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COLONISATION (2)

 

COLONISATION (2 )


4. L'IMPÉRIALISME DE L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE
4.1. LA PÉRIODE DE TRANSITION (1815-1870)
La crise des empires coloniaux engendre le doute dans l'avenir de l'expansion coloniale ; d'où hostilité et hésitations au cours d'une période de transition qui s'étend jusque vers 1870-1873 et qui précède les manifestations de l'impérialisme militant.

LES MOUVEMENTS HUMANITAIRES EN ANGLETERRE ET EN FRANCE
En Angleterre, les mouvements humanitaires, qui ont fait supprimer la traite dès 1807, obtiennent l'abolition de l'esclavage en 1833. Les doctrinaires de l'école de Manchester, avec Richard Cobden, répandent l'idée que les colonies sont une charge et qu'il faut admettre leur émancipation (ils ne songent, il est vrai, qu'aux colonies « blanches » et non aux peuples de couleur), ce qui acheminera les esprits vers la création du premier dominion (colonie devenue État souverain, mais faisant librement allégeance à la couronne britannique), au Canada, en 1867.

En France, on trouve aussi des défenseurs des positions humanitaires, comme Tocqueville ou Victor Schoelcher (ce dernier obtient l'abolition de l'esclavage en 1848), et des adversaires de la colonisation, comme A. Desjobert, qui combattent les « algéristes » (partisans de la colonisation de l’Algérie, amorcée en 1830), mais leur audience est moins étendue.

LA POURSUITE DE LA COLONISATION

Malgré ce fort courant hostile à la colonisation, celle-ci s'est poursuivie, et on a pu parler de « colonisation anticolonialiste » (H. Brunschwig). Cela s'explique, dans tous les cas, par l'impossibilité d'abandonner l'action entreprise : « Nous sommes coincés dans le chêne que nous avons fendu » (G. Smith). S'ajoutent : pour l'Angleterre, les nécessités démographiques, les initiatives commerciales, l'action des philanthropes et des missionnaires ; pour la France, outre les préoccupations religieuses et la détermination de quelques marins et militaires, le souci politique de ne pas s'effacer (la grandeur nationale) et la croyance à la supériorité de notre civilisation (le thème de la « mission civilisatrice »).

LES CONQUÊTES ANGLAISES

Le résultat sera que l'Angleterre entreprend la colonisation de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, fait pénétrer son influence dans les territoires intérieurs de l'Afrique du Sud, implante ses missionnaires et ses commerçants en Afrique occidentale, défend énergiquement l'Inde contre la révolte des cipayes (1857). Par les accords de 1815, elle a déjà obtenu le cap de Bonne-Espérance, l'île de Malte – base précieuse, surtout après l'ouverture du canal de Suez (1869) –, l'île Maurice, les Seychelles, points de surveillance sur la route des Indes, et elle s’est installée à Singapour en 1819, à Hongkong en 1842, en Birmanie en 1852, affirmant ainsi sa volonté de contrôler la plus grande partie des marchés asiatiques. Elle se contente d'une occupation des côtes et des comptoirs, négociant avec les chefs de l'intérieur des traités de protectorat, parfois éphémères.

LES CONQUÊTES FRANÇAISES


De son côté, la France achève la conquête de l'Algérie en 1847, poussant son action vers le Sahara, s'établit solidement en Afrique noire (Faidherbe au Sénégal), obtient des bases dans l'océan Indien, et surtout en Océanie, occupe par la force la Cochinchine (1867). L'heure de l'impérialisme agressif va bientôt sonner.

4.2. L'EXPANSION IMPÉRIALISTE (1870-1914)
LES THÉORICIENS DU COLONIALISME

Les thèmes de l'impérialisme militant ont été longuement développés par des écrivains comme sir Charles Dilke, John Seeley, l'économiste Paul Leroy-Beaulieu, Jules Harmand (1845-1921), par les publicistes au service des associations préconisant l'expansion (Royal Colonial Institute, Primrose League, Comité de l'Afrique française, Kolonialverein…) et par les hommes d'État qui dirigèrent le mouvement, tels Disraeli, Joseph Chamberlain, Jules Ferry, Eugène Étienne, chef du «  parti colonial » en France, Crispi (Italie) , Léopold II (Belgique), Théodore Roosevelt (États-Unis).

« UN MOUVEMENT IRRÉSISTIBLE… »
Il s'agit de « civiliser les races inférieures » (J. Ferry) en assumant le « fardeau de l'homme blanc » (R. Kipling), mais aussi d'éviter toute politique de « recueillement » qui serait le chemin de la décadence, de se ménager des points d'appui pour la flotte, de trouver des débouchés et des fournisseurs de matières premières, de placer des capitaux ou de favoriser l'émigration. Jules Ferry a clairement énoncé les nouvelles règles du jeu : « Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. C'est comme un immense steeple-chase sur la route de l'inconnu. De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. C'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui ce sont des continents que l'on annexe. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles de la concurrence. »

DIVERSITÉ DES MODES D’EXPLOITATION
Les méthodes les plus diverses sont employées. Les grandes compagnies réapparaissent sous des formes diverses : sociétés d'exploitation du Congo français, compagnies à charte britanniques (comme la Royal Niger Company ou la British South Africa Chartered), sociétés du Cameroun et du Sud-Ouest africain allemands, l'Association internationale du Congo.
La pratique de l'Indirect Rule par les Britanniques implique le concours des chefs indigènes, mais toutes les puissances coloniales rivalisent dans la signature de traités de protectorat, en Afrique noire surtout.
Souvent, cependant, dans les colonies françaises en particulier, l'administration directe l'emporte avec un contrôle étroit de l'État, qu'il s'agisse de la politique dite « d'assimilation » (de caractère essentiellement administratif) ou « d'association ».
Dans certains cas, néanmoins, l'impérialisme ne s'accompagne pas d'une prise de possession, mais d'une domination indirecte (Chine, Perse, Amérique du Sud).
L'EXPLORATION DU CONTINENT AFRICAIN


Entre 1850 et 1870, l'Afrique centrale et méridionale est déjà parcourue, d'un océan à l'autre, par de nombreuses expéditions. Le fleuve Congo retient particulièrement l'attention. De 1874 à 1877, Stanley en identifie le cours pour le compte du roi des Belges, Léopold II ; il va poursuivre son exploration dans le bassin du fleuve jusqu'en 1890.
La France, de son côté, envoie Savorgnan de Brazza, entre 1875 et 1880, reconnaître les cours de l'Ogooué et du bas Congo.

LA CONFÉRENCE DE BERLIN : LE PARTAGE DE L'AFRIQUE
En Afrique comme en Asie, la tension internationale devient si forte que Bismarck, tard venu dans la course aux colonies, convoque à Berlin, en 1884-1885, une conférence internationale chargée de définir les principes juridiques de la colonisation nouvelle.

La conférence de Berlin donne une existence légale à l'État indépendant du Congo, propriété privée du roi des Belges ; elle établit aussi le principe de la libre circulation des personnes et des biens sur les grands fleuves d'Afrique : cette clause ne sera jamais respectée. Mais, décision la plus lourde de conséquences, aucun pays ne peut désormais revendiquer la possession d'un territoire en se contentant d'en occuper la côte : il va falloir conquérir les pays convoités.
LES RIVALITÉS COLONIALES

Les guerres coloniales et le partage de l'Afrique, comme de l'Asie, vont résulter, pendant les trente années qui suivent, de l'application de cette décision. Les heurts entre pays européens sont violents ; ils les opposent loin de l'Europe, qui connaît, de ce fait, une paix relative. Les principaux adversaires, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, s'affrontent sur tous les terrains ; l'Allemagne, l'Italie, le Portugal jouent aussi leur rôle. La conclusion d'accords de partage permet la réconciliation des adversaires : Britanniques et Français se rapprochent en 1904, Russes et Britanniques en 1907 ; la voie est ouverte pour la Triple-Entente, qui va opposer ces trois pays au bloc des empires centraux (Autriche-Hongrie, Allemagne, Italie).

4.3. LES RÉSISTANCES À L’IMPÉRIALISME
RÉSISTANCES AFRICAINES ET ASIATIQUES
L'Asie et l'Afrique ont été pendant ces trente années théoriquement partagées et des frontières séparent les domaines coloniaux. Mais si on peut représenter l'étendue des empires dans les atlas, l'essentiel reste à faire pour contrôler réellement les terres conquises. En fait, les Asiatiques et les Africains résistent à ce partage. Leurs révoltes sont parfois violentes mais de courte durée et désespérées, à cause de l'inégalité des armements : c'est le cas pour les Achantis de l'actuel Ghana, en 1900 ; pour les Boxers, en Chine, en 1899-1900 (→ guerre des Boxers) ; pour les Maji-Maji contre la dureté de l'occupation allemande au Tanganyika, de 1905 à 1907.
Ces révoltes, encore mal étudiées, démentent l'idée que des peuples passifs aient subi la colonisation dans des continents voués à la dépendance. Les résistances sont parfois difficiles à vaincre : celles de Samori en Afrique occidentale (1884-1898) ; de Madagascar (1898-1904) ; des Pavillons-Noirs en Indochine (1873-1913) ; des Senousis, confrérie islamique de Libye en lutte contre l'Italie (1912-1931).

RÉSISTANCES DE NATURE RELIGIEUSE
Dans les pays musulmans un élément nouveau apparaît avec la renaissance de l'islam, si visible déjà en Afrique occidentale au xviiie siècle, comme pôle de résistance à l'Europe : au Soudan – où un mahdi (envoyé de Dieu) crée un véritable État islamique qui résiste aux assauts de 1881 à 1898 ; en Tunisie ; dans les Indes néerlandaises, où une guerre sainte est conduite de 1881 à 1908 ; bien plus encore en Afrique occidentale et au cœur de l'Asie, où des révoltes se produisent simultanément en 1916. Tous ces événements, auxquels on a prêté peu d'attention, marquent des jalons de cette renaissance. De même, l'hindouisme et le confucianisme constituent en Asie des remparts anti-occidentaux.

RÉSISTANCES DE TYPE EUROPÉEN
Parfois les résistances se veulent modernes, empruntant les modèles politiques et militaires aux Européens. C'est le cas de Samori Touré – mais il a échoué – ou de l'Indian National Congress (parti du Congrès), né dès 1885. Ces mouvements « modernes » jettent les bases des nationalismes qui vont remettre en cause la présence européenne, surtout après 1945.

4.4. 1914 : LE MONDE COLONISÉ PAR L’EUROPE
En 1914, la grande expansion territoriale est pratiquement achevée. Elle a affecté très différemment les continents.

LE CONTINENT AMÉRICAIN
L'Amérique du Nord est tout à fait indépendante (les États-Unis), ou largement autonome (le Canada). L'Amérique centrale et du Sud, les Caraïbes ont été profondément marquées par les contrecoups des révolutions et des guerres en Europe. Indépendante dès 1804, Haïti préfigure la situation, faite d'indépendance formelle, de dépendance économique et de profonde inégalité sociale, que connaît aussi tout le sud du continent à partir du Mexique. Séparé du Portugal dès 1822, le Brésil est devenu pour longtemps une véritable colonie économique de la Grande-Bretagne. Sur le continent ne subsistent comme colonies réelles que les Guyanes et le Honduras britannique.
LA ZONE CARAÏBE


Dans la zone caraïbe, la situation est beaucoup plus complexe : des restes d'empires y appartiennent encore à la France, à la Grande-Bretagne, au Danemark, aux Pays-Bas ; certains ont subsisté jusqu'à nos jours sous des statuts nouveaux. L'influence américaine y est de plus en plus forte. À l'occasion des conflits entre l'Espagne et certaines parties de l'ancien Empire espagnol, les États-Unis ont pris Porto Rico, puis imposé une totale dépendance économique à Cuba (1903), libérée de sa métropole en 1898 par la guerre. Les Américains ont même provoqué la sécession du Panamá, qui se sépare en 1903 de la Colombie, et prend ainsi le contrôle de toute la zone du canal. Dans toute la région de protection de leur façade méridionale, les Américains imposent avec des arguments toujours renouvelés, tirés de la doctrine de Monroe (1823), leur droit permanent d'intervention.

LA ZONE PACIFIQUE
La zone pacifique, parsemée d'îles, a été partagée sans beaucoup de peine. Les États-Unis, qui voient déjà dans la Chine leur « nouvelle frontière » occidentale, se sont assuré des positions ; après l'achat de l'Alaska à la Russie en 1867, ils annexent l'archipel des Midway la même année, celui d'Hawaii et l'île de Wake en 1898. Dans la guerre de libération qui opposait les Philippins aux Espagnols, les États-Unis imposent leur arbitrage et occupent l'archipel en 1898 ; cette annexion, interrompue de 1941 à 1945, cesse officiellement en 1946.

CHINE ET JAPON
L’Asie, du moins dans sa partie septentrionale, est moins touchée. La massive Chine ne cède des concessions aux Européens que sur les seules côtes méridionales : en 1557, Macao est aux mains des Portugais, et Hongkong est cédée en 1842, par contrat, au profit des Britanniques. Le Japon, au prix de quelques concessions économiques et d'une modernisation très rapide de ses infrastructures, fait mieux que résister ; il commence une expansion sur le continent : il impose le partage de la Mandchourie aux Russes après les avoir vaincus à la bataille navale de Tsushima en 1905.

ASIE DU SUD ET OCÉAN INDIEN
En revanche, le sud du continent n'échappe pas au partage. La Grande-Bretagne, la France – qui garde quelques comptoirs en Inde, et qui occupe la péninsule indochinoise – en sont les principaux acteurs ; les Néerlandais conservent un empire indonésien où le système d'exploitation des plantations est particulièrement dur. L'océan Indien est lui aussi partagé : points d'appui, les îles à sucre reviennent principalement aux Britanniques et aux Français.

L’AFRIQUE
L’Afrique est la principale victime du partage colonial ; n'y ont échappé que le Liberia, sorte de protectorat américain, et le vieil empire d'Éthiopie. Le continent n'est plus, comme un siècle plus tôt, fournisseur d'esclaves. Si la traite est partout en voie d'extinction, l'emploi local de la main-d'œuvre est souvent brutal (la construction du chemin de fer Congo-Océan, demeurée tristement célèbre, a fait de nombreuses victimes). Plus rentable, ce système devait permettre d'obtenir un bon rendement des colonies africaines. Cependant, l'occupation effective du continent est loin d'être achevée en 1914 ; les réactions violentes ne vont cesser, pour un temps, qu'après 1920.

LE PARTAGE DU MONDE
Si l'on s'en tient aux seules taches de couleur sur une mappemonde, l'Europe de 1914 domine le monde. Le soleil ne se couche pas sur l'Empire britannique. L'Empire français, moins vaste, est surtout en Afrique ; il est fait de colonies, de terres dans l'océan Indien, dans la mer des Caraïbes, de protectorats comme le Maroc ou la Tunisie, de points d'appui comme Djibouti ou les Comores, et d'une terre dont on va penser longtemps qu'elle est devenue partie du territoire national parce que beaucoup de Français s'y sont installés : l'Algérie.
La Belgique doit à un don de son roi (1908) de posséder une part importante et riche de l'Afrique centrale, très difficile à encadrer, le Congo belge. L'Allemagne, tard venue dans la course, doit se contenter de terres au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, en Afrique orientale, en Nouvelle-Guinée et dans le Pacifique. Après de nombreuses tentatives sans suite, l'Italie n'impose son autorité qu'en Libye, en Érythrée et dans le nord de la Somalie.

4.5. L'APOGÉE ENTRE LES DEUX GUERRES MONDIALES

LA CONSOLIDATION DE LA DOMINATION EUROPÉENNE

Les empires coloniaux avant la Seconde Guerre mondiale
Leur victoire de 1918 semble, dans un premier temps, consolider encore les positions de la France et de la Grande-Bretagne, très affaiblies cependant en hommes et en richesses. Au Proche-Orient, d'où les Turcs sont évincés, la France reçoit mandat de la Société des Nations (SDN) sur la Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne sur l'Iraq, la Palestine – où très vite va s'intensifier une implantation sioniste jusqu'à la création de l'État d'Israël (1948) – et la Transjordanie ; les côtes méridionales de l'Arabie sont étroitement surveillées, en particulier par la Grande-Bretagne.
À l'issue de la guerre, l'Allemagne est dépossédée de ses colonies ; la SDN en remet la gestion, sous mandat, aux pays victorieux. La France reçoit le Togo et le Cameroun oriental ; la Grande-Bretagne, le Cameroun occidental, le Sud-Ouest et le Sud-Est africains allemands ; la Belgique, les territoires du Ruanda-Urundi, qui deviennent une véritable sous-colonie du Congo belge ; les Australiens, les Néo-Zélandais et les Japonais se partagent les terres allemandes du Pacifique.
À vrai dire, entre 1920 et 1930, « le problème colonial […] semble se conclure en apothéose » (J. Tramond) : tous les empires paraissent des constructions solides, bien que d'importance et d'ancienneté très différentes.

LES ANCIENS EMPIRES RÉSIDUELS
Parmi ceux dont l'origine remonte à l'époque moderne, certains ne comprennent que des vestiges et d'autres forment d'immenses ensembles. Le Portugal et l'Espagne sont dans le premier cas.
Le Portugal ne possède plus que quelques épaves en Asie (Diu et Goa, la moitié de Timor, Macao) et un domaine africain encore notable avec les îles du Cap-Vert, la Guinée et surtout l'Angola et le Mozambique.
De son ancienne splendeur, l'Espagne conserve le Río de Oro, les îles de Fernando Poo et d'Annobón, la Guinée, auxquels elle a ajouté le protectorat du nord du Maroc. On mettra à part le Danemark, qui, outre les îles Féroé et, quelques petites Antilles, dispose, depuis le début du xviiie siècle, des immensités du Groenland et maintient des liens avec l'Islande.

LES ANCIENS EMPIRES MASSIFS
Trois empires d'origine ancienne en imposent par leur étendue et leur population.
Avec les Indes néerlandaises, qui couvrent 1 900 000 km2 et comptent près de 60 millions d'habitants, les Pays-Bas (qui possèdent aussi la Guyane hollandaise et quelques petites Antilles) sont la troisième puissance coloniale du monde (→ Empire colonial néerlandais). Le second rang appartient à l'Empire français (12,5 millions de kilomètres carrés et 65 millions d'habitants), dont les cinq sixièmes de la superficie sont en Afrique, mais les deux cinquièmes de la population en Indochine (→ Empire colobial français). Quant à l'Empire britannique, partout présent à la surface de la Terre, il vient largement en tête avec 35 millions de kilomètres carrés et plus de 400 millions d'habitants.

LES EMPIRES RÉCENTS
Les empires de formation récente sont très disparates. Ainsi de la Belgique avec le Congo et le Ruanda-Urundi (2 500 000 km2 et plus de 15 millions d'habitants). L’Italie, dépassant les limites de son empire médiocre, brave, en 1935, l’interdit de la SDN, et s’empare de l'Éthiopie. Le Japon, réveillé par l'impérialisme occidental et devenu à son tour impérialiste, dispose d'un empire insulaire (la moitié de Sakhaline, les Kouriles, les Ryukyu, Formose [→ Taïwan], une partie de la Micronésie) et continental (Corée, Mandchourie) ; ses ambitions se portent maintenant sur la Chine elle-même. Compte tenu de leur énorme puissance, les États-Unis possèdent un nombre limité de territoires coloniaux mais la plupart des États de l'Amérique latine sont pour eux des semi-colonies.
LA BONNE CONSCIENCE DES PUISSANCES COLONIALES

Ayant accompli une œuvre considérable, que montre en partie l'Exposition coloniale de Vincennes en 1931, les puissances impériales ont bonne conscience et, malgré quelques craquements sous forme d'agitations nationalistes (par exemple en Égypte, en Inde ou en Indochine française), elles ne doutent pas de la pérennité des édifices qu'elles ont élevés. Un excellent spécialiste français des questions d'outre-mer écrit, en 1937, qu'« il ne ressort nullement des faits acquis que la colonisation contemporaine, dans les possessions où domine le peuplement indigène, sente le sol se dérober sous ses pas » (Georges Hardy).

Pendant la guerre, Winston Churchill refuse d'envisager une éventuelle liquidation de l'Empire colonial britannique, et, en 1944, la conférence de Brazzaville proclame encore que « la constitution éventuelle, même lointaine, de self-governments dans les colonies est à écarter ». Ainsi, les contemporains n'avaient pas apprécié à sa juste importance la révolution coloniale, qui, en bouleversant toutes les structures, rendait inévitables des transformations fondamentales.

5. LA RÉVOLUTION COLONIALE
En réalité, la révolution coloniale est double, car, si l'Europe a bouleversé les sociétés colonisées, elle-même a subi le contrecoup de son action colonisatrice ; ici, il ne s'agira que du premier phénomène, d'ailleurs le plus important.

5.1. LES FACTEURS DE LA TRANSFORMATION
LA PRÉSENCE EUROPÉENNE
Le facteur initial, c'est évidemment l'Européen en tant qu'homme, agent économique. Du début du xvie à la fin du xviiie siècle, 4 à 5 millions d'individus sont allés s'établir en Amérique et ont suffi pour y ébranler et parfois y détruire les fondements de la vie indigène. Le mouvement d'émigration s'amplifie par la suite, et on estime que, de 1800 à 1930, environ 40 millions d'Européens ont quitté le vieux continent pour se déverser sur le monde entier, les Britanniques intervenant à eux seuls pour plus de 17 millions de personnes. C'est peu à l'échelle de la population du globe (1 600 millions d'habitants en 1900), mais il s'agit d'un levain puissant susceptible d'engendrer une fermentation révolutionnaire.

LE POIDS DU CAPITALISME
Outre son dynamisme, l'Européen dispose d'un levier efficace qui lui est propre : le capitalisme. L'argent est le moteur de la transformation, même quand les Blancs sont peu nombreux. Une statistique anglaise fait apparaître qu'au 1er janvier 1916, sur un total de 3 836 104 000 livres de capitaux britanniques placés hors de Grande-Bretagne, 1 935 740 000, soit la moitié, l'étaient dans les colonies, dont 570 millions au Canada, 443 en Australasie, 390 dans l'Inde, 455 en Afrique. À cause de la méfiance de ses capitalistes, la part de la France est beaucoup plus modeste : 4 milliards de francs-or en 1914 sur les 41 placés hors de France. À son empire, longtemps déficitaire, le gouvernement allemand accorde d'importantes subventions : 114 millions de Marks pour la seule année 1906 (le Mark vaut alors 1,25 FF et la livre sterling 25 FF). À cela s'ajoutent les investissements d'origine locale, qui font qu'en Algérie, par exemple, les spoliations subies par les Français seront estimées, en valeur, à la moitié des biens publics laissés par la France.

LE POIDS DU CHRISTIANISME
Mais, pour agir, l'Européen ne dispose pas seulement de la force matérielle, il a aussi la force spirituelle, le Dieu des chrétiens introduit par les missionnaires catholiques ou protestants. En supplantant les anciennes religions, le christianisme va imposer de nouveaux modes de pensée, tout en devenant une source de contestation au nom de la fraternité prêchée par ses prêtres, considérant comme égaux tous les fidèles, hommes blancs et hommes de couleur.

5.2. LE BOULEVERSEMENT DU MONDE INDIGÈNE

LES MUTATIONS DÉMOGRAPHIQUES

La révolution la plus profonde, celle qui, en grande partie, conditionne les autres, se produit dans la démographie. Par suite des guerres de conquête, de l'exploitation économique et de l'introduction de maladies inconnues (influenza, rougeole, tuberculose), le contact avec les Européens est en général, dans un premier temps, absolument destructeur : des populations entières disparaissent en Amérique ou en Océanie, tandis que l'Afrique est ravagée par la traite des Noirs.
Mais, partout où la population indigène s'est maintenue, une seconde phase suit, caractérisée par un renversement complet du sens de l'évolution. Avec la fin des guerres intestines, l'assainissement des régions contaminées, l'œuvre des médecins, la progression démographique, d'abord lente, va s'accélérant, les taux de croissance annuelle atteignant de 20 à 30 p. 1 000, ce qui pose avec acuité le problème de l'emploi et celui du niveau de vie.

MUTATIONS ÉCONOMIQUES
Dans le domaine économique, la colonisation introduit partout une économie nouvelle, dont les traits majeurs sont la facilité des échanges, l'augmentation de la productivité, la recherche du profit. Parfois, l'économie précoloniale se maintient presque inchangée – sur de vastes territoires d'Afrique noire par exemple –, mais, le plus souvent, elle est transformée, notamment par l'introduction de la monnaie, et on voit des indigènes se livrer aux cultures d'exportation en sacrifiant les cultures vivrières. Surtout, l'Européen est créateur de villes dont l'économie apparaît comme calquée sur celle des campagnes traditionnelles. Toujours, la métropole essaie de s'assurer des avantages, empêchant, par exemple, l'industrialisation des colonies.

MUTATIONS SOCIALES
La transformation sociale est l'aboutissement de cette évolution. Avec les lois foncières, qui mobilisent la propriété, avec l'œuvre d'enseignement et l'évangélisation, qui introduisent les valeurs mentales d'une autre civilisation, avec l'appel de la ville et parfois le service militaire, qui enlèvent l'individu à son groupe, la société communautaire recule devant une société d’un nouveau type, qui se constitue peu à peu. Cette société nouvelle est formée d'une bourgeoisie d'« évolués » (selon les critères européens), devant laquelle s'effacent de plus en plus les chefs traditionnels, et d'une masse de salariés ou de sous-prolétaires, qui s'accumulent dans les villes. Ce sont là les deux éléments qui deviendront l'aile motrice des partis nationalistes qui porteront eux-mêmes pour une bonne part la revendication d’indépendance et donc, de décolonisation.
Pour en savoir plus, voir les articles décolonisation, Empire colonial belge, Empire colonial britannique, Empire colonial espagnol, Empire colonial français, Empire colonial néerlandais, Empire colonial portugais.

 

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LE DIRECTOIRE

 

 

 

 

 

 

 

Directoire

Cet article fait partie du dossier consacré à la Révolution française.

Régime qui gouverna la France depuis la fin de la Convention nationale (26 octobre 1795) [4 brumaire an IV] jusqu'au 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII).

1. LES INSTITUTIONS

Ce régime est organisé par la Constitution de l'an III, votée par la Convention le 22 août 1795. Ses tenants désiraient conserver le nouvel état social né des principes de 1789, empêcher toute concentration du pouvoir et donc toute possibilité de dictature personnelle comparable à celle de Robespierre, défendre les places acquises, les biens – souvent considérables – et les vies des révolutionnaires nantis.
Le pouvoir législatif est confié à deux Conseils, les Cinq-Cents et les Anciens, élus au suffrage censitaire. De fait, les droits politiques sont réservés aux possédants. Tout électeur au premier degré doit être contribuable (le sixième environ des hommes en âge de voter), ce qui élimine les plus pauvres. Les électeurs au second degré, qui choisissent les députés, les administrateurs locaux, les juges, doivent avoir plus de vingt-cinq ans et justifier d'un revenu au moins égal à deux cents journées de travail. Ce régime censitaire, qui réduit le nombre d'électeurs au second degré à trente mille, établit donc le privilège de la fortune.

La Constitution organise une rigoureuse séparation des pouvoirs et divise chacun de ces pouvoirs entre plusieurs corps ou individus. Les députés, élus pour trois ans, sont renouvelés par tiers chaque année, ce qui vise à empêcher la formation de partis. Une fois élus, les députés forment alors, par tirage au sort, le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens (dont les membres devaient avoir 40 ans au moins). Les Cinq-Cents ont seuls l'initiative des lois, que les Anciens ne peuvent qu'approuver sans amendement ou rejeter.
Le pouvoir exécutif est confié à un Directoire de cinq membres (les Directeurs) élus par les Anciens sur une liste de dix candidats présentée par les Cinq-Cents. Renouvelable par cinquième, tous les ans, ce Directoire ne peut dissoudre les Conseils. Désigné par tirage au sort, le directeur sorti de charge ne peut être réélu avant cinq ans; ainsi, le Directoire doit rester un collège sans aucune prépondérance personnelle. Les directeurs délibèrent à la majorité, nomment et révoquent les ministres, disposent de la force armée.
Dans chaque département, un commissaire représente le pouvoir central et surveille les autorités locales, dont l'autonomie demeurait fort étendue.
Le mécanisme constitutionnel ne prévoyait pas les conflits entre les pouvoirs. Ni les Conseils ni les directeurs ne pouvaient agir les uns sur les autres. Il leur fallait s'entendre ou régler par des coups d'État leurs oppositions.

2. LE PREMIER DIRECTOIRE (OCTOBRE 1795-SEPTEMBRE 1797)

Les cinq Directeurs (Barras, Rewbell, Carnot, Letourneur et La Révellière-Lépeaux), comme la majorité des membres des Conseils, étaient des anciens conventionnels (une loi d’août 1795 stipulait que les deux tiers des nouveaux députés seraient obligatoirement pris parmi les anciens Conventionnels).

Barras, directeur de 1795 à 1799, a symbolisé le régime tout entier, d'autant qu'il ne tira jamais la boule noire qui l'aurait exclu du Directoire. Ancien noble, Conventionnel et régicide, son avidité était notoire. Du reste, la corruption était générale dans les milieux politiques ; il s'y mêlait le goût des plaisirs : c'était le temps des Merveilleuses et des Incroyables avec leurs excentricités vestimentaires et leur luxe de parvenus. La classe dirigeante parisienne était faite de politiciens discrédités, de financiers trop vite enrichis, et d'aventuriers. À la crise morale qui touchait l'élite nouvelle sortie de la Révolution s'ajoutait la misère du peuple, qui, littéralement, mourait de faim à Paris et dans les principales villes. Il n'y avait plus ni industrie ni commerce ; l'inflation des assignats (papier-monnaie) ruinait les rentiers et l'État, qui ne payait ni ses fonctionnaires ni ses soldats. Le désordre était latent dans tous les départements, où sévissait le brigandage.

L'installation du Directoire fut rendue d'autant plus difficile que les cinq directeurs avaient des conceptions politiques et des tempéraments fort divers, ce qui allait jusqu'à l'inimitié. Cependant, ils s'attribuèrent dès le départ des domaines d'intervention en fonction de leurs compétences et de leur région d'origine, et s'entendirent, au terme de tractations parfois délicates, pour nommer les ministres. Tout en tentant de juguler la crise financière en créant un nouveau papier-monnaie, le mandat territorial (mars 1796), le Directoire doit faire face à l'opposition des jacobins et à celle des royalistes. Les premiers, qui conspirent avec Babeuf pour renverser le régime, sont mis en échec (les conspirateurs sont arrêtés le 10 mai 1796). Contre les seconds, qui triomphent aux élections de 1797 et choisissent un des leurs comme Directeur (Barthélemy), les « triumvirs » (Barras, Rewbell, La Révellière-Lépeaux) font appel à l'armée, qui écarte la restauration monarchique par le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) : 177 députés royalistes sont exclus, certains sont déportés en Guyane ; Carnot (qui est jugé trop modéré et doit s’exiler) et Barthélemy sont remplacés par F. de Neufchâteau et Merlin de Douai.

À ces difficultés intérieures s'opposent, à l'extérieur, les succès de la politique de Bonaparte (indépendante de celle du Directoire), dont la brillante campagne d'Italie (victoires d'Arcole et de Rivoli, 1796-1797) aboutit aux préliminaires de Leoben (avril 1797) suivis du traité de Campoformio (octobre 1797) et à la création d'États alliés, ou « républiques sœurs » (→ République Cisalpine et République Ligurienne).

3. LE SECOND DIRECTOIRE (SEPTEMBRE 1797-NOVEMBRE 1799)
Durant cette période, la lutte contre les royalistes et les jacobins se poursuit. En 1798, tandis que 160 émigrés sont exécutés et que 263 prêtres réfractaires sont déportés, les Directeurs, à nouveau en minorité dans les Conseils après les élections, mettent à profit une loi votée le 12 pluviôse (31 janvier) pour invalider 106 nouveaux élus jacobins et pour les remplacer par leurs concurrents, battus mais partisans du Directoire. C’est ce que l'on appelle avec quelque exagération le coup d'État du 22 floréal an VI (11  mai 1798). La manœuvre a consisté à admettre que des députés élus par des assemblées dissidentes d'électeurs – des « scissions » ont en effet été organisées par le gouvernement – peuvent être validés en lieu et place de députés élus par des assemblées majoritaires.

À la faveur d'une période de stabilité, le Directoire entreprend une œuvre réformatrice qui prépare la voie à celle de Napoléon : il réalise la banqueroute des deux tiers de la dette et la consolidation du tiers restant, organise l'administration des contributions, stimule l'industrie, multiplie les écoles centrales et instaure la conscription (« loi Jourdan », 5 septembre 1798).
À l'extérieur, il poursuit une politique d'expansion : de nouvelles républiques sœurs sont créées (Républiques romaine et helvétique, février-avril 1798) et Bonaparte entreprend sa campagne d'Égypte (mai). Mais cette politique expansionniste provoque la formation de la deuxième coalition européenne contre la France (décembre 1798), qui est encerclée à l'été de 1799. Les défaites extérieures (à Stockach, Cassano et Novi) suscitent inquiétude et mécontentement dont, par le coup d'État du 30 prairial an VII (18 juin 1799), profitent les jacobins pour renverser Merlin de Douai et La Révellière-Lépeaux (remplacés par Ducos et Moulin), et faire voter des mesures « terroristes » (levée en masse, loi des otages contre les nobles, etc.). Pour éliminer les jacobins, réviser la Constitution et créer un pouvoir exécutif fort, le Directeur Sieyès, soutenu par Barras et Ducos, fait appel à Bonaparte, qui, par le coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII (9-10 novembre 1799), renverse le Directoire et établit le Consulat.
Pour en savoir plus, voir l'article Napoléon Ier.

 

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ARCHIMÈDE

 

 

 

 

 

 

 

Archimède


Savant de l'Antiquité (Syracuse 287 avant J.-C.-Syracuse 212 avant J.-C.).
Figure emblématique de la science grecque antique, Archimède s'est illustré à la fois par d'importantes découvertes en mathématiques et en physique et par une série d'inventions très ingénieuses.

1. ARCHIMÈDE, DISCIPLE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE
Fils de l'astronome Phidias – qui avait calculé le rapport existant entre les dimensions du Soleil et de la Lune – et peut-être apparenté à Hiéron, tyran de Syracuse, Archimède est soumis dans sa jeunesse à l'influence, alors considérable, de l'école d'Alexandrie. Il est probable qu'il va lui-même séjourner dans cette ville d'Égypte et y suivre l'enseignement du mathématicien grec Euclide et de Conon de Samos. Peut-être se rend-il aussi en Espagne, mais il revient dans sa ville natale et ne va plus la quitter.


Il y vit dans l'entourage des souverains qui le protègent et, libre de tout souci matériel, il peut se consacrer entièrement à la recherche scientifique, exerçant ses talents dans des domaines aussi divers que la géométrie, la physique et la mécanique. On ne dispose pas de témoignages directs sur sa vie, mais seulement de récits ultérieurs, dont ceux de l'historien romain Tite-Live et du Grec Plutarque.

2. ARCHIMÈDE MATHÉMATICIEN
Archimède est d'abord un géomètre. Il est le premier, dans son ouvrage Sur la mesure du cercle, à donner une méthode permettant d'obtenir une approximation aussi grande que l'on désire du chiffre π, grâce à la mesure des polygones réguliers circonscrits à un cercle ou inscrits dans celui-ci ; utilisant les polygones à 96 côtés, il fournit une valeur de π comprise entre 22/7 et 223/71.
Dans son traité Sur la sphère et le cylindre, il prouve que le volume d'une sphère vaut les deux tiers du volume du cylindre circonscrit. Il accorde même à cette découverte une importance particulière, puisqu'il demande qu'une représentation d'un cylindre circonscrit à une sphère soit gravée sur sa tombe.

Dans l'Arénaire, Archimède cherche à calculer le nombre de grains de sable contenus dans l'Univers, tel qu'il se l'imagine ; pour représenter un nombre aussi grand (de l'ordre de 1063), il perfectionne le système numéral grec, qui utilise des lettres, en faisant appel aux exposants. Il trouve les formules d'addition et de soustraction des arcs, calcule l'aire d'un segment de parabole, d'un secteur de la spirale qui porte son nom, du cylindre, de la sphère, etc. Dans son traité Sur les sphéroïdes et sur les conoïdes, il étudie les ellipsoïdes, les paraboloïdes et les hyperboloïdes de révolution. Ses recherches sur les tangentes et les quadratures l'amènent à envisager le calcul différentiel et intégral, développé deux mille ans plus tard par l'Anglais Newton et l'Allemand Leibniz.
Pour en savoir plus, voir l'article analyse [mathématiques].

3. ARCHIMÈDE PHYSICIEN
MÉCANIQUE, OPTIQUE, HYDROSTATIQUE

       


En physique, Archimède est le fondateur de la statique du solide, avec sa règle de la composition des forces et sa théorie du centre de gravité. Dans son premier livre, De l'équilibre des plans, il donne une théorie du levier : par abstraction, il réduit cet instrument à un segment de droite, en trois points duquel sont appliquées des forces qui s'équilibrent ; il montre, par ailleurs, que la balance n'en constitue qu'un cas particulier.
Archimède pose aussi les bases de l'hydrostatique, dans son traité Sur les corps flottants. Il indique notamment que la surface d'une eau tranquille est une portion de sphère dont le centre coïncide avec celui de la Terre.

Outre ses œuvres déjà citées, on peut signaler la Catoptrique, étude de la réflexion de la lumière, les Polyèdres, la Méthode, lettre écrite à Ératosthène, ainsi que des ouvrages aujourd'hui perdus, la Sphéropée, qui traitait de mécanique appliquée, et les Principes, dédiés à un certain Zeuxippe.
En dépit des conseils du tyran de Syracuse Hiéron, qui l'engageait à orienter son activité vers les applications, Archimède, comme les autres savants grecs de son temps, s'intéressa surtout à la recherche fondamentale. Mais, à l'inverse de ses confrères, pour qui la valeur d'une théorie se mesurait selon des critères d'esthétique, il fut le premier à faire un constant appel au contrôle de l'expérience.
Pour en savoir plus, voir l'article science.
« EURÊKA ! » : LE PRINCIPE D'ARCHIMÈDE

L'architecte romain Vitruve rapporte les curieuses circonstances dans lesquelles Archimède aurait découvert le fameux principe qui porte son nom (→ principe d'Archimède). Le roi Hiéron II avait commandé à un artisan une couronne d'or et lui avait fourni le métal précieux nécessaire. Bien que l'objet achevé présentât le même poids que l'or, Hiéron soupçonnait l'homme d'avoir substitué de l'argent à une certaine quantité de métal jaune. Il fit part de son inquiétude à Archimède, lui demandant s'il pouvait découvrir la fraude, tout en conservant la couronne intacte.

Principe d'Archimède
       


Le savant, méditant sur ce problème, fut frappé, en prenant son bain, par la diminution de poids que subissaient ses membres plongés dans l'eau. Il comprit alors que cette perte de poids équivalait au poids de l'eau déplacée. Et, dans l'enthousiasme de cette découverte, il se serait élancé nu dans la rue, en s'écriant : « Eurêka, eurêka ! » (« J'ai trouvé, j'ai trouvé ! »). En plongeant simultanément dans l'eau la couronne et un lingot d'or de même masse, maintenus à l'équilibre grâce à une balance romaine, Archimède put mesurer la différence de poids apparent entre les deux objets et prouver ainsi que l'orfèvre avait commis une supercherie.

4. ARCHIMÈDE INGÉNIEUR
LA VIS D'ARCHIMÈDE

Éminent savant, à la fois théoricien et expérimentateur, Archimède est aussi un remarquable ingénieur. L'une de ses plus célèbres inventions est la vis sans fin, appelée aussi aujourd'hui vis d'Archimède, une hélice tournant autour de son axe et qui permet de déplacer des matériaux très divers, comme de l'eau ou de la pâte à papier.
L'historien grec Diodore de Sicile raconte qu'il conçut ce dispositif pour diriger les eaux du Nil sur les terrains que les inondations ne permettaient pas d'atteindre ; il semble qu'il l'utilisa également pour assurer la propulsion d'un vaisseau commandé par Hiéron.
Archimède a aussi introduit le boulon, formé d'une vis et d'un écrou, et la roue dentée.

LA DÉFENSE DE SYRACUSE

En 215 av. J.-C., Archimède organise la défense de Syracuse, attaquée par l'armée romaine. Pendant trois ans, il tient en échec les troupes du consul romain Marcellus. Il invente des catapultes capables de projeter d'énormes blocs rocheux à de grandes distances. Il réalise aussi une machine fonctionnant au moyen de leviers et de poulies et constituée de gros crochets en fer qui, lorsqu'un vaisseau ennemi s'avance jusqu'aux fortifications de la ville, s'en saisissent et le secouent violemment jusqu'à le briser. On raconte enfin – mais cela paraît plus douteux – qu'à l'aide de miroirs plans judicieusement disposés (miroirs ardents), il serait parvenu à concentrer sur les vaisseaux ennemis la lumière solaire et à les incendier.
Cependant, les Romains ayant pénétré par surprise dans la ville, Marcellus ordonne qu'on épargne Archimède, dont il admire le génie et qu'il espère gagner à la cause de Rome. Mais le savant, absorbé par la résolution d'un problème, est tué par un soldat qui, ne l'ayant pas reconnu, s'irrite de son refus de le suivre. Marcellus lui organisera de grandes funérailles et lui fera dresser un tombeau décoré de sculptures évoquant ses travaux. En 75 av. J.-C., Cicéron, questeur en Sicile, retrouvera cette tombe, envahie par les broussailles, et la fera restaurer.

 

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PRESSE

 


 

 

 

 

 

liberté de la presse


Consulter aussi dans le dictionnaire : presse
Cet article fait partie du dossier consacré aux droits de l'homme et du dossier consacré à l'information.
Liberté de créer un journal, de publier ses opinions dans un journal ou dans un livre.


DROIT
La liberté de la presse est l’une des principales libertés publiques. C’est une condition nécessaire à l'exercice de la démocratie. Elle participe du droit d'expression et de critique dont disposent tous les citoyens vivant dans les pays démocratiques. Mais l'obtention de ce droit a demandé de longs combats. Aujourd'hui encore, cette liberté ne concerne qu'une minorité de pays. Cependant, même dans les pays démocratiques, la liberté de la presse doit composer avec les réalités économiques.


1. L'HISTOIRE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
La liberté de la presse n'a pas été conquise en un jour. S'il revient à l'Europe de l'avoir inventée, elle s'est développée comme un concept universel. Mais hors de l'Europe, c'est principalement en Amérique du Nord qu'elle a pu être établie. Par extension, la liberté de la presse concerne l'ensemble des médias.

1.1. LES PREMIERS TEXTES DE LOI SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Depuis l'invention du livre, les médias sont au centre du combat pour l'exercice de la vie démocratique. Car les médias sont la condition de la démocratie en permettant la libre confrontation des idées. La revendication de la liberté de la presse est donc une revendication de tous les esprits libres à partir du xviie siècle. Mais il faudra attendre plus d'un siècle pour que cette revendication soit inscrite dans les textes.
La Suède est le premier pays au monde à instituer le droit de la presse dès 1766 ; l'interdiction de toute limitation du droit de publication fait partie de la Constitution du pays.
En 1776, l'État de Virginie se place dans la logique de la Suède : la section 12 du Virginia's Bill of Rights, la Loi fondamentale de l'État, indique qu'aucun gouvernement ne peut empêcher l'expression de la liberté de la presse. La Constitution des États-Unis reprend à son compte ce principe. Le premier amendement de la Constitution américaine voté en 1791 stipule que « le Congrès ne fera aucune loi restreignant la liberté de parole ou de la presse ».


1.2. LA CONQUÊTE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN FRANCE
Les philosophes et écrivains des Lumières (→ Voltaire et Beaumarchais, notamment) ont défendu le caractère universel du droit d'expression. Si la Révolution française a promulgué les premiers textes fixant la liberté de la presse, il faudra attendre la IIIe République pour que la loi impose un régime de liberté.


LA DÉCLARATION DE 1789
Le premier journal d'opposition, le Journal des états généraux, naît avant même le début de la Révolution. Il sera interdit le surlendemain. Mais les premières années de la Révolution ouvrent une période de grande liberté pour la presse. Plus d'un millier de journaux voient le jour entre 1789 et 1794. L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen stipule que « tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement ».


LA LOI DU 29 JUILLET 1881
À partir de 1794 et durant toute la période de l'Empire (1804-1814 ; 1852-1870) et de la Restauration (1814-1830), la presse est muselée. Les journaux sont de moins en moins nombreux : en 1811, il n'en reste que quatre à Paris, qui sont tous placés sous l'étroit contrôle de l'État. Pourtant, la presse a joué un rôle important dans les mouvements de contestation de la monarchie.
La mise en place, en 1870, d'un régime démocratique, la IIIe République, va rapidement déboucher sur l'établissement d'une loi qui fonde la liberté de la presse en France. Toujours en vigueur aujourd’hui, la loi du 29 juillet 1881 stipule dans son article 1 que « l'imprimerie et la librairie sont libres ».
Il existe toutefois des limites légales à la liberté de la presse ; certaines concernent la sauvegarde de l’ordre public (la publication de messages incitant au racisme et à la xénophobie est par exemple interdite), d’autres la protection des mineurs et de la dignité humaine (messages à caractère violent ou pornographique). Le droit français sanctionne également l’injure et la diffamation.


2. LA LIBERTÉ DE LA PRESSE AUJOURD'HUI
La liberté de la presse n'est pas un phénomène universel. Là où elle est formellement instaurée, ce droit d'expression et de publication est parfois en contradiction avec la logique économique. En outre, cette liberté ne peut s'affirmer sans la contrepartie d'une responsabilité.


2.1. UNE LIBERTÉ MINORITAIRE
La liberté de la presse ne s'exerce réellement que dans un nombre limité de pays (il s'agit principalement des pays d'Europe occidentale, d'une partie de ceux de l'Europe de l'Est, de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, d'Israël et de certains pays d'Afrique et d'Asie). Des facteurs économiques (prix du papier et de l'impression par exemple) peuvent limiter le pouvoir de la presse. Surtout, les enjeux politiques sont très importants : parce qu’elle peut constituer un contre-pouvoir essentiel, la liberté de la presse est en effet limitée dans les pays autoritaires (censure, violence à l’égard des journalistes). Même si la liberté de la presse existe en droit, les journalistes subissent de telles pressions, qui vont parfois jusqu'à l'assassinat, qu'il est presque impossible pour les médias d'exercer leur droit de critique et d'investigation. Selon les chiffres de l’association internationale Reporters sans frontières (RSF), qui s’est donnée pour mission de surveiller l’état de la liberté de la presse dans le monde, au moins 66 journalistes ont été tués dans le monde en 2014. Chaque année, RSF publie un « classement mondial de la liberté de la presse » ; parmi les pays les plus répressifs en 2008 figurent par exemple la Corée du Nord, le Turkménistan, la Birmanie, Cuba et l’Iran – la France est placée en 35e position.


2.2. UNE LIBERTÉ SOUS CONDITION
Dans les pays démocratiques, la liberté de la presse reste un enjeu. La logique économique peut aller à l'encontre de la liberté de publier. En outre, plus les médias ont de l'influence, et plus leur responsabilité est forte.


LE POIDS DE LA CONTRAINTE ÉCONOMIQUE
La concentration des médias est une tendance toujours plus forte dans les pays développés. Les grands groupes de communication cherchent à se renforcer en rachetant toujours plus de journaux, de radios ou de télévisions. Dans cette logique, l'information est une donnée économique dont la valeur se mesure le plus souvent par son niveau d'audience, au risque d'empêcher le développement d'une information différente et pluraliste qui ne serait pas nécessairement rentable.


LA RESPONSABILITÉ DES MÉDIAS
Les médias, en particulier la télévision, ont un impact sans équivalent sur la population. La puissance de l'image, l'émotion qu'elle créée, peut conduire à privilégier le spectaculaire sur la mission d'information (→ communication).

 

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