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PHILOLOGIE

 

philologie


(latin philologia, du grec)
Consulter aussi dans le dictionnaire : philologie
Établissement ou étude critique de textes, par la comparaison systématique des manuscrits ou des éditions, par l'histoire.
L'objet de la philologie est constitué par les textes écrits, aussi son champ est-il flou, à la frontière de la linguistique et de l'histoire littéraire. Ses véritables créateurs sont les savants groupés autour des bibliothèques rassemblées par les souverains hellénistiques, à Pergame et surtout à Alexandrie : Aristophane de Byzance, Aristarque, Zénodote, etc. Héritiers des sophistes, qui discutaient dans leurs écoles de l'interprétation des poètes et surtout d'Homère, ils se sont attachés à retrouver, dans la masse des variantes et des gloses, le texte authentique des grands écrivains du passé. Dès le iie s. avant J.-C., les Grecs introduisent cette science (et ses méthodes) à Rome : au ier s. avant J.-C., Varron fournit, dans son De lingua latina, un monument philologique qui restera un modèle jusqu'à la fin de l'Antiquité. Si les œuvres postérieures présentent moins d'originalité, elles ont le mérite de nous avoir transmis les œuvres antiques que nous connaissons. La renaissance littéraire du ive s. après J.-C. s'est accompagnée d'une étude fervente des Anciens que l'on édita avec des commentaires : par exemple celui de Servius sur Virgile ou celui de Macrobe sur le Songe de Scipion. Avec le christianisme, qui ramène tout écrit à l'Écriture, la philologie antique tombe, en Occident, dans l'oubli, mais elle survit à Byzance : ainsi les sommes lexicographiques de Photios (viiie s.) et de Suidas (xe s.), le commentaire des poèmes homériques par Eustathe de Thessalonique (xiie s.) ou l'édition complète des œuvres de Plutarque par Maxime Planude (1260-1330).
La Renaissance remet à l'honneur l'étude des Anciens et retrouve à cette fin les méthodes de la philologie antique, grâce en particulier à l'arrivée des savants byzantins chassés par la chute de Constantinople. D'autre part, l'impression et l'édition des textes conduisent tout naturellement à un travail de critique interne de ceux-ci, favorisé aussi par l'émergence du nouvel esprit scientifique : dès 1528, H. Estienne tient compte de la valeur respective des manuscrits qu'il imprime. À la fin du xvie s., Scaliger et Casaubon développent la méthode philologique et ajoutent à leurs éditions des listes de variantes (apparat critique). Cette critique formelle des textes connaît aux xviie et xviiie s. un développement brillant aux Pays-Bas (Vosius, Heinsius, Grotius) et en Angleterre avec Richard Bentley (1662-1742). Le xixe s. est dominé par la philologie allemande, représentée par C. Heyne (1729-1812), qui conçoit l'idée d'une « science de l'Antiquité » (Altertumswissenschaft), par F. A. Wolf (1759-1824) et ses disciples A. Boeckh (1785-1867) et K. Lachmann (1793-1851), qui affinent les techniques de la classification des manuscrits et de l'établissement des textes (méthode dite des « fautes communes »). Outre l'étude des textes eux-mêmes, le domaine de la philologie s'étend à celui de leur contenu (la langue,le style, l'environnement historique et culturel). Ainsi, à la fin du xixe s., le sens du mot philologie recouvre une certaine ambiguïté : si pour les uns c'est l'étude des documents écrits et de leur transmission, pour d'autres c'est « la science universelle de la littérature », ou bien « l'étude générale des langues ». En fait, la philologie, qui s'était constituée à l'époque de la Renaissance comme la première des sciences humaines, a fini par éclater, au fur et à mesure de l'émergence et de l'élaboration de celles-ci (histoire, linguistique, critique littéraire, stylistique). Son objet s'est à la fois restreint et précisé : aujourd'hui, l'étude philologique se réduit à l'établissement du texte, c'est-à-dire sa datation, son déchiffrement, sa critique interne (établissement des variantes et de la meilleure lecture), éventuellement son commentaire (références facilitant la lecture et appareil critique garantissant son authenticité). Toutes ces données peuvent être ensuite exploitées par l'historien, le critique littéraire ou le linguiste.

 

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LES PHILOSOPHES

 

Voici les différents auteurs dont nous présentons les oeuvres sur ce site.

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RATIONALITÉ ET RAISONNEMENT

 

Texte de la 17ème conférence de l'Université de tous les savoirs réalisée le 17 janvier 2000 par Gilles-Gaston Granger


Rationalité et raisonnement


La question centrale posée est la suivante: la rationalité d'une connaissance ou d'un comportement est-elle nécessairement le produit d'un raisonnement? Il convient pour tenter d'y répondre de préciser le sens du mot rationalité et de formuler une description des procédures de raisonnement.
Raisonner c'est enchaîner des propositions en se conformant à des règles. Mais c'est aussi situer une pensée dans un contexte de circonstances, de causes et de conséquences. Il y a donc un aspect constructif et un aspect critique du raisonnement. Quant à la propriété de rationalité elle s'applique aussi bien à des procédures de pensée, qu'à des comportements ou même à des sujets pensants et agissants mais en des sens différents qu'il convient de distinguer et de réunir. Un trait fondamental commun est certainement la fidélité à des règles ; mais un des problèmes principaux de la philosophie de tradition grecque a toujours été la formulation et l'éventuelle unicité de ces règles. Pour expliciter le rôle du raisonnement dans l'atteinte d'une rationalité, nous examinerons successivement l'application de cette propriété à une connaissance et à un comportement.
I Qu'est-ce qu'une connaissance rationnelle ?
(1) La connaissance d'un monde comme mise en forme de nos expériences n'est proprement pensée que par transformation des impressions en concepts. Le type de mise en forme et de régulation le plus général qui correspond à cette transformation est la logique. Aussi bien la première caractérisation d'une connaissance rationnelle est-elle d'être une pensée logique.
La logique au sens le plus strict consiste en une réduction de tout objet de pensée à un contenu minimum, qui est la présence ou l'absence, et corrélativement pour la proposition qui signifie cet objet, le vrai ou le faux. Les règles du raisonnement logique garantissent alors la construction d'une proposition à partir d'une autre en conservant la valeur de vérité de la proposition origine, et par conséquent garantissent qu'on ne pourra inférer une proposition à la fois vraie et fausse. Cette législation des inférences a été formulée de différentes façons au cours de l'histoire de la logique, selon le niveau de complexité choisi pour décrire les propositions. C'est la syllogistique chez Aristote, réglant la manipulation de propositions comportant une structure interne, avec un sujet et un prédicat, et combinant deux propositions primitives pour obtenir une conclusion vraie. Les règles sont alors assez compliquées, mais l'idée d'inférence logique demeure. C'est encore la logique stoïcienne, reposant sur une relation fondamentale d'implication entre propositions cette fois non analysées. Ou encore, depuis le XIXème siècle, avec Frege, un calcul propositionnel d'inspiration stoïcienne qui introduit comme termes d'un langage logique des symboles de propositions vides de contenu autre que vérité ou fausseté et des symboles d'opérations de base, par exemple la négation et l'implication; et régit par des propositions primitives ou axiomes et des règles d'inférence l'usage de ces symboles purement formels.
Prenant pour base ce substrat d'un calcul où les propositions ont en quelque sorte un degré zéro de contenu, on a constitué en enrichissant ce contenu minimal un calcul des prédicats, où la proposition comporte un symbole de propriété et un symbole du sujet auquel on l'applique, un calcul des modalités, un calcul des probabilités et différents autres "calculs" portant sur des propositions et des objets plus complexes, mais où cependant demeure, fût-ce seulement au second degré, pour des méta-propositions portant sur les propositions du calcul, le thème directeur de la conservation de la vérité.
La condition de rationalité d'une connaissance est de ce point de vue la conformité de ses démarches à une logique. Cependant l'examen et la pra­tique de cette législation de la pensée montre qu'elle ne gouverne en fait qu'une tactique, c'est à dire,une manipulation pas à pas et pour ainsi dire locale des vérités. On n'y trouve aucune prescription visant une démarche inventive. Sans quitter le domaine de pensée où le contenu empirique des propositions ne joue aucun rôle essentiel, c'est d'abord en mathématiques qu'on pourra découvrir le déploiement d'une rationalité productive.
(2) La rationalité mathématique est en effet celle d'une pensée inventive et féconde. Certes elle continue de se soumettre, au moins dans la mise en forme finale de ses productions, à la législation d'une logique. Mais ses démarches procèdent en outre d'une vision stratégique qui subordonne chaque moment à une organisation d'ensemble. Si le mathématicien créateur se donne bien pour accomplissement final de sa tâche la formulation d'une démonstration comme enchaînement logique de propositions vraies, son travail de pensée antérieur-et principal- a consisté à rechercher la "raison des effets", comme dit l'un des plus grands d'entre eux, Blaise Pascal, des propriétés des objets mathématiques, et éventuellement à en construire de nouveaux. Le mathématicien a devant les yeux (de l'esprit) de tels objets produits par ses prédécesseurs, ou par lui-même, mais véritablement réels par leur consistance et leurs mystères, qui quelquefois échappent aux pen­seurs opiniâtres pendant des siècles ou même indéfiniment. Il s'applique à les décomposer en éléments plus simples dont il découvre les conséquences, et recompose éventuellement de nouveaux objets, tout aussi réels. Par exemple, le passage d'une théorie élémentaire des opérations algébriques portant sur des nombres, à une algèbre généralisée portant sur des objets quelconques soumis à des opérations abstraites, définies par leurs seules propriétés formelles, est un passage non pas platement logique mais plus largement rationnel. Rationnel en ce que à partir des nouveaux objets ainsi construits,-un "anneau", un "corps"-, on retrouve comme réalisations moins abstraites et déjà connues le système des entiers avec leur addition et leur multiplication, le système des nombres fractionnaires ou des réels avec leurs opérations d'addition, de multiplication et leurs inverses. La rationalité est ici maintien des propriétés des objets et révélation de leur signification plus profonde dans un univers plus étendu où certaines restrictions opératoires perçues comme irrationalités ont disparu. Ces irrationalités, comme la rencontre des nombres justement dits "irrationnels" par les Grecs, ou celle des nombres dit "imaginaires"au XVIème et XVIIème siècles sont très souvent l'occasion d'étendre le domaine des anciens objets pour restaurer la rationalité du système opératoire.
(3) Or cette fécondité du raisonnement mathématique se manifeste encore par le rôle qu'y joue l'aspect critique que nous mentionnions tantôt. Il consiste en la recherche de principes, de propriétés fondamentales des objets considérés. Cet aspect de la rationalité s'est présenté comme on sait dès les origines de la mathématique grecque, systématiquement dans les Eléments d'Euclide, mais chez bien d'autres auteurs. Une pensée pleinement rationnelle comporte nécessairement cette analyse et en un certain sens une mise en question de ce qui fonde sa démarche. Il convient sur ce point de distinguer deux espèces de ce fondement, que nous avons déjà mentionnées à propos de la forme logique du raisonnement. Cette légitimation peut en effet consister en propositions primitives posées comme irrécusables, ou en règles qu'on ne peut enfreindre sans tomber dans l'irrationalité. Le prototype de ces règles, qui représentent en quelque sorte la négativité du rationnel, est naturellement fourni par les règles strictement logiques, éventuellement quelque peut affaiblies selon les domaines d'objets que la pensée explore, mais jamais au point de permettre la contradiction. Quant aux propositions formulées comme base acceptée, tels les axiomes en mathématiques, elles ont assurément un contenu positif, dans chaque domaine de pensée, qui les rend justiciables d'une méta-critique. Une pensée scientifique descriptive et explicative des faits psychiques, par exemple, reposera-t-elle sur un axiome de spécificité de ces faits par rapport aux faits physiques ? Un tel axiome a pu être récusé, sans que sa récusation ou son acceptation puisse être qualifiée d'irrationnelle. On ne peut donc manquer de reconnaître de ce point de vue une relativité du rationnel. Il faudra cependant, me semble-t-il, admettre en dernier ressort une espèce de méta-rationalité que nous exprimerions par deux exigences. D'une part, dans la recherche de principes, il faut, comme le dit Aristote, s'arrêter, si l'on ne veut s'engager dans une poursuite indéfinie, ajnavgkh sth``nai. Le choix même de propositions primitives est donc en soi rationnel. D'autre part, une fois ce choix explicitement ou implicitement accompli, il serait irrationnel de ne s'y point tenir et de le contredire en cours de route. Toutefois il n'est pas irrationnel de modifier ou même de rejeter ses principes antérieurement admis. Mais à condition de le faire ouvertement et en justifiant ce changement de route par une refonte du système qui ouvre un nouveau champ de rationalité.
Tels sont les traits que nous reconnaissons à une connaissance rationnelle, garantissant à la fois son respect du logique et son inventivité.
II Qu'est-ce qu'un comportement rationnel ?
(1) Sans doute est-il difficile de séparer rationalité de connaissance et rationalité de comportement, puisque le comportement sous-tend le plus souvent une connaissance. Nous le verrons d'abord très clairement en faisant quelques remarques à propos d'une conception en quelque sorte intermédiaire entre la rationalité de connaissance et la rationalité de comportement, telle qu'elle apparaît dans la théorie économique.
En science économique en effet, on a été conduit, en vue de déterminer les conditions d'équilibre d'un système d'acteurs produisant et consommant des biens, à définir dans l'abstrait des comportements rationnels. On introduit alors le concept d'utilité des biens pour un sujet, et l'on suppose que les acteurs ont à l'égard de ces utilités des systèmes de préférence, dont on postulera les propriétés formelles en termes d'une mathématique de l'ordre. Puis on pose que chaque acteur se comporte de façon à maximiser l'utilité qu'il retirera, sous les contraintes auxquelles il est soumis dans le système, par exemple la quantité bornée de chaque bien don il peut disposer ou qu'il peut acquérir par échange, dans certaines conditions de prix.
On voit que cette rationalité du comportement des sujets économiques est définies par un traitement formel, mathématique, des donnée supposées de l'action. De ce point de vue, la rationalité résultante de l'ensemble du fonctionnement d'un système économique abstraitement défini signifierait soit qu'aucun échange n'a plus lieu, soit que toute modification de la répartition des biens en vue de favoriser un acteur entraînerait un désavantage d'autres acteurs et une réaction compensatoire. Ainsi cette définition du comportement économique rationnel, ou d'autres définitions qui en ont été proposées, se ramène en fait à une rationalisation au sens purement spéculatif, au moyen de règles de pensée, de la description abstraite d'un système. Mais il est vrai que pour rapprocher cette description des données d'expérience, la théorie économique doit tenir compte de circonstances diverses complexes, et parfois contradictoire, jusqu'au point où la théorie devient application prescriptive d'un "calcul économique",qui restitue à la rationalité du comportement sa spécificité. Mais il s'agit alors d'une rationalité technique dont nous allons bientôt parler.
(2) C'est d'abord cette spécificité que nous viserons maintenant, prenant la rationalité d'un comportement surtout sous son aspect éthique ou plus généralement axiologique qui sous-tend une pensée des valeurs d'action et la signification de nos actes. Certes les traits d'une rationalité de connaissance, qu'on peut désigner comme spéculative au sens kantien de ce mot peuvent assurément se retrouver, on vient de le voir, dans la pensée qui fonde un comportement ra­tionnel. Mais sous une forme et avec une portée différentes. Nous envisagerons d'abord les traits particuliers d'une rationalité pratique, concernant l'action dans la vie quotidienne.
Le premier que nous relèverons est relatif à la saisie des réalités concrètes du monde, et surtout du monde humain qui nous entoure. Un comportement ne peut être rationnel s'il suppose que le sujet soit aveugle aux faits ou aux êtres parmi lesquels il agit. Certes, la rationalité n'exige aucunement une connaissance exacte et complète des circonstances de l'action. Elle est incompatible toutefois avec leur complète méconnaissance, et surtout avec l'indifférence à leur conséquence possible sur la validation de l'action. La fable du pavé de l'ours est un exemple caricatural mais pertinent de cette forme d'irrationalité. On peut sans doute porter alors un jugement moral sur de tels comportements, en imputant à l'acteur une faute par négligence d'information. Et si les conséquences de l'acte sont manifestement défavorables au sujet ou à autrui, l'irrationalité engage ici une responsabilité morale.
Dans un ordre d'idée voisin, on reconnaîtra une forme d'irrationalité dans l'absence de bon sens et de jugement. Il est vrai qu'on pourra fort judicieusement demander qui peut décider si tel comportement découle ou non d'une perversion du jugement. Pourtant, dans une société et à une époque donnée, il semble bien que le bon sens ait une acception non ambiguë, et comme le dit Descartes qu'il puisse être "la chose du monde la mieux partagée"... C'est à dire qu'il y ait un accord tacite largement répandu sur ce qui sera jugé raisonnable. Le mot est de même racine dans notre langue que rationnel et raison, et les dictionnaires le donnent dans l'un de ses sens comme synonyme de rationnel. Mais son acception spécifique le rattache à l'idée de bon sens, et aussi de modération. Il est clair que, dans la pratique de la vie, c'est cette variante du rationnel dont on use le plus volontiers pour qualifier les comportements. Dans le cas du bon sens comme dans celui de la saisie correcte des réalités il est certes permis de dire que l'irrationalité pratique est une absence de raisonnement; mais ce raisonnement, qui prend pour base une estimation des avantages et des risques n'est alors qu'une forme, très affaiblie dans ses règles, du raisonnement théorique.
Cependant le véritable opposé de cette rationalité faible n'est pas la rationalité théorique, mais assurément le comportement passionné qui est rejet volontaire ou du moins conscient du bon sens et du jugement. Dans ce comportement, le sujet peut fort bien participer d'une rationalité forte quand il raisonne en vue d'atteindre le but de son désir ; mais sans tenir compte d'un contexte, en partant du seul principe de la réalisation de ce désir, et en ne se donnant pour règle que d'user des moyens permettant de l'atteindre.
(3) Une autre espèce de rationalité de l'action est la rationalité technique. Sera rationnel de ce point de vue un comportement qui obtient pour son résultat le succès escompté. Les principes de la rationalité technique, lorsque la technique est principalement guidée par la science comme dans nos civilisations contemporaines, sont alors ceux-là mêmes de la pensée scientifique, accompagnés de principes de nature économique pouvant restreindre l'usage des premiers: comment obtenir le résultat cherché au meilleur coût. Mais aux époques antérieures, ou dans les civilisations dites primitives, pour lesquelles la technique est encore très largement étrangère aux connaissances scientifiques, de quelle nature sont ses principes, faut-il leur reconnaître ou leur refuser une rationalité ? Dans la mesure où la magie, par exemple, est en effet l' application cohérente et réglée -en tant que rituelle- de certains principes elle pourrait être qualifiée de comportement rationnel. Mais dans la mesure où le contenu de ces principes apparaît en contradiction avec des connaissances scientifiques, et aussi dans la mesure où les résultats du comportement magique seraient trop souvent des échecs, ou des succès invérifiables, ce comportement est irrationnel. Plus généralement, la vérifiabilité des succès d'une technique, indépendamment de la nature de ses principes, ne peut-elle pas être prise comme l'un des critères de rationalité pratique ? D'une rationalité faible et préalable, sans doute, mais qu'on peut difficilement refuser à quelques unes des pratiques purement empiriques de l'artisan, ou même à certaines pratiques efficaces mais (encore) mal justifiées du thérapeute ?
(4) Considérons maintenant non plus les actions de la vie quotidienne ni les actions techniquement orientées vers un résultat mais l'action comme telle, la pra``xi" des Grecs, prise indépendamment des circonstances particulières de sa réalisation et de son succès. Les philosophes et les théologiens redonnent alors à la rationalité pratique un sens en quelque sorte parallèle quoique généralement irréductible à son sens spéculatif. C'est en recherchant à l'action des principes propres de validité qu'ils ont de différentes façons défini cette action comme rationnelle. Donnons en sommairement deux exemples très distincts: Descartes et Kant.
Pour Descartes, il s'agirait bien de constituer, sur le modèle de la science, et sans doute à partir de ce qu'elle nous enseignera une fois développée, une doctrine de l'action définitive. Mais avant d'y parvenir et de "rebâtir le logis" il nous propose une "morale provisoire". Il formule à cet effet trois maximes qui dessinent donc les traits d'une première pratique rationnelle :
1° "Obéir aux lois et aux coutumes de mon pays" ;
2° "Etre le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrai" ;
3° "Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde". ( Discours de la Méthode, AT.vi. p.23-25).
On voit que cette rationalité pratique est obtenue par un raisonnement qui vise à la tranquillité extérieure et une certaine paix de l'âme, sans aucunement se référer à un idéal supérieur de notre activité.
Au contraire, des philosophes comme Kant veulent établir une supra-morale définitive. Kant définit donc une rationalité pratique, pendant de la rationalité théorique qui régit la connaissance. Il formule un système de préceptes et de principes dominant et réglementant toutes les maximes d'actions particulières. Il énonce ainsi la "loi fondamentale de la raison pure pratique" :
"Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir aussi comme principe d'une loi générale"( Critique de la raison pratique, Erster Teil.I.Buch,1.Hauptstück, § 7).
Le caractère le plus essentiel de cette rationalité est donc une certaine forme d' universalité qui répond en un certain sens à l'universelle validité des propositions établies selon la raison théorique. Aussi bien le philosophe développe-t-il sa doctrine de la raison pratique selon un plan parallèle à celui de la critique de la raison pure théorique, avec son Analytique, sa Dialectique et ses antinomies. Il semble donc que ce soit la même raison qui dans son usage spéculatif commande la connaissance et dans son usage pratique l'action. Mais ce dernier a le "primat"sur l'autre, de sorte qu'il ne saurait y avoir un conflit de la raison avec elle-même. (ibid. Erster Teil.II.Buch.2. Haupstück iv).
Sur ces deux exemples on voit combien les philosophes ont pu (et certes peuvent toujours) différer dans leur présentation d'une rationalité du comportement, soit en restant comme Descartes assez proches des conditions de l'activité empirique, soit en s'en écartant pour mettre en vedette une condition de rationalité non empirique et d'un plus haut niveau, qui dans le cas kantien est la liberté des sujets.
Malgré l'intention, explicite chez Kant implicite chez Descartes de rapprocher raison pratique et raison théorique, la difficulté du rapprochement est patente. La rationalité pratique ne peut être totalement indépendante d'une conception de la destinée humaine; sa formulation varie donc légitimement avec cette conception, et peut-être avec les avatars des sociétés humaines. Il n'en est pas de même de la rationalité de la pensée. Même si la formulation de celle-ci ne se réduit pas aux contraintes d'une logique, même si elle évolue, dans son application à la pensée scientifique, c'est toujours pour ainsi dire par "transfiguration", par reprise et adaptation à des systèmes d'objets nouveaux et plus étendus.
III Conclusion
La différence entre les deux rationalités et les rapports distincts qu'elles entretiennent avec l'acte de raisonner rendent bien difficile l'identification d'une raison théorique et d'une raison pratique. C'est surtout la mise en œuvre d'une raison pratique dans le traitement collectif des hommes qui fait problème. Certes, les difficultés s'aplaniraient si, comme le croient certains rationalistes radicaux, il était possible d'appliquer la rationalité scientifique à la solution totale des problèmes de l'action. Mais cet idéal d'application ne peut se réaliser sans quelque ignorance hypocrite des données réelles, ni sans quelque gauchissement des raisonnements qui le fondent. D'autre part, une raison pratique autonome qui tend à se fixer en dogmes, délaissant l'aspect critique du rationnel engendre, on ne le sait que trop, de dangereuses caricatures de rationalité. Néanmoins pour ceux qui admirent et chérissent la pérennité inventive de la rationalité de connaissance, reste pourtant l'espoir fragile de la voir contribuer à stabiliser un jour les incertitudes de l'organisation collective des actions et la rapprocher de l'idéal encore à trouver d'une pratique vraiment rationnelle.

 


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PIAGET: LES DIFFÉRENTS STADES

 

Les différents stades
 
 
Piaget distingue, dans le développement de la logique chez l'enfant, trois stades principaux: Sensori-Moteur, Concret (précédée d'une période Pré-opératoire), et Formel. Chaque stade se caractérise par un plan de connaissance distinct ainsi que par un certain degré de complexité des activités cognitives. Selon Jean Piaget, le développement intellectuel de l'enfant ne se fait pas régulièrement mais passe par certains stades. Comme nous l'avons vu précédemment, il détermine trois stades parmi lesquels il insère une étape qu'il nomme période. Il s'agit:


1/ Un stade Sensori-Moteur : (de la naissance à 2 ans)    


2/ Une période Pré-Opératoire (de 2 à 6 ou 7 ans)
  

3/ Un stade des Opérations Concrètes (de 6 ou 7 ans à 11 ou 12 ans) 

4/ Un stade des Opérations Formelles ou hypothético-déductif) (de 11 ou 12 ans)

Le stade de l'intelligence sensori-motrice

Celui-ci dure de la naissance à deux ans. On peut s'étonner de l'appellation "intelligence" à ces âges mais dans la perspective piagétienne il existe une intelligence (pratique) avant le langage mais pas de pensées avant l'avènement de celui-ci. Ainsi, à partir de réflexes simples et d'habitudes acquises, le stade sensorimoteur aboutit à la construction de conduites de plus en plus structurées et complexes. Ce stade est caractérisé par la construction du schème (forme de connaissance qui assimile les données du réel et qui est susceptible de se modifier par l'accommodation à cette réalité), de l'objet permanent et la construction de l'espace proche (lié aux espaces corporels). Lors des stades suivants, l'enfant reconstruit en pensée et en représentation ce qui lui était acquis lors du stade de l'intelligence sensori-motrice.


La période pré-opératoire (2 ans - 6;7 ans)
Pendant cette période, la pensée de l'enfant se constitue en tant qu'intelligence représentative qui pourtant n'englobe pas encore les opérations réversibles. Cette période est caractérisée par l'avènement des notions de quantité, d'espace, de temps, de la fonction symbolique, du langage, etc... Cette période, ainsi que la prochaine, nous intéressera tout particulièrement pour l'analyse de l'épreuve piagétienne de la Conservation du Nombre.

Stade des opérations concrètes

Entre 6-7-11 ans, l'enfant se situe dans le stade des opérations concrètes et est capable de coordonner des opérations dans le sens de la réversibilité ainsi que d'une certaine logique nécessitant encore un support concret.

Stade des opérations formelles
Avec l'avènement du stade des opérations formelles (11-12 ans avec un équilibre entre 14-15 ans), la connaissance atteint une logique formelle et la pensée procède de façon hypothético-déductive. Ce stade est caractérisé par la présence d'opérations à la seconde puissance, d'instruments logico-mathématiques, d'une combinatoire (sur les événements verbaux et symboliques), etc..

Récapitulations
Au niveau Pré-Opératoire, l'enfant n'est pas capable de comprendre que la quantité de matière, le poids,... d'un objet ne change pas lorsque cet objet subit certaines modifications topographiques (ex. l'épreuve des jetons) ou physiques (ex : épreuve des boulettes). C'est seulement à partir du stade des Opérations Concrètes que l'enfant acquiert une certaine logique qui lui permet d'admettre la conservation. Cette logique ne porte que sur les objets manipulables réels, concrets ; l'enfant a besoin d'un apport visuel. Il s'agit donc d'une logique différente de celle du stade suivant qui, elle, s'applique également aux opérations hypothétiques, virtuelles, aux propositions. A ce stade, nous pouvons tout de même parler de logique car les opérations sont coordonnées, groupées en systèmes d'ensemble. En effet, une classe logique, un concept n'existe pas à l'état isolé, il faut plusieurs éléments pour créer un tout ; c'est ce que l'on appelle une classification. De même une relation de comparaison Ex : " plus grand que... " n'existe pas isolée, c'est une partie d'une structure que l'on appelle sériation. Ce sont ces structures qui se construisent vers sept ans et qui font les notions de conservation devienne possibles. Durant la période précédente, l'enfant ne considère les opération qu'individuellement, il n'arrive pas à les coordonner, d'où l'absence de logique.
Selon Piaget, l'enfant passe par des phases d'équilibration successives ; tout d'abord entre l'intuition simple et l'intuition articulée puis entre cette dernière et une phase mobile qui est dite opératoire. Le critère de passage de l'intuition à l'opération est la réversibilité des actions intériorisées. C'est en découvrant l'inversion possible des transformations, donc la réversibilité des actions évoquées par la représentation, que l'enfant arrive à coordonner et constituer un début de logique concrète. Sitôt que les actions se transforment en opérations réversibles, celles-ci peuvent être groupées en systèmes/structures d'ensemble, qui se nomment groupements. C'est grâce à de tels groupements que l'enfant arrive à résoudre des problèmes laissés sans solution dans le stade précédent. Ex : classifications, sériations des quantités, de poids, de longueurs, de surfaces, d'ordre temporel, de durée, de vitesse...

 

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