exhibe les fastes de sa cour. Ainsi, du 6 au 13 mai 1664, au château de Versailles, qui n'est alors qu'une « maison de campagne » (ancien rendez-vous de chasse de son père), Louis XIV fait donner les fêtes des « Plaisirs de l'île enchantée », au cours desquelles sont représentés plusieurs ballets, pièces de théâtre (dont les Fâcheux et le Mariage forcé, de Molière) et autres amusements marqués par la magnificence royale.
En 1698, le roi organise pour son petit-fils, le duc de Bourgogne, une fête militaire à Compiègne, qui dure vingt-cinq jours (et coûte environ seize millions de livres). Il s'agit à la fois d'instruire le duc de Bourgogne et de proclamer la gloire du roi un an après les traités de Ryswick. La Cour tout entière doit jouer de véritables réceptions pour les personnages importants, chacun y tenant un rôle qui est d'abord fonction de son rang, le roi y compris.
2.3. Le mécénat royal
On ne saurait énumérer ici toutes les gloires littéraires, artistiques ou scientifiques du règne de Louis XIV, mais il faut s'interroger sur l'action personnelle du roi et de son gouvernement dans ce domaine.
Le règne de la censure
Il y a d'abord, moins connu, tout un aspect négatif du gouvernement des esprits, semblable à ce qui se passe dans toute l'Europe d'alors, à l'exception toutefois des Provinces-Unies et de l'Angleterre d'après 1688.
La politique suivie à l'égard de l'édition en est révélatrice. Les imprimeurs sont réduits en nombre pour rendre leur surveillance plus facile, puis, en 1666, une censure impitoyable et tatillonne s'exerce, les écrivains coupables sont frappés d'amendes, d'emprisonnement, de bannissement ou de galères. Le remarquable, malgré ces mesures répressives, c'est la magnifique floraison littéraire du règne.
Le roi, seul mécène
Dans tous les domaines, le roi veut être le seul mécène. Colbert, en qualité de surintendant des Bâtiments, le seconde dans cette tâche. En 1671, Louis XIV loge l'Académie française chez lui, dans son Louvre, et en devient le protecteur. Académie royale de peinture et sculpture avec Le Brun comme directeur, Académie royale d'architecture, dont le roi nomme lui-même les membres, Académie de France à Rome sont créées ou refondues durant les dix premières années du règne.
Écrivains et artistes
Louis XIV pensionne les artistes. Molière, dont il impose le Tartuffe contre l'Église et les dévots, lui doit presque tout. Racine est son historiographe (chargé d'écrire officiellement l'histoire du souverain), et le roi finit par autoriser La Fontaine, qu'il n'aime pas, à entrer à l'Académie française. Passionné de musique et de ballets, il donne à Lully pleins pouvoirs en matière musicale.
Louis XIV fait en tous domaines aussi bien appel à des étrangers de talent, qu'il comble de biens ; ainsi des sculpteurs italiens comme le Bernin ou Filippo Caffieri. Il appelle en outre une quantité d'étrangers, surtout italiens (les verriers vénitiens) ou flamands, qui travaillent en sa Manufacture royale des meubles de la Couronne en 1667.
Architectes
Certes, Louis XIV bénéficie de l'extraordinaire foule de génies qui illustrent le début de son règne, et qui sont un héritage de Mazarin et de Fouquet (les trois créateurs de Versailles : Le Vau, Le Brun et Le Nôtre, sont ceux qui avaient construit le château de Vaux-le-Vicomte). Mais il a le mérite de poursuivre ce mécénat en soutenant de son autorité et de ses deniers les plus grands talents de son temps.
L'art royal par excellence, l'architecture, donne un de ses chefs-d'œuvre sous Louis XIV. La création de Versailles, malgré l'opposition de Colbert, est imposée et dirigée par le roi. Admirable concert de pierres, de verdure, d'eau et de fleurs, le palais de Versailles et les fêtes splendides qui s'y donnent sont le meilleur ambassadeur du rayonnement français à l'étranger.
Mais Versailles ne doit pas faire oublier d'autres constructions importantes : la colonnade du Louvre conçue par Claude Perrault, l'hôtel des Invalides, les portes Saint-Denis et Saint-Martin, les quais de la Seine, le Trianon et Marly, construit pour lui et ses amis (Versailles l'étant pour ses courtisans) par Jules Hardouin-Mansart, et dont il ne reste plus que le parc et ses pièces d'eau.
Savants et hommes de science
iLe roi protège aussi les savants, qui sont regroupés à l'Académie royale des sciences, fondée en 1666. L'Observatoire de Paris, construit en 1667, reste une des plus belles réalisations du règne : il est organisé par Cassini, que Louis XIV fait venir d'Italie et qui est le premier d'une lignée de savants remarquables. Le Hollandais Huygens travaillera à cet Observatoire, où il confirmera, par exemple, les théories d'Olaüs Römer sur la vitesse de la lumière.
Au Jardin des plantes officinales du Roi (actuel Jardin des plantes), où exerce le grand botaniste Joseph Pitton de Tournefort, la circulation du sang à la découverte de laquelle contribue un Français, Jean Pecquet, est enseignée dès 1673.
3. Le roi, la foi, l'Église
« Des intérêts du Ciel, pourquoi vous chargez-vous ? » interroge Molière dans le Tartuffe. En matière de foi, Louis XIV semble avoir hérité de sa mère une piété à l'espagnole, plus formaliste que profonde ; mais cette piété se manifeste assez tard, l'âge venu et sous l'influence de Mme de Maintenon.
Dans les premières années du règne, le jeune souverain, dominé par ses passions et qui soutient le Tartuffe de Molière, fait plutôt songer à un jeune prince quelque peu libertin. Il ne s'est pas moins impliqué pour autant dans les affaires religieuses du royaume dès le début de son règne et celles-ci, occupant une place importante, constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme — au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.
3.1. Le roi contre le pape
Louis XIV affirme son indépendance à l'égard de la papauté et son autorité sur l'Église de France. Entré en conflit avec le pape Innocent XI, en 1673, il fait rédiger par Bossuet la Déclaration des quatre articles (1682) qui érige le gallicanisme en politique d'État. Condamnée par le pape Alexandre VIII en 1691, cette Déclaration sera retirée en 1693, en raison des difficultés extérieures du royaume.
3.2. La lutte contre le jansénisme
Hostile aux jansénistes, Louis XIV les prive de l'abbaye de Port-Royal. Loin de réussir, la lutte du roi contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus (1713) – qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du xviiie siècle.

3.3. La révocation de l'édit de Nantes
À l'égard des protestants, Louis XIV adopte une politique tout aussi répressive, qui se manifeste par les dragonnades (mesures de cocercition pour héberger les dragons royaux) et qui culmine, en 1685, par la révocation de l'édit de Nantes. Dès lors le protestantisme n'a plus d'existence légale en France ; il en résultera un exode massif des réformés.
Pour en savoir plus, voir l'article révocation de l'édit de Nantes.
4. La puissance, la gloire et la guerre
Ce qui fut la passion dominante de la vie de Louis XIV est bien connu. Il l'écrit lui-même :« Vous remarquerez toujours en moi la même passion pour la grandeur de l'État, et la même ardeur pour la véritable gloire. » – gloire de son royaume, qui se confondait pour lui avec la sienne propre.
4.1. Trente et une années de guerre
« J'ai trop aimé la guerre. » Ainsi le roi se serait-il exprimé sur son lit de mort. S'il n'est pas certain que le roi ait prononcé ces paroles, en revanche, ses Mémoires ne laissent aucun doute quant à l'attrait de la guerre pour lui. À propos de la possibilité qui s'offrait à lui, en 1665, de déclarer la guerre soit à l'Espagne, soit à l'Angleterre alors en lutte avec les Provinces-Unies, Louis XIV écrit :« J'envisageais avec plaisir le dessein de ces deux guerres comme un vaste champ où pouvaient naître à toute heure de grandes occasions de me signaler ».
Le règne personnel de Louis XIV comprend, en effet, trente et une années de guerres contre vingt-trois années seulement de paix. La réussite qu'était la remise en ordre de l'État par Colbert, durant les dix premières années du règne, n'était, aux yeux du roi, que le moyen de réaliser son rêve de gloire militaire. Ce fut lui seul qui décida vraiment de sa politique extérieure, dont le seul facteur d'unité sera la direction royale orientée vers la grandeur. Louvois lui avait forgé une excellente armée, Colbert une bonne marine, Vauban avait entouré la France d'une admirable ceinture de fortifications. Louis XIV donna au corps unique roupant toutes les formations affectées à sa maison militaire le nom de Maison du roi.

Guerre de Dévolution ou des « Droits de la Reine » (1667-1668)
Contre l'Espagne. Droits de la reine sur le Brabant. Énorme supériorité de la France. Promenade militaire.
Paix d'Aix-la-Chapelle. Restitution de la Franche-Comté à l'Espagne. Les places conquises aux Pays-Bas en 1667 sont conservées.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de Dévolution.
Guerre contre la Hollande et 1re coalition (1672-1678)
Invasion de la Hollande. Résistance inattendue du pays (→ Guillaume d'Orange).
– 1673 : coalition européenne contre la France (Empire, Espagne, Lorraine).
– 1674 : conquête de la Franche-Comté. Victoire de Condé à Seneffe.
– 1675 : en Alsace, admirable campagne d'hiver de Turenne, victorieux à Turckheim.
Paix de Nimègue (1678-1679). Acquisition de la Franche-Comté, du reste de l'Artois, du pays de Cambrai et de Maubeuge.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de Hollande.
Guerre de la ligue d'Augsbourg et 2e coalition (1689-1697)
La politique des réunions commencée dès 1679 par Louis XIV, qui exploite systématiquement les clauses douteuses des traités antérieurs, exaspère l'Europe : réunion des villages dépendant anciennement des Trois-Évêchés, d'Alsace, du pays de la Sarre, de Luxembourg ; surtout, en 1681, réunion de Strasbourg. L'avance turque arrête d'abord la coalition. Mais, en 1683, l'empereur est victorieux au Kahlenberg. En 1686, formation de la ligue d'Augsbourg. En 1688, l'invasion de Cologne et du Palatinat met le feu aux poudres. Coalition de l'Europe entière contre Louis XIV.
Malgré les victoires du duc de Luxembourg à Fleurus (1690), Steinkerque (1692), Neerwinden (1693) et de Nicolas Catinat à La Marsaille (1693), l'équilibre des forces fait durer la guerre.
Paix de Ryswick (1697). Retour aux frontières de 1679. Des « réunions », la France garde seulement Strasbourg. Louis XIV reconnaît Guillaume d'Orange roi d'Angleterre.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de la ligue d'Augsbourg.

Guerre de la Succession d'Espagne (1701-1714)
Par son testament, Charles II d'Espagne lègue ses États au petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, qui devient Philippe V. Après des succès initiaux, défaites de Höchstädt (1704), de Ramillies (1706) infligées par le duc de Marlborough. La sanglante bataille de Malplaquet (1709), où Villars et Boufflers s'affrontent au duc de Marlborough et au Prince Eugène, est une demi-victoire. Les coalisés y perdent la moitié de leurs effectifs (43 000 hommes), et la France seulement 7 000 hommes. En Espagne, la victoire de Villaviciosa (1710) sur les coalisés rétablit la situation de Philippe V. La victoire inespérée de Villars à Denain (1712) ouvre la voie aux pourparlers.
Traités d'Utrecht (1713) et de Rastatt (1714). La France revient aux limites de Ryswick, mais perd les portes du Canada (Acadie, Terre-Neuve) ; les clauses économiques, surtout, sont très défavorables pour elle, au profit de l'Angleterre. Si Philippe V reste roi d'Espagne, il perd les Pays-Bas et ses possessions italiennes (Milanais, Naples et Sicile).
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de la Succession d'Espagne.

4.2. L'agrandissement de la France
En ce qui concerne l'agrandissement territorial, le succès de la politique de Louis XIV est incontestable. La frontière du Nord est définitivement constituée avec la conquête de l'Artois, du Cambrésis, du pays de Maubeuge et de Givet. Celle de l'Est, avec la conquête de l'Alsace, s'avance désormais jusqu'au Rhin, et l'enclave lorraine, entourée de trois côtés, n'est pas dangereuse. La Franche-Comté complète bien cette frontière. Dans le Sud, le Roussillon a été acquis définitivement à la France en 1659. À l'intérieur, des principautés étrangères anachroniques, comme Orange et le Charolais, ont été réunies. Ainsi, à l'exception de la Lorraine, de la Savoie, de Nice et d'Avignon, ce sont déjà les limites actuelles de la France.

4.3. L'économie et la guerre
Le coût des guerres
Au point de vue économique, il en va tout autrement. Le poids de la guerre a obligé l'État à renoncer aux meilleurs résultats acquis par Colbert. Après 1674, il n'y aura plus jamais de tout le règne d'équilibre financier et, dès 1676, le déficit est de 24 millions de livres. Il faut revenir aux « affaires extraordinaires » : vente d'exemption de tailles, vente d'offices, vente du Domaine, augmentation des impôts, emprunts. Toutes ces mesures contribuent à accroître les difficultés résultant, déjà, d'une phase économique défavorable.
L'enjeu du commerce
Les causes économiques des guerres sont d'ailleurs prépondérantes. Colbert lui-même pousse à la campagne contre la Hollande, qui gêne notre commerce. Après les traités de Nimègue, néanmoins, et avant la guerre contre l'Europe en 1689 (guerre de la ligue d'Augsbourg), la France est encore prospère et reste très puissante. On n'expliquerait pas autrement qu'elle ait pu résister à vingt-deux années de guerre. Le commerce, notamment, avec la richesse grandissante de Marseille et de Saint-Malo, est florissant, et la guerre contre notre commerce explique la lutte de la Hollande et de l'Angleterre contre la France en 1689. Les Français les concurrencent en effet en Asie, en Méditerranée, en Afrique sur la Côte des Esclaves, à Cadix, en Amérique, grâce à des négociants remarquables et à une bonne marine de commerce soutenue par une marine de guerre neuve et entreprenante.
Le redressement
La guerre de la ligue d'Augsbourg, conjuguée avec la crise de 1693-1694, épuise l'économie du pays. De 1697 à 1701, on assiste pourtant à un redressement dû au soulagement fiscal, à l'abondance du travail liée à la paix et à la reprise du grand commerce. Les négociants français envahissent l'Amérique espagnole, le Pacifique et la Chine, si bien qu'on voit éclore, en quelques années, six compagnies de commerce créées par des capitaux malouins, rochelais, parisiens et nantais. Le Conseil de commerce, dominé par ces grands marchands, fait pénétrer les intérêts de ceux-ci au sein du gouvernement et influence Louis XIV au moment de la succession espagnole.
Mais ces quatre années de répit sont insuffisantes, et les traités qui mettent fin à la guerre de la Succession d'Espagne vont consacrer la prépondérance économique de l'Angleterre pour deux siècles.

4.4. Fin de l'hégémonie française
Les divisions de l'Europe ont finalement favorisé la primauté politique, maritime et commerciale de l'Angleterre, primauté et prépondérance symbolisées par une nouvelle forme de gouvernement, celui de Guillaume d'Orange, qui illustre le triomphe du régime parlementaire sur l'absolutisme de Louis XIV.
En 1703 déjà, par le traité de Methuen, l'Angleterre s'attribue le monopole des marchés brésiliens et portugais. À Utrecht, surtout, l'Empire espagnol échappe à la France et s'ouvre à l'Angleterre par la clause de la nation la plus favorisée. Le marché américain – par l'« asiento » (commerce des esclaves) et le « vaisseau de permission », la baie d'Hudson et son commerce de fourrures, l'Acadie et Terre-Neuve avec leurs riches pêcheries – passe de la France à l'Angleterre.
5. L'heure du bilan : la France en 1715
Ainsi le vieux roi, après la terrible et épuisante guerre de la Succession d'Espagne, peut faire le bilan de son règne.
Louis XIV est roi depuis soixante-douze ans et a perdu tous ses compagnons de jeunesse. Ses grands ministres sont morts. En quatre ans, de 1711 à 1714, la mort va lui enlever toute sa descendance à l'exception d'un arrière-petit-fils de cinq ans, le duc d'Anjou (futur Louis XV). Ces deuils l'inciteront à écrire, sans trop d'illusions semble-t-il, un testament qui habilite ses bâtards à lui succéder. Son neveu Philippe d'Orléans, qu'il a nommé régent, fera d'ailleurs casser ce testament le lendemain de la mort du Roi-Soleil, qui survient après une courte maladie le 1er septembre 1715.
À cette date, qu'en est-il du royaume ? De sérieuses retouches doivent être apportées au tableau de désolation tel que l'a dressé Fénelon. La baisse de population due à la crise de 1709-1710 a été vite compensée, car à partir de 1714 de belles récoltes vont faire baisser le prix du pain. La vigoureuse expansion de la marine de commerce favorise un intense trafic avec la Chine et les ports sud-américains. Le commerce avec la Louisiane s'est développé ; Marseille s'est enrichie par le commerce du Levant, et Nantes grâce au sucre antillais. Dans l'industrie, le bas prix des subsistances et le renouveau du négoce favorisent une renaissance des manufactures ; aussi le climat est-il bien plus propice à la reprise qu'à une récession.
Dans sa politique étrangère, le roi a eu contre lui les riches économies anglaise et hollandaise, le regain de puissance de l'empereur Léopold Ier qui, en arrêtant les Turcs à Vienne, puis en les chassant de ses Marches de l'est, a retrouvé un grand prestige, en se posant, comme jadis, champion de la chrétienté.

Mais en 1715, la France sort territorialement agrandie des guerres de Louis XIV, et les frontières renforcées empêcheront pour un siècle toute invasion étrangère. Dans le domaine militaire, de grands progrès ont été obtenus ; la France a la première armée d'Europe, et, surtout, une véritable intendance a été enfin créée (arsenaux, magasins d'étapes, casernes). Si la marine de guerre, après 1690, décline, par manque de moyens, la première place revient aux armements privés, et le roi a su favoriser et judicieusement employer les flottes privées des négociants.
La grande faiblesse, ce sont les finances. En 1715, l'État est considérablement endetté par plus de vingt ans de guerres presque successives. Louis XIV, à cause de ses guerres, n'a jamais eu, après 1672, de finances stables. Ce déséquilibre est aggravé par l'absence d'une grande banque et d'organismes de crédit, et, malgré les efforts et quelques essais de Vauban, qui n'a pas été écouté, il n'y a eu aucune réforme dans la répartition des impôts.
Quant à l'État, l'œuvre de Louis XIV fut une entreprise de modernisation. Si la vieille administration des officiers vénaux subsiste encore, elle n'a plus grande autorité ; la réalité du pouvoir appartient désormais au gouvernement royal et à son solide réseau d'intendants. Les « fureurs paysannes » ont disparu en même temps que se sont développées la police et l'armée. Les éléments nomades, pouvant devenir dangereux, ont été sédentarisés : mendiants dans les hôpitaux généraux, soldats dans les casernes.
En 1715, dans une France encore auréolée de toutes les gloires de son « Grand Siècle », la monarchie administrative centralisatrice commence. La France ordonnée de Louis XV s'annonce.

 

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FLORENCE

 


 

 

 

 

 

Florence


GÉOGRAPHIE
L'HISTOIRE DE FLORENCE
Les origines antiques
Le temps des crises (iiie-viiie s.)
Le temps de l'émancipation (ixe-xiie s.)
Le temps des institutions : la commune de Florence au xiie s.
Le xiiie s., temps de l'expansion
Le régime de la podestatie (1260-1293)
Le régime du « second peuple » (1293-1434)
Des Médicis au royaume d'Italie
FLORENCE ET L'ÉCOLE FLORENTINE
L'époque romane
L'époque gothique
Architecture
Sculpture
Peinture
La Renaissance du xve s.
Introduction
Architecture
Sculpture
Peinture
La haute Renaissance (fin xve-xvie s.)
Les arts décoratifs
UNE VILLE-MUSÉE



Florence
Ville d'Italie, capitale de la Toscane et chef-lieu de province.
Population : 355 342 hab. (recensement de 2011)
Nom des habitants : Florentins
GÉOGRAPHIE


La capitale toscane est située dans la partie orientale d'une vaste plaine à fond plat (50 m d'altitude), appelée bassin de Florence. Il s'agit d'un bassin d'effondrement qui était occupé par un lac au pliocène et dont les limites sont l'Appenin au nord et à l'est, les collines de la zone du Chianti au sud, l'arête rectiligne du Monte Albano au sud-ouest. Il est traversé obliquement, d'ouest en est, par l'Arno. C'est sur les rives de ce petit fleuve (aux crues parfois catastrophiques, comme en 1966).
La situation est donc très bonne grâce à la fertilité des sols et surtout à la position de confluence de nombre de voies de communication. Florence se trouve sur le tracé de la voie ferrée Milan-Rome (« la direttissima ») et sur celui de l'autoroute du Soleil et est donc un point de passage obligé entre les deux plus grands pôles urbains de l'Italie.
La ville se divise en deux parties inégales. Sur la rive gauche de l'Arno, les collines de Belvedere et Bellosguardo limitent l'extension urbaine. Après un liseré de faubourgs le long de la rive, des jardins et des villas parsèment ces hauteurs opportunément parcourues par des routes panoramiques. Sur la rive droite, au contraire, la ville s'étale dans la plaine.
Le cœur de la cité, où se trouvent les richesses architecturales de la Renaissance (Dôme, Palazzo Vecchio, etc.), correspond à un vieux noyau, romain d'abord, médiéval ensuite, que le tracé des rues montre encore. Des zones de résidence ancienne l'entourent jusqu'à un anneau de boulevards issu de la suppression d'une enceinte du xiie s. L'essor moderne date de l'unité italienne, surtout de 1865 à 1871, Florence étant alors capitale du royaume. Aujourd'hui, la ville atteint les collines septentrionales couvertes d'oliviers et aligne vers Prato des faubourgs industriels. Car, si la fonction touristique est très importante, elle n'a pas enfermé Florence dans un statut de ville-musée. L'artisanat est vivace (meuble, habillement, cuir, joaillerie), et l'industrie est présente (mécanique). Quant aux activités tertiaires autres que le tourisme, leur développement démontre le rôle régional de la ville : commerce, administration, université (avec une bibliothèque nationale), édition (un quotidien régional, La Nazione), archevêché. Un tramway a été mis en service en 2010. Florence déborde sur les communes alentour, dans tout le bassin (ses voisines immédiates sont Prato et Pistoia). Mais il y a des limites à son rayonnement, et elle n'a pu s'ériger au rang de centre de décision économique de niveau national.
Le centre historique de Florence est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1982.
L'HISTOIRE DE FLORENCE

Les origines antiques

Le site est peuplé du xe au viiie s. avant J.-C. par des Indo-Européens, les Italiotes. Abandonné du vie au iie s. avant J.-C. par les Étrusques, qui s'établissent à Faesulae (Fiesole), il est réoccupé par une agglomération que détruit Sulla à l'issue de la révolte de 82 avant J.-C. Peu après, les vétérans de César y fondent au confluent de l'Arno et du Mugnone, sans doute au printemps de 59 avant J.-C., au temps des ludi Florales, une colonie qui leur doit son nom : Florentia, la « florissante ». Tout entière située sur la rive droite, la colonie romaine est construite sur le modèle d'un castrum militaire ceint de deux kilomètres de murailles précédées de fossés.
De plan presque carré, la ville, d'une superficie de 20 ha, est d'ailleurs parfaitement orientée, car elle est dotée d'un decumanus est-ouest et d'un cardo maximus nord-sud qui, par-delà la porte du Midi, se prolonge jusqu'à un pont situé à quelques mètres de l'actuel Ponte Vecchio, mais qui ne devient permanent qu'au ier s. après J.-C. Au croisement à angle droit de ces deux axes s'élargit le forum (actuelle piazza della Republica).
Carrefour routier important, accessible depuis la mer par voie d'eau, Florence accueille alors avec faveur, sans doute par le relais de Pise, les commerçants orientaux et leurs produits, leurs idées et leurs religions (culte d'Isis au ier s. après J.-C. : christianisme au iie s. après J.-C.). La ville enrichie, débordant hors de son enceinte, comprend sans doute à la fin du iie s. après J.-C., environ 10 000 habitants.
Le temps des crises (iiie-viiie s.)

Cette prospérité se trouve rapidement ébranlée par la crise religieuse du iiie s., qui repousse jusqu'au début du ive s. la désignation du premier évêque connu de la ville, Félix, et jusqu'en 393 la consécration par saint Ambroise de la première cathédrale : San Lorenzo, sise hors les murs. En partie détruite en 552 par l'Ostrogoth Totila, qui a submergé l'enceinte byzantine édifiée en 541-544, la ville est annexée par les Lombards après 570 et dotée par eux, après leur conversion au viie s., de deux sanctuaires, l'un dédié à saint Michel, patron des occupants, l'autre à saint Jean-Baptiste. Mais éclipsée économiquement par Pise et administrativement par Lucques, Florence décline jusqu'au viiie s.
Le temps de l'émancipation (ixe-xiie s.)

Capitale du comté et de l'évêché carolingiens de Florence, la ville ne revit qu'au ixe s., lorsque Lothaire Ier en fait le centre d'un nouveau comté de Florence. Ce contado s'étend de la crête de l'Apennin jusqu'aux abords immédiats de Sienne et est de ce fait le plus vaste de toute la Toscane ; il reste dans la main du marquis de Toscane, qui se fait représenter dans son chef-lieu par un vicomte. Bénéficiant d'un important apport humain de contadini, fuyant les invasions hongroises au xe s., Florence doit être alors pourvue d'une troisième enceinte, englobant le faubourg, qui se développe au sud de l'Arno. Aussi le marquis Hugues (Ugo) décide-t-il d'y transférer sa résidence, jusque-là fixée à Lucques. Capitale administrative de la Toscane. Florence en devient le principal centre religieux et artistique. Le marquisat de Toscane relève du royaume d’Italie, qui appartient lui-même à l’Empire romain germanique.
Archevêque de cette ville de 1046 à 1059, le futur Nicolas II y accueille le concile réformateur de 1055, que préside le pape Victor II. L'effort de réformation est interrompu par l'épiscopat d'un Lombard simoniaque, Pietro Mezzabarba (1061-1069), mais il reprend sous la direction de Mathilde, fille de Béatrice de Toscane et épouse de Godefroi le Bossu. Restée seule marquise de Toscane en 1076, celle-ci apporte son soutien au pape Grégoire VII (1073-1085), dont elle favorise la réconciliation avec l'empereur Henri IV dans son château de Canossa en 1077. Le souverain allemand, qui ne lui pardonne pas son humiliation, la dépose solennellement en 1081, la contraignant à se réfugier dans le palais qu'elle possède hors des murs de Florence. La ville résiste d'ailleurs victorieusement à Henri IV, qui l'assiège en juillet 1082.
Ainsi, le peuple de Florence, qui a imposé la réforme de l'Église, affirme sa puissance au sein de la communauté urbaine.
Les ministeriales et les agents de l'évêque, du vicomte ou des établissements religieux forment la couche supérieure de ce peuple au sein duquel se constitue une bourgeoisie urbaine qui crée hors les murs le borgo (faubourg) Santi Apostoli, cité en 1075, et le borgo Foris Portam Santi Petri Majoris, connu dès 1090. La mort du dernier comte Cadolingi en 1113, celle de la comtesse Mathilde en 1115, enfin celle de l'empereur Henri V en 1125 facilitent l'émancipation de cette bourgeoisie, qui s'empare de Fiesole en 1125 et contraint les nobles à venir résider au moins trois mois dans la ville, où ils érigent des palais surmontés de tours de défense de plus en plus hautes (premier tiers du xiie s.).
Le temps des institutions : la commune de Florence au xiie s.

La commune de Florence n'est reconnue de facto qu'en 1154 par le légat impérial welf (les welfs [ou guelfes en français], ducs de Bavière, entretiennent une rivalité belliqueuse et constante avec les Hohenstaufen, ducs de Souabe, pour la détention du trône impérial germanique), lorsque celui-ci lui accorde la juridiction civile et criminelle sur le contado, que détient dès lors le tribunal de la commune. Et ce n'est qu'en 1183 qu'elle est reconnue de jure par Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse.
Trois organes assurent alors le gouvernement de la ville : l'Assemblée populaire, ou Parlement, qui se réunit quatre fois par an dans la cathédrale Santa Reparata ; un conseil consultatif et délibérant de 100 à 150 boni homines, apparu au plus tard en 1167 ; enfin, un collège de douze consuls qui se relaient tous les deux mois pour exercer le pouvoir exécutif et qui sont sans doute cooptés annuellement tant parmi les non-nobles que parmi les nobles.
Les uns et les autres se regroupent d'ailleurs indifféremment aussi bien au sein de la société des combattants à cheval (societas militum), assez riches pour s'équiper à leurs frais, qu'au sein de la société des marchands (societas mercatorum), qui pratiquent le commerce lointain ; enrichis, ils assurent l'entretien, à la demande de la commune, de l'église de San Miniato (1180) et du baptistère Saint-Jean (1157), où est conservé le carroccio (char à bœufs) chargé de porter au combat ses emblèmes.
L'enrichissement de ces grands marchands s'explique en grande partie par leur intelligence économique, qui les incite à utiliser l'alun et les produits d’Orient liés à l’art de la teinture pour affiner, teindre et réexporter à haut prix les draps achetés en Flandre et en France dès la fin du xiie s. En réinvestissant au moins partiellement leurs bénéfices en prêts à intérêts de 15 à 25 %, ces marchands donnent à Florence les moyens financiers indispensables pour assurer la liberté de ses communications « en et hors » la Toscane. Profitant de l'affaiblissement relatif de Pise face à la coalition d'intérêts de Lucques et de Gênes, Florence accepte en 1171 d'accorder son aide militaire à la première de ces trois villes, à condition que ses marchandises puissent circuler librement sur mer et ne soient pas frappées, sur son territoire, de taxes supérieures à celles qui pèsent sur son propre commerce. Un tel dynamisme économique accélère les courants migratoires dont bénéficie Florence, qui entreprend entre 1172 et 1175 la construction d'une nouvelle enceinte de 4,5 km, laquelle englobe à la fois les borghi, qui se sont multipliés hors des murs, et l'actif quartier de l'Oltrarno. La ville compte dès lors environ 25 000 habitants (50 000 peut-être en 1200) ; elle est devenue une ville pont d'une superficie de 55 ha répartis non plus entre quatre quartiers, mais entre six sestiers selon un système « sexpartite » aussitôt appliqué au contado.
Le xiiie s., temps de l'expansion

La croissance rapide de Florence, la conjonction d'intérêts entre la petite bourgeoisie immigrée du contado, les artisans, dont les nouveaux métiers se constituent et se regroupent en « arts majeurs ou mineurs » (arts des merciers, des fourreurs, des épiciers, etc.), et certaines grandes familles qui, tels les Uberti, sont écartées du consulat par le système de la cooptation, l'hostilité commerciale de Lucques, qui rétablit le péage sur l'Arno au pont de Fucecchio, l'appui enfin que donnent à ces mécontents les empereurs Frédéric Ier Barberousse et Henri VI, tous ces faits rendent possible le coup de force de 1193.
S'étant fait élire podestat, un Uberti, Gherardo Caponsacchi, abolit le consulat et bannit pour la première fois certaines grandes familles nobles. Le régime consulaire, rétabli en 1196, reconquiert le contado avec l'appui de la ligue des villes toscanes, dans laquelle Florence entre en 1197 et qu'elle dirige dès 1198. Florence occupe alors Fucecchio, où elle fait abolir le péage lucquois ; elle rase Semifonte en 1202 avec le concours de Sienne, à laquelle elle enlève enfin Poggibonsi en 1208.
En partie victorieuse grâce à l'appui du pape Innocent III, la commune accepte au début du xiiie s. d'expulser les hérétiques, renouant ainsi avec la politique de stricte orthodoxie qu'elle a pratiquée au xie s. et à laquelle elle a renoncé au xiie s. en faveur des cathares, alors fort nombreux parmi les ouvriers de la laine. Aussi accueille-t-elle les frères mineurs dès 1218 dans l'hôpital San Gallo et dès 1228 dans l'église de Santa Croce, tandis que les frères prêcheurs s'établissent en 1221 dans l'église de Santa Maria Novella.
Par ailleurs, l'extension territoriale de la commune nécessite l'acquisition de ressources régulières. Elle les obtient en s'appropriant en 1197 le foderum impérial (impôt destiné aux militaires et calculé selon l’importance des récoltes) de 26 deniers par feu levé sur le contado sous forme de taxes diverses, notamment sur les villes conquises, enfin en instituant un impôt direct sur la fortune mobilière selon le système de l'allibramento (levée d'un nombre variable de deniers par livre).
Quant au gouvernement de la ville, qui siège dans le premier palais communal, construit entre 1200 et 1208, il passe en 1207 des mains des consuls à celles d'un podestat étranger. Nommé pour un an, extérieur aux factions urbaines, celui-ci est assisté du conseil étroit, qui se substitue à l'ancien collège des consuls, et du conseil général de 150 membres antérieurement existant et dont font partie les prieurs des arts majeurs.
Bien secondés par une équipe de soldats et surtout de juristes et de notaires issus de la petite noblesse florentine et formés à l'université de Bologne, les podestats assurent près de trente années de paix intérieure à Florence, malgré la querelle familiale qui éclate en 1215 entre les Buondelmonti et les Amidei, querelle qui entraîne la formation de deux partis politiques irréductibles l'un à l'autre : appuyé par le pape, le « parti guelfe » (parte guelfa), auquel appartient la première de ces deux familles, qui soutient l'empereur welf Otton IV de Brunswick ; le « parti gibelin », que constitue la seconde lorsqu'elle se décide à faire appel, pour soutenir sa querelle, à un Waiblingen, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen et qui regroupe donc les soutiens italiens de l’Empire. Mais avant que le conflit ne se généralise, les podestats assurent la prospérité de Florence. La population augmente, l'Oltrarno doit être uni à l'ancienne ville par deux nouveaux ponts : le Ponte Nuovo (aujourd'hui Ponte alla Carraia) en 1218, en aval, et le Ponte alle Grazie en 1237, en amont du Ponte dès lors appelé « Vecchio ». Surtout, l'activité économique connaît un essor rapide qui entraîne la naissance de nouveaux arts spécialisés et l'accroissement du domaine commercial de l'Arte di Calimala, dont les ateliers affinent les plus beaux draps de laine de l'Occident, ceux qui font la renommée mondiale de Florence.
La puissance acquise entre 1207 et 1220 permet à la ville de résister victorieusement à la coalition que noue contre elle Frédéric II en 1220. Victorieuse de Pise en 1222, maîtresse de Fiesole, elle impose en 1228 son hégémonie à Pistoia et, après une longue guerre (1229-1235), elle contraint Sienne à composer. À la même époque, elle ose frapper, sans autorisation impériale, une monnaie d'argent : le florin qui vaut douze deniers pisans et qui lui assure la prépondérance monétaire en Italie centrale.
Malheureusement, à partir de 1237, la lutte qui oppose le pape à Frédéric II amène l'un et l'autre à exploiter les querelles familiales des Florentins pour se constituer chacun un parti en Toscane. Pour conserver le pouvoir, les gibelins recherchent alors l'appui des arts du commerce et des artisans, qu'ils constituent en 1244 en une organisation autonome : le (premier) popolo, (peuple) dirigé par deux capitaines qui participent dès lors au gouvernement de la ville aux côtés du podestat. Les maladresses de Frédéric II et de son bâtard, Frédéric d'Antioche, qui supprime cette organisation en 1246-1247, celles du parti guelfe, qui bat les Allemands mais massacre de nombreux citadins enrôlés malgré eux par ces derniers, provoquent la révolte de la bourgeoisie florentine, qui instaure en octobre 1250 le régime dit « du premier peuple » (1250-1260) [en fait le second].
Dirigé par un étranger, le capitaine du peuple (le premier est un Lucquois, Uberto Rossi), assisté d'un conseil de douze anciens, élus par les compagnies à raison de deux par sestier, et d'un conseil de vingt-quatre membres où siègent les consuls des arts, disposant, par ailleurs, de vingt compagnies possédant chacune sa bannière et son gonfalonier, le « premier peuple » impose aussi ses lois aux conseils du podestat, qui doivent seulement les ratifier. Il abolit la societas militum, abaisse toutes les tours à une hauteur de 29 m, chasse les gibelins de Florence en 1251, édifie en 1254 son palais, le Bargello, réorganise l'armée, assujettit de nouveau les villes toscanes et fait frapper en 1252 le florin d'or de 3,54 g à 24 carats, nouvel étalon monétaire de l'Occident.
Le régime de la podestatie (1260-1293)

De retour après la victoire remportée sur les Florentins à Montaperti le 4 septembre 1260 par les forces de Manfred et de Sienne, les gibelins, après seulement quelques années d’exercice du pouvoir, sont finalement éliminés dans la nuit de Noël 1267 par Charles Ier d'Anjou, allié du pape et roi de Sicile, auquel les banquiers guelfes de Florence, réduits à l'exil, ont avancé l'argent nécessaire à sa victoire sur Manfred à Bénévent le 26 février 1266. Aboli en 1260 au profit des institutions traditionnelles de la commune (podestat, conseil des trois cents et conseil des quatre-vingt-dix renforcés des vingt-quatre) et de celles du parti gibelin (un capitaine, qui est aussi celui de la commune, et un conseil), le régime du « premier peuple » n'est pourtant pas restauré.
Proclamé podestat pour sept ans en 1268, Charles d'Anjou confie la réalité du pouvoir au parti guelfe. Créé en 1273, celui-ci est dirigé par six capitaines nobles assistés de deux conseils qui donnent la première place au septième art : celui des juges et des notaires, en majorité d'origine noble. La podestatie est confirmée par la soumission des gibelins toscans à Charles d'Anjou, victorieux de Conrad V à Tagliacozzo le 23 août 1268 ; le régime favorise l'essor du grand commerce florentin au Tyrol, en Languedoc et surtout en Sicile, dont l'exploitation économique et financière lui est ouverte par son nouveau souverain.
La lutte des guelfes et des gibelins est apaisée un moment par la paix de compromis du 18 janvier 1280, qui facilite le retour des exilés à Florence, dont la population se trouverait portée à 85 000 habitants ; mais elle reprend avec violence en 1282, lorsque les Vêpres siciliennes chassent de Sicile Charles d'Anjou. Les magnati (nobles et assimilés) perdent le contrôle du pouvoir au profit de la bourgeoisie d'affaires : les ordonnances de justice du 18 janvier 1293, qui excluent les magnati de toute participation au pouvoir, achèvent la mise en place du régime du « second peuple » (en réalité le troisième).
Le régime du « second peuple » (1293-1434)

Une nouvelle constitution réserve en effet le gouvernement à la bourgeoisie d'affaires. Composée de six, puis de huit prieurs tous membres des arts majeurs, présidée par le gonfalonier de justice élu comme eux pour deux mois, la seigneurie laisse subsister au-dessous d'elle deux séries d'organismes parallèles : la « commune », conduite par un podestat étranger assisté d'un conseil large ; le « peuple », dirigé par un capitaine également étranger et qui est secondé par un conseil étroit élu dans le cadre des arts et réel détenteur du pouvoir législatif. Complété par le parti guelfe et, au début du xive s., par le tribunal de la Mercanzia, seul compétent en matière commerciale, ce système repose sur le principe de l'élection tempérée par le tirage au sort et par la cooptation. Fragile et complexe, il nécessite, en cas de crise, le recours à la dictature temporaire d'une balia, commission temporaire investie des pleins pouvoirs par le peuple réuni en Parlement.
Cette réforme institutionnelle de Florence s'accompagne d'une transformation de ses structures militaires. Rationalistes convaincus des mérites de la spécialisation, les hommes d'affaires estiment en effet qu'il est plus efficace et moins coûteux de rétribuer des mercenaires en cas de guerre plutôt que d'interrompre, par une mobilisation des travailleurs valides et de leurs chefs, le cours de la vie économique. Aussi recourront-ils de plus en plus après 1350 aux condottieri, généralement étrangers et dont le plus célèbre est, en 1378, l'Anglais John Hawkwood (Giovanni Acuto).
Par ailleurs, l'oligarchie marchande de Florence réussit à échapper aux conséquences de la stagnation économique du début du xive s., aidée, il est vrai, par le déclin brutal de ses rivales toscanes : Pise et Sienne. Vers 1336-1338, selon le témoignage autorisé du chroniqueur Giovanni Villani, l'Arte di Calimala importe annuellement dans ses 20 magasins plus de 10 000 pièces de drap d'outre-monts valant 300 000 florins d'or (7 à 10 % de la production de l'Europe occidentale), tandis que l'Arte della Lana fabrique, dans ses 200 ateliers, de 70 000 à 80 000 pièces de drap pour une valeur de 1 200 000 florins d'or. En outre, la diversité des activités financières, bancaires et commerciales du premier de ces deux arts – diversité qui entraîne la frappe annuelle de 300 000 à 400 000 florins d'or – renforce la prospérité et le courant migratoire dont Florence bénéficie alors. Peuplée d'environ 95 000 habitants dès 1300 (maximum démographique jusqu'en 1865), Florence est pourvue d'une dernière enceinte de 8 500 m renforcée de 63 tours et enserrant une superficie de 630 ha. Alors naît un ensemble monumental (cathédrale Santa Maria del Fiore, églises Santa Croce et Santa Maria Novella, Palazzo Vecchio, Orsammichele, etc.), qui souligne la volonté de la bourgeoisie de pérenniser son œuvre dans la pierre en faisant appel aux artistes les plus prestigieux, dont elle stimule finalement le génie par l'efficace pratique du concours.
Pourtant, la prospérité de la ville reste à la merci de la moindre crise, en raison de la structure même des compagnies marchandes, dont le capital est constitué moins par les apports des associés (corpo di compagnia) que par ceux des tiers (sopra corpo), dont les dépôts sont remboursables à vue et garantis sans limites par les biens des associés. Aussi, malgré l'habileté des techniques inventées ou adoptées par les marchands florentins (comptabilité en partie double, chèque, lettre de change, assurance, succursales habilement réparties de Famagouste à Londres), la vie économique de Florence est-elle scandée au xive s. par d'innombrables faillites, provoquées en partie par des crises politiques intérieures ou internationales.
Ainsi, l'éclatement du parti guelfe en deux consorterie (factions) hostiles, les Noirs et les Blancs, en lutte de 1300 à 1302, aboutit à l'exil des seconds (Dante) et à la faillite de leurs compagnies. Affaiblies par ces discordes, les « sociétés noires » déposent à leur tour leur bilan : les Mozzi en 1301-1302 ; les Franzesi en 1307 ; les Pucci et Rimbertini en 1309 ; les Frescobaldi en 1312 ; les Scali en 1326, enfin.
Tenant compte de ces échecs, les Noirs rappellent les Blancs exilés en 1301, mais doivent, face à la menace gibeline, accepter à plusieurs reprises la seigneurie d'un prince étranger : celle du roi Robert de Sicile de 1313 à 1321 pour échapper à l'intervention de l'empereur Henri VII ; celle du duc Charles de Calabre de 1325 à 1327, au lendemain de la victoire des Siennois à Altopascio, en 1325 ; celle du duc d'Athènes, Gautier de Brienne, enfin, de 1342 à 1343 ; restaurant la paix avec Lucques et Pise, celui-ci est bientôt écarté par une insurrection fomentée par les Bardi, qui dirigent l'une des plus importantes compagnies marchandes de la seconde génération.
Plus prudente, cette dernière instaure entre ses membres un régime de solidarité financière qui n'empêche pas la faillite, en 1342, des compagnies dell'Antella, des Cocchi, des Uzzano, etc., les déposants ayant procédé à des retraits massifs par crainte que Florence ne renonce à l'alliance guelfe. De même les échecs militaires de leur débiteur Edouard III provoquent-ils la chute des Peruzzi et des Acciaiuoli en 1343, celle des Bardi en 1346.
Aggravée par la peste noire qui tue près de 50 000 habitants entre 1348 et 1350, la crise de Florence retarde jusqu'en 1360 le succès d'une troisième génération marchande. Les compagnies, qui veulent accaparer à leur profit la direction de leur ville, s'éliminent tour à tour. Ayant contraint les Guardi à la faillite en 1370-1371, les Alberti perdent leur chef Benedetto, frappé d'exil en 1387 selon la nouvelle procédure de l'ammonizione, instituée à leur encontre par les Ricci, qui dirigent les arts moyens, et par les Albizzi, qui sont à la tête du popolo grasso (rassemblant les riches commerçants) ; enfin chef de ces derniers, Rinaldo doit s'effacer à son tour le 29 septembre 1434 devant Cosme de Médicis, qu'il a fait exiler en 1433. Seuls restent alors en présence les Strozzi et surtout les Médicis : Cosme l'Ancien rentre, en effet, dès le 5 octobre à Florence, où il instaure la seigneurie de fait de sa famille.
Des Médicis au royaume d'Italie

La montée au pouvoir de cette dernière famille s'explique en partie par le renom de défenseur du popolo minuto (qui regroupe les modestes artisans des arts mineurs) et du prolétariat ouvrier (ciompi) que ses membres ont su acquérir. Au moment où la rupture de l'alliance guelfe et la guerre avec le Saint-Siège provoquent une crise grave à Florence, Silvestre de Médicis a préféré en effet, en 1376, accroître la participation des arts mineurs au pouvoir avec l'appui des ciompi, dont la révolte en juillet 1378, sous la direction du cardeur Michele di Lando, a abouti à la création de trois nouveaux arts (teinturiers, faiseurs de pourpoint, menu peuple rassemblant les ouvriers non qualifiés). Le prolétariat urbain de Florence, vaincu en janvier 1382 par le popolo grasso, qui rétablit les statuts oligarchiques de 1293, se retrouve naturellement solidaire des Médicis en 1433-1434.
Maîtresse d'Arezzo et de Cortone, disposant par ailleurs d'un débouché et d'un empire maritimes, grâce à l'annexion de Pise en 1406, de ses ports de Porto Pisano et de Livourne en 1421 et de ses possessions extérieures, Florence est devenue la capitale d'un vaste district (distretto) composé de quatre contadi (comtés) et qui offre une solide base territoriale et économique à la puissance des Médicis. Cosme (qui dirige Florence de 1434 à 1464), Pierre le Goutteux (1464-1469) et Laurent le Magnifique (1469-1492) contribuent dès lors à faire de la ville de Dante, de Pétrarque et de Boccace le centre de la vie intellectuelle et artistique de l'Italie, dans le respect de la tradition humaniste des grands chanceliers de la République : Coluccio Salutati (chancelier de 1375 à 1406) et Leonardo Bruni (1410-1411 et 1427-1444).
Mais en dénonçant, à partir de 1490, la richesse, le luxe et la corruption des mœurs, le dominicain Savonarole accélère la dispersion des artistes florentins en Italie et même hors de celle-ci ; surtout, il ébranle l'autorité des Médicis, dont le dernier représentant, Pierre II le Malchanceux (1492-1494), s'enfuit lors de l'arrivée en Toscane de Charles VIII, en 1494. Savonarole édifie une république aristocratique à la fois rigoriste et antipontificale, qui livre à la flamme expiatoire du bûcher objets précieux et tableaux de maîtres, dont certains chefs-d'œuvre de Botticelli. Victime de son intolérance, le moine ferrarais périt à son tour sur le bûcher. Réorganisée par les grands marchands florentins, qui confient la direction de sa diplomatie à Machiavel, la république accepte en 1512 le retour des Médicis et se place sous la direction de deux de leurs bâtards, qui bénéficient de la protection successive des deux papes Médicis Léon X (1513-1521) et Clément VII 1523-1534).
Les Médicis sont chassés une seconde fois en 1527, mais ils sont rappelés en 1530, par un Parlement au lendemain de l'occupation de Florence par les troupes de Charles Quint, qui fait de l'un d'eux, Alexandre, un duc de Florence ; maître de Sienne en 1555, son successeur, Cosme Ier, est enfin proclamé grand-duc de Toscane en 1569. Déclinant sous la domination de ses héritiers jusqu'en 1737, Florence renaît à la prospérité entre 1737 et 1859, sous le despotisme éclairé des grands-ducs de la maison de Lorraine. Occupée entre-temps par les troupes françaises en mars 1799, capitale du royaume d'Etrurie de 1801 à 1807, chef-lieu du département de l'Arno de 1807 à 1814, Florence se rattache au Piémont en mars 1860, et Victor-Emmanuel II y établit la capitale du royaume d'Italie de 1865 à 1870.
FLORENCE ET L'ÉCOLE FLORENTINE

L'époque romane

À partir de l'an 1000, Florence est une ville de première importance ; à l'intérieur et à l'extérieur de ses remparts, de nombreux édifices religieux aux formes romanes sont construits selon les normes des basiliques des ordres monastiques du Saint Empire romain. Le baptistère consacré en 1059, joyau à partir duquel va s'épanouir l'art de la ville, permet de définir cette architecture romane florentine qui se distingue par sa régularité géométrique, l'élégance de son dessin, l'équilibre de ses volumes et l'harmonie de la couleur. L'église San Miniato al Monte (commencée au xie s.) présente les mêmes caractéristiques.
Au moment où, au xiie s., Florence atteint l'autonomie communale, elle devient l'une des villes les plus splendides de l'époque par la prospérité de son industrie et de son commerce (création de la corporation des arts) et par la beauté de ses monuments. Tandis que les « maisons tours » aux murs épais, aux bossages lisses, aux ouvertures étroites sont conçues pour la défense (maison tour des Foresi, xiiie s.), le désir d'embellir la cité se fixe sur les édifices religieux.
Dès le début du xiiie s., des mosaïstes vénitiens viennent décorer le baptistère. Ce chantier va être le foyer de formation de nombreux artistes locaux, dont le principal est Cimabue, personnalité marquée qui réussit à se dégager du rythme byzantin, redécouvre l'espace et prépare ainsi la voie à Giotto. En sculpture, la leçon du Pisan Andrea da Pontedera et du Siennois Tino di Camaino va être reçue par un artiste de génie, Arnolfo di Cambio ; également architecte remarquable, il va ouvrir l'ère de l'art gothique à Florence. Au xiiie s. apparaissent également les premières manifestations littéraires et poétiques en langue vulgaire, qui précèdent l'œuvre de Dante.
L'époque gothique

Architecture

Dans le centre de Florence, le « Duomo » et le palazzo della Signoria représentent les deux pôles de l'architecture religieuse et civile.
L'architecture religieuse est liée à celle des nouveaux ordres mendiants ; installés en grand nombre à Florence, ils vont multiplier les églises à la fin du xiiie s. Santa Maria Novella, église dominicaine commencée en 1278, inaugure ce type nouveau. Les trois nefs avec élévation à deux étages, de vastes espaces intérieurs dégagés pour les besoins de la prédication, une réduction du nombre des travées, un rapport d'élévation entre nef et collatéraux accentuant l'effet d'horizontalité, tels sont les caractères d'un style gothique original que l'on retrouve dans l'église franciscaine de Santa Croce (reconstruite à partir du milieu du xiiie s.). Santa Maria del Fiore, le Dôme, est entreprise en 1296 par Arnolfo di Cambio ; son campanile est dû à Giotto et sa coupole ne sera terminée qu'au xve s. Empreint d'un classicisme hérité de l'Antiquité, formé de grandes masses équilibrées (l'élévation s'inscrit dans un carré), élégant et fastueux avec ses incrustations de marbre, le Dôme est l'expression la plus haute de ce gothique florentin.
L'apparition d'une autorité plus démocratique à la fin du xiiie s. va faire naître les premiers bâtiments publics : palazzo della Signoria, ou Palazzo Vecchio (1298-1304), édifié sur les plans d'Arnolfo di Cambio pour abriter le conseil des Prieurs ; palazzo del Podesta, ou Bargello (1254-1345). Ces palais ont encore l'allure de forteresses, mais vont se transformer au cours du xive s. La loggia dei Lanzi (1376), magnifique corps de garde composé de trois arcades en plein cintre, illustre cette évolution. Florence étant plus pacifiée, les exigences esthétiques vont aussi se manifester dans les maisons privées. Un exemple en est le palazzo Davanzati, avec loggias et grandes baies surmontées d'arcs largement ouverts ; les pièces sont distribuées autour d'une cour centrale qui donne plus de lumière.
Sculpture

Il n'y a pas de sculpture monumentale, à la manière des portails français, bien que les sculpteurs de cette époque soient aussi architectes. La tradition pisane est maintenue, en même temps que l'exemple de l'Antiquité trouve son expression plastique dans la statue isolée ou dans des bas-reliefs d'une composition très dense. De 1330 à 1336, Andrea Pisano exécute la première porte de bronze du baptistère ; il succédera à Giotto, de 1337 à 1343, pour la décoration du campanile. L'élégance gothique, encore exprimée par Andrea di Cione, dit l'Orcagna, dans le tabernacle d'Orsammichele (1355-1359), se fera plus fleurie sous la poussée du style gothique « international ».
Peinture

Elle devient l'alliée des ordres religieux qui s'adressent au peuple, et les murs des églises se couvrent de fresques. C'est là que Florence joue un rôle majeur dans l'évolution de l'art. Au xiiie s., l'influence byzantine était générale, les formes du dessin figées en formules stéréotypées. Le chantier d'Assise, où travaillèrent Cimabue, puis Giotto, marque le tournant de la peinture, qui va s'épanouir à Florence, orientée vers la recherche du volume et de l'espace. À partir de 1317, Giotto peint les chapelles Bardi et Peruzzi à Santa Croce ; il y montre une puissance d'expression dramatique, une conception monumentale des formes résumées à leurs volumes essentiels, une gamme de couleurs réduite, une stabilité faite de l'équilibre entre les vides et les pleins dans un espace que la perspective tend à définir strictement. Ses véritables successeurs seront les artistes de la Renaissance. Quant aux « giottesques », ses héritiers directs, ils adoucissent l'art du maître tout en comprenant ses recherches. Maso di Banco (?-vers 1350), en utilisant aussi la couleur pour définir l'espace, va plus loin que Giotto dans la monumentalité (chapelle Bardi, Santa Croce, 1340) ; Taddeo Gaddi (1300 ?-1366) est un illusionniste à la facture un peu mondaine (chapelle Baroncelli, Santa Croce) ; Bernado Daddi (?-1348), un narrateur courtois, qui fuit le drame (Maestà pour Orsammichele, 1347).
Leçon de monumentalité, d'expression spatiale, plus large affirmation du paysage, découverte de la nature morte, des effets lumineux, de l'instantanéité et du naturalisme : on peut imaginer que, si cette évolution n'avait pas été arrêtée par les drames de la peste noire de 1348, un épanouissement du gothique international en serait résulté, soutenu par le milieu sensible et cultivé qui existe dès ce moment à Florence. Mais après la peste, sous l'influence des prédicateurs dominicains, une austérité didactique est imposée aux artistes. Les thèmes traités sont des drames : jugement dernier, triomphe de la mort. L'atelier des frères Cione, dont l'Orcagna est la figure dominante, établit à Florence un véritable académisme, qui donne le ton à la peinture de cette seconde moitié du siècle. En 1365, le programme de la chapelle des Espagnols à Santa Maria Novella, par Andrea da Firenze (actif entre 1343 et 1377), en est l'illustration. L'Orcagna, peintre, sculpteur et architecte, est le symbole des artistes de cette époque ; le grand polyptyque Strozzi (1357), à Santa Maria Novella, apparaît comme l'exposé de sa doctrine : hiératisme voulu, d'une froideur géométrique frappante par les effets techniques employés, la leçon gothique n'apparaissant que sur le plan ornemental. Un autre courant, qui appartient à la grande tradition florentine par son sens de la composition et son style, voit le jour avec Giottino (actif au milieu du xive s.) et Giovanni da Milano (cité de 1346 à 1369) ; mais pionniers du gothique international, ils ne furent pas compris à Florence, où l'académisme orcagnesque était tout-puissant. C'est Lorenzo Monaco (vers 1370-1422), avec ses arabesques, ses couleurs précieuses et sa recherche d'effets sentimentaux, qui développe tardivement ce courant gothique à Florence, au moment où l'humanisme antiquisant s'impose déjà.
La Renaissance du xve s.

Introduction


L'industrie et le commerce donnent un monopole aux familles des banques, qui détiennent le gouvernement de la cité. Grand financier, amateur d'art éclairé, Cosme de Médicis va favoriser l'embellissement et la modernisation de sa ville : sous son règne sont construits la plupart des édifices civils et religieux de la première Renaissance. Une seconde phase coïncide avec l'avènement de Laurent le Magnifique. Lettré, mécène, il s'entoure d'une véritable cour, où l'humanisme, dans une atmosphère raffinée et cultivée, trouve son plein épanouissement : l'homme prend conscience de ses possibilités, il est l'être vivant dans son unité et sa multiplicité, que la nature propose comme exemple de perfection. Le passé antique, antérieurement sous-jacent, fait l'objet de recherches et d'études. Florence est le creuset de cette nouvelle civilisation.
Architecture

C'est à elle que revient la primauté, beaucoup d'artistes, au reste, étant à la fois sculpteurs, peintres et architectes. Deux grands noms ouvrent le siècle. Filippo Brunelleschi a séjourné à Rome, peut-être avec Donatello, et en revient pour construire la coupole de Santa Maria del Fiore. Il retrouve la sereine harmonie des formes antiques, donnant à sa composition une élégance qui s'accorde parfaitement avec le style gothique de la cathédrale. Cette influence de l'Antiquité est prépondérante dans l'hôpital des Enfants trouvés (1420), la sacristie de San Lorenzo (1430), la chapelle des Pazzi, l'église Santo Spirito.


Le palazzo Pitti, sans doute entrepris sur les plans de Brunelleschi, combine le nouveau style à celui de la forteresse médiévale. Leon Battista Alberti, grand humaniste, théoricien, archéologue et poète, rattache l'architecture, dans ses traités, à tous les problèmes de la culture du temps. Il applique la rigueur de ses principes à la façade du palazzo Rucellai (à partir de 1446) : superposition des ordres, accord « musical » des différentes parties. À Santa Maria Novella, vers 1470, de larges volutes affrontées équilibrent souplement la composition. À la même époque, Michelozzo (1396-1472), également sculpteur et décorateur, est un interprète fécond de l'art de Brunelleschi. Avec le palazzo Medici (1444), il donne le type nouveau dit « palais » florentin. Il remanie le couvent dominicain de San Marco, où la vigoureuse simplicité du cloître s'accorde avec les fresques de Fra Angelico ; ailleurs, une certaine surcharge ornementale se fait jour dans son œuvre.

Les architectes de la seconde période restent fidèles à ces principes de construction : façades rythmiques, aménagement de la cour intérieure, le cortile, qui rachète par la grâce de ses colonnes l'aspect encore guerrier des demeures, ouvertures plus accueillantes. Giuliano da Sangallo construit la villa de Poggio a Caiano, pour Laurent de Médicis, et la sacristie de Santo Spirito. Benedetto da Maiano (1442-1497) et Simone del Pollaiolo, dit il Cronaca (1457-1508), édifient le palazzo Strozzi. Mais c'est surtout dans les édicules tels que chaires, tombeaux, autels…, que se manifeste la délicatesse de cette période.
Sculpture


L'esprit médiéval est encore présent dans l'œuvre monumentale d'un Nanni di Banco (vers 1373-1421), tandis que la sculpture polychrome sur bois prolonge le souvenir de Nino Pisano, le fils d'Andrea. Vainqueur, au concours de 1401 pour la seconde porte du baptistère, de rivaux tels que Brunelleschi et Iacopo della Quercia, chargé de la troisième en 1425, Lorenzo Ghiberti y enrichit d'emprunts à l'Antiquité l'art harmonieux des Pisano et de Giotto. Dans ces panneaux étonnants, qui unissent naturalisme et élégance sensuelle, tous les problèmes de la perspective sont abordés.
 Donatello, sculpteur favori de Cosme l'Ancien, est une personnalité d'exception qui agit sur tous les aspects de l'art. Il travaille tout d'abord pour les chantiers de la cathédrale et d'Orsammichele, exécute des figures isolées de prophètes et de saints, suivis du célèbre David. Dans la cantoria de Santa Maria del Fiore (1433-1438), il allie plus intimement la sculpture à l'architecture et réinterprète l'antique. À partir de 1456, il se consacre à des compositions religieuses à caractère pathétique : Madeleine pénitente, scènes de la Passion de San Lorenzo. L'étonnement des contemporains devant son œuvre montre bien ce que son génie a de révolutionnaire.
Élèves de ces grands maîtres, les sculpteurs de Florence vont diffuser le thème des Madones à l'Enfant entourées de chérubins : Bernardo (1409-1464) et Antonio (1427-1479) Rossellino, Desiderio da Settignano (1428-1464), Mino da Fiesole (vers 1430-1484), Agostino di Duccio (1418-1481), Benedetto da Maiano, déjà cité comme architecte, Lucca Della Robia dans la technique de la terre cuite vernissée. Antonio Pollaiolo et Andrea Verrocchio, également peintres, aboutissent dans la seconde moitié du siècle, par leur sens de la réalité et leur lyrisme, à des effets théâtraux qui témoignent d'une nouvelle évolution.
Peinture

Alors que l'Ombrien Gentile da Fabriano peint à Florence l'Adoration des Mages (1423), chef-d'œuvre du style gothique international, deux grands artistes vont être les véritables descendants de Giotto. Fra Angelico, épris de tons purs à la suite de sa formation de miniaturiste, garde cette technique pour les tableaux d'autel. Dans ses compositions murales, il oriente ses recherches vers une organisation spatiale animée d'architectures légères. Masaccio, élève de Masolino da Panicale, compose avec celui-ci, vers 1425, les fresques de la chapelle Brancacci à Santa Maria del Carmine. Ici, la figure humaine tourne et se meut dans l'espace, le modèle joue dans l'ombre et la lumière, l'air circule, la matière s'anime pour devenir pensée ; par son art réaliste et puissant, Masaccio inaugure vraiment la peinture de la Renaissance. Pour Paolo Uccello, Domenico Veneziano et Andrea del Castagno, l'art est d'abord une question d'intelligence ; ils résolvent des problèmes d'anatomie et de géométrie, expérimentent passionnément les possibilités de la perspective scientifique et portent ainsi la peinture vers l'abstraction plastique. Parallèlement, Fra Filippo Lippi établi un heureux compromis entre les pures valeurs picturales et le goût narratif.


Durant la seconde moitié du xve s. apparaît une nouvelle génération de peintres que l'on peut, par commodité, répartir en deux groupes. D'une part, ceux qui vont représenter l'univers réel : Benozzo Gozzoli, qui multiplie les effigies de ses contemporains dans les fresques de la chapelle du palazzo Medici, Cosimo Rosselli (1439-1507) et surtout Domenico Ghirlandaio, dont l'Histoire de la Vierge et de saint Jean-Baptiste à Santa Maria Novella est aussi une galerie de portraits. D'autre part, ceux qui vont évoquer un univers rêvé, guidés par l'intellectualisme de Laurent le Magnifique : Alessio Baldovinetti (1425-1499), puis Sandro Botticelli, élève de Filippo Lippi et protégé des Médicis, qui le choisissent pour peindre des allégories d'un classicisme mélodieux et subtil : le Printemps, Minerve et le centaure, la Naissance de Vénus ; au tournant du siècle, l'artiste connaîtra une crise morale et religieuse sous l'influence de Savonarole.
La haute Renaissance (fin xve-xvie s.)

Après la mort de Laurent de Médicis (1492), Florence tombe dans l'agitation, les contradictions et l'anarchie politique. La fin du xve s. est dominée par l'apparition de deux artistes, Léonard de Vinci et Michel-Ange, enfants de Florence et de ce siècle éblouissant. À l'aube des Temps modernes, ils vont porter l'art à l'un de ses points les plus sublimes. Etude de la nature et étude de l'Antiquité leur permettent d'atteindre une quintessence de la beauté et, dans la représentation plastique de l'être humain, un point de perfection et d'exaltation qui ne fut égalé, en Occident, que par la Grèce.
Léonard de Vinci, esprit universel, règne sur les deux âges de la Renaissance. Formé à Florence dans l'atelier de Verrocchio, il voyage et travaille beaucoup au dehors. En 1503, à son retour, il est confronté avec Michel-Ange dans la grande salle du Palazzo Vecchio, pour laquelle il peint la bataille d'Anghiari, en face de la bataille de Cascina de Michel-Ange (toutes deux disparues). La confrontation de ces deux géants, dont l'un représentait le génie intellectuel et l'autre le génie plastique de Florence, fut sans lendemain, mais, même loin de leur ville, ils ne cessèrent d'orienter son art. À la suite de Léonard, Fra Bartolomeo (1478-1517) inaugure le style dévot de Savonarole et se laisse séduire par les tamisés du clair-obscur. Andrea del Sarto (1486-1530), fidèle au quattrocento dans les fresques de la Santissima Annunziata (1510), laisse des portraits d'une persuasive intuition psychologique, Raphaël, né à Urbino, gagne Florence au moment où Michel-Ange et Léonard s'affrontent ; à ce carrefour d'influences, il établit les bases d'un rare équilibre classique.
Michel-Ange, apprenti dans l'atelier des Ghirlandaio, favori de Laurent de Médicis, sculpte en 1502 le David de la Seigneurie. Ardent patriote, il se fait ingénieur et construit des fortifications pour défendre sa ville. De 1520 à 1534, il travaille à San Lorenzo : vestibule de la bibliothèque Laurentienne, tombes médicéennes, nouvelle sacristie. À l'expression d'un idéal classique fait de plénitude spirituelle et physique se substitue progressivement, dans son œuvre, une poétique de l'instabilité, de l'inquiétude (Pietà de 1550-1555, à la cathédrale).


Après Michel-Ange et Léonard, l'art florentin va entrer dans une lente décadence qui n'exclut pas l'apparition d'artistes très originaux, tel Jacopo Carucci dit le Pontormo. Ville de l'équilibre et de l'élégance, Florence devient la cité du maniérisme avec Giorgio Vasari, architecte du palais des Offices et auteur de la première histoire de la peinture, le portraitiste de cour Agnolo Tori dit le Bronzino (1503-1572), le brillant sculpteur et architecte Bartolomeo Ammannati (1511-1592) [fontaine de Neptune] ; avec également Benvenuto Cellini [Persée de la loggia dei Lanzi] et Giambologna, qui, fixé à Florence, multiplie les statues parmi les grottes et terrasses des jardins Boboli.
Après le xvie s., Florence n'a plus de position prédominante, mais elle maintient une tradition de bon goût et d'originalité. L'art baroque y laisse peu de traces : fontaines de Pietro Tacca (1577-1640), et surtout décors de Pierre de Cortone au palais Pitti.
Les arts décoratifs

Florence n'a cessé d'être, du xiiie au xviie s., un centre actif d'arts appliqués. On doit signaler d'abord les tissus brodés, les passementeries destinées à orner les vêtements liturgiques, les broderies destinées aux devants d'autel, qui sont, parfois, commandés à des ateliers illustres comme celui d'Antonio Pollaiolo ; quant aux brocarts et aux soieries à fleurs, les costumes de Gozzoli ou de Botticelli suffisent à en indiquer la qualité. On n'attachera pas moins d'intérêt à l'orfèvrerie, qui s'épanouit avec Orcagna au xive s. et Ghiberti au début du xve s. ; l'autel d'argent du baptistère, commandé au xive s., achevé au xve s., est un abrégé du style monumental des artistes du temps (musée de la cathédrale). La pratique de la terre cuite polychrome vernissée, aux couleurs douces, est étendue, par l'atelier des Della Robbia, de l'usage domestique à l'emploi ornemental, jusqu'à composer des retables complets. L'un des domaines où les Toscans ont innové fut celui de la marqueterie (intarsio ou tarsia) ; sous l'impulsion de Brunelleschi et d'Uccello, les décorateurs utilisent les scènes en perspective et les motifs géométriques, dès 1430-1440 ; la marqueterie florentine s'épanouit ensuite dans le meuble (coffres, banquettes) et les stalles. Au siècle suivant, la marqueterie de pierre (tarsia) et les cabinets de mosaïque connaissent une vogue marquée, qui se prolongera jusqu'au xviie s. Parmi les porcelaines de l'âge classique, les types à camaïeu du château de San Marco, près de Florence, à la fin du xvie s., méritent d'être signalés.
UNE VILLE-MUSÉE

Florence, où toutes les œuvres, bâtiments, sculptures, peintures se trouvent, en dépit des vicissitudes de l'histoire, sur les lieux mêmes où ils ont été conçus, sollicite les hommes du xxe s., qui viennent s'imprégner de sa culture. Non seulement chaque monument, par la richesse de ses trésors, est un musée en lui-même, mais, durant plusieurs siècles de mécénat éclairé, les Médicis constituèrent des collections d'œuvres italiennes et aussi étrangères qui sont exposées dans des musées comptant parmi les plus importants du monde.
Le musée national du Bargello conserve toute la grande sculpture florentine ainsi que des objets d'art du Moyen Âge et de la Renaissance.
Le palais des Offices a été transformé à plusieurs reprises selon les divers usages auxquels il a été affecté. La loggia du dernier étage, raccordée au palais de la Seigneurie par un passage et au palais Pitti par un couloir construit sur les toits, fut destinée à abriter des statues. La galerie des Offices, qui a son origine dans les œuvres d'art léguées par les Médicis, abrite un incomparable ensemble de tableaux italiens.
Le palais Pitti, ancienne demeure princière dont il conserve la richesse, abrite la galerie d'art moderne, le musée de l'Argenterie et la galerie Pitti ou Palatine, qui renferme une autre collection célèbre de peintures (xve-xviiie s.).
Situés derrière le palais Pitti, les jardins Boboli sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2013.
La galerie de l'Académie, le musée de San Marco, fondé au xixe s., le musée Andrea del Castagno, ouvert au xxe s. dans l'ancien monastère de Sant'Apollonia, le musée Archéologique avec son importante section étrusque sont autant de témoins de l'extraordinaire richesse du patrimoine artistique de Florence.
Tous ces objets d'art mêlés à son histoire – des sculptures antiques aux sculptures modernes, des armures aux faïences et aux porcelaines, des médailles à l'orfèvrerie, aux ivoires, aux bronzes, aux tapisseries – montrent quelle place a tenue l'art, au cours des siècles, dans les destinées de la ville. Un Occidental ne peut se sentir étranger à Florence, tant elle reste imprégnée de cette civilisation humaniste dont elle a été le centre.

 

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NÉOLITHISATION

 

néolithisation


Ensemble des innovations (agriculture, élevage, céramique, etc.) apparaissant au néolithique, qui amènent un changement du mode de vie (passage, notamment, du stade de la prédation à celui de la production).
La néolithisation, passage du paléolithique au néolithique, représente un ensemble de modifications économiques et sociales parfois radicales, mais aussi très progressives.
Une accélération des acquis culturels humains
Pendant tout le paléolithique, les hommes connurent un mode de vie remarquablement stable fondé sur la cueillette, la chasse et la pêche. Leur organisation sociale ne variait guère, faite de petits groupes plus ou moins nomades, et leur industrie elle-même évoluait peu. Le biface, principal outil du paléolithique, a été progressivement affiné et diversifié, mais son usage est resté le même pendant plus d'un million d'années. Parfaitement intégré dans la nature, l'homme exploitait, à l'aide d'un matériel simple, un milieu naturel d'autant plus riche que la pression démographique était réduite. Découverte essentielle, le feu permit une maîtrise de l'environnement, illustration de l’accélération progressive du développement des techniques et de la vie sociale, spirituelle et culturelle de l’homme.
La néolithisation, moment capital de cette accélération, est l'ensemble des processus mis en œuvre au début de l'holocène (période succédant à la dernière glaciation), et qui ont abouti à une organisation de la société telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Or, s'il est facile d'analyser les inventions techniques, il l'est beaucoup moins de cerner les mécanismes qui mettent en place une économie et des modes de relations sociales et intellectuelles nouveaux.
Le paléolithique final
Le contrôle des ressources alimentaires par l'homme ne s'est fait que très lentement. Ce n'est qu'à la fin de la période – quelques millénaires sur les milliers que compte l'ensemble du paléolithique – que l'accélération est manifeste.
La cueillette, la chasse et la pêche étaient des moyens efficaces de se procurer de la nourriture avec un minimum d'efforts. Peu nombreux, mobiles, n'occupant guère que les régions riches, les hommes du paléolithique se procuraient facilement ce dont ils avaient besoin.
Cependant, au paléolithique supérieur et final, on constate une modification de la situation : le grand nombre de sites connus illustre la forte croissance démographique, parallèle à l'amélioration climatique postglaciaire et aux innovations techniques.
Après la glaciation de Würm
Après la fin de la glaciation de Würm, vers − 10 000, l’amélioration climatique exceptionnelle ouvre d'immenses régions, riches en gibier et en produits de cueillette, à la colonisation humaine. On observe une véritable multiplication des armes de chasse et de pêche, notamment avec l'invention de l'arc, dont l'efficacité diminue le rôle de la collectivité dans la chasse au profit de celui de l'individu, ce qui va influer sur la taille des groupes.
La tendance générale est à la réduction de la dimension des outils (microlithisme) et à l'utilisation d'outils composites, c'est-à-dire formés de plusieurs pièces lithiques montées en série ; de nouvelles exigences technologiques apparaissent après une immense période de stabilité.
Les hommes du paléolithique final maîtrisent leurs activités avec un savoir-faire certain. La chasse se spécialise et devient saisonnière ; le territoire de chasse se réduit, d'autant qu'un intérêt certain est porté aux petites espèces et à l'intensification de la cueillette. De ce fait, le seuil de viabilité des groupes diminue, et ces derniers se limitent à une dizaine de personnes (famille nucléaire).
L'exemple natoufien
L'enracinement dans une région restreinte se consolide progressivement. L'exemple des Natoufiens au Proche-Orient, sans doute le groupe le mieux connu avant le néolithique, est caractéristique de ce phénomène. Leur culture (− 10500 à − 8200) s'étend d'Israël à la Syrie actuels. Les Natoufiens sont des chasseurs-cueilleurs ayant élargi leurs possibilités alimentaires : gazelles, oiseaux, poissons, tortues, céréales et légumes sauvages. S'ils ne sont pas à l'origine de la néolithisation, une partie de leur mode de vie l'annonce : sédentarisation partielle, réduction du territoire de chasse propre à chaque groupe (intensification de l'exploitation des ressources naturelles, liée à la croissance démographique), utilisation du matériel de broyage (transformation en farine de céréales sauvages), domestication du chien. Les Natoufiens construisent de petits hameaux faits de cases circulaires, et des fosses-silos. Les rites funéraires confirment cette identification à un territoire réduit. Le stockage des céréales sauvages aurait joué un grand rôle dans l'immobilisation du groupe.
Les Natoufiens ont donc une organisation double : les activités domestiques sédentaires se rapprochent du mode de vie néolithique, tandis que la recherche de la nourriture reste mobile, donc de type paléolithique. Il est possible que la raréfaction du gibier et des ressources en céréales sauvages autour des zones en cours de sédentarisation ait conduit à de nouvelles dispositions pour assurer une alimentation équilibrée.
Du prélèvement paléolithique à la production néolithique
Les sociétés de chasseurs-cueilleurs disparaissent plus ou moins rapidement au cours du néolithique, bien que la collecte, la chasse et la pêche subsistent. De nouvelles activités, essentiellement liées à une stratégie alimentaire différente, se développent.
La naissance de l’agriculture
La naissance de l'agriculture se confond avec la recherche de produits alimentaires nouveaux, ce qui comprend aussi les techniques permettant de les consommer, notamment la mouture et la cuisson. Mais les hommes se nourrissaient depuis longtemps de produits de la cueillette, en particulier de céréales sauvages (blé et orge au Proche-Orient, riz en Orient, mil et sorgho en Afrique sahélienne, maïs en Amérique). Le passage de la notion de cueillette à celle de culture implique un mode de pensée radicalement différent, et demande des connaissances précises : sélection des graines, semailles à une date précise, préparation du terrain en forme de champ, assolement, fumure, irrigation, stockage (greniers-silos), cuisine.
Des stades intermédiaires ont existé, en particulier, la protection des espèces végétales utiles, par la destruction des espèces nuisibles voisines, et de la sélection, consciente ou non, d'un certain type de plants.
Ainsi, la céréale sauvage se reproduit plus facilement quand ses graines se détachent aisément de l'épi. Or l'agriculteur a besoin de graines restant sur un épi solide et sur sa tige pour en récolter un maximum en un temps réduit. Il en va de même pour les légumineuses, dont le rôle est essentiel dès le début des pratiques agricoles. La sélection des caractères désirés, presque automatique, est certainement à l'origine de l'agriculture.
L’exemple du Croissant fertile
C'est au Proche-Orient que le mécanisme des origines de l'agriculture est le mieux connu. À partir de − 8000, en Syrie et en Palestine, des groupements humains se fixent, cultivent le blé et l'orge (qui y ont leur berceau sauvage) dans des zones relativement humides pour subvenir aux besoins d'une population plus importante que celle des groupes ayant conservé un mode de vie paléolithique. Progressivement, tout le Croissant fertile – de la Palestine à l'Anatolie et aux montagnes de l'ouest de l'Iran – voit s'implanter des villages agricoles ; l'irrigation permettra un peu plus tard la conquête des terres plus arides.
Les débuts de l’élevage
L'élevage participe de la même recherche d'aliments nouveaux que l'agriculture ; il consiste à faire se reproduire intentionnellement des animaux spécifiques en vue de leur valeur économique.
La chasse intensive de la fin du paléolithique, sur le territoire réduit de communautés en voie de sédentarisation, avait raréfié le gibier, et l'idée de le conserver sur pied avait fait son chemin. L'élevage, au début, fut sans doute nomade, et l'homme se pliait au rythme physiologique et saisonnier de ses animaux. Son intervention se limitait probablement à un abattage sélectif pour équilibrer le potentiel de reproduction du troupeau. Cette stratégie n'est déjà plus celle du simple chasseur. Cependant, le terme d'« élevage » ne sera utilisé qu'à partir du moment où l'homme agit sur la reproduction du troupeau.
Le Proche-Orient n'est pas le seul centre ancien de domestication : le Sahara égyptien a vu la domestication du bœuf, peut-être aussi tôt qu'au Proche-Orient ; l'Asie, celle de divers bovins, du porc, du mouton et de la chèvre ; l'Amérique andine, celle de l'alpaga et du lama.
L'accompagnement technique
L'arc et la flèche, inventés à la fin du paléolithique, ont joué un rôle essentiel au néolithique, où la chasse reste une activité fondamentale. Mais les autres inventions sont liées aux nouveaux modes de vie : matériel de broyage, hache polie, destinés au défrichement des forêts primaires ; abattage et taille du bois pour la construction des maisons, le chauffage, la cuisson des poteries et des aliments, la fabrication des manches d'outil, faucille, et surtout pour la poterie.
L'importance de la poterie
La poterie est une invention capitale, permettant à elle seule la généralisation du mode de vie néolithique ; elle facilite considérablement le stockage (graines, liquides, farine), ainsi que la cuisson à l’eau, base de la cuisine néolithique. La poterie a été inventée en différentes régions du monde : au Japon, il y a plus de 12 000 ans ; au Sahara, vers − 7500 ; au Proche-Orient, où elle ne s'impose vraiment que vers − 6000 ; et donc bien après les premières expériences de sédentarité, d'élevage et d'agriculture ; enfin, plus récemment, en Amérique du Sud.
Le rôle de la poterie est également culturel : son abondance, la variété des techniques de fabrication, des formes et des décors en font un élément fondamental de distinction entre les cultures ; bien souvent, celles-ci sont désignées par leur poterie, comme le rubané (céramique linéaire occidentale) ou le cardial (culture à céramique cardiale) en Europe.
La société
L'économie nouvelle implique une organisation sociale plus stricte afin d'assurer une meilleure solidarité à l'intérieur de groupes devenus beaucoup plus nombreux et entre eux.
Le fait le plus ancien est la sédentarisation, qui n'est pas une conséquence de l'agriculture car elle la précède.
Les premiers villages
En effet, la sédentarisation débute à l'époque des derniers chasseurs-cueilleurs paléolithiques. Dès le Xe millénaire existent en Palestine des protovillages, avec des cabanes rondes de 3 à 4 m de diamètre, et parfois plus, dont l'usage paraît diversifié (habitat principal et stockage).
Au néolithique précéramique, l'industrie du silex se dégage du microlithisme ; de véritables murs, ainsi que les divisions internes des cabanes rondes, apparaissent. À Jéricho, des constructions monumentales – tours, remparts – montrent déjà une maîtrise certaine.
Plus tard, le plan rectangulaire témoigne d'une organisation sociale plus complexe, où chaque famille dispose d'une habitation unique aux pièces spécialisées. N'ayant plus à se déplacer longuement, l'homme organise son espace de manière plus durable, et les villages regroupent des dizaines de maisons. L'exemple de Çatal Höyük, en Turquie, vers − 6000, est le plus significatif ; ce village (qui s’étendait, à son apogée, sur une douzaine d’hectares) a pu compter jusqu'à 5 000 habitants.
De nouveaux comportements sociaux
La sédentarisation est liée à de nouveaux comportements sociaux et économiques, et va de pair avec une spécialisation : éleveurs, agriculteurs, artisans, chasseurs. Certains se fixeront au village, d'autres parcourront le terroir.
Peu à peu, les groupes égalitaires, caractéristiques des chasseurs-cueilleurs, font place aux sociétés hiérarchisées, où certains individus joueront un rôle social plus important.
Les débuts de cette évolution sont difficiles à cerner au néolithique ancien : les premiers villages ne montrent pas d'exemples de hiérarchisation des maisons, tant au Proche-Orient que, plus tard, en Europe.
De même, l'art rupestre saharien ne met en valeur les différences sociales qu'à l'extrême fin de la période.
Au VIe millénaire, l'apparition de bâtiments exceptionnels – demeure de chef, maison commune, sanctuaire – est certainement liée au développement de l'agriculture. Mais à cette époque la néolithisation est achevée, ou en voie de l'être, au Proche-Orient.
De nouveaux éléments culturels
Plus probante est l'apparition de nouveaux éléments culturels, dont le rôle pourrait être essentiel dans la naissance du néolithique.
Les hommes du paléolithique montraient déjà un sens religieux tout entier tourné vers la nature, et qui ne semble pas faire référence à des divinités. On pouvait exalter, comme en Europe occidentale dans l'art pariétal (ou rupestre), des couples animaux (cheval-renne ; aurochs-bison) sans qu'il y ait de dieu animal. La représentation humaine était rare, à l'exception des vénus, statuettes en ivoire ou en pierre tendre du paléolithique supérieur.
Mais au Proche-Orient apparaissent vers − 8000 des statuettes représentant surtout des femmes et des taureaux, à un moment où l'agriculture en est à ses premiers balbutiements et où la céramique est absente. À Mureybet (Syrie), où l'élevage n'apparaît que vers − 7000, des crânes de taureaux sauvages sont scellés dans les murs des maisons.
La relation entre la femme et le taureau, c'est-à-dire l'alliance de la fécondité et de la force, ne constituerait sans doute pas les prémices idéologiques de l'agriculture et de l'élevage ; ce thème est en effet partout présent au Proche-Orient, dans des contextes culturels différents, et l'une de ses représentations les plus spectaculaires est la femme de Çatal Höyük accouchant sur un trône, entourée de panthères ; liée aussi au taureau, elle symbolise la vie et la mort, la bienveillance et la destruction. Ce thème sera classique en Mésopotamie et en Grèce préhellénique.
Les communautés néolithiques – premières sociétés paysannes – ont développé des idées religieuses orientées vers les préoccupations agraires : culte de la fertilité et de la régénération annuelle de la végétation, culte des morts et de l'identité communautaire dans le terroir. Ce sont là les origines des religions modernes.
Les causes et les mécanismes de la néolithisation
La néolithisation est-elle d'origine économique, sociale ou culturelle ? Longtemps les historiens ont cru que l'invention de l'agriculture et de l'élevage définissait le phénomène, mais on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien.
La théorie des oasis
Selon cette théorie, l'origine de la néolithisation, au Proche-Orient, serait à rechercher dans une oscillation climatique aride qui aurait contraint les animaux et les hommes à se rapprocher de l'eau.
La domestication aurait été facilitée par ce côtoiement. Il s'agirait donc d'une pression écologique négative, conduisant à une économie nouvelle. Cette théorie n'a pas été confirmée par les faits, puisque les conditions climatiques étaient bonnes à l'époque et que les premières manifestations de la néolithisation n'ont pas été économiques, mais sociales et culturelles.
Les activités économiques
La sédentarisation ainsi que de nouveaux comportements intellectuels ont largement précédé l'agriculture et l'élevage. Cela est valable tant au Proche-Orient qu'au Japon et au Sahara. Les nouvelles activités économiques seraient donc plutôt une conséquence de la néolithisation. Elle serait en outre à la base de l'apparition progressive de l'agriculture et de l'élevage, de la familiarité toujours plus grande des hommes avec les plantes et les animaux, qui a conduit à de nouveaux rapports avec la nature.
Les facteurs sociaux et culturels
La sédentarisation, antérieure au néolithique, est fondamentale puisqu'elle débute dans un milieu où le mode de vie est fondé sur la chasse et la cueillette. Mais la croissance démographique ne va jouer un rôle essentiel que lorsque la néolithisation est pleinement engagée – c'est-à-dire au moment où une initiative humaine décide de consacrer un maximum d'énergie à certaines plantes (céréales, légumineuses) et à certains animaux (chèvre, mouton, porc, bœuf).
Les sociétés de chasseurs-cueilleurs, tout comme les premières sociétés paysannes, sont égalitaires, et quand les tensions internes deviennent trop fortes, le groupe essaime.
Or, au Proche-Orient, cela ne se produit pas ; le groupe a trouvé une solution aux éventuelles contradictions en créant de nouveaux rapports sociaux, et l'exploitation du milieu naturel par le biais de l'agriculture serait une de ces réponses.
La possible domination de la nature par l'homme
L'économie néolithique conduit à la division du travail et à l'économie de production ; cette mutation va progressivement modifier l'organisation sociale du groupe. D'ailleurs, l'évolution de la maison, qui de la case ronde passe à la maison rectangulaire à plan complexe et celle du village, qui évolue vers un groupe de maisons identiques et une hiérarchisation de l'habitat, épouse celle de l'économie.
L'importance du changement culturel se produisant au Proche-Orient, dans un milieu favorable, vers − 8000, est indéniable. La néolithisation aurait pour origine une initiative réfléchie de l'homme de la fin du paléolithique, qui prend peu à peu conscience de ses capacités à dominer la nature, alors même que celle-ci est sans doute encore capable de le nourrir, malgré un début de croissance démographique. Le changement de cap religieux, bien cerné au Proche-Orient, est la plus claire illustration du rôle de ces multiples facteurs spirituels.
Un phénomène lent et souvent partiel
Chacun des motifs évoqués peut être considéré comme une cause et une conséquence des mécanismes de la néolithisation. L'archéologie montre que celle-ci a été lente et souvent partielle : l'homme a pris ce qui lui convenait en manipulant les milieux végétal et animal par une succession de choix opportunistes.
Quelques exemples sont particulièrement probants : la céramique est bien plus ancienne au Japon et au Sahara central qu'au Proche-Orient ; au Japon comme au Sahara, l'agriculture est très nettement postérieure à la céramique, alors que c'est le contraire au Proche-Orient et en Amérique ; dans la vallée du Nil et au Sahara égyptien, l'élevage est antérieur à l'agriculture.
La chronologie de la néolithisation (invention, puis diffusion) illustre l'impossibilité de définir un processus unique d'apparition du néolithique.
Les centres de néolithisation
Si le natoufien n'est pas la première phase de la néolithisation au Proche-Orient, il présente déjà certains éléments caractéristiques, notamment l'habitat et le matériel de broyage.
Un peu plus tard apparaissent la pointe de flèche (transformation de la chasse) et les premières figurines féminines (nouveauté idéologique).
Au néolithique précéramique naissent les principaux éléments de la néolithisation dans trois régions : la plaine de Damas, le moyen Euphrate et la vallée du Jourdain.
À Mureybet, vers − 8000, il existe un village de maisons rondes accolées les unes aux autres, avec des toits en terrasse. L'agriculture n'est pas encore pratiquée, mais les céréales sauvages sont déjà utilisées. Seuls les gros mammifères sont chassés, et la pêche n'est plus pratiquée. La stratégie alimentaire diffère donc de celle du natoufien, où le milieu était exploité de manière indifférenciée.
À Tell Aswad, près de Damas, une véritable agriculture (blé, pois, lentilles, orge) existe dès − 7800, alors que le blé sauvage ne pousse pas autour du village, ce qui démontre une invention extérieure. Dans la région, l'agriculture (− 8000 à − 7000) est donc antérieure à l'élevage (− 7000 à − 6000), sauf au Zagros.
La céramique se généralise vers − 6000, alors que la néolithisation est achevée, même si certains groupes sont moins avancés que d'autres.
Le Sahara égyptien
Les habitants de la vallée du Nil, vers − 10 000, sont des chasseurs-cueilleurs. À l'époque, le Sahara, où s'achève une longue période aride, est vide ; il commence à se peupler vers −8000, à partir de la vallée, où la néolithisation débute, vers − 7000, par l'élevage bovin.
L'agriculture (blé, orge) n'apparaît que vers − 6100. Des villages sont attestés à la même époque. Dans la vallée, en retard par rapport au Sahara, l'agriculture n'apparaît pas avant − 4000.
L'économie de production et les nouvelles structures sociales y ont été le fait, au moins en partie, des pasteurs du désert occidental, contraints de quitter le Sahara en voie de désertification.
Le Sahara central
Dans les montagnes du Sahara central s'installe, vers − 7500, un centre autonome de néolithisation. La céramique, le matériel de broyage, la hache polie et l'arc y sont déjà présents, ce qui implique une origine plus ancienne. La chasse, la pêche et la cueillette sont les activités principales. L'agriculture pourrait débuter dès cette époque, en revanche, l'élevage n'apparaît pas avant le Ve millénaire. Mais on ignore s'il s'agit d'une domestication locale – le bœuf sauvage existe, mais pas la chèvre, ni le mouton – ou d'une importation en provenance du Sahara oriental.
L'Afrique du Nord et le reste du Sahara connaîtront une néolithisation progressive, qui sera plus tardive au Sahel. Plus au sud, il existe d'autres foyers de néolithisation, en particulier autour du golfe de Guinée et au Soudan. L'Afrique australe et orientale ne connaîtra l'agriculture et surtout l'élevage que vers le début de notre ère, en même temps que le métal.
L'Europe
La néolithisation de l'Europe, de la Grèce à l'Atlantique, est liée à une diffusion d'idées et à une colonisation. Dans le premier cas, il y a acculturation progressive de groupes qui perdent lentement leur identité ; dans le second cas, les colons néolithiques réduisent, sous la pression démographique, les territoires des derniers chasseurs.
L'idée d'une colonisation-invasion massive et rapide n'a plus cours aujourd'hui ; l'acquisition des caractères du néolithique ne s'est pas faite d'un bloc, et les échanges entre premiers fermiers et derniers chasseurs ont dû être nombreux. Ainsi, dans le midi de la France, le mouton est présent avant la poterie et l'agriculture. Ailleurs, la céramique a parfois précédé les nouvelles activités économiques.
Quoi qu'il en soit, l'apparition de l'agriculture et de l'élevage marque en Europe un retard sur la néolithisation au Proche-Orient ; il faudra plusieurs millénaires avant que les îles Britanniques et la Scandinavie ne soient touchées. Cela représente une lente migration des idées et des hommes, d'environ 25 km par génération, selon deux axes – l'un méditerranéen, l'autre danubien – et qui a réduit peu à peu la part des derniers chasseurs, avant leur disparition définitive.
Le premier néolithique européen comprend donc une société égalitaire, peu différenciée, et une agriculture itinérante.
Le néolithique ancien de la Méditerranée occidentale est caractérisé par sa céramique cardiale. Les influences néolithiques ont longé les côtes, acculturant peu à peu les groupes de chasseurs. La progression se poursuit le long de l'Atlantique jusqu'à la Vendée. La colonisation a probablement été moins importante que la diffusion des idées dans des groupes pratiquant de manière intensive la chasse et la récolte des légumineuses.
L'économie s'adapte aux biotopes méditerranéens, qu'elle dégrade rapidement. L'agriculture débute vers − 4900 en Provence, mais l'élevage du mouton est présent sur le littoral français dès − 6000.
L'Extrême-Orient
La Chine a vécu une néolithisation précoce, encore mal connue. Cette immense région possède une grande variété de climats, qui a permis toutes les combinaisons d'expériences. La Chine du Nord, autour de la vallée du fleuve Jaune, a cultivé le millet dès − 5500. Le porc, la poule, le chien sont domestiqués ; par contre, le bœuf et le mouton ne jouent qu'un rôle mineur. Au sud, la culture du riz est presque aussi ancienne : le village de Hemudu est daté de − 5000 à − 4700 environ.
La néolithisation s'étend, au Japon, sur une très grande période. Dès − 10 000, les chasseurs-cueilleurs se sédentarisent et fabriquent la poterie la plus ancienne du monde.
L'outillage lithique comprend, outre une tradition paléolithique, la hache polie, le matériel de broyage, l'hameçon et le poids de filet. L'arc date de − 9000, au moment où le microlithe est abandonné. Les premières cultures (sarrasin, courge, légumineuses, mûrier) datent de − 4600.
Les espèces domestiques ont été importées de Chine, ainsi que le riz, cultivé vers − 1400 seulement.
Les Amériques
La néolithisation y est un phénomène parfaitement autonome. Les milieux écologiques y sont encore plus variés que dans l'Ancien Monde. Ainsi, au Pérou, la domestication des plantes débute sur les hautes terres avec le haricot et la courge. Le maïs apparaît vers − 5500, la pomme de terre plus tard encore ; la domestication de l'alpaga et du lama se fait vers − 4500 et va jouer un rôle essentiel.
Mais, dans un premier temps, le mode de vie ne change guère : les hommes continuent à suivre les déplacements saisonniers des animaux. Sur le littoral, la sédentarisation est antérieure à l'économie néolithique ; l'économie agropastorale ne prédomine que vers − 2500. La céramique, qui apparaît à cette époque, joue un rôle plus modeste que dans l'Ancien Monde.
Au Mexique, la culture du maïs débute vers − 5700, et le coton est connu vers − 5000. Cependant, dans le bassin de Mexico, où les ressources naturelles sont accessibles toute l'année dans une même zone, la sédentarité date de − 6000, et précède largement l'agriculture.
Aux origines du monde actuel
La néolithisation se produit dans diverses régions du globe : Proche-Orient, Extrême-Orient, Sahara, Amériques. Des centres secondaires ont existé, à des époques très variées, et ont pu bénéficier d'expériences antérieures.
La néolithisation, qui s'étend sur des milliers d'années, est à la fois l'invention du néolithique et sa diffusion. Ce terme désigne en fait un niveau dans l'évolution de la société humaine, malgré les écarts chronologiques et la variété des formes. On comprend qu'il ne puisse être univoque, comme le montre l'importance des caractères partiels réversibles (première invention de la poterie sans lendemain au Proche-Orient, vers − 8000) ou atypiques, par exemple la disparition du néolithique au Sahara pour une raison de même nature que celle qui a provoqué son apparition : une crise climatique, humide au début et aride à la fin.
Mais le résultat de la néolithisation est identique : la croissance économique et démographique ainsi que les processus mentaux ont entraîné des modes de vie et des besoins nouveaux. Deux facteurs sont essentiels : l'un matériel – l'économie de production –, l'autre mental – le souci constant d'innover qui anime l'homme et qui fait suite à sa volonté de se situer désormais au centre de la nature, et non plus immergé en elle.
Le mouvement est allé en s'accélérant : l'invention de la ville, de l'État, de l'écriture, des grandes religions, de la guerre et de la métallurgie en découle directement. Enfin, la néolithisation a provoqué la première crise écologique de la Terre : la déforestation, attestée très tôt par l'archéologie, conduisit à une dégradation des sols dans nombre de régions, et à des modifications climatiques encore mal évaluées.
La néolithisation a-t-elle été une « révolution », comme l'a écrit le préhistorien britannique Gordon Childe ? Le terme a été encensé, puis banni. Mais les transformations ont véritablement été radicales, même si elles ont pris dans certains cas des millénaires – ce qui, tout compte fait, n'est qu'un bref instant à l'échelle des temps préhistoriques (→ préhistoire).
Après la fin de la dernière glaciation, celle de Würm, une multitude d'inventions techniques et de comportements nouveaux ont provoqué une rupture définitive entre l'homme du paléolithique et celui du néolithique, même si le mode de vie antérieur ne disparaît pas totalement. La rupture est en fait celle de l'homme avec la nature, dans laquelle il se fondait jusque-là

 

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BERLIN

 


Berlin


Capitale de l'Allemagne, sur la Spree, constituant aussi un Land, couvrant 882 km2.
Population : 3 292 365 hab. (recensement de 2011)
Nom des habitants : Berlinois
GÉOGRAPHIE
La ville qui était au cœur de l'ancienne R.D.A., apparaît aujourd'hui d'autant plus excentrée qu'elle est éloignée de l'axe rhénan et des régions dynamiques du sud du pays (Bade-Wurtemberg et Bavière). Elle est encore plus périphérique dans le cadre de l'U.E. (loin de Strasbourg, de Luxembourg ou de Bruxelles), mais constitue une ouverture sur l'Europe orientale. Fortement touchée par le chômage, la ville reste pauvre (elle est la seule capitale d'Europe dont le produit intérieur brut par habitant est inférieur à la moyenne nationale). L'industrie ne représente que 10 % de l'activité, moitié moins que dans l'ensemble du pays. Après l'unification allemande, Berlin constitue de nouveau, progressivement, un centre de décision politique. Elle retrouve également son rôle de grande métropole européenne (après Paris, Londres et Moscou). Deux grands parcs technologiques abritent plusieurs centaines d'entreprises, le Buch, au nord (biotechnologies et santé) et l'Adlershof, au sud-est (énergie, mécanique de très haute précision, phototonique). Le tourisme est en forte croissance, avec 18 millions de visiteurs en 2008, contre 10 millions en 1999. Berlin dispose de deux aéroports internationaux, avec Tegel, deuxième aéroport allemand après Francfort, et Schönefeld. Le trafic fluvial sur le réseau de la Havel et de la Spree, relié au Mittellandkanal et à l'Oder, est l'un des plus volumineux d'Allemagne (Berlin est le quatrième port fluvial allemand).

La scission de la ville liée à la dualité de l'Allemagne avant 1990 reste encore marquée dans le cadre urbain. Les disparités entre quartiers occidentaux, densément peuplés et opulents, et quartiers orientaux, plus pauvres, reflètent les niveaux de développement inégaux des deux anciennes parties de l'Allemagne. Toutefois, le transfert des fonctions de capitale peut être un atout pour l'avenir et pour l'unité réelle de la ville.
Berlin a accueilli les jeux Olympiques d'été en 1936.
Le climat, semi-continental, oppose des hivers froids (– 1 °C en janvier) et neigeux à des étés orageux, modérément chauds (19 °C en juillet) et humides. La ville reçoit en moyenne 603 mm de précipitations par an et sa température moyenne annuelle est de 9,25 °C.
L'HISTOIRE DE BERLIN
Des origines à Frédéric II
Rien ne prédisposait les bords de la Spree à recevoir un jour la capitale de l'Allemagne. Le milieu physique (sables, landes et eaux de la Marche de Brandebourg) était, à l'origine, inhospitalier. La ville doit plus à l'histoire qu'à la géographie. Les premiers occupants, apparus seulement à l'époque protohistorique (le xe s. environ), ont vraisemblablement été des pêcheurs slaves ; vers 1230, l'agglomération reçoit des margraves du Brandebourg le statut urbain, en même temps que sa jumelle et rivale Cölln. Dès le xive s., les deux cités deviennent un centre commercial important sur la voie Magdebourg-Szczecin (Stettin) et Magdebourg-Poznań, cependant que le commerce avec Hambourg les fait entrer dans la hanse teutonique (ou plutôt baltico-atlantique). Consciente de son importance économique, Berlin entre souvent en conflit avec son souverain, un Hohenzollern depuis 1415 (solennellement investi de ses nouvelles fonctions en 1417 à Constance), mais ne parvient pas à se rendre totalement indépendante et doit accepter que le souverain réside dans ses murs (à partir du milieu du xve s.). Cette symbiose profite finalement à la ville, mais celle-ci n'en développe pas moins un esprit d'indépendance fort peu « prussien », grâce auquel peuvent se fondre les éléments divers de l'ethnie berlinoise, très particulière – les éléments germaniques venus de l'ouest et du nord (la langue de base est le niederdeutsch), et les éléments germano-slaves venus de Silésie ou de Poméranie –, après que les conquêtes des Électeurs (puis rois) eurent accru leur domaine oriental (xviiie s. et xixe s.).
Le xvie s. apporte à Berlin la réforme luthérienne (la ville devient une métropole du protestantisme), un accroissement important de la population (30 p. 100 environ), un premier essor économique, suivi d'une grave crise due aux imprudences du souverain. C'est aussi alors que se constitue la structure sociale bipolaire, avec la Cour (encore relativement peu puissante, par suite du manque de ressources) et la ville, peuplée d'artisans et de cultivateurs.
Au début du xviie s., la population de la ville atteint environ 10 000 habitants, alors que Paris et Londres sont déjà de véritables métropoles mondiales. La guerre de Trente Ans amène un déclin qui ne s'arrête qu'à la fin du xviie s. Le Brandebourg sert de passage aux Impériaux et aux Suédois ; à la fin de la guerre, la population tombe à 6 000 âmes. L'Électeur Frédéric-Guillaume, surnommé « le Grand Électeur » (der Grosse Kurfürst), entreprend la restauration de l'État après les traités de Westphalie. Il appelle commerçants et artisans dans la ville ; les manufactures obtiennent son appui. La ville s'agrandit de deux quartiers : Friedrichswerder et Dorotheenstadt. Le jardin d'agrément (Lustgarten) est établi au nord du château, et, à l'ouest de celui-ci, l'Électeur fait aménager l'avenue Unter den Linden. Ainsi, le noyau ancien de Berlin est constitué essentiellement par les quartiers du xviie s., qui, pendant longtemps, donnèrent à la ville son cachet de ville de résidence princière. La révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV en 1685 fait le bonheur de l'Électeur. Les huguenots affluent par milliers, apportant leurs capitaux et leur savoir. Le quartier Moabit, aux réminiscences bibliques, est leur œuvre. Un gymnase où l'enseignement est donné en français est construit. À partir de la fin du xviie s., une partie de la noblesse et de la bourgeoisie berlinoises porte désormais des noms français. Mais, avec 20 000 habitants en 1700, Berlin ne fait pas encore figure de capitale.
Cependant, la ville se développe considérablement : le port fluvial est aménagé rationnellement, une importante forteresse est construite grâce aux subsides de l'allié français, l'assèchement de marais permet à l'Électeur et à sa famille de réaliser d'importantes opérations immobilières et de fonder trois cités nouvelles, rivales de Berlin et de Cölln, et qui, en 1709, sont réunies avec celles-ci en une seule ville.
Centre d'art architectural (Andreas Schlüter), Berlin devient un foyer intellectuel vers la fin du xviie s., quand s'y sont installées l'Académie des beaux-arts (1696) et l'Académie des sciences (1700).
Au cours du xviiie s., la ville continue à profiter de l'extension des États des Hohenzollern et de l'accroissement de leur puissance (« rois en Prusse » depuis 1701) ; à l'abri des guerres (mis à part l'occupation passagère par les Autrichiens en 1757 et par les Russes en 1760), elle dépasse 100 000 habitants en 1750 (avec une importante garnison), cependant que, non loin de là, Potsdam devient une résidence complémentaire du roi- Électeur. À côté de la communauté huguenote, pratiquant les vertus « prussiennes » et gardant l'usage du français, se développe la communauté israélite, dont la grande originalité sera, jusqu'au xxe s., d'avoir une activité autant intellectuelle que commerciale. Par ailleurs, l'éditeur Friedrich Nicolai, l'écrivain Lessing, le philosophe Moses Mendelssohn constituent avec d'autres intellectuels et savants, de passage ou établis à demeure, un milieu remarquablement actif qui annonce le grand essor du xixe s.
De Frédéric II à Guillaume II
Avec le règne de Frédéric II (1740-1786), le rôle de capitale germano-slave de Berlin s'accentue par suite des conquêtes entre Oder et Vistule ; dans les dernières années du xviiie s., l'État prussien traverse une grave crise, qui marque aussi la ville et qui se poursuit durant l'époque napoléonienne.
Mais déjà les premières années du xixe s. annoncent un renouveau ; cité autonome en 1808, Berlin devient en 1810, grâce à Wilhelm von Humboldt, une ville universitaire qu'illustrent les philosophes Fichte, Hegel, puis Lotze (1817-1881), le physicien Helmholtz et tant d'autres depuis. D'importants édifices (dont la porte de Brandebourg, 1788-1791) datant de ce temps confirment l'aspect de capitale du noyau urbain, cependant que de nombreux quartiers restent quasi ruraux avec une population paisible, qui ne participe pas aux mouvements plus ou moins révolutionnaires qui parcourent l'Europe postnapoléonienne.
L'urbanisation s'accentue (entre 1825 et 1840, 100 000 habitants de plus, dont l'intégration se fait souvent mal, car ils sont Polonais et catholiques pour une bonne part) ; les maladresses du souverain, sur le plan tant des franchises municipales que de la vie confessionnelle, la prolétarisation, qui commence avec l'industrialisation (Borsig en 1837, Siemens en 1847 ; première voie ferrée en 1838, cinq autres construites entre 1841 et 1846), font du Berlin du « printemps des peuples » un foyer de révolution.
Mais la révolte est réprimée encore plus rapidement que les mouvements du xve s. et du xvie s. La ville est plus liée que jamais au développement de la Prusse, qui s'accélère bien avant 1871. Les nombreuses voies ferrées, les relations fluviales font de la ville un des principaux centres économiques de l'Allemagne moderne ; les immigrants affluents, et la ville, qui se développe concentriquement, doit sortir de son enceinte (en 1861, le mur d'octroi est abattu) et annexe les faubourgs ; elle compte en 1861 près de 550 000 habitants, et parmi eux de nombreux savants et écrivains, sans compter les grands commis de l'État et les officiers qui forgent l'armée de Sadowa et de Sedan.
La création du Reich, dont Berlin est la capitale, en confirmant l'hégémonie prussienne dans toute l'Europe centrale, accentue encore davantage le caractère de métropole, et cela sur tous les plans, y compris sur celui de la politique étrangère (congrès de 1878, conférence « africaine » de 1884-1885). En 1880, il y a plus de 1 million d'habitants dans une ville qui comprend, à côté de quartiers aérés et imposants, un nombre de plus en plus élevé d'immeubles sordides, dont la disposition (« Vorderhaus », bourgeois, et « Hinterhaus », prolétarien) accroît les tensions sociales. En 1910, ses habitants sont au nombre de 2 millions, vivant du commerce (grands magasins), des transports (réseau ferré métropolitain à partir de 1877, installations portuaires), de la banque, des assurances et surtout de l'industrie (métallurgie, industries électriques avec AEG, arts graphiques, habillement). Toutefois, grâce aux annexions de communes urbaines, facilitées plus qu'en France par la loi, de nombreux Berlinois vivent encore de la terre, ce qui contribue sans doute à émousser les conflits sociaux et à faire des nombreux sociaux-démocrates de loyaux sujets de l'empereur d'Allemagne, roi de Prusse.
Cependant que la vie politique se partage entre Potsdam (la Cour) et Berlin (Reichstag), la vie intellectuelle atteint un très haut développement tant avec des écrivains typiquement berlinois, faisant partie de la « Heimatdichtung » si germanique, qu'avec des hommes connus hors de ces frontières, dont, entre autres, Theodor Fontane et Gerhart Hauptmann. Le théâtre (Max Reinhardt) devient un produit spécifiquement berlinois et en même temps une denrée d'exportation. La science moderne se crée pour une bonne part à l'université et dans les instituts de recherche (1879 : technische Hochschule), mais le nouveau type du Berlinois, identifié bien à tort avec le militarisme des Hohenzollern, n'attire pas la sympathie des Allemands, qui lui reprochent son réalisme souvent cynique et son esprit rude et mordant (« Berliner Schnauze »), ou encore ses goûts socialistes et son mode de vie souvent trop prolétarien, illustré par les dessins de Heinrich Zille (1858-1929) et de Käthe Kollwitz. Cela a pour résultat d'accroître chez les habitants de Berlin, de provenance récente ou d'ancienne extraction, le sentiment non pas tant d'être supérieurs, mais d'être autres, plus dynamiques (Tempo ! Tempo !) et plus adaptés à la vie moderne ; une entité se constitue ainsi, très originale et fort peu « allemande », en tout cas fort peu alémanique.
Le Grand-Berlin
L'entité berlinoise survit à la guerre et surtout aux soubresauts de l'après-guerre et aux troubles sanglants (révolte des spartakistes en janvier 1919, tentative de coup d'État de droite [le putsch de Kapp] en mars 1920). Capitale de la République et aussi du plus grand de ses États, la Prusse, Berlin connaît de son côté les « roaring twenties ». La ville est réorganisée administrativement en 1920. Le « Gross-Berlin » englobe 7 villes suburbaines, 56 communes et 29 grands domaines agricoles. La capitale est subdivisée en 20 arrondissements (Bezirke) qui subsistent encore. Par cette gigantesque Eingemeindung (annexion), la ville compte 4 millions d'habitants, répartis sur 878 km2, avec une densité de 4 550 habitants au kilomètre carré. Berlin présente, en apparence, ce paradoxe d'être une ville où les densités urbaines sont parmi les plus élevées des villes allemandes, tout en possédant également des espaces verts dont beaucoup de villes n'ont pas l'équivalent. L'explication réside dans les constructions en hauteur, qui permettent de réserver, à proximité, des surfaces d'agrément assez étendues.
Pourvu, au fil des années, d'un remarquable réseau de transports urbains et suburbains, Berlin est alors l'une des villes d'Europe les plus « courues » entre les deux guerres. Ses théâtres, ses écrivains, ses acteurs de cinéma et ses metteurs en scène, ses journalistes et ses auteurs d'airs à succès (Walter Kollodziezski, dit Kollo [1883-1940], Paul Lincke [1866-1946], etc.) contribuent à faire de la ville un creuset où vivent maintenant (1925) plus de 4 millions d'habitants ; le centre devient le Berlin de l'administration et du commerce, la périphérie et la banlieue abritant les usines, toujours plus nombreuses et plus grandes (Siemensstadt), et les blocs d'habitations (les « grands ensembles » des architectes Bruno et Max Taut). L'époque nazie confirme l'essor de Berlin, rendue indépendante du Brandebourg en 1933 par décision de son gauleiter Goebbels, et Reichshauptstadt d'un État qui ne cesse de s'étendre ; les grands travaux, le développement des autostrades et de l'aéroport de Tempelhof, et le couronnement des jeux Olympiques de 1936 contribuent à diluer une opposition de gauche encore très forte avant 1933.
Les plans ambitieux visant à faire de Berlin la capitale d'une Europe allemande sont réduits à néant par la guerre, par les bombardements et surtout par la bataille de Berlin (23 avril-2 mai 1945) entre les forces soviétiques et allemandes. Encerclée par les armées de Joukov et de Koniev, qui font leur jonction le 24 avril au S.-E. de Berlin, soumise à d'énormes concentrations d'artillerie (20 000 pièces), la garnison (environ 300 000 h., dont 80 bataillons de Volkssturm) ne peut être dégagée par la IVe Panzerarmee. Les combats se poursuivent jusqu'au centre de la ville. Hitler s'y suicide dans son bunker le 30 avril ; le 2 mai, à 15 heures, le général Weidling ordonne la cessation de la lutte. Le 8 mai est signé à Berlin l'acte de capitulation des forces armées allemandes.
Berlin divisé



Par décision conjointe des vainqueurs de l'Allemagne, Berlin, située en zone soviétique est partagée en quatre secteurs administrés par une commission de contrôle quadripartite (Grande-Bretagne, États-Unis, U.R.S.S. et France). Les Soviétiques s'en retirent le 20 mars 1948 pour protester contre la décision alliée d'unifier les zones d'occupation anglo-saxonnes ; le 24 juin, ils interdisent tout transport entre la ville et l'Ouest. Le blocus des secteurs occidentaux de la ville dure un an, mais échoue grâce au gigantesque pont aérien décidé par les autorités américaines.
Le 12 mai 1949, les Soviétiques rétablissent les communications terrestres entre Berlin et l'Ouest. La libre circulation entre les secteurs est et ouest de Berlin subsistera douze ans, malgré les émeutes ouvrières du 17 juin 1953, durement réprimées par les autorités de Berlin-Est. En novembre 1958, l'URSS abolit unilatéralement le statut quadripartite de Berlin : sa proposition de faire de Berlin-Ouest une ville libre sous contrôle de l'ONU est rejetée par les Occidentaux. Mais c'est l'émigration croissante d'est en ouest qui amène les autorités d'Allemagne de l'Est à construire, à partir du 13 août 1961, le mur qui séparera durant près de trente ans Berlin-Est de Berlin-Ouest.

Symbole d'une Europe déchirée, le mur de Berlin est ouvert dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989 et la libre circulation est rétablie entre les deux parties de la ville. En 1991, Berlin redevient la capitale de l'Allemagne réunifiée. Les dernières troupes alliées quittent la ville en 1994.
BERLIN, VILLE D'ART




À la mort de Frédéric le Grand, en 1786, le nombre des Berlinois atteint 147 000 : la ville prend désormais figure de capitale, avec des édifices considérables construits surtout à la fin du xviiie s. et au début du xixe s., notamment le long de l'avenue Unter den Linden, qui va de la porte de Brandebourg à l'île de la Spree, où s'élevait le château royal des xviie s. et xviiie s. Le rythme de croissance, déjà rapide, s'accélère au temps de la prépondérance prussienne dans la Confédération de l'Allemagne du Nord, puis lorsque Berlin devient capitale de l'Empire allemand. À partir de 1945, et plus encore de 1961, année de la construction du mur, Berlin s'est trouvée partagée en deux villes distinctes, chacune ayant sa physionomie propre. Le paysage urbain garde encore la marque de ces longues années de partition.
Ravagée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Berlin a perdu une grande partie de son patrimoine historique. Ce qu'il en reste se trouve surtout dans l'ancien Berlin-Est : Marienkirche, église gothique en brique (fin du xive s. ; célèbre fresque de la Danse macabre) ; monuments des xviiie s. et xixe s., construits sous les Hohenzollern autour de l'axe historique Unter der Linden (Arsenal, de Jan de Bodt et Andreas Schlüter [masques de guerriers mourants], vers 1700 ; Opéra, de Georg Wenzeslaus Knobelsdorff ; cathédrale Sainte-Hedwige, 1747-1773 ; porte de Brandebourg, de Carl Gotthard Langhans, 1788 ; Corps de garde, de Karl Friedrich Schinkel, 1818). Sur l'île de la Spree subsistent la cathédrale en rotonde, édifiée au début du xxe s., et divers musées, dont le Pergamonmuseum, avec sa noble façade de Schinkel.
Plus à l'est, la République démocratique allemande a aménagé, au-delà de l'Alexanderplatz transformée et devenue le cœur de la « city » socialiste, l'avenue monumentale à la gloire du régime : la Karl-Marx-Allee, réalisée en deux étapes de 1953 à 1968. Elle offre à son début un forum avec un vaste hôtel, un restaurant, un cinéma à l'architecture massive. La Tour de Télévision (Fernsehturm), haute de 365 m (1969) couronne ces aménagements grandioses.

À l'ouest se trouve le château de Charlottenburg, seul château des Hohenzollern qui subsiste (fin du xviie-xviiie s.). Dans la cour d'honneur se trouve le magnifique monument équestre du Grand Électeur, par A. Schlüter. De la fin du xixe s. date la Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche (Église commémorative), édifiée en mémoire de l'empereur Guillaume Ier. Il n'en reste que la tour, accolée aujourd'hui à une église moderne (1959-1961). C'est là qu'aboutit le Kurfürstendamm, allée prestigieuse aménagée par Bismarck et l'un des centres de la vie urbaine.
À partir de 1955 s'est élevé, à proximité du Tiegarten, tout un quartier appelé « Hansaviertel », auquel ont collaboré les architectes les plus renommés dans le monde ; il comprend des blocs d'habitation élevés, deux églises et des équipements sociaux. Non loin se trouve le palais des Congrès, dû à l'Américain Hugh Stubbins. Hans Scharoun a conçu la Philharmonie (1959-1963), dont le toit asymétrique évoque une gigantesque vague, ainsi que la Bibliothèque nationale. La Neue Nationalgalerie, toute de verre et d'acier, est l'œuvre de Mies Van der Rohe (1968).
En outre, Berlin accueille, depuis 1951, un festival international annuel de cinéma.
LES MUSÉES DE BERLIN



L'île de la Spree conserve ce qui fut le premier exemple moderne d'un ensemble muséologique concerté (1830-1930) : Pergamonmuseum, Alte Nationalgalerie, musée Bode ; le premier renfermant en particulier des collections uniques d'art hellénistique (grand autel de Pergame), islamique et du Moyen-Orient (porte d'Ishtar, provenant de Babylone). Le château de Charlottenburg abrite, outre le Musée égyptien (buste de Néfertiti), des tableaux de la collection de Frédéric le Grand, comme l'Enseigne de Gersaint de Watteau. Le complexe de Dahlem contient plusieurs collections importantes : galerie de peinture (Vierge dans une église de Van Eyck, l'Homme au casque d'or de Rembrandt, la Femme au collier de perles de Vermeer, Étienne Chevalier de Fouquet, la Danse de Watteau, des chefs-d'œuvre des écoles italienne et allemande…), musée de sculpture, cabinet des estampes, musée ethnographique, musée d'art asiatique. La Neue Nationalgalerie est consacrée à l'art des xixe s. et xxe s., le Brücke-Museum à l'expressionnisme allemand. Le Bâtiment Martin-Gropius (1881) abrite plusieurs musées (galerie de Berlin, collection Judaica…). Le Musée du Bauhaus a été construit en 1979 d'après les plans de Walter Gropius. Les musées du Kulturforum regroupent notamment la Galerie de peinture et la Nouvelle Galerie nationale. Inauguré en 2001, le Jüdisches Museum, conçu par l'architecte Daniel Libeskind, retrace 1 700 ans de l'histoire des Juifs en Allemagne.

 

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